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08/12/2017

Analyser la transformation structurelle pour le développement : productions, exportations et chaînes de valeur globales

Ce document de travail de la Banque africaine de développement analyse les nouvelles conceptions théoriques sur les processus de transformation structurelle des pays en développement. À la différence des approches qui s'attachent à l'analyse de la structure de la production et de l'emploi, la littérature empirique récente s'est concentrée sur la structure des exportations. Ces questions concernent particulièrement les secteurs agricoles.

Dans cette perspective, la diversification et la sophistication des exportations sont considérées comme des indicateurs permettant d'apprécier les processus de transformation structurelle. La diversification des exportations caractérise généralement les pays à revenu élevé, et est donc un indicateur de développement économique, alors que la concentration des exportations correspond davantage à des pays à faible revenu. Dans les premières phases du développement économique, la diversification augmente puis s'équilibre. Le contexte actuel de fragmentation verticale des productions à l'échelle mondiale complique cependant l'analyse. Dans le cadre des chaînes de valeur globales (CVG), la part des « échanges de tâches » croît par rapport à celle des « échanges de biens ».

L'économie du changement structurel suppose des productions source de développement économique. Elle se fonde sur des indicateurs de sophistication ou de complexité qui, en analysant les caractéristiques des exportations, permettent de remonter vers l'amont et estimer le degré de complexité de la structure productive. Des outils comme l'Indice de sophistication et le PRODY mesurent le niveau de sophistication par le revenu moyen des exportateurs. Le Product Complexity Index (PCI) et l'Economic Complexity Index (ECI) ont des approches à partir, respectivement, des produits exportés et des pays exportateurs. Enfin, les approches basées sur la création de valeur ajoutée permettent de dépasser celles limitées à la production et à l'exportation : elles font appel aux capabilités en tant que combinaison de facteurs susceptibles de définir le profil de développement d'un pays.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Banque africaine de développement

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01/12/2017

Agriculture et migrations : un atlas des migrations rurales africaines éclaire la complexité du phénomène

Alors que 220 millions de jeunes ruraux d'Afrique subsaharienne seront en âge de travailler d'ici 15 ans, les dynamiques des migrations rurales dans cette région restent mal connues. Le Cirad, en publiant avec la FAO un atlas de ces migrations, sur la base de données internationales et nationales, apporte une contribution utile à la compréhension de ce phénomène et de ses liens avec l'agriculture.

L'atlas indique que la vaste majorité des Africains migre au sein même de l'Afrique. Il s'agit principalement de jeunes hommes ayant été scolarisés. Leur décision de migrer est moins guidée par la nécessité de survie que par la volonté notamment de « vivre de nouvelles expériences ». L'atlas invite à investir dans l'agriculture et le développement rural, et à encourager les liens entre zones rurales et urbaines afin d'offrir à ces populations des conditions de vie meilleures.

Source : Cirad

16:03 Publié dans Développement, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : migrations, monde rural, afrique subsaharienne, atlas |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/11/2017

Accompagner les transitions en prenant en compte la contribution de certaines productions à la qualité de la vie rurale

Une équipe internationale de chercheurs a récemment publié, dans Ecology and Society, le résultat de ses travaux visant à mieux modéliser la décision d'allocation des terres au Brésil, en intégrant des facteurs autres qu'économiques, en particulier l'impact sur le bien-être perçu des ménages. Partant du constat que, en dépit de tous les efforts, le défrichement de la forêt amazonienne pour des pratiques pastorales extensives se poursuit à un rythme soutenu au Brésil, ils ont tenté de mesurer la part des différents facteurs dans les décisions d'usage des terres, pour rendre plus efficaces les politiques publiques consacrées notamment à la lutte contre la déforestation. De fait, alors que les revenus à l'hectare tirés de l'élevage bovin extensif, de type ranching, sont particulièrement faibles, avec d'importants impacts négatifs sur l'environnement, les mesures d'accompagnement du développement de productions plus rémunératrices (soutien des revenus, accès au crédit, aides à l'installation) se révèlent inefficaces.

