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18/11/2019

La demande d'assurance des risques incendie en forêt devrait augmenter à l'avenir

Dans un récent article, des chercheurs de l'Inra ont analysé les facteurs expliquant les comportements de souscription d'assurance du risque d'incendie de forêts. Les travaux sur l'assurance forestière consistent généralement soit à déterminer le consentement du propriétaire à payer une prime (lui faisant révéler indirectement son aversion au risque), soit à mettre en lien des données d'assurance avec le profil des assurés. De façon originale, les auteurs ont croisé ces deux approches, travaillant sur un échantillon de quarante propriétaires privés du massif landais, possédant en moyenne 240 ha. Ils ont complété les données théoriques, recueillies par approche expérimentale, par des données obtenues par questionnaire.

Dans l'approche expérimentale, les propriétaires devaient indiquer le montant de la prime d'assurance qu'ils seraient prêts à payer pour une couverture totale des pertes de revenu liées aux incendies, selon huit scénarios. Chacun incluait trois dimensions : la modalité du soutien public en cas d'incendie (aucun soutien, aide d'un montant fixe, aide conditionnelle fixe pour les seuls assurés, subvention de la prime d'assurance), le degré d'incertitude sur le risque et le revenu moyen annuel généré par la forêt. Au total, 320 données de consentement à payer ont été recueillies. Les forestiers ont ensuite été invités à fournir des renseignements sur eux-mêmes (sexe, niveau d'éducation, catégorie socioprofessionnelle, revenus, etc.), leur forêt (surface), la relation entre forêt et patrimoine (modalité d'acquisition, part dans le patrimoine), leur confrontation préalable avec le risque incendie, et leur éventuelle souscription, précédemment, d'une assurance.

Procédant à une analyse économétrique, les auteurs se sont focalisés sur les impacts de « l'ambiguïté » (terme consacré) du risque d'incendie de forêt (l'incertitude entourant sa probabilité d'occurrence), de la perte de revenu anticipée, et des modalités de soutien public. Ainsi, plus l'ambiguïté s'accroît, plus la demande d'assurance augmente. À l'inverse, la politique d'aide en cas d'incendie réduit la propension des forestiers à s'assurer. Une subvention à l'assurance n'a pas d'effet significatif. Enfin, la propension à souscrire une assurance est plus forte pour les propriétaires les plus aisés ou ayant déjà été confrontés à un incendie. Pour les auteurs, alors que l’État a annoncé en 2017 ne plus apporter d'aides directes en cas de catastrophe en forêt, l'assurance devrait, à l'avenir, être le seul moyen de couvrir les risques dans un contexte d'incertitude croissante liée au changement climatique.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : The Geneva Papers on Risk and Insurance - Issues and Practice

10:41 Publié dans 4. Politiques publiques, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : assurances, incendie, forêt |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/11/2019

Produits forestiers non ligneux, un potentiel important en Europe

Un rapport récent de l'European Forest Institute (voir un portrait sur ce blog) fait le point sur les produits forestiers non ligneux en Europe, segment important mais sous-estimé des biens et services forestiers. D'une valeur évaluée à plus de 2 milliards d'euros, dont les trois quarts d'origine végétale, ces produits offrent d'importantes pistes de développement, dans le cadre de la stratégie européenne en faveur de la bioéconomie. Ils sont cependant encore mal identifiés par les systèmes statistiques, en raison de nomenclatures peu adaptées et des modalités de production et de mise en marché, souvent en marge des circuits conventionnels. Leur grande diversité de natures, de débouchés et de réglementations complexifie encore une analyse nécessairement multidimensionnelle (ressources naturelles, matériaux, services écosystémiques, conservation, connaissances traditionnelles, valeurs culturelles, etc.). Les auteurs dressent notamment un inventaire des politiques et réglementations européennes et nationales portant sur la production et la commercialisation (accès aux forêts, droits de cueillette, etc.).

