Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/07/2022

Innovations numériques au service de la transition agro-écologique au Bénin

Dans un article des Cahiers Agricultures, des chercheurs traquent les innovations numériques pouvant soutenir la transition agro-écologique au Bénin. Adaptant la méthode d’une précédente étude, ils identifient une vingtaine de solutions atypiques utilisées par les agriculteurs et évaluent leur intérêt agro-écologique. Deux grands types d’innovations se dégagent : des systèmes de collecte de données pour l’aide à la décision et le pilotage ; des plateformes d’échange ou de partage d’informations. Si ces innovations sont porteuses d’amélioration des pratiques, aucune n’est dédiée à l’agro-écologie. Leur déploiement au Bénin est également soumis à plusieurs réserves : coût élevé, mauvaise couverture réseau, faible culture numérique des agriculteurs, multiplicité des langues locales, etc.

Source : Cahiers Agricultures

11:49 Publié dans Agriculteurs, Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : bénin, numérique, agro-écologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/04/2022

Contributions du numérique à la transition vers des agricultures et systèmes alimentaires durables

Cinq chercheurs d'Inrae et de l'Inria ont publié un livre blanc, Agriculture et numérique, sur les Technologies de l'information et de la communication (TIC) pouvant aider l'agriculture à répondre aux nouveaux enjeux de sécurité alimentaire, climatiques et environnementaux (diminution de la biodiversité, réduction des ressources, etc.). Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), deux grands modèles sont envisageables : l'intensification durable (augmenter la productivité sans effets néfastes sur les écosystèmes), l'agro-écologie (s'appuyer sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes pour concevoir les systèmes de production). L'ouvrage explore les apports du numérique pour la transition vers ce second modèle, plus propice, selon les auteurs, à la préservation d'une agriculture familiale associée à un revenu et à des conditions de travail décentes des exploitants.

Les technologies numériques mises en œuvre par l'agriculture de précision sont actuellement plutôt utilisées dans une optique d'intensification durable. Elles reposent sur quatre principes (observer, diagnostiquer, préconiser, agir), afin de répondre aux besoins des plantes et animaux. Ces principes sont transposables au modèle agro-écologique (exemple dans la figure ci-dessous). De plus, le numérique offre des solutions pour comprendre et gérer la complexité des systèmes de production agro-écologiques, grâce à ses outils d'acquisition, ses capacités de traitement et de modélisation de données massives par les techniques d'intelligence artificielle. Il permet aussi d'anticiper les maladies ou nuisibles (dispositifs optiques pour la surveillance des plantes et la détection des insectes volants, pièges à insectes connectés, etc.) et de faciliter les opérations culturales sur des parcelles de cultures mélangées (petits robots connectés en essaim, cobots, etc.). Les auteurs identifient également d'autres opportunités d'usage : accompagnement de la territorialisation de l'alimentation, rééquilibrage des chaînes d’approvisionnement, appui à l'élaboration de stratégies, transmission et partage de connaissances, etc.

Pour souligner l'importance du développement d'un « numérique responsable » en agriculture, les auteurs en explicitent les différents risques. Ils identifient en particulier l'affaiblissement du lien entre l'agriculteur et la nature, le coût environnemental de ces technologies, l'accentuation de la concentration et de l'industrialisation de l'agriculture, ou encore la perte de souveraineté (maîtrise des données et des outils de production, dépendance aux outils d’aide à la décision, enjeux de cybersécurité).

Chaîne de traitement de l'outil d'aide à la décision Farmstar

j lerbourg.jpg

Source : Inrae-Inria

Lecture : à partir d'images spatiales à résolution infraparcellaire, l'outil d'aide à la décision Farmstar fournit des conseils agronomiques à l'agriculteur. Au sein d'une architecture informatique, une chaîne de traitements associe différents flux de données et des modèles agronomiques pour une mise à disposition de cartes et tableaux de bord d'indicateurs dans l'application finale de l'utilisateur, via des Application Programming Interfaces (API).

