15/03/2017
Produire et mobiliser un milliard de tonnes de biomasse en 2040 aux États-Unis, tout en préservant l'environnement
Alors que la bioéconomie est mise en avant par de nombreuses politiques industrielles, en Europe comme aux États-Unis, les conséquences sur l'environnement d'un recours accru à la biomasse d'origine agricole et forestière font l'objet d'analyses souvent partielles. Prenant appui sur la récente mise à jour du Billion-ton scenario (volume I), évaluant le potentiel américain de production de l'agriculture et de la sylviculture à 1 milliard de tonnes de biomasse en 2040, le ministère américain de l'Énergie vient de compléter cette analyse économique par un deuxième volume, centré sur les impacts environnementaux.
Ce travail utilise des scénarios issus du premier volume. En plus de la projection à court terme (2017), deux scénarios contrastés ont été retenus : le premier combine un accroissement annuel de 1 % pour la productivité agricole et une évolution tendancielle de la demande pour la biomasse forestière, alors que le deuxième est plus dynamique (+ 3 %/an pour la productivité agricole, demande forte de bois matériaux et énergie).
Scénarios retenus dans le cadre de l'étude
Source : US Departement of Energy
Ces scénarios ont été élaborés en mobilisant diverses méthodes (modèles sectoriels par exemple), offrant un panorama large des outils existants dans les domaines agricole et forestier. Ainsi, l'offre potentielle de biomasse est évaluée en tenant compte de facteurs multiples : concurrence en matière d'utilisation des sols et des produits, sécurité alimentaire, aires de protection environnementale, transition vers une agriculture plus économe et durable, etc. Ce deuxième volume approfondit l'analyse de l'impact potentiel des changements de production sur la répartition des terres, la consommation et la qualité de l'eau, la qualité de l'air, la préservation de la biodiversité, la sensibilité au changement climatique. L'analyse à l'échelle des comtés est privilégiée, selon la disponibilité des données.
Potentiel de production de biomasse dans les différents scénarios (en million de tonnes sèches)
Source : US Departement of Energy
En conclusion, lorsque le développement de la production de biomasse obéit à certaines contraintes de durabilité, ses impacts sur l'environnement – variables selon les espèces et les localisations – sont réduits. Ce développement privilégie la production de cellulose, soit par des productions herbacées (sorgho, switchgrass, miscanthus, canne énergétique), soit par des taillis à courte rotation, et adapte les productions et leur gestion aux territoires. Enfin, les auteurs préconisent pour l'avenir une approche systémique de la bioéconomie, pour analyser les enjeux environnementaux et sociaux de manière intégrée, plutôt que de procéder de manière successive.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : US Department of Energy
10:09 Publié dans 1. Prospective, Biomasse/Biocarburants, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : biomasse, usa, billion-on scenario | Imprimer | |
08/03/2017
Identifier les points chauds de déforestation pour mieux cibler l'intervention publique
Tel est l'objectif poursuivi par une équipe de statisticiens et de géomaticiens pour identifier rapidement, à une échelle régionale, les zones nécessitant une intervention publique dans le cadre de la lutte contre la déforestation tropicale. Ces travaux viennent d'être publiés dans Environmental Research Letters.
Si l'observation satellitaire permet une analyse très fine des lieux de déforestation, l'agrégation des différents points unitaires peut rapidement s'avérer illisible à une échelle plus large, dans des régions où les modifications d'usage des sols sont fréquentes. Par ailleurs, l'augmentation du nombre de données à prendre en compte conduit à retarder la prise de décision. La méthode de traitement des données géoréférencées de perte de couvert forestier proposée permet ainsi d'envisager de disposer d'outils d'alerte facilement mobilisables.
Exemple de résultats obtenus dans le cas du Brésil
Source : Environmental Research Letters
09:33 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : satellite, déforestation | Imprimer | |
10/02/2017
Être convaincu de la réalité du changement climatique n'est pas suffisant pour adapter sa gestion forestière
Tel est le principal enseignement d'une enquête menée en Belgique auprès des propriétaires et gestionnaires de forêts, dont les résultats ont été publiés en fin d'année dernière dans Forest Ecosystems. Alors qu'il semble que le climato-scepticisme progresse, et compte tenu du temps de latence des décisions de gestion en matière forestière, les auteurs ont souhaité analyser le lien entre la conscience du changement climatique et de ses impacts, et l'adaptation de la gestion forestière aux enjeux.
