Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/11/2018

La modélisation pour mieux comprendre les motivations des choix techniques des viticulteurs

Dans le numéro de septembre 2018 d'Économie rurale, Jesùs Lozano Vita, Florence Jacquet et Sophie Thoyer ont exploré une méthode d'analyse des motivations économiques et non économiques guidant les pratiques de viticulteurs, en utilisant de façon originale des modèles d'optimisation. De nombreux travaux ont en effet mis en évidence que les choix de pratiques agronomiques ne dépendent pas seulement d'arbitrages économiques, mais aussi de facteurs psychiques et sociaux.

Les chercheurs se sont intéressés à des viticulteurs d'une coopérative du sud de la France, en ciblant deux secteurs techniques où les pratiques diffèrent, sans pour autant influer sur les rendements ni sur la qualité du raisin : l'entretien des sols (désherbage chimique, mécanique, ou enherbement) et la lutte contre les ravageurs (insecticides ou lutte biologique par confusion sexuelle). Les motifs qui guident les choix entre ces options peuvent être analysés selon quatre facteurs : efficacité économique, charge de travail, norme sociale (influence des pratiques du groupe social environnant) et préférences environnementales.

Pour ces quatre facteurs, les chercheurs ont analysé les performances de chacune des options en matière de pratiques culturales : coût de production, main-d’œuvre, fréquence des pratiques et des traitements. Ils les ont incluses dans un modèle multicritère d'optimisation de l'itinéraire technique. Classiquement, ce type de modèle nécessite d'apporter une pondération de chaque critère pour déterminer le choix optimal. L'approche originale consiste ici, à l'inverse, à considérer que chaque itinéraire technique choisi dans la réalité peut refléter les pondérations que le viticulteur apporte à ces motivations.

Le calibrage du modèle permet de révéler les facteurs fondamentaux qui guident les choix réels. Au final, les pondérations entre les quatre facteurs déterminants diffèrent nettement entre les producteurs, et se révèlent pour la plupart cohérentes avec leurs déclarations, confirmant la pertinence de cette approche. Ces travaux exploratoires, menés sur un très petit échantillon (N=5), développent une méthode innovante et prometteuse, pour le calibrage et l'évaluation des politiques publiques, qu'il serait intéressant d'étendre à des populations plus larges.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Économie rurale

10:00 Publié dans Agronomie | Lien permanent | Tags : viticulteurs, comportements, modélisation, choix techniques |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/09/2018

Inégalités sociales de santé et environnements favorables à une alimentation saine

Dans son numéro de juin 2018, La Santé en action consacre un dossier aux environnements favorables à une alimentation saine comme réponse possible aux inégalités sociales de santé. L'alimentation est l'un des déterminants majeurs de certaines maladies chroniques (ex : maladies cardiovasculaires) et contribue aux inégalités sanitaires persistantes en France. Par ailleurs, les interventions ciblant la responsabilité individuelle peuvent également contribuer à ces inégalités et, comme préconisé notamment par l'Inserm en 2014, les actions s'orientent aujourd'hui sur l'environnement des personnes pour une prévention passive. Un premier article présente les principaux déterminants du comportement alimentaire (schéma ci-dessous) et définit la notion d'« environnement favorable ».

Représentation schématique du modèle écologique et des quatre niveaux d'influence de l'individu

Modele-ecologique.jpg

Source : Santé publique France

Ce dossier aborde ensuite différentes interventions publiques visant à agir sur l'environnement alimentaire des individus (réglementation du marketing à destination des enfants, marketing social, etc.). On retiendra par exemple la contribution sur les réseaux sociaux, pouvant contribuer, pour les pouvoirs publics, à comprendre les comportements et les attentes des internautes, à diffuser et partager de l'information et à créer de l'engagement. Enfin, plusieurs articles détaillent des exemples d'actions locales innovantes : Angers, Marseille, Salon-de-Provence, Loon-Plage, Saint-Denis.

Source : Santé publique France

17/01/2018

Une méta-analyse s'intéresse aux effets des nudges promouvant une alimentation plus saine

Dans un document de travail publié en décembre 2017, R. Cadario (IESEG) et P. Chandon (INSEAD) présentent une méta-analyse des résultats d'interventions visant à promouvoir, avec des nudges, une consommation alimentaire plus saine. Ces dispositifs, peu onéreux, connaissent un engouement croissant et une multiplication des publications scientifiques à leur sujet. Les auteurs apportent une contribution intéressante en étudiant une large gamme de nudges, en en proposant une catégorisation et en fournissant des premiers résultats permettant de prédire leur efficacité en fonction de différents paramètres. Sept types de nudges sont identifiés et classés en trois catégories, selon qu'ils cherchent à influencer ce que les consommateurs savent (cognitive nudges, par exemple l'étiquetage nutritionnel), ce qu'ils ressentent (affectives nudges), ou ce qu'ils font (behavioral nudges, par exemple le jeu sur la taille des portions ou des assiettes).

