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10/09/2014

L'insécurité alimentaire au Québec

L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié, mi-août 2014, une mise à jour des données sur la prévalence, et son évolution depuis 2005, de l'insécurité alimentaire chez les ménages de la province. En 2011-2012, 8,1% des ménages québécois (soit un peu plus de 250 000) ont connu une situation d'insécurité alimentaire (modérée pour 5,8% des ménages, grave pour 2,3%). Cette proportion est similaire à celle du Canada (8,4%).

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La prévalence de l'insécurité alimentaire présente des variations significatives en fonction du lieu de résidence (8,6% en milieu urbain contre 5,9% en milieu rural), de la taille et du type de ménage (12% pour les personnes seules, 15% pour les familles monoparentales, 4% pour les couples avec ou sans enfant), du revenu (24% des ménages à très faible revenu par exemple), du logement (17% des locataires) ou encore du niveau d'étude. Si la prévalence de l'insécurité alimentaire est restée constante de 2005 à 2010 (7%), elle a crû en 2011-2012 (8,1%), du fait d'une plus grande proportion de ménages en insécurité alimentaire modérée.

S'appuyant sur des travaux montrant que la méthode usuelle employée sous-estimerait la prévalence de l'insécurité alimentaire (critères de classification des ménages trop stricts), l'INSPQ introduit une nouvelle catégorie, « l'insécurité alimentaire marginale ». Correspondant aux « ménages ayant indiqué qu'ils avaient des craintes ou des obstacles pour l'accès à des aliments en raison du revenu », elle concerne 4,9% de ménages en 2011-2012, portant ainsi l'insécurité alimentaire totale à 13% des ménages québécois. Enfin, l'INSPQ présente les résultats d'une nouvelle méthode distinguant parents et enfants au sein des ménages : 12% des adultes seraient en insécurité alimentaire au Québec et 16% des enfants.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Institut national de santé publique du Québec

 

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09/09/2014

Les Français veulent vivre plus intensément

Publié en juillet 2014 par le Crédoc, le numéro 268 de Consommation et modes de vie présente une synthèse du Cahier de recherche La société des loisirs dans l'ombre de la valeur travail (décembre 2013). À l'instar de nombreux pays, les Français veulent de plus en plus réussir toutes les facettes de leur vie (famille, travail, relations amicales, loisirs, etc.). La France se distingue toutefois par une place centrale accordée à la vie professionnelle et par un moindre investissement de la dimension « loisir et temps libre » par rapport aux habitants des pays nordiques et anglo-saxons.

La place symbolique accordée à la vie amicale, au temps libre et aux loisirs a progressé. Le temps libre a ainsi cru de 47 minutes par jour entre 1986 (7h19) et 2010 (8h06) ; les Français consacrent notamment neuf minutes supplémentaires aux repas. Par rapport aux autres pays, un intérêt plus important est constaté pour le repas, le bricolage et le jardinage, alors qu'il est par exemple moindre pour des pratiques artistiques amateurs ou les visites de monuments. Les Français passent ainsi, en moyenne et par jour, 2h15 à table, soit un peu plus que dans les pays latins et beaucoup plus qu'au Royaume-Uni (1h25) et qu'en Suède (1h34).

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Crédoc

10:04 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : crédoc |  Imprimer | | | | |  Facebook

Ingrédients et peurs alimentaires

Dans un article publié dans Food quality and preference en juin 2014, une équipe de recherche de la Cornell University (État de New-York) présente les résultats d'une étude sur les peurs alimentaires liées à des ingrédients. Sur la base d'une enquête téléphonique menée auprès d'un échantillon de 1 008 mères américaines, ces travaux s'appuient sur le cas du sirop de maïs riche en fructose, objet récemment d'une forte attention des médias généralistes ainsi que des blogs et réseaux sociaux.

Parmi les points mis en évidence, les consommatrices ayant peur d'un ingrédient spécifique peuvent exagérer les risques perçus et être partiellement influencées par leur groupe de référence. Les ingrédients associés à des aliments moins sains (snacking, desserts) nuisent, par leur présence, à l'évaluation d'aliments perçus en général comme relativement sains. Les peurs alimentaires peuvent être contrebalancées lorsque des informations sur l'ingrédient (histoire, mode de production, utilisation) sont données.