L'enquête, menée par Internet via les réseaux sociaux, les réseaux professionnels ou encore les organismes publics, a recueilli près de 400 réponses, émanant principalement de gestionnaires forestiers (propriétaires en propre ou non). La quasi-totalité des répondants s'est déclarée convaincue de la réalité du changement climatique, la moitié en ayant déjà expérimenté les impacts sur la forêt (chablis importants suite à des vents violents, attaques sanitaires de grande ampleur, dépérissements en lien avec des périodes de sécheresse et de canicule, etc.). Toutefois, seuls 30 % des répondants sensibilisés à la menace climatique ont déclaré avoir adapté leur gestion forestière, principalement en privilégiant la mixité des peuplements, en accroissant la part de régénération naturelle et, plus rarement, en introduisant des essences mieux adaptées à des contextes climatiques plus chauds et secs.
Les auteurs ont identifié plusieurs freins à la mise en œuvre d'une conduite sylvicole adaptée : les gestionnaires sont pour la plupart démunis face au changement climatique, que ce soit par manque d'information sur les inflexions à apporter à leur gestion, par absence de mutualisation des expérimentations menées dans des contextes pédoclimatiques similaires, ou par résignation (aucune solution ne leur paraît répondre à l'enjeu).
Si les résultats de travaux scientifiques sur les conduites optimales sont disponibles, ils ne font que rarement l'objet de vulgarisations. Ainsi, les auteurs préconisent que les politiques publiques d'adaptation au changement climatique se centrent sur les transferts de connaissances et les partages d'expérience, visant à fournir aux forestiers les outils pour identifier les différentes options possibles et les modalités de mise en œuvre.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : Forest Ecosystems, Forest Ecosystems
10:57 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Imprimer | |
08/02/2017
La neutralité carbone à 2050 permise en France grâce à l'agriculture et la forêt
Face à la diversité et à l'ampleur des évolutions intervenues depuis son dernier exercice (2011), l'association négaWatt vient de publier un nouveau scénario de transition énergétique à 2050, qui s'articule avec le scénario Afterres 2050. En effet, s'appuyant sur une approche systémique de la consommation et de la production énergétique, le rapport fait l'inventaire chiffré des évolutions nécessaires, au-delà de l'évolution tendancielle, secteur par secteur, notamment l'habitat, l'agriculture et l'alimentation. Dans une économie décarbonée et plus sobre, la biomasse est alors la principale source d'énergie : combinant réduction des émissions agricoles et amplification du puits de carbone forestier, le scénario débouche sur la neutralité carbone en 2050.
Les auteurs mentionnent toutefois le risque de saturation des puits de carbone, forestiers d'abord puis agricoles, entre 2050 et 2100, conduisant à une reprise des émissions nettes.
Principe de modélisation du scénario négaWatt
Source : association négaWatt
10:44 Publié dans 1. Prospective, Climat, Filières agricoles, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : negawatt, afterres | Imprimer | |
16/01/2017
Indicateurs de gestion durable des forêts et bioéconomie européenne soutenable
Le risque est grand que la pression pour une mobilisation accrue de bois, afin de contribuer à la bioéconomie, ne se traduise par une réduction des autres services rendus par la forêt. Il est donc important de compléter les jeux d'indicateurs de gestion durable, développés au niveau européen, pour prendre en compte tous les enjeux actuels du secteur forestier. Tel est l'objet d'une publication récente de l'European Forest Institute.
Les indicateurs de gestion durable forestière, mis en place au milieu des années 1990 dans le cadre d'une initiative pan-européenne, sont largement et régulièrement utilisés par les pays européens (ex : dernière édition 2015 en France, publiée en mars 2016), ainsi que par les institutions internationales. Toutefois, ils restent centrés sur la forêt et l'utilisation traditionnelle des produits forestiers (papier, sciages). De son côté, la stratégie européenne en faveur de la bioéconomie, focalisée sur les technologies utilisant les produits de la photosynthèse, met en avant l'utilisation de la biomasse forestière et fait l'impasse sur les autres services forestiers (biodiversité, loisirs, stockage du carbone). Ainsi, les indicateurs permettant de mesurer la réalité de la bioéconomie sont à la fois nombreux, épars et sectoriels.