Après avoir comparé les revenus à l'hectare des différents types d'exploitation, les auteurs ont, dans un premier temps, introduit dans leur modèle d'allocation les différents facteurs de production : accès au crédit, aux marchés, capacité et incitations à changer d'orientation, etc. Puis, dans un second temps, ils ont cherché à mesurer la relation entre les décisions d'allocation et la perception de leur bien-être par les ménages agricoles.

Facteurs liés à l'activité agricole agissant sur la perception du bien-être des ménages ruraux

Ranching.jpg

Source : Ecology and Society

Pour ce faire, ils ont utilisé les résultats de différentes enquêtes menées en 2010 et 2011 au niveau des exploitations, dans deux régions de l'est de l'Amazonie (Santarém, Paragominas). Ces enquêtes très complètes (caractéristiques de l'exploitation, résultats économiques, origines géographiques et sociales de la famille, formation, insertion dans le tissu social, perception du bien-être, etc.), portaient sur plus de 600 familles et près de 500 exploitations réparties selon 6 systèmes de production, en plus de l'élevage bovin extensif : mixte (cultures-élevage bovin), cultures diverses, autres productions animales, soja, cultures spécialisées, cultures vivrières.

Si le ranching génère de faibles revenus, à la fois par hectare et par exploitation, il reste le système majoritairement adopté par les agriculteurs originaires de la région du Nord-Est. En dépit de ses performances économiques et environnementales médiocres, il est perçu comme concourant à la qualité de la vie rurale, par ses dimensions culturelles et sociales. Un aspect à intégrer dans le design des politiques visant à accompagner une transition vers des systèmes plus rémunérateurs et plus respectueux de l'environnement.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Ecology and Society

18/10/2017

Les TIC au service de la petite agriculture familiale : nouvelle version du recueil de la Banque mondiale

La Banque mondiale vient de publier une mise à jour de son recueil (sourcebook) sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les petites exploitations agricoles (smallholders). Le document est découpé en quinze chapitres et met en valeur de nombreux projets et pratiques innovantes à travers le monde.

Dans un premier temps, sont abordées des questions transversales telles que l’état des infrastructures dans les pays en développement, notamment en milieu rural, et le rôle des femmes. La seconde partie s’intéresse aux leviers d’amélioration de la productivité au niveau de l’exploitation (outils d’aide à la décision, R&D et conseil, assurances et services financiers). Sont ensuite discutés les enjeux pour les organisations de producteurs (partage des informations techniques et de marché, mise en place de comptabilités plus fiables) et pour la mise en marché (gestion des risques, traçabilité). Enfin, le recueil examine les questions de gouvernance (e-gouvernement et participation, politiques foncières, gestion forestière).

L’édition précédente datait de 2011 et les importantes avancées survenues depuis ont popularisé l’idée que les politiques de développement peuvent tirer parti des progrès en matière de téléphonie mobile, d’observation satellitaire et d’agriculture de précision. Parmi les quatre nouveaux chapitres, on retiendra celui consacré aux données agricoles, qui met en avant une nouvelle problématique transversale autour de l’accès à l'information et de la régulation du big data. Dans le cas des données climatiques par exemple, « les mêmes jeux de données peuvent être utilisés par une large palette d’acteurs, de façons très différentes », des producteurs au moment des semis aux pouvoirs publics pour les préconisations de traitements, en passant par les assureurs privés. Le scepticisme face à l'idée d'utiliser ces technologies de pointe au profit des pays les moins avancés et des producteurs les plus pauvres n'est donc plus de mise, et les auteurs peuvent « plaider fortement pour des investissements publics dans le big data comme bien public ».

