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17/11/2014

Une réforme substantielle de la PAC en 2020 serait peu probable... à ce stade

L'économiste irlandais Alan Matthews s'est récemment livré, sur son blog, à un exercice de prospective concernant les futures réformes possibles de la PAC. Dans la perspective de la trajectoire de la PAC depuis la réforme « Mac Sharry » (1992), l'auteur considère qu'une vraie réforme pourrait consister à suivre les recommandations faites en 2010 par les ministres de l'agriculture de l'OCDE : remplacer les paiements découplés, par nature transitoires, par des soutiens ciblés destinés à atteindre des objectifs spécifiques. Si la récente réforme de Dacian Ciolos a constitué un pas dans ce sens, elle a également introduit des mécanismes contraires à la logique des précédentes réformes : il n'est donc pas évident, a priori, de prévoir dans quelle direction irait une future grande révision de la PAC, si elle devait avoir lieu.

Plusieurs fenêtres d'opportunité devraient en théorie se présenter dans les prochaines années : évaluation de la mise en œuvre des surfaces d'intérêt écologique prévue en mars 2017 ; rapport sur la performance de la PAC prévu par le nouveau règlement horizontal en décembre 2018. Surtout, le futur Cadre Financier Pluriannuel (2021-2028) pourrait, selon l'auteur, faire l'objet d'une première communication de la Commission dès 2018.

Cependant, d'après Alan Matthews, les conditions ne semblent pas réunies pour que ces occasions donnent lieu à une réforme d'ampleur. La nouvelle Commission, tout d'abord, n'affiche pas une telle volonté : les priorités du mandat du commissaire Phil Hogan portent sur la mise en œuvre de la réforme, la simplification de certaines mesures et la bonne gestion des ressources financières ; la mandature sera occupée par des dossiers de taille (fin des quotas laitiers, accords commerciaux, Russie, OGM) ; le commissaire s'est dit favorable à garantir une période de stabilité du cadre de la PAC. Par ailleurs, l'auteur perçoit une faible appétence des États membres pour une future réforme, liée notamment à l'importante flexibilité dans l'application de la PAC introduite par la réforme Ciolos qui, si elle pourra poser des problèmes de cohésion au sein du marché intérieur, ne devrait pas inciter les pays à vouloir modifier fortement la politique. Quant au Parlement européen, les eurodéputés récemment élus auront terminé leur mandature (2019) lorsque les véritables discussions sur la PAC et le cadre financier d'après 2020 auront lieu.

Pour A. Matthews, si la réforme qui vient de s'achever prévoit plusieurs rendez-vous intermédiaires, il est peu probable qu'une réforme d'ampleur se dessine dans les années à venir. Ceci dépend toutefois de nombreux facteurs, dans une période marquée par une forte instabilité économique et géopolitique.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : CAP Reform.eu

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12e Convention mondiale sur la diversité biologique : évaluation à mi-parcours du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020

« Protéger la vie menacée est une tâche urgente et universelle qui ne peut pas attendre ». C'est par cette réflexion que le secrétaire exécutif de la Convention pour la Diversité Biologique (CDB) a conclu la 12e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP12) qui s'est achevée le 17 octobre dernier, à Pyeongchang, en Corée du Sud.

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Lors de cette conférence, le rapport d'évaluation à mi-parcours du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique a été présenté. Ce plan, comportant vingt objectifs dits « objectifs d'Aichi » répartis en cinq buts stratégiques, avait été approuvé lors de la 10e Conférence en octobre 2010, à Nagoya (Japon). Quatre ans après son adoption, il est constaté que « les progrès actuels sont insuffisants » et « que la perte de biodiversité se poursuit avec des répercussions négatives sur le bien-être humain ».

Devant ce constat, les pays membres de la CDB sont appelés à se mobiliser pour renforcer leurs politiques en matière de biodiversité, en s'assurant d'une mise en œuvre rapide et concrète des programmes d'actions. Toutes les parties sont aussi convenues de l’incontournable nécessité d'adopter des politiques intégrées, notamment en matière desanté et biodiversitéou encore de biodiversité et changement climatique.

