17/03/2017
Analyse de 20 années de variabilité des revenus des ménages agricoles aux États-Unis
L'Economic Research Service de l'USDA a publié, dans un rapport mis en ligne en février, les résultats d'une analyse des données structurelles et comptables issues de dix-huit enquêtes annuelles. Depuis 1996, un total de plus de 200 000 familles agricoles professionnelles a fait l'objet de l'enquête Agriculture Ressource Management Survey (certaines y ont participé à plusieurs reprises). Après avoir défini les revenus « agricoles » et « non agricoles », les économistes ont mesuré leur variabilité selon la taille économique et la production des exploitations, et cherché à mettre en évidence des facteurs explicatifs. Dix-huit années de recul et des données longitudinales ont permis d'analyser les effets de différents programmes publics.
En comparant ces travaux à des études concernant d'autres secteurs économiques, les auteurs mettent en évidence des revenus totaux des ménages agricoles nettement plus volatiles que ceux des ménages non agricoles. De plus, la pluriactivité apporte de la stabilité financière aux agriculteurs, tandis que les exploitants célibataires et à plein temps sont plus sujets au risque. Par ailleurs, contrairement à d'autres secteurs économiques, la volatilité des revenus s'accroît avec la taille des exploitations. Ce résultat est dû à la part plus importante du revenu agricole dans les revenus totaux des grands exploitants, mais aussi à la plus grande variabilité de leurs revenus non agricoles, potentiellement issus d'investissements plus risqués. Les éleveurs, en proportion plus petits et plus souvent pluriactifs, sont moins sujets à cette volatilité que les cultivateurs. Leur recours plus important à la contractualisation leur permet également d'être moins exposés d'une année sur l'autre.
Selon les calculs des chercheurs, la variabilité des revenus a diminué entre 1996 et 2013, du fait d'une diversification des programmes d'aides publiques, d'un accroissement du recours à la contractualisation et d'une réorganisation des exploitations. Tous les programmes d'aides, notamment les assurances et les paiements contracycliques, participent à la stabilisation des revenus. Ils représentent ainsi 17 % du revenu total et ne sont à l'origine que de 3 % de sa variabilité.
Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective
Source : USDA
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15/03/2017
Produire et mobiliser un milliard de tonnes de biomasse en 2040 aux États-Unis, tout en préservant l'environnement
Alors que la bioéconomie est mise en avant par de nombreuses politiques industrielles, en Europe comme aux États-Unis, les conséquences sur l'environnement d'un recours accru à la biomasse d'origine agricole et forestière font l'objet d'analyses souvent partielles. Prenant appui sur la récente mise à jour du Billion-ton scenario (volume I), évaluant le potentiel américain de production de l'agriculture et de la sylviculture à 1 milliard de tonnes de biomasse en 2040, le ministère américain de l'Énergie vient de compléter cette analyse économique par un deuxième volume, centré sur les impacts environnementaux.
Ce travail utilise des scénarios issus du premier volume. En plus de la projection à court terme (2017), deux scénarios contrastés ont été retenus : le premier combine un accroissement annuel de 1 % pour la productivité agricole et une évolution tendancielle de la demande pour la biomasse forestière, alors que le deuxième est plus dynamique (+ 3 %/an pour la productivité agricole, demande forte de bois matériaux et énergie).
Scénarios retenus dans le cadre de l'étude
Source : US Departement of Energy
Ces scénarios ont été élaborés en mobilisant diverses méthodes (modèles sectoriels par exemple), offrant un panorama large des outils existants dans les domaines agricole et forestier. Ainsi, l'offre potentielle de biomasse est évaluée en tenant compte de facteurs multiples : concurrence en matière d'utilisation des sols et des produits, sécurité alimentaire, aires de protection environnementale, transition vers une agriculture plus économe et durable, etc. Ce deuxième volume approfondit l'analyse de l'impact potentiel des changements de production sur la répartition des terres, la consommation et la qualité de l'eau, la qualité de l'air, la préservation de la biodiversité, la sensibilité au changement climatique. L'analyse à l'échelle des comtés est privilégiée, selon la disponibilité des données.