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Banque mondiale

14/09/2017

Les paiements pour services environnementaux peuvent réduire la déforestation, d'après une expérience menée en Ouganda

Un article, publié en juillet dans la revue Science, présente les travaux de chercheurs en économie et en sciences de l'environnement sur l'efficacité des paiements pour services environnementaux (PSE) pour réduire la déforestation. Les auteurs, Seema Jayachandran et ses collègues, ont utilisé une expérience par assignation aléatoire afin d'évaluer l'impact de ce type d'instruments sur la conservation des forêts, et donc sur les émissions de CO2 générées par leur dégradation. La mobilisation de cette méthode est une première dans l'étude des PSE et avait pour but de répondre à deux questions fréquemment posées à leur sujet : rémunèrent-ils des propriétaires terriens qui, même sans paiement, auraient tout de même fourni le service environnemental ciblé (additionnalité des PSE) ? Comment être sûrs que cette déforestation n'est pas reportée sur des forêts voisines (phénomènes de fuites) ?

Région et villages (groupes de traitement, en jaune, et de contrôle en vert) de l'étude

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Source : Science

Cette expérience a été réalisée dans 121 villages de deux districts du nord-ouest de l'Ouganda. 60 de ces villages faisaient partie du groupe de traitement (en jaune à droite sur la figure) : un paiement a été proposé pendant deux ans aux propriétaires terriens s'ils acceptaient de conserver leurs forêts. Les 61 autres villages ont été assignés au groupe témoin (en vert sur la figure) et n'ont pas eu la possibilité de participer au programme. Des enquêtes ont été effectuées avant la mise en place du programme, afin de s'assurer que les deux groupes étaient bien statistiquement similaires. À l'issue de ces deux années, la déforestation a été mesurée au niveau des villages et des exploitations, à l'aide d'images satellite collectées pour l'occasion.

Exemples de variations de couverture forestière

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Source : Science

Les résultats montrent que les villages qui ont reçu le paiement ont déforesté deux fois moins que ceux qui ne l'ont pas reçu (4,2 % de perte de couvert forestier contre 9,1 %). De plus, les auteurs n'ont trouvé aucune preuve de déplacement de la déforestation au sein des villages ou entre eux. Enfin, ils ont estimé les bénéfices produits par le programme en termes de stockage de carbone en utilisant son coût social. Ils ont ainsi montré qu'ils étaient 2,4 fois supérieurs aux coûts de mise en œuvre du programme, et ce sans prendre en compte les bénéfices liés à la biodiversité et aux services de régulation rendus par les forêts. Ces résultats encourageants restent toutefois liés au contexte local et ne sont pas généralisables. Des expériences similaires dans d'autres régions seraient utiles pour confirmer leur portée générale.

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : Science

13/09/2017

Inciter au maintien des forêts primaires plutôt que financer la reforestation serait plus efficace pour limiter les émissions de carbone

Telles sont les conclusions tirées des projections de déforestation à l'horizon 2025 en République démocratique du Congo (RDC), réalisées par une équipe du World Resources Institute et publiées en juin dernier. Pour ce faire, elle s'est appuyée sur un modèle spatial neuronal (approprié pour l'étude des relations complexes et non linéaires entre variables), et focalisée sur les forêts à haute valeur environnementale intégrées dans le programme américain CARPE (Central Africa Regional Program for the Environment).

Bénéficiant de l'importante base de données spatialisées gérée par le Global Forest Watch, qui retrace les changements d'usage des sols depuis plus de 20 ans, le modèle spatial conçu vise, dans un premier temps, à cartographier les évolutions passées du couvert forestier, puis à les expliquer par différentes variables biophysiques, d'accessibilité ou de gestion des terres. En s'appuyant sur une architecture de réseau neuronal, le modèle « apprend » et s'adapte jusqu'à quantifier de la manière la plus précise possible les liens entre les différentes variables et les pertes en surface forestière : il débouche sur une carte des zones présentant un risque élevé de déforestation.

Cartographie des risques de déforestation dans les régions du programme CARPE

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Source : WRI

Enfin, le modèle construit croise le résultat d'hypothèses sur le rythme de la déforestation et la cartographie des zones les plus sensibles : il s'agit d'identifier les aires géographiques susceptibles de perdre leur couvert forestier au cours de la décennie à venir. Couplé à un module de calcul des émissions de carbone liées à la seule biomasse aérienne forestière, les auteurs traduisent ensuite les surfaces forestières perdues en tonnes de CO2 émises, en faisant l'hypothèse d'un relâchement intégral du carbone stocké dans l'atmosphère l'année même de la déforestation.