Différents composantes des réglementations nationales en matière de récolte de produits forestiers non ligneux

Produits-forestiers.jpg

Source : European Forest Institute

Dans un objectif de développement de la production et de la commercialisation, les auteurs identifient un vaste champ d'innovations, allant des débouchés (médecine, matériaux renouvelables, etc.) aux réglementations (reconnaissance des produits comme agricoles ou forestiers, mise en place de permis de cueillette, etc.).

Source : European Forest Institute

09:25 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : forêt, bioéconomie, produits non ligneux |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/10/2019

Interroger le concept de « frontière » pour mieux se protéger contre les ravageurs des forêts

Dans une publication récente, une équipe de chercheurs britanniques se saisit du concept de « frontière » pour en étudier les implications dans la lutte contre les pathogènes forestiers. S'il est fréquemment utilisé dans le cadre des questions migratoires et des risques liés aux déplacements de populations, ce n'est pas le cas en matière de biosécurité et de transport des marchandises.

Cette approche innovante s'appuie sur l'analyse des pratiques et des discours des acteurs de la protection de la santé des arbres (État, ONG, entreprises, scientifiques, etc.), recueillis grâce à une trentaine d'entretiens semi-directifs et à des focus groups. Ceux-ci réunissaient des participants à des ateliers déjà impliqués dans une recherche pluridisciplinaire sur les nouvelles technologies pour la détection précoce des ravageurs et pathogènes.

L'analyse est centrée sur la Grande-Bretagne mais la notion de frontière, a priori facile à définir s'agissant d'une île, paraît plus complexe dès lors qu'il est question de matériel biologique et de ses modalités d'entrée et de dissémination. Les supports des pathogènes sont diversifiés (emballages en bois, bois transformés, plantes), tout comme leurs modes de transport (camions, porte-conteneurs, avions, voitures, etc.). Enfin, leur introduction sur le territoire peut se faire sous différentes formes, plus ou moins faciles à repérer : spores, œufs, larves, etc.

De ce fait, les acteurs interrogés placent la frontière, entendue comme point d'introduction et de contrôle, à différents niveaux et lieux en fonction des produits et des ravageurs, depuis les ports jusqu'aux pépinières. Les auteurs font dès lors émerger le concept de « frontière omniprésente » (everywhere), conduisant à adapter les modalités de lutte contre les introductions de ravageurs. Ils invitent également à renforcer les contrôles à l'origine.

Enfin, si la frontière est partout, la responsabilité de tous dans la prévention et la détection précoce est engagée. La santé de la nature étant un bien commun, les auteurs proposent d'adopter la notion de « frontière pour tous » (everyone) et de définir les rôles de chacun, inspecteurs, forestiers ou grand public, tout en pointant la nécessité d'un développement des savoirs. Ces travaux prennent un relief particulier dans le contexte du Brexit, les auteurs s'interrogeant sur l'arbitrage futur entre renforcement des frontières et libre-échange.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Forests

08/10/2019

Croiser la télédétection par laser avec les images de Sentinel 2 pour améliorer l'évaluation des stocks de bois

Alors que les inventaires sur le terrain restent la solution la plus utilisée pour évaluer le stock sur pied en forêt selon les essences, une équipe allemande a utilisé deux solutions technologiques différentes pour réduire la forte marge d'erreur de ces inventaires. Ils ont utilisé, d'une part, les informations issues des images satellitaires de Sentinel 2 pour avoir une vision de la canopée, et, d'autre part, le résultat de campagnes de télédétection par laser (technologie Lidar) pour identifier les étages inférieurs et avoir une appréciation de la hauteur des arbres. Les objectifs sont de fiabiliser les éléments issus des inventaires par placettes (échantillonnage) et de réduire les coûts d'acquisition des données nécessaires à l'élaboration des aménagements forestiers dans le cadre d'une gestion durable.

Les auteurs se sont focalisés sur deux indicateurs : la proportion de feuillus et le volume de bois. L'analyse a porté sur le Bade-Wurtemberg, länd ayant un couvert forestier important et une grande diversité de situations topographiques. Si le modèle doit encore être amélioré et ne peut être, à ce stade, utilisé sans recours aux levées de terrain, ses simulations ont permis aux auteurs de diviser par deux l'incertitude sur les estimations de volumes de bois issues des inventaires. Cette méthode est particulièrement utile dans les zones où le nombre de points d'inventaire est faible ou pour les petits massifs forestiers.