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : HAL INRAE

09/07/2021

Un scénario pour une Europe agro-écologique à l'horizon 2050

Une étude récemment publiée par la revue One Earth s'intéresse aux conditions biophysiques et aux leviers mobilisables pour une Europe agro-écologique à l'horizon 2050. Les auteurs concentrent leur analyse sur le problème du cycle de l'azote. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la croissance de la production agricole a été due, pour une grande part, à l'augmentation des rendements permise par l'utilisation des engrais minéraux azotés. Si elle a assuré une alimentation stable à une population européenne plus nombreuse, avec moins de terres agricoles utilisées, elle est aussi à l'origine de dommages environnementaux : eutrophisation des eaux, émission de gaz à effet de serre, dépendance par rapport à l'extérieur (gaz pour la fabrication des engrais minéraux, protéines importées pour l'alimentation animale).

À l'aide du modèle GRAFS développé par les auteurs et utilisant les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l'article fournit un bilan détaillé de l'ensemble des flux d'azote liés au système alimentaire européen, de la production à la consommation, entre 1961 et 2013. Il propose également un scénario agro-écologique à l'horizon 2050, fondé sur une réduction de la dépendance à l'azote et un rebouclage de son cycle, en considérant trois leviers : un régime alimentaire sain inspiré de plusieurs références (EAT-Lancet, Nitrogen on the Table, etc.) ; des pratiques agro-écologiques (rotations culturales) ; une reconnexion des flux d'azote entre cultures et élevage.

Les résultats du scénario 2050 montrent qu'en associant ces trois leviers, il est possible, sur le plan de la disponibilité en azote, de nourrir une population de 601 millions d'habitants (contre 538 en 2009-2013), en utilisant moins de terres agricoles pour les cultures (98 millions d'hectares, contre 120). Les apports d'azote sont majoritairement assurés par la fixation symbiotique, à hauteur de 5 millions de tonnes par an, contre 9 millions de tonnes par les engrais synthétiques et 2,7 millions de tonnes par les importations en aliments du bétail en 2009-2013 (cf. figure). Cette réduction des flux, associée à une circularité accrue, permet en outre de diviser par deux le surplus d'azote en Europe, qui passerait en moyenne annuelle de 63 kg par hectare de cultures à 30 kg par hectare en 2050.

Flux d'azote liés au système alimentaire européen : comparaison entre 2009-2013 et le scénario agro-écologique à l'horizon 2050

hardelin.jpg

Source : One Earth

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : One Earth

13/05/2021

Système alimentaire mondial à l'horizon 2045 : prospective de l'IPES-Food

IPESFood-bis.jpg

Après une série de travaux comprenant analyses thématiques, études de cas et recommandations politiques, le think tank IPES-Food publie avec ETC Group sa première prospective du système alimentaire mondial à l'horizon 2045. Ses auteurs se sont appuyés sur un groupe consultatif de 21 membres (société civile, institutions multilatérales, scientifiques, etc.). On y découvre deux scénarios contrastés, ou plutôt deux visions du monde irréconciliables, qui placent le lecteur à la croisée des chemins pour l'inciter à agir. Le scénario tendanciel y joue le rôle d'une « dystopie-repoussoir », à la façon d'un « scénario de l'inacceptable » en version agroalimentaire : face à l'aggravation des crises économiques, climatiques et environnementales, et à l'instabilité sociale chronique, les entreprises de la Big Tech prennent le pouvoir sur les chaînes de valeur agroalimentaires et en deviennent les acteurs ultra-dominants. Cette « Agro Big Tech » d'un nouveau genre propose aux décideurs politiques aux abois des solutions clefs en main fondées sur le « solutionnisme technologique » : géo-ingénierie climatique, agriculture automatique pilotée par l'intelligence artificielle, etc. Les agriculteurs deviennent de « simples cultivateurs » exécutants, tandis que les consommateurs, noyés sous une « infobésité » généralisée, voient leurs comportements dictés par les algorithmes.

