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19/10/2021

Lenain R., Peyrache J., Savary A., Séverac G., Agricultural robotics: part of the new deal? FIRA 2020 conclusions, Éditions Quæ, septembre 2021, 80 pages

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Chaque année, depuis 2016, le Forum international de la robotique agricole (FIRA) est l'occasion pour les entreprises de la robotique, les agro-industriels, les agriculteurs et les investisseurs de se rencontrer. Publié en septembre 2021, un livre restitue les enseignements des échanges collectés au cours des conférences, tables rondes et ateliers de l'édition virtuelle de 2020. Ses auteurs développent les principaux enjeux identifiés pour le secteur, complétés en fin d'ouvrage par une trentaine de fiches décrivant des robots présentés lors du forum.

Les robots agricoles actuels visent à augmenter les rendements de production, à soulager la pénibilité de certaines tâches et à pallier la pénurie de main-d’œuvre, particulièrement ressentie lors de la récente crise sanitaire. Les robots de demain devront, eux, être conçus pour répondre aux défis d'une production durable (plus respectueuse de l'environnement) et d'une demande alimentaire en croissance (plus exigeante en matière de sécurité sanitaire et de qualité). Ces futures machines devront être plus légères pour diminuer le tassement du sol, plus précises pour préserver les ressources naturelles et diminuer les intrants utilisés (engrais, semences, pesticides, etc.), moins coûteuses pour permettre au plus grand nombre d'y avoir accès, y compris les petites exploitations.

Dino, le robot de désherbage autonome développé par la société française Naïo Technologies

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Source : Éditions Quæ

Les auteurs soulignent toutefois que gagner la confiance des agriculteurs sera nécessaire à une diffusion large de ces solutions. Faire la démonstration pratique des avantages des robots, de leur efficacité, de leur robustesse peut lever une partie des doutes actuels de certains exploitants. De plus, lors des interventions sur les parcelles, le robot collecte une masse de données dont la propriété et la sécurité représentent des questions importantes pour les opérateurs de la filière. La création de valeur à partir de ces informations et sa redistribution pourraient conditionner le choix du fournisseur par l'exploitant. Enfin, retenons le cas du tracteur autonome, un des robots agricoles les plus attendus pour remplacer l'équipement emblématique de l'agriculteur avec lequel il réalise ses tâches les plus chronophages. Il soulève en effet, à lui seul, les nouvelles questions éthiques et réglementaires posées par la mise en œuvre de ces innovations hautement technologiques.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

Digitaliser les systèmes alimentaires, tout en consolidant la confiance

La 5e conférence Mansholt, proposée en septembre 2021 par l'université de Wageningen, portait sur la digitalisation des systèmes alimentaires, ses enjeux et les risques et opportunités associés. À cette occasion, un groupe de chercheurs a présenté ses réflexions et recommandations pour accélérer la transition numérique.

L'évolution de la transformation digitale du système alimentaire vers la « zone crépusculaire », nécessitant un changement de paradigme

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Source : Wageningen University & Research

Lecture : l'axe vertical représente le niveau d’intégration des parties prenantes et l'axe horizontal l’élargissement du périmètre pris en charge. La trajectoire de la transformation digitale figure en bleu. Les étapes indiquées à gauche de la trajectoire concernent les périmètres d'application, qui s'étendent du process de production isolé aux systèmes alimentaires et à une économie des données. Les étapes à droite portent sur les systèmes informatiques, depuis les applications individuelles jusqu'aux écosystèmes de données. Dans la « zone crépusculaire » (Twilight Zone), les deux dernières étapes requièrent pour advenir, selon les auteurs, un « changement de paradigme ».