Carte des volumes estimés de bois par hectare

Foret.jpg

Source : Forests

Source : Forests

11:16 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : télédétection, sentinel 2, bois |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/09/2019

Le charbon produit lors des incendies de forêt réduit leur impact sur le climat

Généralement l'impact des incendies de forêt sur le climat est considéré comme nul au final, la reconstitution ultérieure de la biomasse captant, par photosynthèse, le carbone libéré lors de la combustion. Cette reconstitution peut intervenir relativement rapidement, dans le cas des prairies voire des forêts méditerranéennes, mais prendre plusieurs décennies pour les forêts boréales ou les tourbières. Or, un résultat récemment publié dans Nature Geoscience par une équipe de chercheurs anglais montre que les émissions peuvent être moindres.

En effet, lors des incendies, une part significative de la biomasse ne brûle pas complètement (restant sous forme de charbon) et le carbone n'est pas libéré. Prenant en compte les différents types de feux, les chercheurs ont évalué la proportion de carbone pyrogène à 12 % environ de l'ensemble des émissions liées aux incendies de forêt et à 8 % environ du carbone atmosphérique stocké dans les sols. Ils recommandent donc une prise en compte de ces résultats dans les modèles du cycle du carbone liés aux incendies de forêt.

Quantité annuelle de carbone pyrogène selon les régions (a) et les types d'incendies (b)

Incendies.jpg

Source : Nature Geoscience

Lecture : SAVA : feux de savane, TROF : feux de forêt tropicale non liés à la déforestation, DEFO : feux tropicaux liés à la déforestation, AGRI : feux agricoles, TEMF : feux de forêts tempérées, EXGR : feux de prairies non tropicales, BORF : feux de forêts boréales

Source : Nature Geoscience

16:22 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : incendies, charbon, carbone |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/09/2019

Dynamique favorable pour la construction bois en 2018

Les résultats de la cinquième enquête nationale sur la construction bois, ont été diffusés en juin dernier. Portant sur l'année 2018, ils sont encourageants. Le secteur renoue avec une croissance dynamique, tant dans le logement collectif (+ 19 % par rapport à 2016) que dans la maison individuelle (+ 20 % en secteur diffus, + 49 % en secteur groupé), ou les bâtiments industriels (+ 31 %). Au total, le chiffre d'affaires du secteur progresse de 13 % par rapport à 2016. Enfin, l'origine française des bois est de plus en plus demandée (39 % des entreprises contre 25 % deux ans plus tôt) et 92 % des bois utilisés sont certifiés.

Source : France Bois Forêt

15:41 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : bois, construction, logement, bâtiments |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/07/2019

Un matériau à base de bois plus résistant que l'acier et le bois brut

Tel est le résultat obtenu par une équipe de chercheurs américains et chinois, récemment présenté dans Science. Ce nouveau matériau, qui peut être utilisé en structure (toiture et murs), est constitué de bois délignifié et densifié, ce qui lui confère des propriétés mécaniques exceptionnelles : il est 10 fois plus résistant que le bois brut et 3 fois plus que l'acier couramment utilisé en construction. Par ailleurs, il rétrodiffuse le rayonnement solaire et émet fortement dans les longueurs d'onde de l'infrarouge moyen, entraînant un refroidissement continu en sous-face, ce qui permettrait des économies d'énergie de 20 à 60 % selon la zone climatique.