Face à ce péril dystopique, la société civile constitue, pour les auteurs, la seule force capable de bâtir un autre avenir. Elle lutte sur tous les fronts contre le pouvoir dominant de l'Agro Big Tech, selon des voies et des opportunités promues et explicitées dans le rapport à la façon d'un programme d'action. Dans ce deuxième scénario, l'agro-écologie démontre petit à petit sa supériorité technique sur les solutions hyper-technologiques, grâce à sa plus grande résilience et son adaptabilité aux conditions locales. La société civile s'organise plus efficacement, en multipliant les organes de délibération, en faisant pression sur les organisations internationales, en utilisant les technologies numériques de façon ouverte, transparente, en s'engageant dans la réflexion prospective, etc.

Se situant entre prospective et programme d'action collective, le rapport de l'IPES-Food place résolument la question des rapports de force au premier plan de l'analyse. Par le fort contraste des scénarios, il met aussi l'accent sur les risques en germes dans certaines tendances actuelles, si celles-ci étaient poussées à l'extrême.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : IPES-Food

10/05/2021

Les paiements des mesures agro-environnementales : stables, croissants ou décroissants dans le temps ?

Les mesures agro-environnementales (MAE) offrent aux agriculteurs des paiements annuels, dont les montants sont stables sur une période déterminée (ex. 100 €/an/ha pendant 5 ans). Dans le même temps, elles sont un fort levier de transition agro-écologique des exploitations. Dans ce cadre, des séquences de paiements croissants ou décroissants pourraient s'avérer plus efficaces, pour accompagner le changement de pratiques, et être préférées par les exploitants.

Des chercheurs et chercheuses d'Inrae ont donc conduit une expérience (voir figure) pour tester différentes séquences de paiements. 123 agriculteurs de Charente-Maritime y ont participé, chacun devant choisir entre plusieurs MAE ciblant la couverture des sols, les diverses options étant présentées sur des cartes de choix. Les résultats, publiés dans le numéro de mai de la revue Ecological Economics, montrent que les agriculteurs sont satisfaits des paiements stables dans le temps, et que certains exploitants (les plus patients et les moins averses au risque) semblent défavorables aux paiements décroissants. Ces résultats suggèrent qu'il n'y aurait donc pas lieu d'introduire une progressivité ou une dégressivité des aides des MAE pendant la durée d'engagement de l'agriculteur.

Exemple de carte de choix

mae.jpg

Source : Ecological Economics

Lecture : l'agriculteur doit choisir entre le contrat A, le contrat B et le statu quo. Par exemple, dans le cas du contrat A, la technique de semis du couvert est imposée, le couvert doit être mis en place pour 3 mois, le paiement annuel moyen est de 160 €/ha et le paiement est décroissant de la première à la cinquième année.

Source : Ecological Economics

15/03/2021

L’économie africaine en 2021, Agence française de développement

economie africaine.jpg

Le 28 janvier dernier, lors d’une conférence en ligne, l’Agence française de développement (AFD) a présenté l’ouvrage collectif L’économie africaine 2021. Composé de six chapitres, il détaille les dynamiques actuellement à l’œuvre sur le continent et vise à modifier les représentations les plus courantes de l’Afrique. Sa rédaction s’inscrit dans la stratégie « Tout Afrique » de l’AFD, lancée en 2017.

Le premier chapitre indique que, malgré un recul du PIB de 2,6 % en 2020, l’économie africaine a globalement mieux résisté à la pandémie de Covid-19 que celle du reste du monde (- 4,4 %). Les États ont adopté des mesures visant à soutenir l’activité à hauteur de 2,5 % du PIB en moyenne, mais l’insuffisance des recettes publiques, leurs difficultés à emprunter et les sorties de capitaux risquent de fragiliser les pays à long terme. Dans ce contexte, les secteurs exposés (tourisme, transport, minerais, etc.) et les petites entreprises sont particulièrement vulnérables. Selon le Fonds monétaire international, cette crise risque d’effacer dix ans de progrès économique.

Le troisième chapitre de l’ouvrage est consacré à l’agriculture en Afrique de l’Ouest. Secteur clé pour la réduction de la pauvreté, elle générait, en 2018, 15,6 % du PIB et 54 % des emplois de cette région. En prenant l’exemple du Sénégal, les auteurs estiment que l’agro-écologie, dans un contexte de hausse limitée des surfaces cultivées, pourrait être une troisième voie de développement, entre l’agriculture fortement dépendante des intrants et l’agriculture dite « traditionnelle » y ayant peu recours. Tout en limitant les externalités négatives, elle permettrait la hausse de la production et de la productivité. Toutefois, son adoption est retardée par un manque de soutien public, d’appui et de conseil, des durées de retours sur investissement plus longues ainsi que par l’aversion au risque de producteurs fragiles.