Indicateurs actuels de gestion durable forestière (en noir) et indicateurs complémentaires (en bleu) sur l'ensemble de la chaîne de valeur forêt-bois
Source : European Forest Institute
L'étude a donc eu pour objectif d'identifier des indicateurs pertinents qui pourraient compléter le jeu actuel dans deux directions :
- mieux suivre les impacts de la gestion forestière durable sur les services écosystémiques et intégrer l'ensemble de la chaîne de valeur de la biomasse forestière ;
- les croiser avec les différentes dimensions liées à la bioéconomie, et mesurer les interactions avec les autres secteurs.
S'appuyant sur une expérience de 20 ans en matière d'indicateurs partagés, le secteur forestier est largement précurseur. Alors que l'analyse identifie près de 70 indicateurs potentiels, parmi les 200 recensés dans la bibliographie (pour l'essentiel provenant d'autres secteurs), l'European Forest Institute propose trois stratégies possibles, non exclusives, capitalisant sur l'existant : compléter le jeu actuel par des items liés à la bioéconomie ; développer un jeu indépendant d'indicateurs en partant du cadre fourni par la stratégie européenne ; mettre en place des indicateurs clés intersectoriels (par exemple développés par Eurostat ou l'Agence européenne pour l'environnement).
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : European Forest Institute
09:39 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : efi, bioéconomie, évaluation, indicateurs, forêt | Imprimer | |
10/01/2017
Accompagner la transition vers une économie circulaire, un enjeu important pour les secteurs agricole, forestier et alimentaire
L'économie circulaire, par opposition à l'économie linéaire, vise à concilier gestion durable des ressources et croissance économique. La préservation du capital naturel est au cœur du modèle, qui ne se limite pas aux seuls leviers du recyclage ou de l'allongement de la durée d'utilisation des biens, ainsi qu'un rapport récent de l'Institut Montaigne le rappelle.
Économie circulaire : une multiplicité de leviers pour poursuivre la croissance et préserver le capital naturel
Source : Institut Montaigne
Croissance, innovation et collaboration sont les principales caractéristiques motivant une réflexion sur les moyens d'orienter l'économie actuelle vers le cercle vertueux de l'économie circulaire. Après une revue des bénéfices attendus aux différentes échelles (monde, territoire, entreprise, individu), le rapport fait le point à la fois des outils d'évaluation et des politiques ou stratégies déjà mises en œuvre à l'échelle de pays ou d'entreprises. Plusieurs exemples tirés de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire sont ainsi mis en avant.
Source : Institut Montaigne
09:20 Publié dans Filières agricoles, Forêts Bois, Territoires | Lien permanent | Tags : économie circulaire | Imprimer | |
14/12/2016
Manières d'être employeur dans les PME bio et forestières
L’agriculture et la forêt sont de plus en plus retenues comme terrains d’étude par des sociologues intéressés par les rapports employeurs-employés dans les professions indépendantes. En attestent deux publications récentes.
Dans la revue Sociologie du travail, Madlyne Samak (CNRS) rend compte d’une enquête auprès de maraîchers bio des Alpes-Maritimes, réalisée dans le cadre de sa thèse. Elle décrit des pratiques d’emploi « à la frontière du marchand et du non marchand ». Elle rappelle notamment que le recours au « coup de main » de la famille, des amis, des voyageurs pratiquant le WWOOFing, etc., pour « les aider à désherber, récolter, et entretenir les cultures » est parfois difficile à distinguer du « travail au noir ».
Mais le hiatus entre les idéaux des agriculteurs enquêtés – « une sympathie marquée pour les idées écologistes et altermondialistes », voire anticapitalistes –, et certaines « pratiques d’emploi » pose à ces exploitants des questions de cohérence idéologique. L’implication dans des groupes de producteurs et le jugement des pairs « produisent parfois des effets de politisation, qui conduisent les exploitants à modérer leur recours au précariat », et notamment aux contrats de travailleurs saisonniers étrangers. Mais pour les plus petits exploitants, dans un contexte économique très contraint, à la limite d’une situation de survie, « la solidarité et l’entraide constituent finalement les seules ressources mobilisables ». Ceux-ci essaient de compenser l'incapacité à rémunérer les « coups de main » par un investissement relationnel plus fort avec les travailleurs bénévoles (amitié, aide pour leur propre projet d’installation, etc.).
Dans la revue Genèses, Julien Gros (université Paris-Dauphine) s’intéresse aux relations d’emploi dans une PME forestière. Ici aussi, le patron s’appuie sur l’amitié ou, en tout cas, sur « l’entretien d’une certaine forme de proximité sociale malgré l’existence de rapports de subordination ». Mais l’auteur montre comment le paternalisme et « les formes de domination personnalisée à l’œuvre dans les rapports sociaux au sein de l’entreprise se recomposent à mesure de la formation d’une lignée patronale » (transmission au fils) « et de son éloignement progressif des travailleurs qu’elle dirige ».
Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective
Sources : Sociologie du travail, Genèses
13:12 Publié dans Exploitations agricoles, Forêts Bois, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : emploi, pme, agriculture biologique | Imprimer | |
07/12/2016
Décider dans l'incertitude : la recherche apporte sa contribution
Faut-il présenter les résultats scientifiques avec l'incertitude qui les accompagne ? Ou, au contraire, cette transparence décrédibilise-t-elle l'état des connaissances et réduit-elle leur contribution à l'aide à la décision, notamment politique ? Ces questions ont été au cœur d'une grande partie des débats lors du colloque « Quelles nouvelles approches de l'incertitude pour la gestion des forêts et de leur biodiversité ? », organisé le 16 novembre dernier par le GIP Ecofor.
Face aux controverses, mais également à la demande accrue de transparence du grand public, les chercheurs construisent des guides de bonnes pratiques visant à accompagner cette évolution, sans pour autant brouiller les messages. On notera tout particulièrement l'analyse récemment publiée par l'Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES), sur l'utilisation des modèles et l'élaboration de scénarios en appui à la mise en œuvre ou à l'évaluation des politiques environnementales, ainsi que le guide de l'Anses sur le traitement de l'incertitude dans les processus d'évaluation des risques sanitaires.
Sources : GIP Ecofor, IPBES, Anses
11:22 Publié dans Enseignement et recherche, Forêts Bois, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : incertitude, risques | Imprimer | |
05/12/2016
Des dispositifs fiscaux en faveur de la forêt et de l'agriculture biologique cohérents mais difficiles à quantifier
La Cour des comptes française a récemment publié une enquête sur les dispositifs fiscaux susceptibles d'avoir un impact sur l'environnement. Ce travail identifie plusieurs faiblesses : incohérence des mesures prises dans leur globalité (certaines venant compenser l'impact négatif d'autres), affaiblissement du suivi et de l'évaluation au cours des quinze dernières années, multiples difficultés méthodologiques. À noter toutefois le satisfecit (au risque de saupoudrage près) des interventions en faveur de la forêt et de l'agriculture biologique, qui convergent positivement, même si leurs effets sont peu ou pas quantifiés.
Source : Cour des comptes
11:15 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, Exploitations agricoles, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : fiscalité, agriculture biologique, forêt, cour des comptes | Imprimer | |
16/11/2016
Quand pertes de biodiversité et de productivité forestière vont de pair
Montrer les effets de la biodiversité sur la productivité des systèmes forestiers, tel est l'enjeu d'une publication dans la revue Science, qui a mobilisé une équipe internationale de chercheurs appartenant à 90 institutions. Sachant qu'une espèce arboricole sur trois est considérée comme menacée, ils ont exploré les conséquences d'une diminution de cette diversité des essences sur l'augmentation annuelle du volume de bois, c'est-à-dire l'accroissement biologique.
Ce travail repose sur 45 inventaires forestiers dans 44 pays, soit près de 780 000 parcelles, incluant plus de 30 millions d'arbres appartenant à 8 727 espèces. Avec cette importante base de données, les chercheurs visent à changer d'échelle par rapport aux études précédentes. Ils souhaitent ainsi obtenir une appréciation plus globale de la relation entre biodiversité et productivité, tout en soulignant ses variations spatiales.
Côté résultats, sur la majorité des sites, une perte de la biodiversité spécifique entraîne une diminution de la production forestière : globalement, un déclin de 10 % (de 99 % dans un second cas) entraîne une baisse de 2 % à 3 % de la productivité (entre 62 et 78 % dans ce second cas). Les cartes ci-dessous montrent les conséquences régionales de ces pertes de biodiversité. À noter que les régions les plus touchées en termes relatifs (c'est-à-dire en pourcentage) ne sont pas forcément celles les plus concernées en termes absolus (en m3 de production perdus par hectare et par an). Les auteurs soulignent également les impacts possibles sur l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre : une baisse de diversité de 25 % entraîne une diminution de 7,2 % de la capacité de stockage de carbone.