Réaction au rayonnement solaire du cooling wood, selon les heures du jour, en écart à la température ambiante

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Source : Science

Source : Science

09:55 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : construction, bois |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/06/2019

La relocalisation de la filière forêt-bois contribuerait à la baisse des émissions nationales et mondiales de CO2

Une équipe de l'Institute for Climate Economics (I4CE) a comparé, à la situation actuelle, quatre scénarios de relocalisation de la transformation du bois français et leurs implications en matière d'émissions de gaz à effet de serre (GES). Il s'agissait ainsi d'évaluer l'impact des échanges et des effets de substitution entre matériaux sur l'inventaire français des émissions et sur les émissions mondiales. Plus précisément, la filière forêt-bois exportant essentiellement des produits bruts et important des produits transformés, comment la modification de la balance commerciale (en quantité et qualité), par le biais d'une transformation accrue de la ressource nationale par les entreprises françaises, déplacerait-elle les émissions de GES du pays, mais également celles de nos partenaires commerciaux ?

Pour ce faire, les auteurs ont reconstitué les flux français de produits bois et de « connexes » (sous-produits du travail du bois, utilisés pour la production de panneaux ou d'énergie). Ils ont identifié l'origine et la destination du bois produit et consommé en France, et intégré les volumes provenant des échanges commerciaux, en se basant sur les statistiques nationales et internationales (FAO). Les analyses de cycle de vie ont été privilégiées, pour prendre en compte toutes les émissions de GES liées à la consommation des produits bois, notamment le transport. Elles permettent également de comparer les émissions lorsque le bois est remplacé par une alternative non-bois, dans les usages énergétiques ou comme matériau.

Récapitulatif des différents scénarios explorés (BE : bois-énergie ; BI : bois d'industrie ; BO : bois d’œuvre)

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Source : I4CE

Les quatre scénarios sont progressifs, pour mieux comprendre l'impact des déplacements des émissions liés aux modifications des échanges. Cet exercice met en évidence les émissions « évitées » liées au commerce international, en complément de l'approche nationale par les inventaires. Le transport international s'avère être un contributeur clé au bilan des émissions de GES du secteur forêt-bois. De ce fait, une relocalisation de la transformation du bois aurait un impact positif sur les émissions mondiales. La réduction proviendrait des émissions évitées sur le transport et la production d'énergie (utilisation des connexes supplémentaires produits), alors même que les scénarios restent conservateurs en ce qui concerne les usages du bois (en énergie ou matériau).

Bilan des émissions de GES pour les différents scénarios, selon les deux approches retenues

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Source : I4CE

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : I4CE

09:54 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : ges, filière forêt-bois, relocalisation, transport, transformation |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/06/2019

Prospective « Zéro émission nette (ZEN) 2050 » : imaginer et construire une France neutre en carbone

L'association française des entreprises pour l'environnement (EpE) a publié, en mai 2019, les résultats d'une prospective sur la neutralité carbone de la France métropolitaine en 2050, compatible avec la croissance économique. Menée par 27 entreprises membres, assistées par un consortium d'experts (Enerdata, Solagro, Carbone 4, Cired), et partagée avec différentes parties prenantes (ONG, scientifiques, organisations professionnelles, etc.), cette étude contribue, selon ses auteurs, à une « appropriation collective » du sujet.

Le rapport s'ouvre sur une analyse de l'évolution des modes de vie, avec la présentation de neuf portraits de ménages français en 2050, caractérisés par leurs besoins de consommation – et donc des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) – et leur motivation à évoluer vers un mode de vie moins carboné. Le document propose ensuite une analyse systémique puis multi-sectorielle des efforts de réduction des GES, afin d'atteindre un niveau d'émissions résiduelles de 100 MtC02eq/an en 2050, ces émissions étant compensées par un puits de carbone équivalent.

Émissions de GES en France (2015-2050, MtCO2eq), par secteurs

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Source : EpE

Le secteur agriculture et alimentation devrait réduire de moitié ses émissions (42 MtC02eq/an en 2050 contre 92 aujourd'hui). La trajectoire proposée par les auteurs nécessite d'amplifier certaines tendances alimentaires : réduction du gaspillage et de la consommation de viande. Côté production, l'effort consisterait en la forte limitation des engrais azotés (- 80 % d'émissions de N2O), l'amélioration de l'efficacité énergétique et la méthanisation des effluents d'élevage (70 %), dans le cadre d'un modèle prônant la qualité alimentaire et combinant agro-écologie et agriculture de précision. Une extension modérée de la forêt, la limitation de l'artificialisation des terres et la séquestration du carbone dans les sols agricoles doubleraient la capacité actuelle de capture du carbone. Enfin, la biomasse agricole, forestière et issue des déchets remplacerait en partie les énergies fossiles (biogaz, agro-carburants, biométhane, bois-énergie), à hauteur de 336 TWh/an, face à une demande estimée à 944 TWh/an en 2050.