Parmi les voies d'amélioration possibles, concernant notamment le but stratégique de « réduction des pressions directes exercées sur la diversité biologique et encouragement de l’utilisation durable », certaines mesures clefs préconisées concernent directement l'agriculture :

- une agriculture plus efficace(objectif 7) : utilisation plus ciblée et efficace des engrais, des pesticides et de l’eau, réduction des pertes après récolte et du gaspillage des denrées alimentaires, promotion de régimes alimentaires durables ;

- une réduction de la pollution(objectif 8), notammentpar l’améliorationde l’efficacité de l’utilisation des éléments nutritifs en l’agriculture, et par la conservation et la restauration des zones humides.

Notons enfin que cette 12e Conférence a été marquée par deux avancées fortes :

- l'entrée en vigueur le 12 octobre 2014 du Protocole de Nagoya, sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages liés à leur utilisation (APA – voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) ;

- un accord financier pour la période 2015-2020 confirmant le doublement, dès 2015, des financements octroyés à la préservation de la biodiversité pour les pays en voie de développement et leur maintien jusqu'en 2020.

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : Convention on Biological Diversity

 

11:01 Publié dans 2. Evaluation, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : biodiversité, cdb |  Imprimer | | | | |  Facebook

La dimension territoriale et politique des circuits courts alimentaires

Dans le n°13 de la revue Sciences Eaux & Territoires de l’Irstea, un article est consacré à La dimension territoriale et politique des circuits courts : représentations et enjeux dans le débat européen sur la politique agricole commune. Depuis une vingtaine d’années, se multiplient les initiatives pour créer ou renouveler des circuits courts alimentaires, lesquels sont devenus des « maillons-clés des stratégies de valorisation territoriale ». Si de nombreux travaux de recherche ont été conduits sur les motivations des producteurs et consommateurs, et sur les conditions de la multiplication et de la pérennité de ces circuits, peu ont traité du rôle des pouvoirs publics (échelles locale, régionale, nationale et européenne) et des « présupposés politiques » guidant cette action publique. Cet article se propose donc d’aborder ces questions.

Une analyse de la diversité des formes et de la gouvernance des circuits courts en Europe est tout d’abord présentée. Basée sur un inventaire réalisé à la demande du Comité des régions en 2010, elle montre une « omniprésence de l’acteur public », à l’inverse de la situation des États-Unis où les circuits courts sont le plus souvent vus comme « des systèmes alternatifs à caractère marginal ou militant ». 110 initiatives ou familles d’initiatives ont été identifiées dans 23 États membres. Apparaissent quatre types d’organisation (des consommateurs qui deviennent producteurs, un partenariat durable entre agriculteurs et consommateurs, de la vente directe sur les marchés locaux ou à la ferme, de la vente via des commerces locaux) et deux grands objectifs : l’instauration de relations stables ou de débouchés occasionnels. Les auteurs détaillent ensuite la variété des acteurs, moteurs et initiateurs, s’impliquant sous diverses formes (intervention dans la filière alimentaire, création d’un environnement favorable, soutien à la généralisation et à la dissémination, financement). Ces initiatives se caractérisent également par une utilisation des financements européens spécifiques (aux titres de la coopération territoriale et du développement local en zone rurale, et dans le cadre du réseau européen des zones de pêche), ainsi que par « l’importance accordée à l’intervention publique et à la dimension territoriale ».

L’article s’attache ensuite aux représentations politiques sous-jacentes aux interventions publiques en faveur des circuits courts alimentaires. Deux modèles sont distingués : « l’un plus territorial » (dimension culturelle et paysagère), « l’autre plus alternatif et écologiste ». Trois représentations politiques-types sont identifiées (néolibérale, traditionnelle-ruraliste, alternative-écologiste), porteuses de visions différentes « de la place et du rôle des circuits courts alimentaires dans l’économie, la société et le développement du territoire ». Enfin, les débats européens sur la réforme de la PAC (programmation 2014-2020) et le « Paquet Qualité » sont abordés au regard de ces représentations politiques-types.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : Sciences Eaux & Territoires

11:00 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : circuits courts |  Imprimer | | | | |  Facebook

Fort déclin des espèces communes d'oiseaux en Europe

Une étude réalisée par l'Environment and sustainability institute de l'université d'Exeter en Grande-Bretagne, publiée dans Ecology Letters en octobre 2014, s'est attachée à retracer l'évolution de l'abondance de 144 espèces d'oiseaux dans 25 pays européens depuis 1980 jusqu'à 2009.