Estimation en % (carte A) et dans l'absolu (carte B) de la baisse de productivité forestière avec un déclin de 10 % de la richesse des espèces forestières (entre parenthèses, les résultats pour un déclin de 99 %)
Source : Science
Les auteurs proposent également une estimation de la valeur économique de cette biodiversité, estimation partielle car reposant uniquement sur la valeur économique de la production de bois. Pour ce faire, ils mobilisent deux études donnant une valeur de la production forestière annuelle de l'ordre de 649 milliards de US$ (2007) et 606 milliards de US$ (2011). Ils appliquent les taux de perte de productivité calculés précédemment (26 à 66 % pour une diminution de la biodiversité actuelle à une seule espèce), et en concluent ainsi à une valeur comprise entre 166 et 490 milliards de US$ (2015) par an.
Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective
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08/11/2016
Concilier la bioéconomie et les services écosystémiques forestiers : une gageure pour les politiques européennes ?
Les actes de la conférence finale du programme européen ORCHESTRA (Orchestrating forest-related policy analysis in Europe), conduit dans le cadre du réseau COST (European Cooperation in Science and Technology), ont été récemment publiés. En l'absence de politique forestière de l'Union européenne, la question de la recherche de cohérence entre les différentes politiques impactant le secteur forestier se pose. Dans ce contexte, l'intégration des enjeux de la bioéconomie en matière de bois, tout en préservant un haut niveau de services écosystémiques en forêt, doit faire l'objet d'une attention particulière.
Au cours de ces deux journées de restitution des travaux, les chercheurs, économistes, écologues et sociologues ont notamment questionné l'identification des objectifs stratégiques de la bioéconomie et des services écosystémiques, l'utilisation des modèles quantitatifs en aide à la décision et en évaluation, l'intégration des enjeux de la bioéconomie et de la préservation des écosystèmes dans les processus politiques.
09:21 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : bioéconomie, services écosystémiques, forêt | Imprimer | |
13/10/2016
Forêt et bois : une contribution essentielle à l'atténuation du changement climatique
Alors que l'accord de Paris assouplit les règles de comptabilisation du carbone forestier dans les engagements des États, la FAO récapitule dans un rapport récent les différents leviers mobilisables pour l'atténuation du changement climatique (augmentation de la surface forestière, lutte contre la déforestation, bois énergie, bois construction, etc.), et les conditions économiques optimales de leur utilisation. Elle s'appuie sur des travaux théoriques récents et les programmes menés dans différents pays. Cette analyse fait écho à des travaux publiés récemment sur la forêt française.
Potentiel économique de la foresterie par rapport aux autres options d'atténuation dans le secteur de l'agriculture, la forêt et des autres usages des terres, par région en 2030 (d'après Smith et al.)
Source : FAO
Si le boisement et le reboisement restent les plus efficaces pour atténuer à court terme le réchauffement climatique, ils comportent de nombreuses limites : coût du foncier, sécurisation de la propriété, risques politiques. Combiner un coût réduit de plantation et une efficacité maximale de séquestration, qui sont les critères de sélection par la finance carbone, s'avère délicat quand le prix du carbone est faible.
La lutte contre la déforestation a un périmètre d'application restreint par nature, les pays développés ayant déjà adopté des mesures de restriction sur les défrichements forestiers. Dans les pays du Sud, la déforestation est liée à la qualité des sols et aux prix des productions agricoles substituées : dans la majorité des cas, l'avantage économique va aux cultures plutôt qu'au maintien de la forêt. D'où la nécessité de développer les incitations financières (via le programme REDD+ notamment).
Le rapport aborde également les émissions de carbone évitées par l'utilisation du bois-énergie ou matériau. L'amélioration de l'efficacité énergétique est un enjeu fort dans les pays où le bois est un combustible courant (Afrique surtout), en particulier pour la cuisson. Le bilan carbone du bois-énergie est quasiment nul lorsqu'il provient de forêts gérées durablement, en circuit court. Pour le bois-matériau, la difficulté de retracer le cycle de vie des produits, le manque de statistiques fiables sur la production et le commerce des matériaux compliquent l'évaluation du potentiel d'atténuation.
Pour une efficacité optimale, les politiques devraient combiner ces différents leviers (qui se renforcent mutuellement) et mettre en place des outils financiers adaptés.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : FAO
11:30 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : fao, forêt, atténuation, changement climatique | Imprimer | |
04/10/2016
Filière forêt-bois : un potentiel de croissance à concrétiser
Alors que la demande de bois devrait progresser tant à des fins énergétiques que de construction, la filière s'interroge sur sa capacité à mobiliser la production forestière pour générer plus de valeur ajoutée et d'emplois sur le territoire. Cette question était posée aux nombreux intervenants de la journée organisée par l'Association française des Eaux et Forêts (AFEF), au Sénat, le 26 septembre.
