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14/09/2017

Les paiements pour services environnementaux peuvent réduire la déforestation, d'après une expérience menée en Ouganda

Un article, publié en juillet dans la revue Science, présente les travaux de chercheurs en économie et en sciences de l'environnement sur l'efficacité des paiements pour services environnementaux (PSE) pour réduire la déforestation. Les auteurs, Seema Jayachandran et ses collègues, ont utilisé une expérience par assignation aléatoire afin d'évaluer l'impact de ce type d'instruments sur la conservation des forêts, et donc sur les émissions de CO2 générées par leur dégradation. La mobilisation de cette méthode est une première dans l'étude des PSE et avait pour but de répondre à deux questions fréquemment posées à leur sujet : rémunèrent-ils des propriétaires terriens qui, même sans paiement, auraient tout de même fourni le service environnemental ciblé (additionnalité des PSE) ? Comment être sûrs que cette déforestation n'est pas reportée sur des forêts voisines (phénomènes de fuites) ?

Région et villages (groupes de traitement, en jaune, et de contrôle en vert) de l'étude

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Source : Science

Cette expérience a été réalisée dans 121 villages de deux districts du nord-ouest de l'Ouganda. 60 de ces villages faisaient partie du groupe de traitement (en jaune à droite sur la figure) : un paiement a été proposé pendant deux ans aux propriétaires terriens s'ils acceptaient de conserver leurs forêts. Les 61 autres villages ont été assignés au groupe témoin (en vert sur la figure) et n'ont pas eu la possibilité de participer au programme. Des enquêtes ont été effectuées avant la mise en place du programme, afin de s'assurer que les deux groupes étaient bien statistiquement similaires. À l'issue de ces deux années, la déforestation a été mesurée au niveau des villages et des exploitations, à l'aide d'images satellite collectées pour l'occasion.

Exemples de variations de couverture forestière

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Source : Science

Les résultats montrent que les villages qui ont reçu le paiement ont déforesté deux fois moins que ceux qui ne l'ont pas reçu (4,2 % de perte de couvert forestier contre 9,1 %). De plus, les auteurs n'ont trouvé aucune preuve de déplacement de la déforestation au sein des villages ou entre eux. Enfin, ils ont estimé les bénéfices produits par le programme en termes de stockage de carbone en utilisant son coût social. Ils ont ainsi montré qu'ils étaient 2,4 fois supérieurs aux coûts de mise en œuvre du programme, et ce sans prendre en compte les bénéfices liés à la biodiversité et aux services de régulation rendus par les forêts. Ces résultats encourageants restent toutefois liés au contexte local et ne sont pas généralisables. Des expériences similaires dans d'autres régions seraient utiles pour confirmer leur portée générale.

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : Science

16/01/2017

Former les jeunes pour agir sur les familles : en mesurer l'impact

Quel impact la formation agricole des jeunes peut-elle avoir sur leur entourage ? C'est ce qu'une évaluation originale, publiée par la Fondazione Eni Enrico Mattei, a tenté de mesurer dans le cadre du programme scolaire d'école d'agriculture de terrain, implanté dans le nord de l'Ouganda après deux décennies de guerre civile.

Si le concept « d'école d'agriculture de terrain » (ou champ-école des producteurs selon l'appellation de la FAO) s'est largement diffusé en Asie du Sud-Est puis, plus récemment, en Afrique, les programmes s'adressent plus rarement aux enfants. S'appuyant sur l'hypothèse que cette cible constitue un levier important de diffusion des connaissances au sein des populations rurales, ces programmes sont de plus en plus utilisés auprès d'élèves. Peu d'évaluations ont toutefois été menées jusqu'à présent, notamment sur la diffusion des savoirs et des techniques auprès de l'entourage, afin de mesurer la réalité de ce postulat. L'impact sur l'entourage familial est un domaine où l'expérimentation peut apporter des éléments concrets pour étayer les hypothèses mises en avant dans ce type de programme de développement.

L'évaluation exposée dans ce document de travail est donc originale, à la fois par le type d'impacts qu'elle cherche à mesurer (compétences acquises par les élèves et adoption des techniques par leur entourage), mais aussi par la méthode mise en œuvre. Elle couvre à la fois les techniques agricoles et l'évolution des pratiques alimentaires. À cet effet, les auteurs se sont appuyés sur le suivi de deux échantillons d'élèves (30 élèves par école sur 2 groupes d'écoles réparties dans deux cantons, soit au total 600 élèves) : l'un bénéficiait du programme, l'autre non. Les élèves retenus dans les deux configurations ont des caractéristiques similaires et n'avaient jamais bénéficié d'un enseignement dans les matières agricole et alimentaire.

L'étude démontre la présence d'effets retours sur les familles, à la fois par une meilleure maîtrise des techniques agricoles et par l'amélioration des régimes alimentaires (diversification notamment). A contrario, et de manière plus inattendue, l'adoption d'innovations par les jeunes ou leur famille n'est pas facilitée par ces programmes à court terme, horizon d'analyse retenu dans le cadre de cette étude.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Fondazione Eni Enrico Mattei

09:35 Publié dans Développement, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : école d'agriculture de terrain, ouganda |  Imprimer | | | | |  Facebook