Basée sur des données collectées par Birdlife International et le programme européen de suivi temporel des oiseaux communs, cette étude révèle que la population totale d’oiseaux en Europe a diminué d’environ 420 millions d'individus dans cette période. Les espèces les plus touchées sont paradoxalement les plus communes et les plus abondantes : moineau domestique, étourneau sansonnet ou encore perdrix grise. Les auteurs y voient une des conséquences involontaires de la focalisation des mesures de protection sur les espèces les plus rares, négligeant de fait les plus courantes. Certaines des espèces moins abondantes, comme la buse ou la cigogne, ont en effet connu une progression significative de leurs effectifs dans le même temps.

Bien que les espèces communes contribuent peu à la diversité d'ensemble, elles sont souvent primordiales pour la structure et la dynamique des écosystèmes. « De petits changements d’abondance peuvent entraîner la perte d’un grand nombre d’individus, avec des conséquences considérables sur l’environnement », expliquent les chercheurs.

Par définition, les espèces communes sont les plus abondantes et donc les plus répandues sur le continent européen. Les auteurs y voient une des explications possibles à leur déclin, plus rapide que pour les espèces plus rares. Alors que ces dernières peuvent bénéficier significativement d'efforts de protection locaux, les espèces plus abondantes subissent les conséquences d'une dégradation plus globale de leur milieu, notamment due à l'intensification des pratiques agricoles et à la fragmentation des habitats. Ce constat plaide alors pour une prise en compte de ces espèces à plus large échelle dans l'aménagement du territoire, que ce soit via les plans d'urbanisation, les mesures agri-environnementales ou encore la mise en œuvre de la trame verte et bleue.

Clément Villien, Centre d’études et de prospective

Source : Ecology Letters

10:59 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/11/2014

Le GIEC remet la synthèse de son cinquième rapport et livre ses recommandations aux décideurs

Après la parution de trois importants volets en 2013 et début 2014 (respectivement sur les phénomènes physiques, les impacts, vulnérabilités et l'adaptation, et l'atténuation du changement climatique – voir les billets correspondants sur ce blog), le GIEC vient de livrer la synthèse définitive de son cinquième rapport. Ce document servira de base scientifique et économique aux négociations internationales sur le climat, à Lima en décembre puis à Paris l'an prochain (COP21).

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La synthèse des experts du GIEC confirme plusieurs conclusions déjà présentes dans les précédents rapports. Le niveau de confiance est toutefois plus important et le message plus alarmant. Le réchauffement du climat est maintenant certain : augmentation de la température moyenne du globe de 0,85°C depuis la fin du XIXe siècle, moindre quantité de neige et de glace, et élévation du niveau des océans. Les événements extrêmes (vagues de chaleur ou de froid, précipitations intenses) se sont multipliés depuis les années 1950. Il est quasiment certain que la principale cause du changement climatique est l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'origine anthropique depuis la « révolution industrielle », et dont le niveau n'a jamais été si élevé. Les concentrations atmosphériques des principaux GES (CO2, CH4 et N2O) sont même sans précédent depuis 800 000 ans. Sans réduction des émissions, les évolutions climatiques devraient se poursuivre voire se renforcer au cours du siècle (intensification très probable des épisodes de canicule, etc.), amplifiant les risques pour les systèmes humains et naturels, en particulier les plus vulnérables. Le risque de changements irréversibles s'accroît d'ailleurs avec l'ampleur du réchauffement. Une augmentation de la température de plus de 4°C menacerait par exemple sérieusement la sécurité alimentaire mondiale.

Pour contenir la hausse de température moyenne en deçà de 2°C d'ici la fin du siècle (par rapport à l'ère pré-industrielle), les efforts de réduction des émissions devront être considérables, avec une baisse de 40 à 70 % d'ici à 2050 (par rapport à 2010) et un niveau proche de zéro à l'horizon 2100 (voire négatif, ce qui signifierait un stockage net de carbone). L'atténuation et l'adaptation devront en outre être pensées conjointement : pour cela, selon les experts, seront nécessaires une gouvernance et des institutions efficaces, des modes de vie plus durables et un soutien aux innovations et investissements pour des technologies décarbonées. Tous ces efforts auraient évidemment un coût, mais bien moindre que celui de l'inaction et des dégâts associés. D'après les calculs des économistes du GIEC, une politique climatique ambitieuse au niveau mondial n'aurait qu'un très faible impact sur la croissance : « cela correspond à une réduction annuelle de 0,04 % à 0,14 %, avec comme valeur médiane 0,06 %, par rapport à une croissance de la consommation comprise entre 1,6 % et 3 % par an ».

