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10/11/2017

L'alimentation comme droit humain : défis et opportunités à venir

Le dixième numéro du rapport annuel de l’Observatoire du droit à l’alimentation et à la nutrition traite des systèmes pouvant garantir la souveraineté et la sécurité alimentaire. Selon ses auteurs, dix ans après la crise de 2007-2008, des problèmes persistent : déréglementation des marchés favorisant la spéculation financière sur les produits agricoles de base, inégalités croissantes en matière de revenus, d'accès aux ressources productives et aux aliments, etc. Dans le même temps, des mouvements sociaux se sont organisés et pèsent sur les processus décisionnels. La dizaine d'articles de ce numéro rend compte de ces initiatives et deux d'entre eux illustrent les défis et opportunités en jeu.

Le premier article s'intéresse à trois méga-fusions dans l'agro-industrie, impliquant BASF, Bayer, Dow, DuPont, Monsanto et Syngenta. Ces entreprises contrôlent 75 % du marché mondial de l'agrochimie, 63 % de celui des semences et 75 % des activités de recherche et développement qui y sont consacrées. La fusion Bayer-Monsanto conduirait au contrôle, par une seule société, de 30 % du marché mondial des semences et de 25 % de celui des pesticides et herbicides. Ils évoquent la place croissante de la logique financière dans les systèmes agricoles et dans la structuration des chaînes de valeur, se traduisant par une dépendance des agriculteurs et un affaiblissement relatif des États face à la concentration des techniques et capitaux privés.

Le second article porte sur le thème des communs. Dépassant les notions de « propriété publique » ou « privée », il traite des formes de gouvernance alternative de ces ressources. Dans ce cadre, les auteurs soutiennent qu'il serait intéressant de considérer l'alimentation comme un « commun », de la penser comme un droit, et non plus seulement sous l'angle de la consommation. Selon eux, le caractère multidimensionnel de l'alimentation devrait être à la base de la transformation des systèmes alimentaires, reposant sur un modèle de gouvernance polycentrique et décentralisé.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Global Network for the Right to Food and Nutrition

Le monde dans nos tasses. Trois siècles de petit déjeuner, Christian Grataloup

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Plaisant à lire, riche et documenté, cet ouvrage est consacré au premier repas de la journée, « à la fois familier et inconnu ». Alors que la littérature consacrée à l'alimentation et à la gastronomie est foisonnante, très peu de travaux (historiques, sociologiques, géographiques, anthropologiques, etc.) ont jusqu'ici traité du petit déjeuner. Au fil de vingt-et-un épisodes, répartis en quatre parties, Christian Grataloup propose un voyage à travers l'histoire de ce repas, mettant en évidence qu'il reste « le plus petit commun dénominateur des pratiques alimentaires de la mondialisation ».

La première partie s'intéresse à la naissance du petit déjeuner en Europe, il y a trois siècles, en lien étroit avec les innovations culinaires du XVIIIe siècle, celles en matière d'objets ménagers, de savoir-faire, d'organisation intérieure des demeures bourgeoises. C'est un repas différent des autres (présentation simultanée des aliments, en nombre restreint, composition assez libre par les convives, monotonie dans les denrées consommées), etc. Sa diffusion dans les sociétés européennes accompagne en particulier les débuts de l'industrialisation et la synchronisation progressive des activités sociales.

La seconde partie revient sur les histoires séculaires du café, du thé et du chocolat, ainsi que sur les ustensiles : tasses (objet quasi-universel pour la consommation de boissons chaudes), bols, mugs, grille-pain, etc. On peut retenir, par exemple, que l'étymologie du mot « thé » dans les langues européennes illustre deux étapes successives de construction du monde : « chaï » à l'Est, liée aux voies terrestres (route de la Soie notamment), « té » à l'Ouest, liée aux voies maritimes et aux compagnies des Indes. La troisième partie propose des éléments très intéressants sur la période de la Révolution industrielle, l'esclavage et les plantations, l'articulation entre multinationales et artisanat quotidien, les aspects géopolitiques. La quatrième partie dresse un tour du monde des petits déjeuners, illustrant à la fois les dynamiques de diffusion (ex. du continental breakfast) et de métissage.