Cadre conceptuel proposé par les auteurs

Nudges.jpg

Source : INSEAD

Pour la méta-analyse, 81 articles ont été retenus, publiés avant fin 2016 et répondant à des caractéristiques précises : expériences de terrain, et non uniquement en laboratoire ou en ligne, testant uniquement des nudges, mesurant des actes, et non uniquement des intentions, de sélection de produits ou de consommation. Sur cette base, les auteurs évaluent que les outils étudiés conduisent à une baisse moyenne de 117 kcal consommées par jour et par individu ; l'effet des behavioral nudges est plus important (-186 kcal/jour) que celui des cognitive (-45) et des affective (-121). Par ailleurs, parmi les résultats, il apparaît qu'il est plus facile, pour les individus, de réduire leur consommation de produits peu sains que d'augmenter celle de produits sains ; que les interventions en épicerie ont des effets moins importants (-60 % en moyenne) que celles en restaurant ou cafétéria ; que les études conduites aux États-Unis sont plus efficaces que celles dans autres pays ; etc.

Les auteurs identifient également des pistes de recherche : sur les nudges, sur leur combinaison avec d'autres types d'interventions (incitations économiques par exemple), sur les caractéristiques socio-économiques des individus, etc. Enfin, pour avoir une méta-analyse « vivante », ils proposent à leurs confrères un outil en ligne pour corriger et enrichir les données.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : INSEAD

13/12/2017

Agir sur les comportements nutritionnels : une expertise collective de l'Inserm

Depuis le mois de novembre, l'intégralité de l'expertise collective conduite par l'Inserm, Agir sur les comportements nutritionnels. Réglementation, marketing et influence des communications de santé, est accessible en ligne. Une synthèse de cet important et riche travail avait déjà été diffusée en avril. Dans le cadre de la révision des repères nutritionnels, cette expertise répond à la préoccupation de Santé Publique France concernant l'efficacité des messages nutritionnels inclus dans les publicités alimentaires depuis 2007, et aborde plus généralement leur impact en matière de santé publique. Le groupe d'experts s'est appuyé sur une revue de littérature scientifique (environ 700 publications), des communications d'intervenants extérieurs et une étude exploratoire sur l'attention portée aux messages sanitaires (utilisation d'un système d'eye tracking). Le dispositif d'information étudié étant spécifiquement français, peu d'évaluations en sont disponibles et d'autres travaux ont donc été mobilisés, notamment en économie, marketing, psychologie, sciences du comportement et sciences de l'information et de la communication.

Le rapport comporte trois parties traitant i) de la réglementation et du marketing alimentaire, ii) des effets des messages nutritionnels et iii) des processus de réception et traitements des messages sanitaires par les individus. Parmi les principaux enseignements mis en avant dans la synthèse, on retiendra notamment que le dispositif étudié repose sur le « paradigme du consommateur responsable ». D'autre part, les mesures adoptées par certaines États pour limiter l'exposition des enfants au marketing alimentaire ont un faible impact. Des critères d'efficacité de l'information nutritionnelle sont identifiés : en particulier, les « recommandations alimentaires doivent être simples, compréhensibles, spécifiques et faciles à mettre en application », avec un « format court, coloré et illustré ». L'importance du niveau d'attention du récepteur, les représentations du risque, la résistance au changement ou encore le recours aux émotions positives sont autant de points clés soulignés pour la conception des messages nutritionnels. À la fin de cette expertise, les experts proposent un ensemble de recommandations pour l'action publique et identifient des pistes de recherche, par exemple sur la connaissance des populations cibles.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Sources : Inserm, La Documentation française

01/09/2014

Motiver le changement des comportements

L'European Food Information Council a publié, en juillet 2014, une analyse bibliographique portant sur les différentes approches pour accompagner un changement des comportements vers une vie plus saine (notamment une alimentation plus équilibrée). Cette analyse mobilise les théories sur les processus qui façonnent le comportement, les études empiriques les vérifiant ainsi que des éléments issus de la recherche appliquée.

Sont tour à tour abordés : l'intérêt d'une « approche écologique » du changement comportemental (facteurs personnel, social et environnemental) ; le fait qu'informations et conseils ne sont pas suffisants à eux seuls ; les techniques de changement comportemental les plus efficaces ; le rôle du marketing social ; le nudging ; l'utilisation de la technologie (ex : e-santé, SMS, jeux vidéo) ; la mise en pratique de la théorie comportementale ; l'évaluation de ces interventions.

Source : EUFIC

09:25 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : comportements |  Imprimer | | | | |  Facebook