Selon les projections réalisées sur la base du taux de déforestation des années antérieures, au moins 330 000 hectares de forêts pourraient changer d'usage d'ici 2025, dans les régions concernées par l'étude, pour l'essentiel imputables à l'agriculture itinérante, aux concessions d'exploitation forestière et au développement des infrastructures (routes notamment). Au-delà de l'estimation à dix ans des pertes en surfaces forestières, le modèle permet d'analyser l'impact de différents scénarios de développement ou de politiques de conservation.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : World Resources Institute

07/09/2017

Afrique subsaharienne et Inde : retro-prospective agricole (1961-2050) et trajectoires de développement possibles

Publié récemment, un article de la Review of Rural Affairs pose la question de la reproductibilité, pour d'autres régions, des transformations structurelles connues par les pays développés. L'outil méthodologique original Agribiom a permis d'aborder, à partir des données du scénario PAB50 (2006-2050 – voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) et de la FAO (1961-2007), la dynamique agricole et alimentaire de l'Afrique subsaharienne, en la comparant à huit autres régions du monde. Cet outil « exprime en calories des volumes de demande, de production et d'échanges au sein d'un modèle physique simple d'emplois/ressources de biomasses alimentaires qui relie les consommations aux surfaces de terre ».

Selon l'auteur, les projections optimistes de la FAO (2006-2050), publiées en 2012 et concernant la production et la consommation alimentaires en Afrique subsaharienne, devraient être tempérées : cette région part en effet de niveaux extrêmement bas, comparables à ceux de l'Inde en 1960, et connaîtra la plus forte croissance démographique à l'échelle mondiale (124 %).

Disponibilités alimentaires par personne et par jour en calories végétales et animales (1961-2007, 2050)

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ASIA : Asie ; EU30 : Union européenne à 27, Suisse, Norvège, Islande ; LAM : Amérique latine ; MENA : Afrique du Nord et Moyen-Orient ; NAM : Amérique du Nord ; SSA : Afrique subsaharienne

Source : Review of Rural Affairs

Si l'exercice présente des limites méthodologiques (niveau d'agrégation géographique, unité de mesure), n'autorisant que des comparaisons géographiques et temporelles à grande échelle, les résultats permettent d'envisager une proximité des trajectoires agricoles de l'Afrique subsaharienne et de l'Inde. Pour l'auteur, les transformations structurelles des pays développés correspondent à un contexte historique et géographique donné, et ne seraient donc pas transposables à l'Afrique subsaharienne. En Inde, après 50 ans de « révolution verte », le rendement supplémentaire par unité d'intrants diminue, les coûts des intrants augmentent, les conflits pour l'eau sont de plus en plus prégnants, le niveau des nappes phréatiques chute, et la croissance démographique rurale entraîne une réduction de la taille des exploitations. Selon l'auteur, l'Inde et l'Afrique subsaharienne devraient donc envisager d'autres trajectoires socio-techniques, spécifiques à leurs contextes historiques et écologiques, comme par exemple des agro-écosystèmes à forte intensité en main-d’œuvre.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Review of Rural Affairs

10:55 Publié dans 1. Prospective, Développement, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : dorin, afrique subsaharienne, inde |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/06/2017

Évaluation de la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition au Sénégal : un regard critique sur l'investissement privé pour le développement

Le Groupe de réflexion sur la sécurité alimentaire (GRSA) canadien, une coalition regroupant 23 institutions dont des agences de développement international et d’aide humanitaire, des organisations agricoles et des ONG, a publié en mai un rapport intitulé L’investissement privé en agriculture est-il la solution ? Évaluation de la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) au Sénégal. La NASAN est une initiative du G8, lancée en 2012 par Barack Obama, visant à accroître la part de l’investissement privé dans l’agriculture africaine afin de réaliser une croissance agricole soutenue et inclusive pour réduire la pauvreté. L'évaluation commanditée par le GRSA porte spécifiquement sur l'implication du Canada dans la NASAN au Sénégal et ses impacts.