Les auteurs constatent un développement éclaté des outils numériques en agriculture, une absence de cohérence entre les systèmes, une multiplication des flux de données, mais également une faiblesse de la gouvernance et des règles éthiques qui devraient accompagner cette transition (figure ci-dessus). Ils centrent leur analyse des besoins en matière de recherche et d'innovation sur cinq aspects qu'ils jugent fondamentaux : i) les business models à développer dans l'économie de la donnée ; ii) les conditions à mettre en place pour un accès partagé aux données, dans le respect de règles éthiques ; iii) les moyens à déployer pour réduire la fracture numérique ; iv) l'utilisation de l'intelligence artificielle pour adapter, aux secteurs agricole et agroalimentaire les nouvelles technologies liées aux données massives ; v) les opportunités dégagées par une intégration accrue des autres secteurs en lien avec l'agriculture (banque, assurance, logistique, commerce, etc.).

Innovation digitale : une approche « agile », pluridisciplinaire et collaborative

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Source : Wageningen University & Research

Pour les auteurs, il conviendrait de privilégier le recours à la méthode « agile », qui procède par étapes opérationnelles, de façon itérative, en associant les utilisateurs et en élargissant au fur et à mesure le champ pris en compte. Cela permettrait d'assurer le développement de la digitalisation du système alimentaire sur une base pluridisciplinaire et collaborative (figure ci-dessus). Pour conclure, ils formulent un grand nombre de propositions, dont la majorité en matière de politiques publiques. En particulier, ils préconisent que les éco-régimes et la conditionnalité dans le cadre de la PAC intègrent le partage des données.

Ainsi que Louise O. Fresco (présidente du comité exécutif de l'université de Wageningen) le rappelait en introduction de la conférence, le principal défi sera de restaurer et consolider la confiance envers les secteurs agricole et agroalimentaire, en s'appuyant sur les échanges de données.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Wageningen University & Research

14/10/2021

L'Anses publie son avis sur la protection des parcours de porcins en plein air

L'Anses a publié, en septembre 2021, un avis et un rapport d'expertise collective sur les dispositifs de protection des parcours de porcins en plein air, pour éviter la transmission de maladies par la faune sauvage. En effet, alors que la peste porcine africaine sévit dans des pays proches, l'élevage en plein air fait craindre une telle contagion, l'avis allant cependant au-delà de cette seule épizootie. Ce type d'élevage concerne 5 à 10 % des exploitations françaises, souvent en lien avec une démarche de qualité. La double clôture réglementaire comporte des coûts d'entretien élevés et les exploitants préfèrent utiliser une clôture plus simple, également prévue par la réglementation, en association à des mesures complémentaires (organisation spatiale de l'élevage, présence d'un chien ou d'un verrat sur le parcours, dispositifs d'effarouchement, immunocastration des femelles). Si l'avis regrette le manque d'études sur le sujet, il constate que ces dispositions complémentaires augmentent l'efficacité d'une clôture simple, mais également la non-observance des mesures de biosécurité.

Source : Anses

Évolutions de l'entrée dans le métier et politiques d'installation agricole

Dans un article publié en août 2021 dans le Journal of Rural Studies, une équipe européenne met en évidence l'influence variable de différents facteurs, selon les stades du processus de renouvellement des générations (à l'échelle d'une exploitation). Quatorze facteurs ont été identifiés, grâce à une revue de littérature et à des entretiens approfondis auprès de 155 chefs d'exploitation de 11 pays, en cours d'installation ou de retrait.

Les auteurs constatent que les aides à l'installation ciblent prioritairement la phase 3 du processus de transmission (figure ci-dessous), une fois la décision d'installation prise. Si les dispositifs peuvent favoriser la consolidation du projet, ils ne contribuent pas à ce qu'un successeur se révèle ni ne se forge une identité de repreneur (savoirs informels, formation, attrait pour l'agriculture, projet professionnel, etc.), étape qui intervient plus tôt dans le processus. Selon eux, il serait donc important d'infléchir les dispositifs actuels pour tenir compte des nouvelles modalités de transmission des exploitations, qui s’éloignent de l'héritage et peuvent concerner des candidats non issus du milieu agricole, n'ayant pas bénéficié d'un partage implicite des savoirs.