Le rapport souligne enfin le rôle structurant de la biomasse pour la transition climatique. Il préconise une gouvernance intersectorielle, encadrée localement et nationalement, pour gérer les concurrences entre les usages de la biomasse, le marché ne pouvant faire seul cet arbitrage.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : EpE

12/06/2019

Estimer de façon dynamique l'impact économique à long terme d'un pathogène forestier envahissant

C'est ce qu'a fait une équipe de chercheurs franco-luxembourgeois, en prenant l'exemple du dépérissement du frêne, en grande partie imputable à un champignon asiatique introduit en Europe dans les années 1990 (voir à ce sujet une autre brève sur ce blog). Pour cela, ils ont couplé deux modèles, l'un pour retracer la diffusion de la maladie et les conséquences sur les peuplements forestiers, l'autre pour déterminer les impacts sur le marché, mais également, en rétroaction, sur l'adaptation de la gestion forestière. Le modèle complexe qui en résulte permet de simuler sur plusieurs décennies (2008-2060), à l'échelle des régions administratives, la diffusion de la maladie, la mortalité des frênes, le rythme des abattages et des mises en marché, la hausse des prix dès lors que l'essence devient plus rare, les effets de substitution d'essences, etc. Il intègre également les changements de comportement des forestiers, avec le remplacement du frêne et de nouvelles conditions de marché.

Le nord-est de la France serait le plus touché, la proportion de frêne passant de 7 % en 2008 à 1,5 % en 2060. Dans les régions du centre et du sud, plus tardivement contaminées, l'exploitation de cette essence s'accélérerait en réponse à la hausse des prix. Cependant, l'anticipation de la baisse des revenus liée à une mortalité accrue conduirait les forestiers à se détourner du frêne, accentuant sa raréfaction. Les auteurs concluent sur l'intérêt de compléter la démarche en intégrant un volet climatique et la valorisation des services écosystémiques.

Structure du modèle utilisé pour estimer l'impact de la chalarose du frêne en France

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Source : Environmental Modeling & Assessment

Source : Environmental Modeling & Assessment

09:22 Publié dans Forêts Bois, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : frene, chalarose, pathogène, modélisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/06/2019

Un quart des émissions liées au secteur bois-papier est échangé

Le recours aux bois et papiers d'importation permet aux pays développés de limiter les émissions de leurs propres secteurs forêt-bois, selon une étude récente publiée dans Forest Science. Si ce secteur industriel reste l'un des moins émetteurs de gaz à effet de serre (GES), il est l'un de ceux, en revanche, pour lesquels les échanges mondiaux brouillent le plus les inventaires nationaux. En effet, sur la base de la consommation finale de produits (bois, liège, pâte à papier et papier), plus du quart des émissions est importé.

Les auteurs ont utilisé un modèle multi-régional input-output, qui présente l'avantage de différencier les technologies à l’œuvre dans les différents pays (plus ou moins émettrices de GES). Ils se sont appuyés sur une base de données internationale de tableaux entrées-sorties couvrant 41 pays et 35 secteurs d'activité, fournissant une comptabilité environnementale sectorielle sur la période 1995-2009. Distinguant les huit pays les plus importants en matière i) d'émissions basées sur la consommation et ii) d'intensité d'émission (volume de GES par tonne consommée ou produite), ils ont montré l'importance des échanges dans l'empreinte carbone du secteur, selon le profil des pays (importateur ou exportateur, développé ou non). Enfin, si l'intensité d'émission du secteur étudié tend à diminuer sur la période en raison des progrès technologiques, la baisse des émissions du secteur forêt-bois dans les pays développés a été permise par le recours aux importations en provenance de pays moins développés.