Le diagnostic est là : la production annuelle est récoltée pour moitié seulement, le secteur est l'un des principaux postes de déficit du commerce extérieur, la forêt française est essentiellement composée de feuillus alors que la demande s'exprime en résineux, les entreprises (structures financières et organisationnelles, équipements) obéissent trop souvent à des schémas anciens. Dans ce contexte, comment redonner du souffle à la filière forêt-bois ? On pourra se reporter, sur cette thématique, à un article récent publié dans Le Monde diplomatique.
R&D, formation des prescripteurs de bois (architectes, ingénieurs, etc.), contractualisation des approvisionnements, mise en place de cotations du bois, sont autant de pistes qui ont été avancées pour permettre à la filière de bénéficier des perspectives actuellement favorables au bois.
Source : AFEF
10:41 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Imprimer | |
14/09/2016
Concilier préservation de la forêt et amélioration de la sécurité alimentaire : une priorité pour le développement
À l'occasion de la semaine mondiale de la forêt (18 au 22 juillet 2016), la FAO a dévoilé son rapport annuel sur l'état des forêts dans le monde. Au-delà du constat classique sur la progression de la déforestation (3,3 millions d'ha par an entre 2010 et 2015), le rapport questionne surtout les interactions entre agriculture et forêt. Si elles sont concurrentes en matière d'occupation du sol, ce sont les politiques d'aménagement du territoire, plus ou moins intégrées, et associant les populations à leur gouvernance, qui s'avèrent les plus efficaces pour limiter la déforestation.
Le rapport examine ainsi l'évolution parallèle des surfaces forestières et agricoles sur longue période, en entrant dans le détail des multiples causes a priori de la déforestation. Analysant les politiques nationales de 35 pays, qu'elles soient sectorielles ou transversales, les auteurs mettent en évidence l'importance d'une intégration de la forêt dans les politiques agricoles ou de développement économique : cela permettrait une meilleure maîtrise de l'utilisation des terres, tout en facilitant la prise en compte d'objectifs contradictoires ou concurrents, au moins en apparence. De manière contre-intuitive, un fort niveau d'investissement public en agriculture est également un facteur d'atténuation de la déforestation, en permettant une intensification de la production sur les terres existantes plutôt que le recours à la conversion de nouvelles terres.
Le focus sur huit situations nationales contrastées (Chili, Costa Rica, Gambie, Géorgie, Ghana, Tunisie, Viet-Nam et Corée du sud), présentant une amélioration conjointe de la sécurité alimentaire et du couvert forestier, consolide ces constats. Qu'elles soient d'initiative publique ou privée, la préservation et la reconstitution des forêts nécessitent un cadre réglementaire prenant en compte l'apport de la forêt et des produits forestiers dans toutes ses dimensions : sociales, économiques et environnementales. La mise en place de gardes-fous en matière de gestion foncière, l'attention portée à un retour des bénéfices forestiers vers les populations rurales, l'implication des communautés dans la gestion du patrimoine forestier (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), sont autant de facteurs qui favorisent, en retour, la préservation des sols et la qualité de l'eau, éléments essentiels pour l'agriculture.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
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08/09/2016
Le Brexit rebat les cartes des positions européennes en matière de politique forestière et environnementale
Alors que le Royaume-Uni est un l'un des États membres ayant l'une des plus petites couvertures forestières, et que le bois y est majoritairement importé, sa sortie de l'Union européenne pourrait modifier sensiblement les équilibres de négociation, tant en interne qu'au plan international. C'est le résultat de l'analyse publiée en juin par des chercheurs de l'European Forest Institute.
S'appuyant sur des entretiens auprès d'un échantillon d'experts européens, ils mettent en évidence le rôle du Royaume-Uni, à la fois en tant qu'importateur de bois tropicaux, mais également soucieux de la gestion durable forestière dans les pays du Sud. Alors que ce pays est plutôt un observateur perspicace dans les débats sur une éventuelle politique forestière au plan européen, il a été l'un des promoteurs des règlements de lutte contre l'exploitation illégale des forêts (FLEGT).
Source : Forest Policy and Economics
13:56 Publié dans 4. Politiques publiques, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : brexit, politique forestière | Imprimer | |