Les auteurs identifient plusieurs pistes de recherche : mesurer l'impact que les normes et la désirabilité sociales peuvent avoir sur l'évitement d'ingrédients, étudier le comportement d'autres catégories de population, évaluer l'influence des peurs alimentaires sur les comportements réels et les schémas de consommation. Ainsi, par exemple, les personnes craignant le sirop de maïs riche en fructose ne sont pas prêtes à payer plus pour des produits contenant plutôt du sucre de table.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Food Quality and Preference

09:57 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : ingrédients, peurs alimentaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

Conséquences de la sécheresse dans l'État californien sur le secteur agricole

Publiée par le Center for Watershed Sciences en juillet 2014, une étude évalue l'impact de la sécheresse sur l'agriculture californienne. 2014 est la troisième année de sécheresse consécutive et également la troisième plus importante historiquement. L'étude couvre plus de 90% des terres irriguées de cet État (3,8 millions d'ha). Concernant la méthodologie, plusieurs modèles sont utilisés : le Statewide Agricultural Production Model pour les aspects économiques liés aux productions agricoles (chiffre d'affaires, coûts, intrants dont eau) couplé avec le Impact Analysis for Planning Model pour les impacts sur l'emploi au niveau de l'État, et le modèle C2VSim qui simule les prélèvements en eau (souterraine et de surface).

Repérage des zones étudiées

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Source : UC Davis

Dans un premier temps, les auteurs estiment que la ressource en eau de surface diminuerait en 2014 de 8,1 milliards de m3, soit un volume représentant 25% de la quantité annuellement utilisée par le secteur agricole dans les zones étudiées. Ce déficit serait compensé aux trois-quarts par des extractions d'eau souterraine, à hauteur de 6,3 milliards de m3 : leur part dans les prélèvements totaux passerait ainsi de 31% à 51%. Le coût de ce pompage additionnel est évalué à environ 454 millions de dollars.

Du point de vue des productions agricoles, les moins impactées sont celles à haute valeur ajoutée comme les arbres fruitiers, les fruits à coques ou les légumes. Les mises en jachère liées à la sécheresse concernent au total 173 200 ha, principalement des cultures de moindre valeur ajoutée comme les pâturages irrigués et des cultures annuelles. La diminution nette de ressource en eau induit des pertes de l'ordre de 810 millions de dollars pour les cultures et de 203 millions pour l'élevage, auxquelles il faut ajouter le coût du pompage additionnel cité plus haut. Au final, le coût global de la sécheresse 2014 pour la collectivité est de 2,2 milliards de dollars avec une perte de 17 100 emplois saisonniers et à temps partiel. À noter que 2015 pourrait aussi être une année avec des déficits importants en eau, hors prise en compte de l'impact d'El Niño.

Les auteurs mettent en évidence deux thèmes nécessitant de meilleures connaissances. D'une part, les usages de l'eau souterraine en Californie sont méconnus, bien que le niveau des nappes phréatiques soit bien suivi. Ces dernières ne se rechargeant pas entièrement chaque année, y compris en année humide, cette ressource est donc de plus en plus difficile d'accès et les coûts plus élevés (pompages plus profonds). Un enjeu d'autant plus important que cette étude met en évidence la dépendance du secteur agricole à la ressource souterraine en cas de sécheresse.

D'autre part, il paraît nécessaire de mieux connaître les marchés de l'eau californiens : ces marchés fonctionnent essentiellement de manière informelle, et il y a absence d'informations centralisées sur les prix et les quantités disponibles qui impactent la bonne gestion de la ressource en eau en cas de sécheresse.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Sources : UC Davis

Pour plus d'informations sur l'évolution de la sècheresse : Pacific Institute

09:54 Publié dans Agronomie, Climat, Environnement | Lien permanent | Tags : californie, sécheresse, eau |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/09/2014

Quantification de l'impact environnemental des protéines animales pour la consommation humaine aux États-Unis

Le travail de quatre chercheurs américains et israéliens, récemment publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), éclaire l'impact de la consommation américaine en protéines animales sur les surfaces agricoles, le volume d'eau mobilisé pour l'irrigation, les émissions de gaz à effet de serre et l'azote réactif (fertilisants). Cette étude repose sur une approche top-down, autrement dit mobilisant des données statistiques agrégées à l'échelle des États-Unis.