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : IPCC

 

10:57 Publié dans Climat | Lien permanent | Tags : giec |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un guide pour évaluer les projets et les contrats d’investissements agricoles ayant une emprise foncière

Le Guide d’analyse ex ante de projets d’investissements agricoles à emprise foncière, publié en octobre 2014, est issu d’un travail mené au sein du comité technique foncier, qui associe depuis plus de 15 ans des experts sous l’égide de l’Agence française de développement et du ministère des Affaires étrangères, et qui a pour vocation de contribuer à l’élaboration des politiques foncières.

Ce guide propose un cadre d’analyse des conditions de mise en œuvre des Directives internationales volontaires adoptées en mai 2012. Elles ont été initiées suite aux crises alimentaires de 2008 et à d’importants investissements agricoles au Sud, ayant parfois bouleversé les régimes fonciers en place. Elles constituent une référence en vue de l’instauration de pratiques responsables concernant le foncier. La France ayant décidé d’imposer le respect de ces Directives à ses opérateurs publics et de veiller à leur application par les entreprises nationales, il était nécessaire de proposer un outil pour traduire ces Directives de façon opérationnelle.

Ainsi, ce guide est conçu autour de deux outils :

- une grille d’analyse d’évaluation ex ante de projets d’investissements agricoles ayant une emprise foncière, cette grille ayant été élaborée afin d’aider, entre autres,l’instruction de projets au sein de l’AFD ;

- et un guide permettant d’expliquer les critères d’évaluation proposés en les illustrant d’exemples concrets.

Cette grille et ce guide constituent une première étape dans la traduction opérationnelle de normes internationales. Ces outils sont destinés à évaluer des projets d’investissements privés ayant une emprise foncière, et ils devraient être complétés afin de prendre en compte les investissements publics, y compris des collectivités locales.

Céline Fabre, Centre d’études et de prospective

Source : AFD, AFD

 

10:54 Publié dans 2. Evaluation, Développement, Territoires | Lien permanent | Tags : foncier, afd |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une approche de la qualité de vie dans les territoires

Dans l'Insee Première n°1519 publié en octobre, l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE)présente les premiers résultats d'une étude réalisée sur la qualité de vie dans les territoires français (hors outre-mer).

Cette « qualité de vie » a été mesurée à travers vingt-sept indicateurs, recouvrant treize dimensions relatives au développement humain (santé, éducation, vie sociale), aux conditions socio-économiques (emploi, revenus) et au cadre de vie (environnement, services). Ont été étudiés également d'autres facteurs pouvant nuire au bien-être : inégalité femmes/hommes, solitude des personnes âgées, difficultés d'accès à l'emploi des jeunes, etc. Portant sur les 2 677 territoires de vie hexagonaux (bassins de vie de plus de 50 000 habitants organisés autour de pôles de service),cette étude souhaitait mettre en évidence les modes de différenciation des territoires et identifier leurs atouts et handicaps en matière de qualité de vie.

Plusieurs facteurs de différenciation se distinguent (socio-économiques, urbanistiques, sociétaux) et, in fine, se dessine une France assez morcelée mais avec des continuités géographiques. Huit grands types de territoires se détachent :

- des territoires franciliens (très urbanisés, certains aisés mais assez inégalitaires et très denses, d’autres dans le sud-ouest parisien, particulièrement favorisés, hormis pour les temps de trajet domicile-travail et l’égalité femmes/hommes) ;

- les métropoles régionales (territoires plutôt favorisés) ;

- le périurbain de ces grandes métropoles (moins aisé, éloigné de l'emploi mais plus impliqué dans la vie citoyenne) ;

- des territoires plutôt denses en situation peu favorable (anciens pôles miniers ou industriels du Nord-Est, Languedoc-Roussillon);

- des bourgs et petites villes en situation intermédiaire (bassin parisien et quart nord-est) ;

- des territoires autour de villes moyennes présentant de nombreux atouts en termes d'emploi et de conditions de vie (ouest et sud-ouest) ;

- des territoires plutôt isolés, peu urbanisés, parfois montagneux, hors de l’influence des grands pôles (« diagonale aride », Alpes du Sud et Corse).

Carte de la qualité de vie dans les territoires de vie

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Source : Insee

Ces travaux revêtent un caractère exploratoire et pourront donner lieu à des prolongements.