Enfin, l’ouvrage apporte des informations sur la notion « d’émergence » appliquée à l’Afrique, sur les régimes de change, les défis que devra relever le marché du travail pour l’intégration des jeunes ainsi que l’impact de la gouvernance publique sur le secteur privé.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Agence française de développement

13/10/2020

L'Organisation internationale pour les migrations publie un rapport sur la relation entre mobilités et agriculture en Afrique de l'Ouest

Dans un contexte de changement climatique et de dégradation de l'environnement, et alors que l'agriculture est le principal employeur en Afrique de l'Ouest, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a publié un rapport sur les bénéfices d'une transition vers l'agro-écologie et les liens avec les décisions de migrer. Bien que celles-ci soient influencées par divers facteurs, les auteurs voient dans la transition agro-écologique un levier d'amélioration et de diversification des moyens de subsistance, afin que la mobilité, notamment au sein des communautés marginalisées, résulte d'un choix plutôt que d'une nécessité. Le rapport décrit également les obstacles à une telle transition, notamment en matière d'accès à la terre, à l'eau et aux soutiens publics, de risques climatiques, mais aussi de comportements des producteurs et des consommateurs.

Source : OIM

 

 

09/06/2020

Dualisme de l’agriculture antillaise et agro-écologie

Un article publié dans l'European Journal of Agronomy évalue la nature et l’ampleur des pratiques agro-écologiques en Martinique et Guadeloupe. Alors que la plupart des travaux se fondent souvent sur un seul indicateur, V. Angeon (INRAE) et ses collègues ont analysé un échantillon de 215 structures au moyen de plusieurs variables : surface agricole totale et part cultivée avec des pratiques agro-écologiques, marge brute par hectare, etc. Cinq types de structures sont identifiés. Il apparaît notamment que les petites et moyennes exploitations diversifiées, entrepreneuriales ou familiales, dont la production est orientée vers le marché local, présentent fréquemment des pratiques agro-écologiques (ex. : rotation des cultures dans 30 % à 65 % des cas selon la catégorie). À l’opposé, les structures spécialisées dans la production de banane ou de canne à sucre destinée à l’export ont des pratiques moins agro-écologiques. Pour les auteurs, l’introduction de l’élevage dans ces exploitations valoriserait les légumineuses associées à la culture de la banane tandis que le jus de canne serait une alternative à l'alimentation animale importée.

Source : European Journal of Agronomy

11:13 Publié dans Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : antilles, agro-écologie, martinique, guadeloupe |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/11/2019

Des propositions de France Stratégie pour rendre la prochaine Politique agricole commune plus agro-écologique

France Stratégie, organisme d'expertise placé auprès du Premier ministre, a publié en octobre un ensemble de propositions pour faire de la prochaine Politique agricole commune (PAC) un levier de la transition agro-écologique. Ce rapport s'appuie sur les analyses d'un groupe d'experts, notamment de l'Inra et d'AgroParisTech. Après un rappel des objectifs et impacts de cette politique depuis 1962, les auteurs présentent les propositions de la Commission européenne pour la prochaine PAC. Pour eux, la structure envisagée, basée sur l'élaboration d'un Plan stratégique national (PSN) par chaque État membre, constitue une opportunité pour définir une politique plus efficace et en phase avec les aspirations sociétales : systèmes agricoles durables, niveau de vie décent des agriculteurs, attentes en matière d'alimentation et de santé, valeur ajoutée des filières agroalimentaires, etc.