Sont distingués les élevages bovins (avec une subdivision viandes et lait), porcins et avicoles (volailles de chair et œufs). La figure ci-dessous présente les « unités » de ressources mobilisées par 1 000 kcals consommées, et ce pour chacune des productions étudiées. La dernière figure (E) indique la consommation moyenne journalière par personne.

proteines-USA.JPG

Source : PNAS

En termes de résultats, l'élevage bovin viande mobilise respectivement 28, 11 et 6 fois plus de terres, d'eau pour l'irrigation et d'azote réactif que la moyenne des autres productions. Pour les émissions de GES, elles sont cinq fois supérieures. Un résultat qui change peu si l'on considère non plus les calories, mais les protéines consommées.

En conclusion, les auteurs soulignent plusieurs points : 1) la robustesse des résultats sur la filière bovin viande malgré les incertitudes (une filière plus consommatrice en ressources), 2) la mise en lumière d'impacts potentiellement bénéfiques d'un changement de régime alimentaire et 3) la création d'une méthodologie mobilisable pour évaluer les politiques alimentaires, avec des améliorations à apporter sur le travail des données (mobilisées en grand nombre dans cet exercice).

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

 

09:52 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement | Lien permanent | Tags : protéines, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un choix stratégique des terres pour l'expansion de la production agricole pourrait contribuer à limiter le déstockage de carbone par les sols

Dans une publication de juillet 2014, des chercheurs américains de l'université du Minnesota se sont interrogés sur la manière de combiner le maintien d'un service écosystémique, à savoir le stockage du carbone, avec l'expansion des terres agricoles, qui elle répondrait à la hausse de la demande alimentaire.

L'idée est de mettre en regard, via une approche spatialisée, le nombre de calories produites et la quantité de carbone stocké pour chaque région. Une donnée supplémentaire est alors ajoutée : le coût social du carbone, soit les dommages qui résulteraient des émissions de carbone (37 $ par tonne de carbone).

Leur conclusion est la suivante : à l'horizon 2050 et à l'échelle mondiale, un choix stratégique des terres mobilisées pourrait préserver environ six milliards de tonnes de carbone pour une valeur approximative d'un milliard de dollars, en comparaison avec un scénario au fil de l'eau. Les zones concernées (US Corn Belt, Europe de l'Ouest, vallée du Nil, plaine de la rivière Gange et Est de la Chine) sont des régions actuellement agricoles dont la mobilisation ne se ferait qu'à la marge, limitant les pertes de carbone liées à la destruction de forêts.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

09:50 Publié dans Agronomie, Climat, Enseignement et recherche, Environnement | Lien permanent | Tags : carbone, sols |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/09/2014

Des progrès majeurs dans le séquençage du génome de plusieurs plantes commerciales (blé tendre, colza, agrumes)

Plusieurs plantes commerciales ont récemment vu leur génome séquencé, ce qui ouvre la voie à d'importantes avancées en amélioration génétique. Les travaux concernent le blé tendre et le colza, aux génomes quatre à cinq fois plus grands que celui de l'Homme, ainsi qu'une dizaine d'agrumes.

Tout d'abord, l'Inra de Clermont-Ferrand, leader au sein du Consortium International de Séquençage du Génome du Blé (IWGSC), vient de déchiffrer la première séquence de référence du chromosome 3B du blé tendre. Une première ébauche du génome complet de cette céréale est donc désormais disponible. Ce résultat a nécessité « la mise au point d’une stratégie originale de séquençage, le développement d’outils bioinformatiques et l’identification de plusieurs dizaines de milliers de marqueurs moléculaires ». Publié dans la revue Science, ce travail devrait permettre d'identifier des caractères d'intérêt (résistance aux bio-agresseurs, à la sécheresse, amélioration des rendements, etc.). Le Consortium souhaite maintenant terminer le séquençage des 20 autres chromosomes dans les trois ans qui viennent.

Le même type de travaux a été mené sur le colza, par un consortium international d’une trentaine d’instituts de recherche, piloté par l’Inra et le CEA (Genoscope) : ils ont permis de déterminer la séquence de référence du génome complet du colza, ainsi que celle d’une collection de variétés représentant la diversité de cette espèce. La grande majorité des gènes du colza étant dupliqués, les chercheurs ont également pu étudier le « dialogue » entre ces gènes : ils suggèrent que ces derniers peuvent servir de « réservoir important de diversification, d’adaptation et d’amélioration ». Comme précédemment, ces travaux, publiés dans Science, pourraient déboucher sur d'importantes améliorations génétiques (teneur et composition en huile, résistance à des pathogènes, tolérance au froid, etc.).