Potentiel de production de biomasse dans les différents scénarios (en million de tonnes sèches)
Source : US Departement of Energy
En conclusion, lorsque le développement de la production de biomasse obéit à certaines contraintes de durabilité, ses impacts sur l'environnement – variables selon les espèces et les localisations – sont réduits. Ce développement privilégie la production de cellulose, soit par des productions herbacées (sorgho, switchgrass, miscanthus, canne énergétique), soit par des taillis à courte rotation, et adapte les productions et leur gestion aux territoires. Enfin, les auteurs préconisent pour l'avenir une approche systémique de la bioéconomie, pour analyser les enjeux environnementaux et sociaux de manière intégrée, plutôt que de procéder de manière successive.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : US Department of Energy
10:09 Publié dans 1. Prospective, Biomasse/Biocarburants, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : biomasse, usa, billion-on scenario | Imprimer | |
12/12/2014
Les prélèvements en eau aux États-Unis
Une publication récente de l'U.S. Geological Survey fait un état des lieux, sur l'année 2010, des prélèvements en eau aux États-Unis. Les estimations englobent l'ensemble des usages de cette ressource, comme indiqué dans la figure ci-dessous, que l'eau soit fraîche ou salée.
Source : U.S. Geological Survey
1 343 milliards de litres d'eau ont été prélevés quotidiennement, ce qui représente une réduction de 13 % par rapport à 2005. De plus, quatre États concentrent plus d'un quart de la demande : la Californie, le Texas, l'Idaho et la Floride.
33 % des volumes prélevés ont été dédiés à l'irrigation (qui ne comprend pas uniquement les besoins agricoles mais aussi ceux des golfs et des parcs) et 1 % à l'élevage, soit l'eau pour les abreuvoirs, les opérations liées à la traite, etc. Concernant l'irrigation, les prélèvements en eau de surface correspondent à 57 % des volumes utilisés, contre 40 % pour l'élevage, le reste provenant des aquifères. Du point de vue géographique, les 17 États les plus à l'Ouest concentrent 83 % des prélèvements pour l'irrigation et 74 % des surfaces irriguées. Par rapport à 2005, le rapport montre une augmentation de ces surfaces de 1 % à l'Ouest et de 2 % à l'Est, un recours accru à des méthodes d'irrigation plus efficaces (micro-irrigation par exemple), ainsi qu'une utilisation plus efficiente de la ressource, en particulier en Californie, au Texas, en Idaho, au Nebraska et au Colorado.
À noter que ces résultats datent d'avant la sécheresse qui frappe actuellement l’État californien.
Elise Delgoulet, Centre d’études et de prospective
Source : U.S. Geological Survey
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17/02/2014
Les États-Unis se dotent d'une nouvelle politique agricole
Après plus de deux ans de négociations, Barack Obama a signé le 8 février le nouveau Farm Bill américain, récemment approuvé par le Congrès. Le compromis trouvé entre Républicains et Démocrates prévoit une réduction de 1 % de l'aide alimentaire des Food Stamps et une refonte du système d'aides aux producteurs : si les subventions aux assurances sont conservées et renforcées, la loi prévoit la disparition des aides directes découplées et l'introduction de deux programmes, le Price Loss Coverage et l'Agricultural Risk Coverage, qui seront proposés aux agriculteurs dès 2015. Ces derniers devront en choisir un des deux : le premier, le PLC, héritier des paiements anticycliques du précédent Farm Bill, voit les différents prix de référence rehaussés de 30% à plus de 40% selon les productions. Le second (ARC) est un programme d'assurance du chiffre d'affaires pour les faibles pertes, basé sur les résultats de trois des cinq années précédentes ; il reprend les principes du précédent programme ACRE.
Le soutien au secteur laitier fait l'objet d'un remodelage à la marge : les systèmes régionaux d'ajustement des prix des différentes catégories de lait, les Marketing Orders, sont conservés. Les propositions visant à introduire un contrôle de l'offre, en cas de crise, n'ont pas été retenues. La principale innovation tient donc au nouveau dispositif d'aides directes, pour assurer une marge minimum aux producteurs, qui remplace le précédent dispositif qui ne prenait pas en compte le coût des aliments. Il s'agit d'un système d'assurance subventionnée, garantissant les marges. En cas d'accroissement de la production, l'éleveur ne peut assurer ses volumes supplémentaires que dans la limite de l'accroissement moyen des volumes produits à l'échelle fédérale. Par ailleurs, un nouvel outil est introduit : le Dairy Product Donation Program prévoit l'achat par l'USDA de produits laitiers à destination de l'aide alimentaire en cas de chute des prix du lait sous un seuil établi.