Dans ce but, les auteurs proposent de rapprocher la PAC des principes de l'économie publique, en s'appuyant sur divers instruments parmi lesquels : un paiement de base à l'actif plutôt qu'à l'hectare ; des systèmes de bonus-malus i) pour les prairies permanentes (bonus croissant avec leur âge, malus en cas de retournement), ii) pour les surfaces d'intérêt écologique, restant à définir (malus en cas de destruction), iii) pour la diversification des cultures ; des taxes sur les pesticides et les médicaments vétérinaires, ainsi que sur les émissions de gaz à effet de serre ; etc. Ces différents instruments seraient déployés de manière progressive, pour ne pas mettre en difficulté certaines exploitations. Le budget national de la PAC proposée serait donc composé du budget actuel (7,4 milliards d') auquel s'ajouteraient les montants récoltés grâce aux taxes et malus (estimés à 3,9 milliards d', voir figure ci-dessous). Il permettrait notamment de financer les trois systèmes de bonus (entre 4 et 9 milliards d', estimations variant selon les taux choisis).

Répartition proposée du budget PAC pour la France

PAC.jpg

Source : France Stratégie

Lecture : les chiffres représentent les montants en milliards d’euros estimés à pratiques constantes en début de réforme (première année de mise en œuvre).

Les auteurs ont ensuite analysé les effets pressentis de ces propositions sur différents types d'exploitations (figure ci-dessous). Ils montrent que les systèmes biologiques et herbagers pourraient conserver leurs pratiques actuelles tout en recevant plus d'aides. En revanche, les exploitations de grandes cultures conventionnelles devraient se diversifier pour maintenir leur niveau actuel de subventions. Des adaptations seraient également nécessaires pour certains élevages intensifs.

Effets pressentis, en termes d’aides versées, des réformes proposées pour différents types d’exploitations agricoles

PAC2.jpg

Source : France Stratégie

Lecture : Ae : agroécologique ; Arbo : arboriculture ; AV : aviculture ; Bvl : bovins lait ; Bvv : bovins viande ; COP : céréales et oléoprotéagineux ; ext : élevage extensif ; GC : autres grandes cultures ; Mar : maraîchage ; O-C : ovins et caprins ; PC : porcs ; PolyCE : polycultures-élevages ; Viti : viticulture.

Effet de la proposition de réforme sur les aides versées, au regard de la situation actuelle : 0 = effet a priori neutre ; + / 0 à +++ : effet légèrement à très positif ; - / 0 à --- : effet légèrement à très négatif.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : France Stratégie

10:22 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : agro-écologie, france stratégie |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2019

Géographie des transitions agro-écologiques en France

Un article des Cahiers Agricultures d'août 2019 propose une approche méthodologique pour identifier les exploitations « en transition agro-écologique », en France métropolitaine, à partir des données du recensement agricole de 2010. Les auteurs concentrent leur analyse sur les modes de production (biologique ou pas) et de commercialisation (circuit court / circuit long), et sur la part du chiffre d'affaires réalisée en circuit court. À partir de ces trois variables, ils élaborent une typologie en six groupes d'exploitations. Ils considèrent que celles « en transition » réalisent 50 % et plus de leur chiffre d'affaires avec des productions biologiques commercialisées en circuit court. Représentant 12,5 % du total, ces structures ont des chefs d'exploitation plus jeunes que la moyenne (plus forte proportion de moins de 40 ans) et d'un niveau de formation plus élevé. Par ailleurs, la proportion de femmes est corrélée avec la commercialisation en circuit court. L'analyse socio-économique montre une autre corrélation entre le circuit de commercialisation, court ou long, le type d'orientation technico-économique des exploitations, leur taille et l'intensivité en main-d’œuvre. Ainsi, les cultures maraîchères, de fruits et l'élevage de petits ruminants, majoritaires parmi les structures réalisant plus de la moitié de leur chiffre d'affaires en circuit court, disposent relativement de moins de surface et recourent à plus d'unités de travail annuel, par comparaison avec celles orientées vers les circuits longs (grandes cultures, élevage bovin).