Source : Forest Science

09:16 Publié dans Climat, Forêts Bois, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : bois, papier, secteur forêt-bois, ges, échanges |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/06/2019

Le coût global de la chalarose du frêne estimé à 15 milliards de livres pour le Royaume-Uni

Telle est l'estimation, récemment publiée dans Current Biology, à laquelle sont parvenus des chercheurs britanniques en intégrant l'ensemble des coûts liés à l'abattage, à la régénération et à la perte de services écosystémiques, conséquences de la chalarose du frêne (voir à ce sujet une autre brève sur ce blog). Dans ce contexte, des politiques de prévention contre les espèces et pathogènes invasifs, même coûteuses, s'avéreraient efficientes. Ajoutons que le canevas méthodologique élaboré pour cette estimation est mis à disposition.

Source : Current Biology

17/04/2019

Les biotechnologies pour limiter l'impact des ravageurs en forêt aux États-Unis : des problématiques inédites

Face aux menaces qui pèsent sur la forêt aux États-Unis (7 % des superficies pourraient perdre jusqu'à 25 % de leur végétation d'ici 2027), l'Académie des sciences américaine s'est penchée sur l'utilisation des biotechnologies et sur les impacts potentiels de l'implantation d'arbres génétiquement modifiés. Les experts sollicités ont d'abord réalisé un état des lieux des insectes et pathogènes dans le pays, notamment pour certaines essences emblématiques telles que le châtaigner d'Amérique, décimé par une maladie cryptogamique originaire d'Asie. Aux ravageurs importés s'ajoute l'extension des aires d'action des endémiques, et ce parallèlement au réchauffement climatique, plus rapide que l'adaptation des arbres via la sélection naturelle. La situation est d'autant plus critique que la perte d'une essence s'accompagne de la fragilisation du peuplement dans son ensemble, avec d'importantes répercussions sur les services écosystémiques.

Face à ces menaces, la possibilité de réponses telles que développées pour l'agriculture reste difficile à appréhender. La lutte contre les insectes ravageurs et pathogènes des arbres est complexe, et ce pour diverses raisons : imbrication des différents services rendus par la forêt, étendue et ouverture des espaces, diversité des essences et des patrimoines génétiques, intervention humaine en milieu naturel, pas de temps nécessaire à l'observation, l'expérimentation et l'adaptation. De plus, les auteurs font le constat d'une recherche trop peu développée, tant dans les domaines conventionnels de lutte que dans les biotechnologies. Concernant ces dernières, ils identifient plusieurs défis. Ainsi, la mise au point bio-technologique d'arbres ayant une résistance acquise aux pathogènes pose des questions sociales et éthiques inédites. Il s'agit de développer des caractères de résistance transmissibles, diffusables et durables, posant frontalement la question de la manipulation de la nature. Le pas de temps nécessaire entre deux générations est lui aussi à l'origine de difficultés spécifiques et, dépassant largement l'intérêt économique immédiat, la recherche dans ce domaine a vocation à être essentiellement financée par des fonds publics. Enfin, le temps de latence nécessaire pour expérimenter et observer les conséquences de l'introduction de ces modifications génétiques appelle un cadre réglementaire plus adapté.

Évaluation des risques liés aux insectes nuisibles et aux maladies dans les forêts américaines par sous-bassin hydrographique, 2013-2027 ( % potentiel de perte de végétation)

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Source : The National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : The National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine

10/04/2019

Le temps des forêts, film de François-Xavier Drouet

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Documentariste passé par les sciences sociales, François-Xavier Drouet vit et travaille sur le plateau de Millevaches, recouvert au début du XXe siècle d'une forêt à vocation de production, exploitée industriellement, d'abord constituée de pin sylvestre puis d’épicéa et maintenant de douglas. Partant de ses terres limousines, son film nous transporte dans le Morvan, l'Alsace, les Landes, la Montagne noire, dressant le portrait de la sylviculture intensive et de ses potentielles solutions de rechange. Il obtint un prix au festival de Locarno 2018 et sortit en salle en septembre de la même année. Il vient d'être édité en DVD par KMBO, avec en complément cinq longs et intéressants portraits d'acteurs (gestionnaires, technicien, bûcheron, scieur).