L'étude repose sur un travail de terrain conduit au Sénégal et au Canada en 2015 et 2016. Après une analyse bibliographique du fonctionnement et des leviers de la NASAN, ainsi que de ses premiers résultats dans d'autres pays africains, des entretiens qualitatifs ont été conduits auprès des autorités des deux pays, d'experts et de représentants de la société civile et du secteur privé. Deux entreprises de culture du riz sénégalaises ont ensuite fait l'objet d'études d'impacts approfondies. Enfin, l'auteure du rapport a participé à divers événements relatifs aux objectifs du programme. Notons qu'il n'y a toutefois pas eu d'analyse détaillée des impacts de l'initiative sur les différents piliers de la sécurité alimentaire ou sur le niveau de vie des Sénégalais.

Le rapport conclut que le Canada a joué un rôle central dans le lancement de la NASAN au Sénégal, avec un appui technique et logistique au gouvernement, et via une assistance financière. En dépit de cet engagement réel, les impacts du programme apparaissent faibles et, selon l'auteure, largement en-deçà des attentes initiales des parties prenantes. La NASAN a favorisé la production de semences certifiées par les autorités sénégalaises, en réussissant, contrairement à d'autres situations, à la faire coexister avec l'utilisation et l'échange de semences paysannes. Néanmoins, elle n'a pas généré de résultats significatifs, que cela soit en termes de réformes conduites par le gouvernement, d'augmentation de l'investissement privé en agriculture ou d'amélioration de la sécurité alimentaire.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil canadien pour la coopération internationale

08/02/2017

Un manuel de la FAO pour la sauvegarde de la chaîne alimentaire mondiale

Enjeu crucial pour la sécurité alimentaire dans les pays en voie de développement, les déperditions alimentaires peuvent être causées par des ravageurs ou la contamination des aliments par des agents biologiques, chimiques ou physiques. Dans ce dernier cas, à la perte liée au retrait de denrées du circuit s'ajoute le risque sanitaire en cas de consommation accidentelle des aliments. C'est pour répondre à ce problème que la FAO a publié récemment un manuel dont l'objectif est d'appuyer le développement de systèmes d'alarme et de promouvoir une surveillance à différents stades de la production. Il recense divers outils et méthodes disponibles.

On peut notamment citer une application mobile qui permet aux éleveurs de signaler des informations relatives à l'état de santé de leur cheptel, par l'envoi d'un signalement au Système mondial d'information sur les maladies animales (EMPRES-i). Cette application a déjà été déployée dans plusieurs pays, notamment en Afrique. Ce dispositif rend possible une analyse épidémiologique puis une intervention rapide pour gérer l'épisode à un stade précoce.

Source : FAO

10:42 Publié dans Développement, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : fao, surveillance |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/02/2017

Le pastoralisme, un mode de vie résilient face à de nombreux défis

Coordination Sud, dans le cadre de sa Commission Agriculture et Alimentation, vient de publier une note de synthèse sur le pastoralisme. Elle met notamment l'accent sur le caractère résilient et agro-écologique de ce mode d'élevage extensif (fertilisation des sols, faible recours aux intrants, etc.), pratiqué par environ 120 millions de personnes dans le monde. Cette note aborde aussi le volet économique, généralement peu traité : le pastoralisme représente plus d’un tiers du PIB agricole des pays sahéliens (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad) et, selon l'OCDE, cette part pourrait atteindre 50 % en prenant en compte la contribution de l’élevage à l’agriculture (fumure par exemple). Pour autant, le pastoralisme bénéficie de peu de soutiens publics. Les auteurs observent une évolution des systèmes pastoraux « purs » vers des systèmes « agropastoraux », notamment depuis les grandes sécheresses au Sahel : de plus en plus d’éleveurs développent des productions agricoles et fourragères et, en parallèle, des agriculteurs se lancent dans l’élevage.