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : Insee

10:49 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : insee, qualité de vie |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2014

La sélection génomique se développe pour les races allaitantes

Depuis la fin des années 2000, la sélection génomique est largement utilisée en France pour l'amélioration génétique des vaches laitières, en particulier de race Prim'Holstein. Pour les filières allaitantes, cette technique est en revanche très peu déployée. Achevé en 2014, le projet de recherche GEMBAL (Génomique Multi-race des Bovins Allaitants et Laitiers), grâce au développement d'outils de prédiction de la valeur génétique de bovins, devrait permettre prochainement le recours à la génomique pour des races à viande.

La sélection génomique consiste à prédire la valeur génétique d'un animal, en utilisant des informations sur le phénotype (ex : caractéristiques morphologiques) et le génotype d'une population de référence. Il s'agit de dégager des relations statistiques entre l'observation de certains caractères et l'identification de certains marqueurs présents dans le génome : ces relations statistiques, et donc in fine la qualité des index génétiques, sont d'autant plus fiables « que le nombre d’animaux de la population de référence est important, que le phénotypage est précis et que la diversité génétique de la population concernée est faible ». Or, les races allaitantes offrent une grande diversité génétique et peu de phénotypages précis, si bien que la sélection génomique ne pouvait pas, jusqu'à présent, être utilisée de façon fiable.

Le projet GEMBAL, qui rassemblait l'Inra, l'UNCEIA, l'Idele et Races de France, visait à développer la sélection génomique pour diverses races de vaches laitières et allaitantes. Pour cela, des génotypages ont été réalisés sur plusieurs milliers d'animaux, « en essayant d’atteindre au moins un effectif de 200 à 300 animaux génotypés en haute densité par race », et en réalisant des génotypages complémentaires à moyenne densité pour accroître les populations de référence. Diverses méthodologies ont été étudiées pour élaborer des index génomiques pour les différentes races. Pour les races Blonde, Charolaise et Limousine, ces derniers ont été testés pour évaluer le gain en précision par rapport aux index génétiques dits « classiques ». Des index génomiques seront donc disponibles dès 2015 pour les trois principales races allaitantes. Pour les autres races étudiées dans le projet mais à effectif plus limité (Aubrac, Salers, Parthenaise, Rouge Des Prés, Gasconne, Bazadaise), les index génomiques seront déployés « au fur et à mesure que des populations de référence de taille suffisante auront été constituées ».

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : Inra

10:47 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : élevage, sélection génomique |  Imprimer | | | | |  Facebook

Histoire et perspectives pour le site de Bazancourt-Pomacle

Quatre auteurs de la NEOMA Business School viennent de publier un ouvrage dédié au concept de bio-raffinerie, s'appuyant sur l’expérience du site de Bazancourt-Pomacle (Marne), en lien avec le pôle de compétitivité Industries & Agro-Ressources (IAR). Initialement créé par des agro-industries (distillerie puis sucrerie en 1953), ce site rassemble aujourd’hui des installations industrielles variées (sucrerie, amidonnerie, production d'acide succinique, de cosmétiques, de tensio-actifs, etc.), des démonstrateurs et pilotes industriels (ex : éthanol de deuxième génération) et une plate-forme d’innovation, soit une approche intégrée permettant le passage du laboratoire à l’industrialisation. Les auteurs font un retour sur l’histoire de la bio-raffinerie, et présentent le fonctionnement du site, sur le principe de l’écologie industrielle (en particulier pour l’eau, l’énergie et la gestion des effluents). Quant aux perspectives, deux projets sont présentés : une ferme expérimentale qui permettrait d’étudier les variétés pouvant répondre au mieux aux besoins et exigences de la bio-raffinerie, ainsi que l’agrandissement du site pour accueillir de nouveaux acteurs par exemple.

Parallèlement à cette publication et en lien aussi avec le pôle de compétitivité IAR, l’APEC a réalisé une étude sur les métiers stratégiques pour la filière de la chimie du végétal et des biotechnologies industrielles. 32 professions ont ainsi été identifiées comme susceptibles de répondre aux enjeux de la filière à l’horizon de 3 à 5 ans. Quatre grandes familles sont retenues : l’innovation (ex : ingénieur R&D en biotechnologies ou en matériaux biosourcés), la production et l’optimisation industrielle (ex : responsable logistique matières premières végétales ou conseiller agro-ressources), la protection (ex : ingénieur méthanisation) et la compréhension des marchés.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Sources : L’Harmattan, APEC

10:40 Publié dans Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : bioéconomie |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/11/2014

Rapport de l’OCDE sur l’utilisation des antimicrobiens en élevage

Publié en octobre, le rapport sur La résistance aux antimicrobiens : utilisation des antimicrobiens dans l'élevage de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), fait suite à une étude soutenue par la Suède et encouragée par d'autres États membres, dont la France et les Pays-Bas.