Le titre « Le temps des forêts » semble être une concession à l'engouement actuel pour l'arbre et le végétal. Les images et témoignages qu'on nous propose mériteraient plutôt de s'intituler « heurs et malheurs de la filière bois française » car, de l'amont à l'aval, c'est bien tout un système d'acteurs, d'habitudes, de techniques, de politiques et de rapports de pouvoir qui est décrit.

Hier, on privilégiait la gestion extensive de forêts anciennes, pluri-essences, à sous-étage riche, adaptées à leurs conditions pédoclimatiques. Il suffisait de laisser pousser et d'assurer la régénération naturelle et des revenus réguliers en prélevant parcimonieusement les beaux sujets. La complexité forestière créait un réseau racinaire dense d'arbres résistant bien aux vents et aux parasites. Les coupes de bois faisaient l'activité de scieries locales, polyvalentes, travaillant à la demande, et alimentaient une deuxième transformation dynamique (construction, ameublement), capable d'exporter des produits à valeur ajoutée.

Depuis 20 à 30 ans, au contraire, c'est la capacité d'absorption des méga-scieries qui commande toute la chaîne. Elles exigent surtout du douglas jeune, de diamètre moyen, calé sur les standards internationaux imposés par les Scandinaves ou les Allemands. Il faut donc sortir rapidement de gros volumes « bord de route », qui finiront en planches bas de gamme ou en vulgaires palettes. Des abatteuses ultra-performantes mais très coûteuses font des coupes rases, puis on désouche, laboure puis replante en ligne droite des « champs d'arbres » mono-essences, sur des sols « propres » mais appauvris. La deuxième transformation française s'étant effondrée, les plus gros arbres, surtout feuillus, partent en Asie (Chine, Inde) puis nous reviennent sous forme de coûteux meubles et parquets. Cette gestion intensive, simplifiée, forcée, nécessite de lourds investissements et des cycles productifs de plus en plus courts. Elle a répondu aux impératifs d'une époque, mais est de plus en plus questionnée…

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : KMBO

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09/04/2019

Cartographier finement les mangroves pour mieux les protéger

Un article publié en février 2019 présente les résultats obtenus par une équipe de chercheurs français ayant appliqué une méthode de lecture, basée sur l'analyse de l'intensité des pixels, à des images satellitaires à très haute résolution des mangroves de Mayotte, de la Guadeloupe et de la Nouvelle-Calédonie. Forêts de marais maritime établies en zone tropicale, les mangroves sont des écosystèmes particulièrement riches au niveau faunistique, et ont une fonction importante de protection du littoral et de production de biomasse. Alors que la France a pris des engagements forts pour les protéger, il est indispensable de mieux les identifier et les décrire : leur surface est, de fait, l'un des indicateurs d'évaluation des politiques mises en œuvre.

Les travaux publiés font le point sur l'une des méthodes utilisées pour mener à bien ce projet de cartographie standardisée des mangroves françaises, notamment dans les variations horizontales de leur structure forestière. Ils utilisent un algorithme double d'interprétation des images, à un niveau très fin, afin de déterminer la proportion de végétation pure, de sol (fougères incluses), d'eau ou d'ombres. Cette méthode simple s'avère utile pour faciliter la surveillance du couvert forestier de mangroves et analyser leur structure de façon dynamique. Afin d'accroître encore leur efficacité, ces nouvelles techniques de cartographie nécessitent d'être affinées en étudiant les modalités de diffusion de la lumière solaire dans le couvert.

Classification des structures de végétation de mangroves sur la base de portions des trois sites (A : Guadeloupe, B : Mayotte, C : Nouvelle-Calédonie)

Mangroves.jpg

Source : Remote Sensing

Source : Remote Sensing

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