Le document conclut sur les défis pour le pastoralisme, dont la sécurisation du foncier pastoral. En effet, il souligne que la promotion de l’agriculture à grande échelle, souvent accompagnée d'un phénomène de privatisation des ressources, notamment en eau, impacte les espaces de parcours, ces «communs» gérés par la communauté.

Source : Coordination SUD

10:36 Publié dans Développement | Lien permanent | Tags : pastoralisme, foncier, résilience |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/01/2017

Former les jeunes pour agir sur les familles : en mesurer l'impact

Quel impact la formation agricole des jeunes peut-elle avoir sur leur entourage ? C'est ce qu'une évaluation originale, publiée par la Fondazione Eni Enrico Mattei, a tenté de mesurer dans le cadre du programme scolaire d'école d'agriculture de terrain, implanté dans le nord de l'Ouganda après deux décennies de guerre civile.

Si le concept « d'école d'agriculture de terrain » (ou champ-école des producteurs selon l'appellation de la FAO) s'est largement diffusé en Asie du Sud-Est puis, plus récemment, en Afrique, les programmes s'adressent plus rarement aux enfants. S'appuyant sur l'hypothèse que cette cible constitue un levier important de diffusion des connaissances au sein des populations rurales, ces programmes sont de plus en plus utilisés auprès d'élèves. Peu d'évaluations ont toutefois été menées jusqu'à présent, notamment sur la diffusion des savoirs et des techniques auprès de l'entourage, afin de mesurer la réalité de ce postulat. L'impact sur l'entourage familial est un domaine où l'expérimentation peut apporter des éléments concrets pour étayer les hypothèses mises en avant dans ce type de programme de développement.

L'évaluation exposée dans ce document de travail est donc originale, à la fois par le type d'impacts qu'elle cherche à mesurer (compétences acquises par les élèves et adoption des techniques par leur entourage), mais aussi par la méthode mise en œuvre. Elle couvre à la fois les techniques agricoles et l'évolution des pratiques alimentaires. À cet effet, les auteurs se sont appuyés sur le suivi de deux échantillons d'élèves (30 élèves par école sur 2 groupes d'écoles réparties dans deux cantons, soit au total 600 élèves) : l'un bénéficiait du programme, l'autre non. Les élèves retenus dans les deux configurations ont des caractéristiques similaires et n'avaient jamais bénéficié d'un enseignement dans les matières agricole et alimentaire.

L'étude démontre la présence d'effets retours sur les familles, à la fois par une meilleure maîtrise des techniques agricoles et par l'amélioration des régimes alimentaires (diversification notamment). A contrario, et de manière plus inattendue, l'adoption d'innovations par les jeunes ou leur famille n'est pas facilitée par ces programmes à court terme, horizon d'analyse retenu dans le cadre de cette étude.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Fondazione Eni Enrico Mattei

09:35 Publié dans Développement, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : école d'agriculture de terrain, ouganda |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/11/2016

Enjeux fonciers en milieu rural, conflits civils et développement

Le comité technique « Foncier et développement » vient de publier une Note de synthèse reprenant les échanges d'une journée de réflexion consacrée, en décembre 2015, aux articulations entre foncier rural et conflits civils. Les auteurs rappellent en introduction qu'un conflit est une « composante normale des interactions humaines, du changement social et in fine du développement », et précisent que les conflits ne sont pas nécessairement des événements violents.

La première partie de la note commence par un rappel du cadre conceptuel, historique et méthodologique. Il n’y a pas de relation de cause à effet entre conflits et foncier rural, ce dernier en étant une cause parmi d’autres (politiques, économiques, sociales, démographiques, etc.). Les différentes sources s’alimentent entre elles. Dans une deuxième partie, les auteurs analysent les dynamiques à l’œuvre dans les situations de post-conflit et les différentes manières dont les acteurs cherchent à en capter les ressources. La troisième partie présente certaines approches à promouvoir pour l'instauration ou le maintien de la paix, comme les dispositifs de médiation.