Ce rapport présente les caractéristiques des risques liés aux antibiorésistances en médecine humaine ou animale, et distingue les antimicrobiens utilisés en tant que médicaments de ceux utilisés comme promoteurs de croissance. Cette dernière utilisation est interdite depuis le 1er janvier 2006 dans l’Union européenne, mais est encore pratiquée dans les pays tiers (dont les États-Unis). Les incertitudes et inégalités entre pays dans le domaine de la consommation d'antimicrobiens sont également pointées : de fortes disparités persistent dans l'évaluation de cette consommation en tant que médicaments vétérinaires (dispositifs performants en France, au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède, procédures de comptage aux États-Unis et au Canada, mais peu de données pour la plupart des pays en développement).

Le rapport aborde également les aspects économiques qui, souvent, sont devancés par les enjeux de santé. Le cabinet conseil Vetnosis, spécialisé en santé animale et médicament vétérinaire, évalue le marché mondial annuel du médicament vétérinaire à 22 milliards de dollars, ce chiffre ne pouvant être garanti compte tenu des divergences de distribution entre régions. Par ailleurs, les impacts économiques mondiaux des antibiorésistances ne sont pas aisés à quantifier. Or, le recours aux antimicrobiens en élevage peut, dans certains cas, donner lieu à un dilemme entre le gain à court terme (résultant d'une croissance pondérale et d'une productivité accrues) et les coûts à long terme résultant des risques d'antibiorésistance. Les modalités d'utilisation doivent donc faire l'objet d'un compromis à l’échelle de l’élevage.

Le travail autour de ce thème majeur se poursuit au sein de l'OCDE et devrait donner lieu, en fin d'année 2015, à une conférence internationale sur le sujet, qui réunira les experts des gouvernements afin de clarifier les positions et intérêts des pays membres de l’organisation sur cette question. La question de l'impact sur les antibiorésistances de l'utilisation des antimicrobiens en élevage est un enjeu de santé publique fort. Ainsi, le présent rapport cite notamment l'OMS en précisant qu'à l'échelle mondiale, on utilise plus d'antimicrobiens pour traiter des animaux en bonne santé que pour traiter des humains malades.

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Source : OCDE

Concevoir des systèmes innovants en élevage

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La revue Inra Productions animales a composé dernièrement un riche dossier sur les démarches de conception en élevage. La notion d’innovation elle-même, souvent un peu mystérieuse, y fait l’objet d’analyses très claires.

Peuvent ainsi être distinguées les démarches de conception réglée (J-M. Meynard et J-Y. Dourmad), où l’objectif est « d’améliorer de manière graduelle, des produits ou technologies existants » (ex : la formulation des aliments du bétail, intégrant de nouvelles connaissances dans le calcul des rations sans en changer le principe) et les démarches de conception innovante, qui désignent « un processus d’exploration de nouveaux possibles visant à satisfaire des attentes tout à fait différentes » de celles qui gouvernent l’existant (ex : questions de bien-être animal ou de meilleure maîtrise des pollutions induites par l’élevage intensif). La conception innovante peut être en rupture, s’appuyant largement sur les modèles scientifiques sans se poser la question de sa mise en œuvre opérationnelle, ou au contraire, se réaliser « pas à pas », en s’attachant à penser en amont les conditions des transitions et de la diffusion des nouveaux systèmes, et en associant davantage les agriculteurs. D’autres cadres d’analyse sont mobilisés pour illustrer « les processus d’innovation en ferme », à l’initiative des éleveurs (S.Ingrand et al.).