Enfin, une équipe internationale a séquencé le génome d'une dizaine d'agrumes (oranges, mandarines, pamplemousses, etc.). Ces travaux ont révélé l'histoire de la domestication des agrumes et les liens entre les différentes espèces. Ils ont également démontré leur faible diversité génétique, ce qui pourrait menacer leur survie face aux maladies (ex : maladie du Dragon jaune). Ce travail souligne ainsi la nécessité de créer de nouveaux types d'agrumes permettant de mieux résister aux stress et aux bio-agresseurs.

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Sources :

Blé tendre : Inra

Colza : Inra

Agrumes : Nature biotechnology

09:47 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : génome, blé, colza, agrumes, inra |  Imprimer | | | | |  Facebook

04/09/2014

Découverte des bases génétiques de la résistance des insectes au coton Bt

Dans un article de la revue Plos One, des scientifiques ont révélé les mécanismes génétiques à l'origine de la résistance de certains insectes au coton Bt, qui secrète lui-même une ou plusieurs toxines insecticides Bt (Bacillus thurigensis) – voir à ce sujet le billet de mai 2013 de ce blog. L'étude a porté sur le ver rose du cotonnier (Pectinophora gossypiella) en Inde, où les populations de ce ravageur sont devenues résistantes. Les chercheurs ont testé l'hypothèse selon laquelle ces insectes étaient devenus résistants à la toxine Bt selon les mêmes mécanismes génétiques que ceux précédemment observés en laboratoire aux États-Unis.

Les résultats ont finalement montré que la résistance des insectes en Inde était associée au même gène codant pour une protéine cadhérine (protéine transmembranaire), mais que les différentes « versions » de cette protéine étaient étonnamment plus nombreuses que celles repérées en laboratoire aux États-Unis. Les chercheurs ont découvert que la diversité de ces protéines était due à un mécanisme génétique appelé « épissage alternatif ».

Ce mécanisme génétique permet d'obtenir, à partir d'un même brin d'ADN, de très nombreux variants de protéines et de générer l'apparition de résistances à certaines toxines. La compréhension des mécanismes selon lesquels les insectes deviennent résistants au coton Bt devrait ainsi ouvrir la voie à l'élaboration de stratégies pour retarder l'apparition de telles résistances.

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : University of Arizona

09:45 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : coton |  Imprimer | | | | |  Facebook

De nouveaux travaux sur la dépendance de l'agriculture au phosphore

Plusieurs articles scientifiques se sont récemment intéressés à l'utilisation du phosphore (P) en agriculture, et pointent l'importante dépendance du secteur à cette ressource minérale non renouvelable. Utilisé à 90% comme fertilisant agricole dans le monde, le phosphore est en effet extrait chaque année de 178,5 Mt de roches phosphatées dans quelques pays seulement (Maroc, Chine et États-Unis principalement).

Dans le premier article, la contribution du phosphore extrait des roches phosphatées, ci-dessous nommé phosphore anthropique, à la fertilité des sols agricoles a été évaluée au niveau français. L'équipe de chercheurs de l'Inra a combiné diverses bases de données et un modèle simulant les flux de P : ils ont montré que 82% du stock de P dans les sols agricoles français étaient d'origine anthropique en 2009. Cette proportion a considérablement augmenté entre 1948 et 1974 (+2,4% par an), en lien direct avec la forte hausse de l'utilisation des engrais minéraux dans la seconde moitié du XXe siècle. Les auteurs soulignent que malgré la forte baisse de l'utilisation des fertilisants minéraux après 1975, la part de P d'origine anthropique dans les sols a continué à s'accroître. L'article révèle également que la majorité du P présent dans les sols agricoles l'est sous forme stable (762 kg P / ha en moyenne), et donc non accessible pour les plantes à court terme. Le stock de P « labile », directement disponible pour les plantes, représente 187 kg P / ha en moyenne. Les auteurs concluent que, pour les pays ayant une agriculture intensive telle qu'en France, la forte dépendance au P d'origine anthropique contribue à l'épuisement de la ressource et à accroître les risques d'eutrophisation des eaux.