Cette note est agrémentée d'encadrés qui reprennent les interventions (vidéos en ligne) des cinq chercheurs et opérateurs, apportant des éclairages complémentaires, comme par exemple l’expérience de la cellule « crise » de l’AFD sur les conflits liés aux problématiques pastorales en Afrique, ou bien la présentation des conflits liés à la terre et aux déplacements de population dans la région des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, République démocratique du Congo). Soulignons ici la dernière intervention filmée, dans laquelle J-L. François (AFD) tire des enseignements de cette journée : les États comme les bailleurs de fonds doivent se fixer un devoir de réserve et de précaution dans ces situations de conflits ou de post-conflits. Il introduit la nécessaire flexibilité des programmes et table d’abord sur les dynamiques endogènes « informelles » en cours. L’expérience montre que le règlement des conflits par les autorités judiciaires n’est souvent pas opératoire, alors que des mécanismes dits « alternatifs » basés sur la médiation s’avèrent plus efficaces.

Enfin, cette note évoque la montée de nouveaux facteurs d’insécurité : le green capitalism (« marchandisation de la nature ») et le green grabbing (« appropriation des ressources et de la terre à des fins environnementales »). L’émergence d’un marché pour l’établissement de standards environnementaux pourrait aussi créer de nouveaux conflits.

Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : Comité technique « Foncier et développement »

10:02 Publié dans Développement, Territoires | Lien permanent | Tags : foncier, conflits, développement |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/09/2016

Concilier préservation de la forêt et amélioration de la sécurité alimentaire : une priorité pour le développement

À l'occasion de la semaine mondiale de la forêt (18 au 22 juillet 2016), la FAO a dévoilé son rapport annuel sur l'état des forêts dans le monde. Au-delà du constat classique sur la progression de la déforestation (3,3 millions d'ha par an entre 2010 et 2015), le rapport questionne surtout les interactions entre agriculture et forêt. Si elles sont concurrentes en matière d'occupation du sol, ce sont les politiques d'aménagement du territoire, plus ou moins intégrées, et associant les populations à leur gouvernance, qui s'avèrent les plus efficaces pour limiter la déforestation.

Le rapport examine ainsi l'évolution parallèle des surfaces forestières et agricoles sur longue période, en entrant dans le détail des multiples causes a priori de la déforestation. Analysant les politiques nationales de 35 pays, qu'elles soient sectorielles ou transversales, les auteurs mettent en évidence l'importance d'une intégration de la forêt dans les politiques agricoles ou de développement économique : cela permettrait une meilleure maîtrise de l'utilisation des terres, tout en facilitant la prise en compte d'objectifs contradictoires ou concurrents, au moins en apparence. De manière contre-intuitive, un fort niveau d'investissement public en agriculture est également un facteur d'atténuation de la déforestation, en permettant une intensification de la production sur les terres existantes plutôt que le recours à la conversion de nouvelles terres.

FAO-forets.jpg

Le focus sur huit situations nationales contrastées (Chili, Costa Rica, Gambie, Géorgie, Ghana, Tunisie, Viet-Nam et Corée du sud), présentant une amélioration conjointe de la sécurité alimentaire et du couvert forestier, consolide ces constats. Qu'elles soient d'initiative publique ou privée, la préservation et la reconstitution des forêts nécessitent un cadre réglementaire prenant en compte l'apport de la forêt et des produits forestiers dans toutes ses dimensions : sociales, économiques et environnementales. La mise en place de gardes-fous en matière de gestion foncière, l'attention portée à un retour des bénéfices forestiers vers les populations rurales, l'implication des communautés dans la gestion du patrimoine forestier (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), sont autant de facteurs qui favorisent, en retour, la préservation des sols et la qualité de l'eau, éléments essentiels pour l'agriculture.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : FAO, FAO

15:01 Publié dans Développement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : fao, forêt |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/09/2016

Interventions brésiliennes en Afrique : différentes interprétations de l'agriculture familiale au regard du programme MFI (More Food International)