Dans l'épilogue, Ch. Grataloup souligne que si « aujourd'hui c'est le Monde presque entier qui boit mondial le matin », des tendances sont porteuses de transformations du petit déjeuner tel qu'il fût codifié en Europe : évolution des moments de repas (exemple du brunch) et émiettement, attrait pour de nouveaux aliments et boissons, recherche de produits locaux et équitables.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Armand Colin

Économie du vin, Jean-Marie Cardebat

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L'excellente collection « Repères » des éditions La Découverte continue à remplir sa mission de vulgarisation des connaissances scientifiques, en mettant les savoirs les plus récents à disposition d'un public non expert. Ce livre de J.-M. Cardebat, professeur et chercheur à l'université de Bordeaux, en est un parfait exemple, qui offre en peu de pages une complète et claire introduction à l'économie mondiale du vin.

L'ouvrage se compose de quatre chapitres bien documentés, précis, s'appuyant sur des données et travaux parmi les plus récents. Le premier, consacré aux évolutions de l'offre, en détaille les grands déterminants, l'internationalisation rapide, en insistant sur l'extrême diversité des vins et sur les phénomènes de concentration et d'intégration verticale. Le deuxième traite de la demande, abordée sous ses dimensions culturelles, sociales et économiques : valeurs et symboles conditionnant les pratiques des consommateurs, modes de perception de la qualité, rôle de prescription des experts et des réseaux sociaux, nouvelles sensibilités environnementales et sanitaires. Les pages suivantes décrivent les marchés, leurs différents modes d'organisation, leur rapide internationalisation, et surtout leurs processus de régulation (droits de plantation, contrôle des fraudes, maîtrise des quantités offertes, signes de qualité, création de marques, prévention de l'alcoolisme). Enfin, le dernier chapitre analyse la dynamique des prix du vin, particulièrement instables et difficiles à anticiper, sans marché à terme, et exposés à la financiarisation du secteur.

En conclusion, l'auteur déclare que le vin est « un objet d'étude parfait pour l'économiste tant il lui permet d'appliquer ses concepts et ses méthodes d'analyse » (p 117). Son ouvrage est une preuve vivante de cette affirmation, puisqu'au-delà des nombreux phénomènes et terrains empiriques décrits, il mobilise largement les travaux et résultats de l'économie agricole (stockage, formation des prix), de l'économie industrielle (filière, qualité, asymétrie d'information), de l'économie environnementale (durabilité, externalités), de l'économie publique (certifications, enregistrement des transactions). Très intéressantes également sont les réflexions en termes de « biens culturels », d'industrie du luxe, d'actifs financiers, de segmentation de marchés, de mondialisation : le marché du vin gagne l'ensemble de la planète et est un remarquable condensé des heurs et malheurs de la globalisation.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions La Découverte

09/11/2017

Agriculteurs urbains, Guillaume Morel-Chevillet (dir.)

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Dirigé par G. Morel-Chevillet (chargé de mission à Astredhor, l'institut technique de l'horticulture), ce guide pratique marque une nouvelle étape dans l'institutionnalisation de l'agriculture urbaine, en offrant une synthèse complète sur ce sujet à destination du grand public. L'ouvrage est organisé en trois parties, abordant les différentes formes de production alimentaire en milieu urbain : l'auteur a retenu une définition extensive de l'« agriculture urbaine », qui couvre tant des activités orientées vers le loisir et l'épanouissement personnel que vers la production et la commercialisation.

La première partie s'intéresse aux « amateurs », qui investissent par exemple un balcon, une terrasse pour cultiver des fraises ou un toit pour installer une ruche. Elle passe en revue les différentes « solutions pour produire chez soi », avec des encadrés pédagogiques, et présente le matériel végétal le mieux adapté pour mettre en place un « potager urbain ». La deuxième partie est consacrée aux dimensions « sociales » de l'agriculture urbaine. Elle retrace notamment l'histoire des jardins collectifs. Les collectivités territoriales trouvent aujourd'hui dans ces différentes pratiques un levier pour aborder de façon plus concrète les enjeux de l'alimentation et pour sensibiliser aux problématiques de la biodiversité.