Largement salué par la profession agricole, ce texte si longtemps attendu est néanmoins décrié par une partie des Républicains, dénonçant des dépenses trop importantes, et une partie des Démocrates, inquiets de voir l'aide alimentaire diminuée.
La loi prévoit en outre le doublement de l'aide alimentaire pour les foyers les plus pauvres choisissant de s'approvisionner dans les Farmers' Markets, où les agriculteurs vendent directement leur production. Cette mesure est un signal fort pour la promotion des circuits courts et le développement de filières « locales et saines », tandis que le budget alloué aux programmes de promotion de l'agriculture de proximité est sensiblement renforcé.
Pour la première fois depuis leur création, le budget destiné aux programmes de conservation (protection de l'environnement) est diminué. En revanche, une sorte de « conditionnalité » est introduite, faisant de la protection des sols et des zones humides une condition pour l'éligibilité des programmes d'assurance.
Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective
Source : USDA
10:33 Publié dans 4. Politiques publiques, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : farm bill, usa | Imprimer | |
14/02/2014
L'USDA étudie la mise sur le marché de pommes OGM qui ne brunissent pas
Aux États-Unis, l'USDA a consulté le public, jusqu'à la fin janvier 2014, sur la possibilité de mise sur le marché de deux variétés de pommes génétiquement modifiées, élaborées par la société canadienne Okanagan Specialty Fruits. OSF a en effet mis au point les Artic® apples, des Golden et des Granny Smith dont la particularité est de ne pas s'oxyder à l'air libre. La modification génétique imaginée par OSF permet d'empêcher l'expression des gènes impliqués dans la réaction de brunissement enzymatique : la production de polyphénoloxydase (PPO, responsable du brunissement) est annulée, et les composés phénoliques de la pomme ne se transforment donc pas en pigments, même en présence d'oxygène.
Dans un contexte de vives discussions sur la possibilité d'un étiquetage spécifique des aliments contenant des OGM, cette consultation relance le débat sur les OGM et sur l'image des produits aux États-Unis. Pour les partisans des biotechnologies, les Artic® Apples ne présentent pas seulement un avantage cosmétique. Elles permettraient aussi de réduire les gaspillages (moins de pommes abimées et jetées pendant le transport, la commercialisation et à la maison), de promouvoir la consommation de pommes auprès des plus jeunes grâce à un meilleur aspect visuel, et de créer de la valeur en soutenant le marché des fruits prédécoupés (à fort potentiel de développement outre-Atlantique).
A l'inverse, pour les opposants aux OGM, ces pommes posent plusieurs problèmes : elles sont source d'inquiétudes pour la santé humaine et l'environnement, elles présentent un risque de pollinisation accidentelle des arbres et, du fait de l'extinction de l'expression de la PPO, un risque de réduction des défenses naturelles de la plante. Pour les détracteurs des Artic® Apples, la principale crainte est liée au fait que la pomme bénéficie pour l'instant d'un image de produit sain. L'absence d'OGM pour la pomme est un argument de vente à la force croissante, pour des consommateurs de plus en plus soucieux de la qualité des produits. L'introduction d'OGM pourrait ternir l'image d'un produit que les consommateurs apprécient tel quel, et par conséquent celle de la filière toute entière.
Pour Simon Ritz, de la mission pour la Science et la Technologie de l'ambassade de France aux États-Unis, « malgré l'homologation probable de l'USDA, l'arrivée massive de pommes transgéniques sur les marchés n'est pas pour tout de suite, les pommiers ne produisant pas de fruits les cinq premières années après plantation. Ce sera donc bien au consommateur de décider dans les années à venir. »
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Sources : Bulletins électroniques ADIT
10:31 Publié dans OGM, Production et marchés | Lien permanent | Tags : pomme, usa | Imprimer | |