Dans le cadre de sa coopération agricole avec l'Afrique, le Brésil met en avant son expérience de développement de l'agriculture familiale et la proximité des problématiques brésiliennes et africaines sur ce point. Un article de la revue World Development analyse comment évoluent les concepts et les politiques d'appui et de transfert entre le Brésil et trois pays (Ghana, Mozambique et Zimbabwe). Les auteurs retracent d'abord l'historique, présentent les acteurs en présence et explicitent les différentes interprétations du concept d'agriculture familiale au Brésil. Ils s'intéressent ensuite à l’utilisation de ce concept dans le cadre du More Food Program, programme d'appui à l'agriculture familiale au Brésil, puis à la traduction de ce même programme dans la politique extérieure brésilienne, avec le More Food International (MFI). Faisant une analyse de contenu des documentations existantes, et réalisant des enquêtes auprès des principaux acteurs, les auteurs mettent en lumière les concepts et jeux d'acteurs qui sous-tendent ces politiques au Brésil, ainsi que leurs ré-interprétations en Afrique.

Ils montrent que la pluralité des interprétations de l'agriculture familiale est le reflet de visions contrastées du développement agricole issues de l'histoire, de la géographie et des luttes de pouvoir au Brésil, et comment cette pluralité se traduit dans la mise en œuvre du programme MFI. En fonction de leurs origines (ministère du Développement Agraire, ministère des Affaires Étrangères, secteur industriel, mouvements agricoles et paysans, etc.), les acteurs brésiliens du MFI mettent en avant tantôt les opportunités commerciales, la modernisation agricole (technique) ou plutôt des revendications politiques (agriculture familiale par opposition à agro-industrie, agro-écologie, etc.).

L'étude souligne également que les idées et politiques associées au concept d'agriculture familiale, au Brésil, ne résistent pas à leur transfert dans d'autres pays. Le concept lui-même, au cœur du MFI, a été évacué par les acteurs (en particulier gouvernementaux) des trois pays étudiés (exception faite de certains mouvements sociaux au Mozambique). La partie « crédit et achat de matériels agricoles brésiliens » du programme MFI, déjà majoritaire dans la mise en œuvre par les Brésiliens eux-mêmes, est ainsi la seule retenue et connue dans les pays destinataires.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : World Development

14:48 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement | Lien permanent | Tags : brésil, afrique, agriculture familiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/09/2016

Huile de palme : quelle surface cultivable et sous quelles contraintes ?

Des chercheurs de l'IIASA ont estimé la surface sur laquelle la culture de palmiers à huile serait susceptible de s'étendre. Pour ce faire, ils ont en premier lieu quantifié le nombre d'hectares ayant des conditions propices à cette culture (climat, sols, topographie essentiellement), soit de l'ordre de 1,37 milliard concentrés dans 12 pays tropicaux. À cette première étape, ils ont ajouté trois contraintes :

- l'exclusion des zones protégées, soit une diminution de 30 % de la surface potentiellement mobilisable ;

- l'exclusion des terres déjà mobilisées pour d'autres productions (alimentation humaine ou animale, bois), réduisant de moitié (avec la précédente contrainte) la surface initialement estimée ;

- le retranchement des terres à valeur élevée en termes de biodiversité et de stockage de carbone, y compris les forêts, diminuant au final l'aire calculée en étape 1 de deux tiers.

Tous paramètres combinés, seuls 17 %, soit 234 millions d'hectares, seraient exploitables, bien loin des 17 millions d'hectares consacrés à la production d'huile de palme d'après une estimation de 2012. Cependant, les auteurs soulignent que les terres restantes sont difficiles d'accès (évaluation du temps de trajet) et que leur étude ne prend pas en compte la demande croissante pour des cultures concurrentes sur ces sols.

Régions aux conditions climatiques propices à la culture de palmiers à huile

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Source : Global Environmental Change

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13:51 Publié dans Développement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : huile de palme |  Imprimer | | | | |  Facebook