Schéma conceptuel du processus de renouvellement des générations en agriculture

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Source : Journal of Rural Studies

Lecture : à gauche, les trois phases du processus de renouvellement générationnel. Les flèches pointillées, grises et en trait plein représentent la formation de l'identité du successeur (SIF), le processus de succession sur l'exploitation (FSP) et le développement de l'exploitation (FD). Les flèches sortantes indiquent que les décisions de sortie ou de non-entrée peuvent intervenir à tout moment.

À droite : quatorze facteurs influençant le processus sont classés en quatre sphères d'influence (SOI).

Source : Journal of Rural Studies

16:45 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : installation, générations, transmission |  Imprimer | | | | |  Facebook

Bien-être animal et attentes des consommateurs de lait au Japon

Le bien-être animal est encore un sujet plutôt émergent au Japon. C'est dire l'intérêt de l'article publié en septembre 2021 dans Ecological Economics, qui traite du niveau d'information et des attentes des consommateurs de produits laitiers en la matière. La filière laitière japonaise a connu un développement récent et rapide, majoritairement orienté vers du lait stérilisé à Ultra-haute température (UHT) standardisé. Il repose sur des exploitations de petite surface, très intensives par vache grâce à l'achat d'aliment concentré, où près de 80 % des animaux n'ont pas accès à des parcours extérieurs. Les auteurs mettent en évidence une méconnaissance de la situation par les consommateurs. Ils révèlent en même temps leurs attentes et leur consentement à payer un surplus (équivalent à 0,15 €/L) pour du lait garantissant un meilleur bien-être animal, qui s'accroît lorsqu'ils sont mieux informés (+ 0,05 €/L supplémentaire). Selon eux, cette méconnaissance des pratiques réelles, considérée comme une asymétrie d'information, représente une défaillance du marché à corriger, car mieux informer les consommateurs permettrait de développer des produits conformes à leurs attentes.

Source : Ecological Economics

13/10/2021

Impacts économiques et environnementaux de la stratégie Farm to fork

Deux chercheurs allemands ont publié récemment une étude simulant les impacts économiques et environnementaux de la stratégie Farm to fork (F2F) de l'Union européenne (UE). Ils estiment une possible chute de la production agricole européenne (ex. - 20 % pour le bœuf), qui s'accompagnerait d'une hausse des prix dans l'UE (ex. + 58 % pour la viande bovine) et hors UE dans une moindre mesure (ex. + 7,4 % pour la viande bovine). Il y aurait également une modification du positionnement de l'Union dans le commerce mondial (ex. passage d'exportatrice nette à importatrice nette de bœuf), une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs (- 70 milliards d'€) et une hausse du revenu des agriculteurs (+ 35 Md€). Par ailleurs, les auteurs obtiennent pour l'UE une réduction de l'usage des fertilisants (51 %) et des pesticides (58 %), une augmentation de 11 millions d'ha des aires protégées et une baisse de 109 MtéqCO2 des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cependant, observant les effets de F2F hors-UE, notamment sur les émissions de GES, ils concluent que cette stratégie impose des restrictions à la production sans répondre globalement aux objectifs du Pacte vert, notamment en termes climatiques.

Volume de production (en prix constants), variation en % par rapport à la référence

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Source : Kiel Universität

Lecture : les barres représentent les variations des volumes de production dues aux différents objectifs de la stratégie F2F pour 2030 (violet pour la réduction de 20 % de l'usage des fertilisants minéraux, orange pour la réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires, vert clair pour la réduction de 50 % des excédents de balance azotée, jaune pour l'atteinte de 25 % de SAU en agriculture biologique, bleu pour l'atteinte de 10 % d'éléments à haute diversité paysagère), et dues à l'ensemble des objectifs de la stratégie F2F combinés (vert foncé).

Sur le sujet des impacts de la stratégie F2F, on pourra se reporter également à un précédent billet.