Enfin, près de 150 pages sont consacrées à ceux qui font de l'agriculture en ville un métier. Agro-paysagistes, architectes, serristes, du côté de l'offre de services, maraîchers et éleveurs, du côté de la production, sont confrontés à des défis particuliers, de l'aménagement des bâtiments aux problèmes de pollution des sols ou de l'air. Cette troisième partie aborde clairement les enjeux de la professionnalisation, en rappelant la diversité des démarches et des modèles économiques et en pointant les incertitudes qui demeurent sur le statut d'« agriculteur urbain ». La continuité entre les différents niveaux d'organisation des pratiques (individuelles, en groupe et en filière) est un fil conducteur jusqu'au dernier chapitre, consacré aux producteurs situés en périphérie des villes.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions France Agricole

08:49 Publié dans Agriculteurs, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le High Level Panel of Experts (HLPE), Groupe d'experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition

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Le Groupe d'experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition a été créé en octobre 2009, lors de la réforme de la gouvernance mondiale sur la sécurité alimentaire. L'ouverture à un plus grand nombre de parties prenantes était un des principes ayant présidé à sa constitution. Interface entre les politiques publiques et le monde de la recherche, le HLPE publie rapports et recommandations en réponse aux demandes spécifiques du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). Ses productions, indépendantes des positions des États, visent à alimenter les débats au sein du CSA.

Les principales fonctions du HLPE sont de : i) faire un état des lieux de la sécurité alimentaire et de la nutrition ; ii) fournir une analyse scientifique fondée sur les connaissances disponibles et émettre des avis sur des questions précises ; iii) recenser les problèmes émergents et les hiérarchiser.

Le HLPE est composé d'un comité directeur élu pour un mandat de 2 ans et comprenant 10 à 15 experts reconnus dans des domaines liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Pour chaque thème traité, ce comité sélectionne des équipes projets. Ainsi, depuis sa création, le HLPE a bénéficié de la participation de 203 experts venant de 52 pays. Son budget annuel est de l'ordre de 1,4 à 1,7 million de $US, financé par un fonds volontaire rattaché à la FAO, et servant à son fonctionnement et non à la rémunération de ses membres.

Si le HLPE ne réalise pas de recherche scientifique en propre, il mobilise les travaux existants, avec l'objectif d'expliciter la diversité des points de vue et de mettre en évidence les controverses associées. Il s'appuie également sur des consultations publiques (deux par rapport), favorisant la transparence ainsi que l'ouverture à la diversité des connaissances locales et à l'échelle mondiale.

Le HLPE a déjà produit 12 rapports, notamment sur la volatilité des prix des matières premières agricoles en 2011, les agrocarburants en 2013 et, plus récemment, sur la nutrition et les systèmes alimentaires (voir à ce sujet un autre billet sur ce blog). Il a également publié deux notes sur les « Questions cruciales et émergentes pour la sécurité alimentaire et la nutrition ».

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Lien : HLPE

Les grands fermiers. XVe-XVIIIe siècle, Jean-Marc Moriceau

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Professeur à l'université de Caen, J.-M. Moriceau est à la tête d'une œuvre importante dont émergent, entre autres, Histoire et géographie de l'élevage français (2005), Histoire du méchant loup (2007), Les paysans (2012) et Secrets de campagnes (2014). C'est sa thèse soutenue en 1992 qui reparaît aujourd'hui, dans une version refondue et abrégée de moitié par rapport à l'édition originale de 1994.

Fruit d'une enquête conduite pendant douze années, ce texte de référence, associant démographie historique et histoire économique, décrit l'ascension des grands fermiers du bassin parisien entre 1400 et les années 1750. À travers la recomposition d'une petite centaine de trajectoires familiales, il retrace l'émergence de ce groupe social notabiliaire, prototype des dynasties agricoles. Capitaines de culture en même temps qu'hommes d'affaires, ces laboureurs – qui serviront de modèles aux Physiocrates – ont fait fortune dans la production de céréales à destination de la population parisienne.