Au niveau européen, d'autres chercheurs ont produit des cartes de concentration en phosphore des sols cultivés dans les différentes régions de l'UE (à partir des mesures de l'enquête LUCAS). Il en ressort qu'environ un tiers des sols ont une faible disponibilité en P, tandis qu'environ la moitié des sols a une forte disponibilité en P (en général, les zones où les rendements attendus sont les plus importants). Les différences peuvent toutefois être marquées au sein d'un même pays : c'est le cas de la France, où la disponibilité en P semble plus importante dans la moitié Nord que dans la moitié Sud. Il est par ailleurs estimé que les besoins annuels européens en P s'élèvent à 3,85 Mt, alors que la consommation en fertilisants minéraux n'est « que » de 2,36 Mt. Mais les auteurs expliquent que, compte tenu du fait qu'environ la moitié du P épandu en Europe provient des effluents d'élevage, le bilan est en réalité largement positif, avec même des zones d'excédents importants.

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Carte de la concentration en phosphore des sols cultivés en Europe

(source : Toth et al., 2014. European Journal of Agronomy)

Face à ce constat, une équipe de chercheurs britanniques propose des pistes pour une gestion plus durable de la ressource au service de la production alimentaire. L'idée générale serait de cibler la fertilisation phosphorée davantage sur la plante et moins sur le sol, qui immobilise une grande partie du phosphore (dans le compartiment « stable »). Les quatre pistes de recherche identifiées sont les suivantes : 1) réduire la demande en P des plantes (en améliorant l'efficience d'utilisation, i.e. en diminuant le stockage de P dans les compartiments de la plante sans affecter sa croissance) ; 2) remobiliser le P déjà présent dans le sol (favoriser le transfert du P de la fraction « stable » vers la fraction « labile ») ; 3) recycler en remplaçant le P minéral par du P organique (valoriser davantage les effluents d'élevage, les digestats de méthanisation, les composts, etc., à condition d'en évaluer les impacts environnementaux) ; 4) faciliter l'accessibilité du P à la plante (améliorer la formulation des engrais phosphorés et les méthodes d'application pour limiter l'immobilisation du P dans le compartiment « stable » du sol).

Tous ces travaux font écho aux deux conférences internationales dédiées au phosphore début septembre à Montpellier (Phosphorus in Soils and Plants et Sustainable Phosphorus Summit), ainsi qu'à la volonté des agronomes de développer des méthodes et des travaux de recherche sur l'agronomie globale.

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Sources : Global Biogeochemical Cycles, European Journal of Agronomy, Environmental science and technology

 

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03/09/2014

ASIRPA : une méthodologie pour évaluer les impacts de la recherche finalisée

L'Inra vient de rendre public le rapport final du projet ASIRPA, consacré à l'analyse des impacts de la recherche publique agronomique. Mise au point dans le cadre des procédures d'(auto-)évaluation du travail de l'Inra, l'approche procède par études de cas standardisées.

Dans un premier temps, les évaluateurs établissent une chronologie « à plat » d'un domaine de recherche (par exemple, la lutte génétique contre la tremblante du mouton). Dans un second temps, ces événements et actions sont qualifiés et redistribués thématiquement dans un « chemin d'impact » (impact pathway) repérant le contexte, les inputs et les outputs de la recherche, les intermédiaires qui assurent la circulation des outputs, les impacts immédiats (effets sur les premiers utilisateurs de l'innovation) et à plus long terme (généralisation d'une innovation). Enfin, dans un troisième temps, les impacts eux-mêmes sont représentés sous forme de « radars » à cinq dimensions (impacts sanitaire, économique, environnemental, territorial-social, politique), chaque dimension recevant une note de 1 à 5.

La granulométrie choisie permet d'obtenir des synthèses à différents niveaux, les études de détail pouvant être considérées comme des cas d'espèce d'un « méta-cas ». C'est ainsi l'exemple d'une synthèse sur la fertilisation minérale mettant en perspective les analyses d'impact sur les cas de l'azote, de la potasse et du phosphore.

Cette démarche de scoring, pour être probante, suppose de disposer de nombreux cas d'étude. La période couverte par le rapport a permis d'en étudier trente, couvrant des domaines variés. Le rapport final les regroupe en quatre catégories : 1) la productivité durable de la forêt, 2) l'alimentation et les industries agroalimentaires, 3) l'environnement et la gestion durable des ressources, 4) les politiques publiques. Il dégage des « enseignements généraux » sur la temporalité – longue – des investissements nécessaires pour obtenir des impacts significatifs, et sur la conduite de projet (notamment sur la question des partenariats privilégiés et des brevets). Il pose aussi des questions, la tension entre la production de connaissances fondamentales et leur appropriation par les acteurs socio-économiques restant au cœur des enjeux d'une recherche finalisée « de pointe ».