Le contexte territorial est également un facteur explicatif de l'appartenance des exploitations à la catégorie « transition agro-écologique ». Une carte à l'échelle cantonale met ainsi en évidence deux macro-territoires (figure ci-dessous) : l'un, septentrional, avec des caractéristiques socio-démographiques moins propices aux transitions (faible population urbaine dans des espaces économiquement fragiles) ; l'autre, méridional, davantage tributaire de la proximité des périphéries urbaines avec une population encline à l'achat en circuit court et partageant une vision de formes de production et de commercialisation alternatives. Notons que ce travail n'intègre pas d'autres formes de transition agro-écologique telles que l'agriculture de conservation, l’agroforesterie, la permaculture, etc.

Typologie des cantons selon le profil de répartition des six types d'exploitation en 2010

Transitions.jpg

Source : Cahiers Agricultures

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Cahiers Agricultures

10:03 Publié dans Agriculteurs, Environnement | Lien permanent | Tags : agro-écologie, transition, bio, circuit court |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/10/2019

La performance économique des systèmes de production agro-écologiques

Une équipe internationale de chercheurs vient de publier, dans le Journal of Rural Studies, une large revue de la littérature sur la performance économique de l'agro-écologie, allant de l'analyse théorique de ses déterminants à divers travaux empiriques. L'agro-écologie repose sur l'usage des ressources naturelles et le bouclage des cycles biogéochimiques, selon une approche systémique et dynamique, adaptant les systèmes de production au cas par cas à leur environnement. De ce fait, les démarches sont très diverses, mais elles partagent le principe fondamental d'une réduction de l'usage des intrants externes à l'exploitation, conjointement à une amélioration de leur efficience.

Les auteurs présentent les principes qui confèrent à ces systèmes de meilleures performances économiques et leur résilience. L'accroissement de la valeur ajoutée (VA) par rapport au produit brut (PB) constitue l'élément clé, alors que les approches les plus courantes recherchent une augmentation du PB par unité de main-d'œuvre (UTA). La démarche agro-écologique représente ainsi une véritable intensification en valeur ajoutée. Par ailleurs, les deux ratios sont inversement liés, la hausse du PB/UTA ne pouvant se faire qu'au prix d'investissements, d'agrandissements ou d'augmentations des consommations intermédiaires (figure ci-dessous). De son côté, l'accroissement du ratio VA/PB passe par un recentrage sur les ressources internes de l'exploitation, une diversification des activités et l'optimisation des synergies, notamment entre cultures et élevage.

Relation entre les ratios VA/PB et PB/UTA, et modèles organisationnels d'exploitations agricoles

Agroecologie.jpg

Source : Journal of Rural Studies

De plus, la réduction des intrants et l'amélioration de l'efficience diminuent l'exposition aux aléas économiques. Après des décennies favorables à l'agrandissement, la volatilité des prix, la hausse du coût de l'énergie (et donc des intrants), ainsi que la crise financière constituent selon les auteurs un contexte propice aux exploitations agro-écologiques.

Les auteurs étayent leur analyse par une large revue d'exemples concrets issus d'une douzaine de pays européens. Ainsi, au Danemark, l'agrandissement poussé a conduit à une grande fragilité du secteur laitier, la majorité des exploitations de plus de 200 vaches étant en déficit en 2016, alors que la plupart des fermes de moins 100 têtes restaient bénéficiaires. En France, les exploitations économes et autonomes se révèlent particulièrement créatrices de valeur ajoutée.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Rural Studies

11:42 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : agro-écologie, performance économique |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/06/2019

CUMA, autonomie et transition agro-écologique

V. Lucas vient de mettre en ligne sa thèse de sociologie, soutenue en 2018 et intitulée L'agriculture en commun. Gagner en autonomie grâce à la coopération de proximité. Elle s'y intéresse aux reconfigurations d'une modalité ancienne de coopération entre producteurs, les Coopératives d'utilisation de matériel agricole (CUMA), et à leurs capacités d'intégration des innovations tournées vers l'accroissement de l'autonomie des exploitations. L'enquête met notamment en avant les enjeux des systèmes herbagers autonomes et économes, et de l'agriculture de conservation des sols. Une grille de lecture, inspirée des travaux de J. van der Ploeg, distingue six mécanismes d'autonomisation : 1) diversification des productions ; 2) réduction des consommations intermédiaires ; 3) amélioration de l'efficience technique ; 4) mobilisation de processus écologiques ; 5) développement de la pluriactivité ; 6) coopération de proximité. Elle permet d'observer des pratiques parfois peu documentées, qui ressortissent de l'agro-écologie, même si ce terme est souvent tenu à distance par les agriculteurs, soucieux de maintenir de bonnes relations de travail et d'éviter toute politisation.