Après avoir retracé le processus de formation et de consolidation de ce groupe spécifique, l'auteur analyse le fonctionnement économique de la « grande exploitation », puis termine par une fine description de la réussite sociale et culturelle de cette élite paysanne.

Lien : Éditions Fayard

08:43 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : moriceau, fermiers, histoire, élite paysanne |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/11/2017

La pollution « invisible » des chaînes alimentaires marines par les nanoparticules de plastiques

Si beaucoup de travaux portent sur la pollution des océans par les macroplastiques, peu se penchent sur celle dite « invisible » par les nanoparticules, lesquelles proviennent de la dégradation chimique et physique de plastiques de grande taille. Une équipe de chercheurs suédois et américains y a remédié en publiant en septembre 2017, dans la revue Scientific Reports, une étude montrant qu'elles entraînent des troubles comportementaux chez certains poissons. Leur taille leur permet de franchir la barrière séparant le sang et le système nerveux, et donc d'endommager les tissus cérébraux.

Les recherches ont été menées à partir des puces d'eau douce (Daphnia magna), dont le positionnement pivot dans la chaîne trophique permet d'observer le transfert des nanoparticules entre espèces, jusqu'aux poissons. Par cet exemple, les auteurs ont montré qu'une fois infestée, toute la chaîne alimentaire est contaminée. En particulier, le comportement des prédateurs, au rôle clé dans le fonctionnement naturel de l'écosystème, se trouve alors troublé.

Source : Scientific Reports

08:38 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : pollution, macroplastiques, chaînes alimentaires, océans, écosystème |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le think tank du Parlement européen fait le point sur l'éducation et la formation tout au long de la vie des agriculteurs européens

Une note récente du think tank du Parlement européen propose un bilan chiffré de l'éducation et de la formation des agriculteurs européens. Le vieillissement de la population agricole, entre autres lié au caractère peu attractif de ces métiers pour les jeunes, est crucial : seuls 6,9 % des agriculteurs européens ont moins de 35 ans, tandis que près du tiers dépasse les 65 ans. On apprend également qu'une majorité d'agriculteurs n'ont pas reçu de formation spécifique en agriculture, ce qui constitue un enjeu de politique publique face aux défis qui attendent le secteur : amélioration des performances environnementales, changement climatique, digitalisation, etc. Après ce panorama chiffré, la note présente de façon synthétique les systèmes éducatifs et de formation agricoles européens, le rôle de la PAC dans ce domaine, et les positions du Parlement européen et des parties prenantes sur ce sujet.

Source : Think tank du Parlement européen

08:36 Publié dans Agriculteurs, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : parlement européen, formation, agriculteurs, éducation |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/11/2017

La place des femmes dans les secteurs de la pêche et de l'aquaculture

Une étude commandée par FranceAgriMer fait le point sur la place des femmes dans la pêche et l'aquaculture. Alors que la pénibilité du travail sur les bateaux et dans les élevages entraîne des difficultés chroniques de recrutement, et qu'une réflexion sur l'attractivité des métiers est à l'ordre du jour, l'égalité femmes-hommes ne semble pas être une priorité pour le secteur. « Les a priori sur la répartition "naturelle" des tâches » sont encore forts. Ainsi, les femmes représentent un tiers des effectifs, mais seulement 1,4 % pour la pêche embarquée. Toutefois, les mentalités évoluent et « les outils réglementaires permettant la prise en compte des enjeux d’égalité professionnelle » (conventions collectives de branche, bilans sociaux, statut de conjoint collaborateur, formation maritime, etc.), encore « mal connus et peu utilisés », pourraient servir de leviers à l'avenir.