Source : Kiel Universität

Podcast sur l'investissement dans les start-ups de l'AgTech

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La Ferme Digitale, association regroupant des acteurs de l'innovation et du numérique en agriculture, propose une série de podcasts, intitulée FuturAgri. Chaque épisode est l'occasion d'un échange avec un acteur de l'AgTech française, et donc d'un éclairage sur un secteur proposant des solutions technologiques innovantes agricoles. Le neuvième épisode est consacré à D. Rousseau, président du groupe d’investissement FAMM. Au-delà de la présentation du rôle de l'investisseur dans le financement des projets des jeunes entreprises de l'AgTech, il souligne l'importance des fonctions d'accompagnement et de conseil. Ces entrepreneurs doivent en effet conjuguer l'effervescence associée au développement de l'activité et la stabilisation de l'entreprise par sa structuration (comptabilité, management, infrastructures, etc.). Enfin, D. Rousseau témoigne des conséquences de la crise sanitaire sur la solidité et l'agilité de ces start-ups.

Source : La Ferme Digitale

15/09/2021

Restructuration du foncier agricole au Canada : perception par les agriculteurs et impacts sur les territoires ruraux

Au Canada, la structure des exploitations connaît deux tendances d'évolution : d'une part elles sont de plus en plus grandes et de moins en moins nombreuses ; d'autre part, une proportion croissante des terres agricoles est désormais détenue par des investisseurs institutionnels (fonds de pension et d'investissement), à qui les agriculteurs louent leurs parcelles. Dans le cadre d'une thèse en sociologie publiée récemment, une étudiante de l'université de Regina, M. Davidson, a analysé la façon dont les agriculteurs perçoivent ces tendances. Sa recherche porte sur l'État du Saskatchewan, où sont concentrés 40 % des terres cultivées du pays. Elle combine analyses statistiques et entretiens réalisés avec des exploitants.

La tendance à l'agrandissement, amorcée au début du XXe siècle, s'accélère depuis les années 1990. Elle s'avère plus complexe que le simple accroissement de la superficie moyenne des exploitations : disparition des structures de taille intermédiaire (100 à 1 000 ha) et augmentation de celles de grande et de petite dimensions ; extension par acquisition d'exploitations distantes et non plus adjonction de terres mitoyennes ; etc. Si les agriculteurs en déplorent les conséquences (dépopulation d'espaces ruraux déjà très faiblement peuplés, homogénéisation du paysage, disparition des haies et de la biodiversité associée, etc.), ils sont les premiers responsables de ce phénomène qu'ils considèrent comme inéluctable et nécessaire à la poursuite de leur activité.

L'acquisition de foncier par des investisseurs est une tendance plus récente (années 2000), mais qui connaît une accélération importante. Elle s'inscrit en partie dans le prolongement de la première : pour poursuivre leur agrandissement sans immobiliser trop de capitaux dans l'acquisition du foncier, nombre d'agriculteurs préfèrent désormais louer leurs terres à des investisseurs plutôt que de les acheter. Pour autant, là encore, les agriculteurs interrogés considèrent que cette évolution a des conséquences néfastes : augmentation des prix du foncier, loyers des terres élevés et qui sortent du territoire car versés à des agents économiques extérieurs à celui-ci, etc.

En conclusion, l'auteure considère que si ces deux tendances ont permis le développement de l'activité agricole, cela s'est fait au détriment de la vitalité, de la qualité de vie et de l'environnement des territoires concernés, si bien que ceux-ci tendent aujourd'hui à être réduits à leur fonction productive.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : université de Regina