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Inra

Présentation de la démarche

Site dédié, avec des résumés des études de cas

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Des Australiens peu au fait des risques sanitaires alimentaires

Selon diverses autorités australiennes, dont l'Australian Food Safety Council, la population a beaucoup de lacunes en matière de sécurité sanitaire alimentaire. Ainsi, moins de la moitié des Australiens connaitrait l'importance du couple temps-température pour la prévention du risque alimentaire, ce qui conduit ces personnes à consommer de la nourriture ayant séjourné à des températures à risques. C'est notamment le cas avec les repas de midi préparés à la maison et amenés sur le lieu de travail, avec pour certains un maintien hors réfrigération pouvant aller jusqu'à six heures. Or, on considère qu'il y a risque de dégradation sanitaire après maintien d'une denrée sensible pendant au moins deux heures à une température comprise entre 5 et 60 degrés Celsius.

L'autorité de sécurité sanitaire de Nouvelle-Galles du Sud (NSW) estime à 5,4 millions, soit environ un Australien sur quatre, le nombre de patients atteints chaque année d'une intoxication alimentaire. À titre de comparaison, en France, le nombre annuel d'intoxications alimentaires est estimé entre 250 000 et 750 000, pour une population presque trois fois plus élevée. Par ailleurs, les intoxications alimentaires en Australie représentent une charge économique importante : 1,2 million de visites médicales, dont 300 000 donnant lieu à prescription d'antibiotiques.

Enfin, l'information du public est un enjeu fort, notamment celle des parents de jeunes enfants, la pratique du lunch box emmené dans le cartable étant fréquente. Le Conseil d'information sur la sécurité sanitaire alimentaire organise depuis plusieurs années, en novembre, une semaine d'information dédiée à ce type de risques. Cette année, le thème retenu sera les recommandations et conseils en matière de sécurité sanitaire alimentaire.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Australian Food News

02/09/2014

Une expertise scientifique collective sur les « Mafor », matières fertilisantes d'origine résiduaire, et leur valorisation sur les sols agricoles

Le 3 juillet 2014 a eu lieu le colloque de restitution de l'expertise scientifique collective « Mafor », commanditée par les ministères de l'agriculture et de l'écologie et réalisée par l'Inra, le CNRS et l'Irstea. Ce travail portait sur la valorisation des matières fertilisantes d'origine résiduaire (Mafor) : il visait à faire le bilan des connaissances sur « les bénéfices agronomiques des Mafor et les impacts de leur épandage en termes de contaminations potentielles des écosystèmes, en tenant compte des intérêts, contraintes et conséquences économiques et sociales de cette pratique ». L'évaluation des risques sanitaires fait quant à elle l'objet d'une saisine de l'Anses.

L'étude a permis de dresser un état des lieux de l'utilisation des Mafor en France. Les effluents d'élevage en représentent la très grande majorité avec 274 Mt brutes en 2012, dont 50% émis directement dans les pâtures. À côté de cela, il existe des Mafor d'origines urbaine et industrielle : environ 0,7 Mt sèches de boues d'épuration urbaines, 2,2 Mt brutes de composts et digestats issus de déchets urbains et 1,8 Mt sèches d'effluents industriels (ex : vinasses de betterave). En 2011, 25% des surfaces de grandes cultures et 30% des prairies ont reçu des Mafor, mais avec de fortes disparités régionales.

Les auteurs de l'étude ont ensuite qualifié la valeur agronomique des Mafor : ces dernières comportent une valeur fertilisante en éléments minéraux (N, P, K) et une valeur amendante (enrichissement en matière organique), qui peuvent chacune varier en fonction des éventuels traitements appliqués (méthanisation, séchage, compostage). Si elles ont des valeurs fertilisantes en phosphore et potassium équivalentes à celles des engrais minéraux, la situation est différente pour l'azote en raison de sa présence sous forme organique dans les Mafor. Les Mafor sont la seule source renouvelable de phosphore et, à l'échelle de la France, « les quantités de phosphore présentes dans les Mafor pourraient couvrir l'ensemble des prélèvements annuels de phosphore par la production agricole ».