Source : FranceAgriMer

08:34 Publié dans Pêche et aquaculture, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : franceagrimier, pêche, aquaculture, femmes, métiers |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'agriculture africaine s'inspire de l'expérience brésilienne et argentine

La Banque Africaine de Développement (BAD) a annoncé le lancement, en octobre, du programme Transformation of African Savannah Initiative (TASI). Ce programme fait partie de la stratégie « Nourrir l'Afrique », portée par le Département de l’agriculture et de l’agro-industrie de la BAD, et qui vise à « mettre fin à l'extrême pauvreté, la faim, la malnutrition et les importations alimentaires » d'ici 2025. Les savanes d'Afrique couvrent 600 millions d'hectares : 400 millions sont cultivables mais seulement 40 millions cultivés. Le programme débutera sur deux millions d'hectares dans huit pays : Ghana, Guinée, République démocratique du Congo, République Centrafricaine, Ouganda, Kenya, Zambie et Mozambique, avec les cultures de maïs et de soja et l'élevage de bétail. Pour atteindre ces objectifs, des partenariats seront établis entre des organismes africains consacrés à la recherche et au développement et leurs équivalents au Brésil, notamment l'EMBRAPA et le CAMPO, et en Argentine avec l'INTA et l'AAPRESID.

Source : Banque Africaine de Développement

08:32 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : tasi, bad, savane, brésil, argentine |  Imprimer | | | | |  Facebook

Mangeurs de viande de la préhistoire à nos jours, Marylène Patou-Mathis

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À l'heure où s'exacerbent les vrais et faux débats sur la consommation de viande, la réédition en version de poche de cet ouvrage est tout à fait bienvenue, venant rappeler que des pratiques et des querelles prétendument neuves sont, en réalité, vieilles comme le monde. Préhistorienne, directrice de recherche au CNRS, l'auteure appuie ses réflexions anthropologiques sur des découvertes archéologiques, complétées par de nombreuses analyses philosophiques, ethnographiques et sociologiques. S'il fallait dégager une thèse de cette somme majeure, elle serait que l'acte socio-culturel de manger a été au cœur du développement des sociétés humaines et du processus d'hominisation.

Le livre montre comment nos lointains ancêtres se sont mis à consommer de la viande, donc des chairs d'êtres vivants remplies de sang, et les conséquences de ce régime alimentaire sur les techniques de chasse et les rapports aux animaux. Il décrit les transformations de la chasse au fil du temps et les vertus socialisatrices de cette activité collective (partage du gibier, cohésion de groupe, hiérarchie et organisation). Extrêmement diversifiés sont les mythes et rites liés à cette consommation carnée, et beaucoup de ces croyances restent vivaces dans les sociétés « archaïques » ou dans les traditions populaires des pays « développés ». Intéressant est le chapitre consacré à l'animal comme symbole, ainsi que celui qui traite du cannibalisme et des mangeurs de viande humaine. L'ouvrage se termine par une description de l'extinction des derniers peuples chasseurs et par une réflexion sur la part d'animalité qui reste en l'Homme.

Lien : Éditions Perrin

08:30 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : patou-mathis, viande, consommation, anthropologie, archéologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Bioéthanol : état des lieux vu des États-Unis

L'Economic Research Service (ERS) de l'USDA fait un bilan des exportations de bioéthanol et de drêche sèche par les États-Unis, principal pays producteur et exportateur. Soulignant les opportunités et barrières aux échanges commerciaux, cette publication offre aussi un panorama des situations de divers pays. En 2016, 26 États, en plus des acteurs historiques (États-Unis, les 28 États membres de l'Union européenne, Brésil), se sont dotés de politiques d'incorporation dans les carburants (mandats).

Huit pays sont analysés en détail : Argentine, Canada, Chine, Colombie, Inde, Japon, Philippines et Thaïlande. En Chine, troisième producteur mondial de bioéthanol, 11 provinces et 40 villes incorporent du bioéthanol à hauteur, en moyenne, de 10 % (entre 7 et 20 %). La consommation chinoise est surtout couverte par la production domestique (cf. figure ci-dessous). Les importations, autorisées depuis 2015, proviennent principalement des États-Unis, avec une taxe douanière à 5 % relevée à 30 % en 2017.