« Cultiver l’emploi », un dossier consacré à la PAC

La revue Projet consacre un dossier à la réforme de la Politique agricole commune (PAC), abordée sous l'angle de l’emploi. De nombreux experts contribuent à ce numéro, constatant que ce sujet est un absent majeur de la PAC depuis son origine. Parmi ces contributeurs, Jean-Marie Séronie rappelle combien les objectifs européens ont évolué depuis les années 1960, laissant toutefois la question de l’emploi dans un « angle mort ». Gilles Bazin explique comment ces choix européens et nationaux ont favorisé l’agrandissement des exploitations au détriment du renouvellement des agriculteurs. Partant de ce constat qui touche tous les pays d’Europe, Cécile Détang-Dessendre et Laurent Piet s’interrogent sur une conditionnalité sociale des aides, alors que Dacian Ciolos, ancien commissaire à l'Agriculture et au Développement rural, appelle de ses vœux une PAC rebâtie sur des critères d’utilité sociale et environnementale.

Source : Revue Projet

12/07/2021

Contribution des indications géographiques au maintien de l’activité agricole : une évaluation à partir d'une expérience naturelle

Parce qu’elles permettent aux agriculteurs de mieux valoriser leurs productions, les Indications géographiques (IG) sont un outil de maintien de l’agriculture dans les zones concernées. Dans un article publié dans la revue Food Policy, des chercheurs japonais ont voulu vérifier cette hypothèse. Pour cela, ils ont évalué l’impact de l’IG « Riz d’Uonoma » sur l’évolution du nombre d’exploitations et de la surface agricole utile (SAU) dans la zone d’appellation.

Pour isoler l’effet propre de l’IG, les chercheurs ont comparé la dynamique des variables étudiées (nombre d’exploitations et SAU) dans deux communes mitoyennes, l’une étant entrée dans le périmètre de l’IG en 2005 à la suite d'une réorganisation administrative (fusion avec une commune faisant partie du territoire de l'IG), l’autre ayant toujours été en dehors de celui-ci. Cette situation d’expérimentation naturelle a permis d’effectuer des comparaisons toutes choses égales par ailleurs, en contrôlant les facteurs dits « confondants » car susceptibles d’influer eux aussi sur les variables observées (conditions pédo-climatiques et historiques par exemple).

L’analyse en double différence montre que depuis 2005, le nombre d’exploitations et la SAU diminuent significativement moins vite dans la commune faisant partie du territoire de l’IG. Ceci démontre un effet propre positif de l’IG sur ces variables.

Évolution de la SAU et du nombre d’exploitations dans les deux municipalités

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Source : Food Policy

Pour les auteurs, cette moindre diminution s’explique surtout par le fait que, dans le territoire de l’IG, les agriculteurs restent en activité plus longtemps, y compris alors qu’ils pourraient partir en retraite, du fait de la meilleure valorisation économique de leur production. En revanche, aucun effet significatif sur l’installation de nouveaux exploitants n’a pu être mis en évidence. Il en résulte un vieillissement de la population agricole, qui pourrait à plus long terme compromettre le maintien de l’agriculture dans la zone d’appellation.

Au-delà de ces éléments relatifs aux IG, l’intérêt de ce travail tient notamment à la méthode employée, qui pourrait être utilisée pour l’évaluation d’autres dispositifs publics.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Food Policy

09/07/2021

Simulation de scénarios pour la prochaine PAC et de leurs effets sur les revenus des exploitations agricoles françaises

Une équipe de chercheurs d'INRAE a simulé différents scénarios d'évolution de la Politique agricole commune (PAC), à l'échelle des exploitations, pour analyser les effets directs des changements de la PAC sur les revenus courants avant impôt (RCAI) des structures agricoles françaises. Ce travail, publié dans un working paper très détaillé, vise à alimenter les réflexions et négociations en cours, en proposant une première quantification de plusieurs options portées par le débat public. Le rapport revient, à partir des données du Réseau d'information comptable agricole (Rica), pour la dernière décennie, sur la sensibilité des revenus aux aides de la PAC selon la taille et l'orientation technico-économique (OTEX, voir figure) des exploitations. Il développe ensuite des micro-simulations sur des options redistributives, allant d'une convergence interne intégrale des droits à paiements à une aide spécifique aux petites exploitations. Des options environnementales sont également étudiées : renforcement des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et du soutien à l'agriculture biologique ; mise en place d’un éco-régime redirigeant 25 % du premier pilier vers le soutien aux prairies permanentes et à la réduction des produits phytosanitaires.