On pourra également se reporter à une courte vidéo de présentation de ces travaux.

Terrains étudiés dans le cadre de la thèse

CUMA.jpg

Source : TEL

Source : TEL

09:13 Publié dans Agriculteurs, Environnement | Lien permanent | Tags : cuma, coopération, agro-écologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2018

Quels leviers pour la transition agro-écologique ? Nouveau rapport d'IPES-Food

Après un premier rapport appelant à la transition agro-écologique des systèmes alimentaires, en réponse aux limites du modèle agro-industriel, le panel d'experts international sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) s'est penché sur les défis opérationnels que posent de telles transitions.

À travers l'analyse bibliographique de sept cas de cheminements réussis vers l'agro-écologie, les experts dégagent les traits communs à ces processus et identifient les leviers à mobiliser afin d'amplifier ces dynamiques. Les exemples abordés concernent aussi bien des pays du Nord que du Sud et varient par leur échelle : gestion durable des ressources dans une communauté villageoise en Tanzanie, développement de l'agriculture biologique dans la vallée de la Drôme, essor de la production agro-écologique paysanne en substitution à une agriculture de plantation agro-exportatrice à Cuba, etc. Au-delà de l'analyse des changements de pratiques, les experts documentent les évolutions du cadre institutionnel, des relations économiques et sociales, ainsi que des processus de production et de dissémination des connaissances qui ont rendu possibles ces transitions. Ainsi, dans l'exemple drômois, ils montrent que si l'agriculture biologique y émerge dans les années 1970, l’implication des coopératives et la constitution de groupes d'échange entre agriculteurs dans les années 1990, puis le soutien des pouvoirs publics, à partir des années 2000, ont été nécessaires pour amplifier le mouvement. Aujourd'hui, 16,5 % de la surface agricole utile (SAU) du département sont exploités en agriculture biologique, contre 6,5 % au niveau national.

À partir des études de cas, les auteurs formulent plusieurs recommandations classiques. Parmi celles-ci figurent la promotion des démarches participatives en matière de développement et d'innovation agricole, l'élaboration de cadres institutionnels permettant une plus grande implication des populations dans la gouvernance locale, la construction d'alliances entre agriculteurs, consommateurs et associations de défense de l'environnement, ou bien encore la relocalisation des systèmes alimentaires.

Les leviers à mobiliser pour la transition agro-écologique

IPES-food.jpg

Source : IPES-Food

Plus généralement, les experts considèrent que la transition agro-écologique doit s'articuler avec une transformation globale des sociétés, faisant des enjeux environnementaux une priorité.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : IPES-Food

10:06 Publié dans Agriculteurs, Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : ipes-food, agro-écologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Où en est la transition bas carbone de l'agriculture française ?

Dans un rapport publié en octobre, l'Institut de recherche sur le développement durable et les relations internationales (Iddri) évalue l'état d'avancement de la transition bas carbone en France, dans quatre secteurs de l'économie, dont l'agriculture. Les auteurs dressent un bilan de la mise en œuvre des politiques publiques, au regard des objectifs fixés, trois ans après le lancement de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

L'agriculture génère quatre grands types d'émissions directes, associées à la fermentation entérique, à la gestion des sols agricoles, au stockage des effluents d'élevage et à la consommation d'énergie. Pour réduire ces émissions, des mesures spécifiques sont mises en œuvre, dans le cadre de la SNBC, afin d'augmenter les surfaces en légumineuses, de limiter les pertes de prairies permanentes, de développer l’agroforesterie, de déployer la méthanisation agricole, de réduire les pertes et gaspillages, de développer les circuits courts et d'adopter des régimes alimentaires plus équilibrés. Néanmoins, aucune mesure spécifique ne vise la fermentation entérique.