Sans épuiser le numéro, on retiendra deux articles sur l’élevage de précision : sur ses impacts sociaux, avec la question des transformations du travail d’éleveur (N.Hostiou et al.), et sur ses développements dans les conduites extensives (F. Bocquier et al.). Mentionnons également un article de synthèse sur les apports de l’écologie aux démarches de (re)conception des systèmes d’élevage (M. Thomas et al.), avec d’un côté l’agroécologie (« ensemble de pratiques dont l’objectif est d’amplifier les processus naturels pour concevoir des systèmes productifs peu artificialisés, respectueux de l’environnement et moins dépendants des intrants »), et de l’autre, l’écologie industrielle, qui « explore quant à elle les possibilités de bouclage des cycles de matière et d’énergie ». Les auteurs fournissent une discussion intéressante des principes de ces deux branches de l’écologie, quand elle s'applique aux questions de production agricole, l’une plutôt orientée vers les conduites à l’air libre, l’autre vers l’élevage en milieu confiné.

Dans son ensemble, le numéro présente des réalisations originales pour différentes productions (ex : cas d’agroforesterie pour la production de foie gras d’oie combiné avec du recyclage par méthanisation - M.Thomas et al.), et des pistes prometteuses (ex : conception d’un système de production de truites en eau recirculée - L. Labbé et al.).

Enfin, sur cette même thématique, signalons que la revue Fourrages a consacré récemment un numéro aux innovations dans les systèmes fourragers.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospectives

Source : Quae

10:32 Publié dans Enseignement et recherche, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : innovation, élevage |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/11/2014

Sociabilités rurales à l'épreuve de la diversité sociale. Vincent Banos et Jacqueline Caudau

Ces dernières années, les questions de mixité sociale et de cohabitation des usagers ont surtout été abordées pour les espaces urbains, à commencer par les grands ensembles d'habitat collectif des banlieues. L'intérêt de cet ouvrage est d'appliquer cette problématique aux zones rurales et de montrer comment les campagnes, longtemps considérées comme des lieux privilégiés d'intégration et de sociabilité, sont elles aussi de plus en plus confrontées au brassage social. Comment les habitants de ces espaces et en particulier les agriculteurs, devenus très minoritaires, vivent-ils cette altérité ? Quelles sont les opinions et représentations véhiculées par les uns et les autres, ainsi que leurs stratégies d'évitement ou leurs modalités de coopération ?

sociabilites-rurales.jpg

Pour répondre à ces questions, les auteurs ont réalisé plusieurs enquêtes, essentiellement en Dordogne, centrées sur des situations typiques de cohabitation : relations de voisinage, hébergement à la ferme, visites d'exploitations, vente directe et marchés, festivals des traditions rurales, réunions et animations publiques, etc. Ils ont également utilisé plusieurs méthodes de recueil d'informations (analyse documentaire, entretiens ouverts, questionnaires plus fermés, et surtout observation participante). Leur cadre théorique, directement inspiré de l'approche interactionniste et pragmatique, privilégie l'analyse des situations concrètes et quotidiennes d'échanges : modalités de construction des occasions de coprésence, ajustements normatifs et négociations implicites entre acteurs, tactiques des agriculteurs pour éviter les sujets qui fâchent et « ne pas perdre la face ».

V. Banos et J. Candau soulignent bien la grande diversité des initiatives favorisant les rencontres entre agriculteurs et non-agriculteurs, qu'elles soient portées par les collectivités locales, les organismes professionnels ou les institutions touristiques. Mais ils indiquent aussi que ces interactions sont souvent superficielles, fuyantes, factices, plus de l'ordre de l'échange de sensations que du vrai débat contradictoire, et qu'elles ne contribuent pas à fabriquer un « monde commun ». Ils insistent aussi sur le fait que les exploitants craignent moins d'être critiqués par les résidents et visiteurs urbains que par des acteurs de leur propre milieu. Enfin et surtout, ils montrent que les espaces ruraux sont travaillés depuis les années 1980 par un double processus d'écologisation et de patrimonialisation, que fleurissent les discours enchantés et enchanteurs mettant en avant leur « naturalité » et « authenticité », et que le marketing territorial vend aux urbains mobiles du terroir stéréotypé et du paysan muséifié. Les agriculteurs du Périgord tombent eux-mêmes dans le piège de cette mythologie ruralisante en surjouant l'autochtonie, manière pour eux de défendre leur statut face à leurs visiteurs. Finalement, pour les auteurs, notre société de réseaux et de flux, qui met en scène et « met en désirs » ses campagnes, y juxtapose les particularités plus qu'elle n'intègre la diversité.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Editions QUAE

 

 

 

10:29 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent |  Imprimer | | | | |  Facebook

Bioéconomie : retour sur la conférence organisée par l'APCA

« Bioéconomie, comment peut-elle contribuer à une meilleure valorisation de la production agricole ? », telle était la question posée par l'APCA le mardi 4 novembre 2014. Organisée à l'initiative de l’Amicale des conseillers agricoles à Paris, cette conférence a réuni des représentants d’ambassades, instituts de recherche, centres techniques, industriels et fédérations de professionnels. Quant aux présentations, elles couvraient tant des aspects techniques que des exemples de stratégies nationales.