Consommation, production, importations et exportations de bioéthanol en Chine sur la période 2007-2017

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Source : USDA

Source : ERS - USDA

08:28 Publié dans 4. Politiques publiques, Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : bioéthanol, usda, mandats d'incorporation |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/11/2017

Déchets organiques et résidus de culture : un gisement de matériaux pour la construction et une source de valeur à l'échelle des métropoles

L'utilisation de certains déchets organiques solides, dans la fabrication des matériaux de construction plutôt qu'en fermentation ou en amendements organiques, pourrait modifier profondément la chaîne de valeur des produits agricoles. Dans une publication récente, le cabinet Arup en étudie la faisabilité et l'impact à l'échelle d'une ville.

Sur la base d'un inventaire des solutions existantes à partir de sources organiques (canne à sucre, blé, ananas, tournesol, feuilles, etc.), les auteurs mettent en avant des complémentarités entre les acteurs de la construction et de l'agriculture, et le potentiel d'émergence de nouvelles activités économiques à l'échelle de différentes métropoles. Ainsi, 1 tonne de déchets et résidus organiques permet de produire 1 000 m² de panneaux minces.

Schéma d'économie circulaire à partir des productions agricoles et forestières

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Source : Arup

Une simulation est conduite sur la métropole milanaise, prenant appui sur le système de recyclage des déchets organiques solides et sur l'importance de l'agriculture sur ce territoire. Près de 8 millions de m² de panneaux pourraient être produits annuellement, en transformant seulement 10 % des déchets organiques et résidus de culture.

Source : Arup

Innovation : la politique des pôles de compétitivité doit évoluer

Créés en 2004, les pôles de compétitivité constituent un des piliers de la politique de l'innovation en France. Parmi les 68 qui fonctionnent aujourd'hui, 12 sont axés sur les secteurs de l'agriculture ou de l'agroalimentaire. Un avis récent du CESE dresse un bilan globalement positif de cette politique, tout en invitant à la faire évoluer. Les pôles de compétitivité ont eu, en tant qu'écosystèmes territoriaux, des impacts positifs sur les filières et l'emploi, malgré des résultats décevants en matière de dépôts de brevets. Ils ont induit des dynamiques de coopération entre les entreprises et le monde académique, ainsi qu'entre les TPE/PME et les grands groupes. Ils ont également contribué à l'attractivité des territoires. Face aux faiblesses qui persistent, le CESE émet plusieurs propositions, parmi lesquelles encourager les synergies entre les différents pôles, renforcer la sélectivité des financements et leur ciblage sur l'innovation, accompagner les entreprises en matière de numérisation et de gestion des emplois et des compétences.

Source : CESE

Les microalgues, une promesse à concrétiser

Si les microalgues sont déjà employées comme compléments alimentaires ou comme ingrédients « santé », leur utilisation à une échelle plus importante se heurte à plusieurs défis, technologiques, réglementaires, culturels. Tel est le constat dressé récemment dans la revue Industrial Biotechnology. L'enjeu est de taille, face à l'accroissement des besoins de la population mondiale en nutriments de qualité, notamment en acides gras et acides aminés essentiels, que la production de poissons ne pourra pas combler. La production de ces acides aminés par le biais de microalgues est la plus économe à la fois en eau douce et en terres arables.

Consommation d'eau et de terres pour la production d'acides aminés essentiels selon diverses sources agricoles

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Source : Industrial Biotechnology

Les auteurs font le point sur quatre voies technologiques aujourd'hui mises en œuvre, en termes de maîtrise de la qualité de production et de la consommation en eau, énergie et sols : les procédés de fabrication, in vitro ou dans le milieu naturel, présentent des bilans très contrastés. Dans tous les cas, la baisse des coûts de production, en réduisant l'empreinte carbone, est un enjeu, notamment pour développer la consommation. En alimentation humaine, le potentiel réside surtout dans le cracking et l'intégration dans les process alimentaires, en particulier pour la production de viande artificielle. Pour ce faire, les auteurs relèvent que la réglementation pour l'homologation des produits à des fins alimentaires et, plus spécifiquement, pour la labellisation « biologique », nécessiterait d'être adaptée.

Source : Industrial Biotechnology