Entre 1990 et 2016, les émissions du secteur agricole ont été réduites de 5,8 %, du fait d'une meilleure utilisation de l'azote et d'une diminution du cheptel, notamment ruminant. Cependant, selon les auteurs, certaines tendances lourdes (baisse des surfaces en légumineuses, perte de prairies permanentes et de surfaces de stockage du carbone), ont limité cette réduction. Elles n'ont pas pu être enrayées car les mesures mises en place ne bénéficiaient pas de budgets suffisants (projet agro-écologique, second pilier de la PAC), n'étaient pas efficaces (verdissement du premier pilier) et cohérentes avec d'autres programmes publics (Programme national nutrition santé), et ne permettaient pas de lever les verrous socio-techniques dans les filières (voir figure).

Exemple d'analyse des facteurs de mobilisation pour le développement de l’agro-écologie par grandes filières de production, aux dires des acteurs des filières

SNBC.jpg

Source : Iddri, d'après Épices, Blézat Consulting et Asca

Les auteurs identifient quatre axes prioritaires pour atteindre les objectifs fixés : i) l'accroissement de la part des légumineuses dans la sole cultivée en investissant dans les filières et en jouant sur les comportements alimentaires, ii) le redéploiement des filières animales dans les zones de grandes cultures, ce qui permettrait aussi iii) de maintenir les prairies permanentes dans ces régions, et iv) le développement contrôlé de la méthanisation, pour participer à la décarbonation des autres secteurs économiques. Les recommandations de cette étude paraissent d'autant plus pertinentes qu'un récent rapport du GIEC pointe la nécessité de limiter la hausse globale de température à 1,5 °C.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Iddri

10:02 Publié dans 4. Politiques publiques, Climat, Environnement | Lien permanent | Tags : snbc, transition bas carbone, iddri, agro-écologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/07/2018

Production et circulation des savoirs de l'agro-écologie

La Revue d'anthropologie des connaissances propose un numéro sur la mise au point et la circulation de savoirs utiles aux agriculteurs engagés dans des démarches agro-écologiques. De ce riche dossier, retenons ici, en premier lieu, la grille de lecture proposée par C. Compagnone, C. Lamine et L. Dupré, dans le texte d'introduction. La « diversité des formes de distribution de la connaissance » en agriculture peut être ordonnée suivant deux axes :

- le niveau de mise en forme des savoirs (du plus personnel et incorporé au plus général et détaché de la situation locale, ie les connaissances scientifiques) ;

- le degré de mise en commun de ces savoirs (avec d'un côté la connaissance comme bien commun et de l'autre des savoirs « encapsulés » dans des objets brevetés).

Cette grille de lecture croise des oppositions classiques : celle entre « savoirs situés » et « savoirs génériques », et celle entre « savoirs paysans » et « savoirs d'experts ».

L'échange de savoirs entre pairs, sur un mode participatif, est illustré par plusieurs articles : F. Derbez sur les variétés paysannes de maïs ; J. Thomas sur un collectif d'agriculteurs en techniques culturales simplifiées ; N. Girard et D. Magda sur l'animation d'un réseau d'éleveurs. Un article d'A. Cardona, A. Lefèvre et S. Simon s'intéresse à des activités tournées vers la production de connaissances scientifiques, au sein de deux stations expérimentales de l'Inra. De son côté, S. Di Bianco rend compte d'une enquête sur le « recadrage » du travail des technico-commerciaux dans une coopérative agricole au moment où celle-ci s'engage dans l'Agriculture écologiquement intensive (AEI). L'auteure montre comment « l'encapsulation des savoirs (...) dans des instruments » et des équipements « permet leur déploiement rapide », sur un mode diffusionniste, « sans remettre en cause les rapports sociaux conseillers-agriculteurs ».

Enfin, contrastant avec les autres articles du numéro, qui documentent la production de connaissances formulées dans l'orbite d'une « science normale », J. Foyer consacre un article au syncrétisme des croyances et des savoirs dans la viticulture biodynamique.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Revue d'anthropologie des connaissances

10:08 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : agro-écologie, savoirs, transmission, variétés paysannes, tcs, élevage, biodynamie |  Imprimer | | | | |  Facebook