Le premier volet de cette journée portait sur les enjeux de la bioéconomie en lien avec les politiques publiques. Ainsi, selon plusieurs intervenants, les politiques actuelles sont principalement tournées vers le secteur énergétique, créant un déséquilibre dans l'émergence de la bioéconomie. En effet, cette dernière concerne aussi une diversité de secteurs comme en témoignent les tables rondes de l'après-midi organisées autour de trois débouchés distincts : la bioénergie, les biomatériaux et la chimie verte.

Concernant les stratégies nationales, l'exemple finlandais a suscité l'attention. Adopté en mai 2014, la stratégie nationale sur la bioéconomie a été présentée comme un projet de société (réflexion partagée des ministères, collectivités, instituts de recherche et du grand public via un site internet). Bien qu'elle ne bénéficie pas de budget spécifique, l'objectif de cette stratégie est d'inclure la bioéconomie comme ligne directrice et prioritaire des divers financements existants.

De cette conférence ressortent plusieurs éléments. Selon les acteurs, la bioéconomie couvre différents périmètres. Par exemple, le domaine de la santé est pris en compte dans les stratégies américaines et sud-africaines, alors qu'il n'est pas inclus au niveau européen. Les acteurs ont ainsi souligné que la bioéconomie n'est pas aussi présente dans les politiques publiques actuelles qu'elle pourrait le laisser supposer par les larges domaines qu'elle englobe. Insistant sur la nécessité d'incitations claires pour permettre l'émergence de la bioéconomie, la demande d'une stratégie nationale, via une feuille de route, a été formulée à plusieurs reprises.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : APCA

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06/11/2014

Plusieurs innovations pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Dans le contexte de la lutte contre le gaspillage alimentaire, à laquelle la journée du 16 octobre est consacrée, plusieurs innovations ont été récemment annoncées :

- Decollogne (Dijon Céréales) vient de lancer un nouveau format de commercialisation de la farine, une dosette unitaire de 100 grammes, d’utilisation pratique pour la préparation de gâteaux et pour son transport et rangement ;

- l’application pour iPhone Checkfood, développée par l’Agence 5ème Gauche, alerte les consommateurs sur l’arrivée proche de leurs produits à la date de péremption : avec un scan des produits au moment d’être rangés dans le réfrigérateur, l’application envoie une alerte sur le smartphone quelques jours avant la date de péremption et peut proposer de mettre le consommateur en lien avec des associations partenaires pour qu’il donne les produits concernés (s'il ne souhaite pas les consommer). Lancée en juin 2014, une V2 de cette application est en cours de réflexion, pour simplifier notamment la phase de scan des produits.

Sources : Agro-Media, Les Clés de demain

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Un écart grandissant entre les prix des produits sains et moins sains, au Royaume-Uni

Dans un article publié en octobre dans la revue PLOS One, des chercheurs du Centre for Diet and Activity Research de l’université de Cambridge montrent que l’écart entre les prix des produits « plus sains » et des produits « moins sains » s’est accru entre 2002 et 2012, au Royaume-Uni. De plus, si l’augmentation des prix des produits alimentaires a été plus rapide que celle des autres biens de consommation sur la période 2002-2012, celle des prix des produits plus sains a été encore plus importante : augmentation de 1,84 £ pour 1 000 kcal pour les produits sains, contre 0,73 £ pour les produits moins sains. Les produits plus sains étaient ainsi trois fois plus chers, par calorie, en 2012 par rapport aux produits moins sains.

Mean price of foods by Eatwell food group, 2002–2012

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Cette étude a porté sur 94 aliments et boissons. Leur choix a été fondé sur un croisement entre les données du Consumer Price Index et du National Diet and Nutrition Survey, sachant que la qualité nutritionnelle des produits a été évaluée sur la base du modèle de profil nutritionnel de la Food and Standard Agency (FSA-Ofcom).

Source : PLOS One

 

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