Outre les pertes possibles de carbone vers l'environnement (sous forme de méthane ou de composés organiques volatils), les scientifiques ont analysé les risques de transfert d'agents biologiques pathogènes et d'apport de contaminants chimiques. Bien que le lien de cause à effet entre épandage de Mafor et transmission de maladies soit difficilement établi, des agents pathogènes (bactéries, virus, parasites) sont fréquemment détectés dans les effluents d'élevage bruts. Certains traitements (compostage...) permettent d'en abattre la charge potentielle. Par ailleurs, l'épandage de Mafor est susceptible de favoriser la dissémination de l'antibiorésistance dans l'environnement. S'agissant des contaminants chimiques, deux types ont été distingués : les ETM, éléments traces métalliques (principalement cuivre et zinc mais aussi plomb, mercure, cadmium...), qui peuvent s'accumuler dans les sols, même si les apports sont de faible quantité ; et les CTO, composés traces organiques, plutôt d'origine anthropique (molécules pharmaceutiques, résidus de pesticides, PCB, HAP, bisphénol, etc). À l'inverse des ETM, les CTO sont dégradables et peuvent se transformer en divers métabolites. Ils sont plus ou moins persistants dans les sols, et sont susceptibles d'être transférés dans les matières premières alimentaires (accumulation possible dans les tissus graisseux, le lait ou les œufs par exemple).

En conclusion, les Mafor représentent un potentiel non négligeable pour se substituer au moins en partie aux engrais minéraux de synthèse. À ce titre, elles peuvent utilement contribuer au bouclage des cycles (P, K...), au recyclage des déchets et à l'économie circulaire. En revanche, pour optimiser leur utilisation (maximiser l'efficacité agronomique et minimiser les risques environnementaux), il sera nécessaire d'intégrer l'ensemble des caractéristiques des filières de production et de traitement des déchets, d'optimiser les pratiques d'épandage et les périodes d'apport, d'évaluer l'acceptabilité des pratiques et leur balance coût/bénéfice, et enfin de poursuivre les recherches sur les contaminants des Mafor (ex : nanoparticules).

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : INRA

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Réduire la taille des portions – Les guerres alimentaires aux États-Unis

Publié en juillet 2014 dans le cadre du Programme États-Unis de l'Institut français des relations internationales (IFRI), le numéro 19 de la collection Potomac Paper est consacré à l'alimentation aux États-Unis, de la fin du XIXe siècle à nos jours. L'auteur y examine la mise en place d'un système industriel de production agroalimentaire, le « triomphe du marketing » des années 1980, l'épidémie d'obésité et les réactions qui ont suivi la prise de conscience de ce problème de santé publique. Si les États-Unis furent le lieu d'importation de cuisines diverses, mélangées aux aliments et méthodes de préparation des Amérindiens, ils ont également donné naissance à la nourriture industrielle et standardisée du XXe siècle, ainsi qu'à des techniques de marketing tenues pour responsables de l'épidémie d'obésité et de diabète.

Source : IFRI

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01/09/2014

Motiver le changement des comportements

L'European Food Information Council a publié, en juillet 2014, une analyse bibliographique portant sur les différentes approches pour accompagner un changement des comportements vers une vie plus saine (notamment une alimentation plus équilibrée). Cette analyse mobilise les théories sur les processus qui façonnent le comportement, les études empiriques les vérifiant ainsi que des éléments issus de la recherche appliquée.

Sont tour à tour abordés : l'intérêt d'une « approche écologique » du changement comportemental (facteurs personnel, social et environnemental) ; le fait qu'informations et conseils ne sont pas suffisants à eux seuls ; les techniques de changement comportemental les plus efficaces ; le rôle du marketing social ; le nudging ; l'utilisation de la technologie (ex : e-santé, SMS, jeux vidéo) ; la mise en pratique de la théorie comportementale ; l'évaluation de ces interventions.

Source : EUFIC

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Baisse de la consommation de sodas en Grande-Bretagne

Publié fin juillet 2014, un rapport de Mintel, organisme d'étude des marchés, montre qu'un quart des Britanniques (34% des 18-24 ans) boivent de moins en moins de sodas. Après un pic à 6,17 milliards de litres en 2011 (soit 8,3 milliards de livres), cette consommation devrait atteindre son point le plus bas depuis 2010 (5,95 milliards de litres en 2014, soit 7,5 milliards de livres). La moitié des consommateurs réduisant leur consommation le fait parce que les sodas sont trop sucrés, 34% sont motivés par des préoccupations pour leur santé liées à la présence d'édulcorants de synthèse et 16% par les campagnes gouvernementales (dont Change4Life).

Source : Mintel

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