Poids des différentes catégories d’aides directes dans les exploitations agricoles françaises, par OTEX en 2019 (en %)

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Source : INRAE

Lecture : codes des OTEX (abscisses) : 1 500 : céréales et oléo-protéagineux ; 1 600 : grandes cultures ; 3 500 : viticulture ; 4 500 : bovins-lait ; 4 600 : bovins-viande ; 4 700 : mixte bovins-lait/bovins-viande ; 4 813 : ovins-caprins ; 6 184 : polyculture et polyélevage ; total : ensemble des exploitations agricoles (y compris les OTEX non représentées dans la figure).

L'impact direct de chaque scénario sur le RCAI des exploitations est détaillé selon leur taille et leur OTEX, proposant une première quantification des enjeux, à structures de productions et de prix constantes (toutes choses égales par ailleurs). Ainsi, l'achèvement de la convergence interne du paiement de base par hectare, déjà bien avancée, aboutirait à un montant unifié de l'aide à 114 €/ha pour toutes les exploitations. Ceci induirait une redistribution favorable aux exploitations de bovins-viande (+13 % de RCAI) et d’ovins-caprins (+7 %), et quasi-neutre pour les exploitations spécialisées en bovins-lait. Les exploitations céréalières seraient, en moyenne, impactées négativement (-6 %). Parmi les nombreux points mis en évidence, on note aussi que l'incitation financière à contractualiser des MAEC est d'autant plus importante que l'enveloppe budgétaire qui leur est réservée fait l'objet d'un prélèvement important sur l'enveloppe du premier pilier.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : INRAE – Working Paper SMART-LERECO

06/07/2021

Cartographie d'un vignoble pour optimiser l'installation d'un réseau de capteurs

L'International Viticulture and Enology Society (IVES) publie dans sa revue OENO One une étude évaluant la qualité de réception des réseaux de capteurs (via le protocole LoRA) dans les conditions réelles d'une exploitation viticole. Les informations enregistrées (température, humidité, croissance des plantes, etc.) sont à la base de la mise en place d'une agriculture de précision aidant le viticulteur à programmer et à moduler ses interventions. Cette étude présente une méthode, basée sur une cartographie de l'exploitation, pour visualiser la qualité du signal et déterminer l'emplacement idéal de la « passerelle » qui sert d'interface, assurant la connectivité des capteurs au réseau. Plusieurs contraintes sont également à prendre en compte dans le choix de cet emplacement : l'accessibilité, la proximité d'un réseau électrique, les conditions de sécurité, la topographie, les perturbations causées par d'autres réseaux Wi-Fi ou par les signaux électromagnétiques d'autres équipements, etc.

Qualité de la réception du signal dans les différentes zones de l'exploitation

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Source : OENO One

Lecture : la qualité de la réception du signal est représentée par le gradient de couleur (le rouge correspondant à la meilleure qualité). Entourées en violet, les parties en open field ; en bleu, les zones partiellement ouvertes ; en orange, les zones fermées ; en vert, les principaux bâtiments ; en rouge, la cave. Le point bleu indique l'emplacement de l'antenne passerelle.

Source : OENO One

19:32 Publié dans Exploitations agricoles, Filières agricoles, IAA | Lien permanent | Tags : capteurs, viticulture, agriculture de précision |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/07/2021

La situation économique et financière des coopératives polyvalentes en 2019/2020 : des difficultés antérieures à la crise de la Covid-19

En mai 2021, l’Observatoire financier des entreprises agroalimentaires du Crédit Agricole consacre son analyse aux coopératives polyvalentes. Exerçant dans de multiples filières, ces entreprises génèrent 40 % de leur chiffre d’affaires « à l’amont » (collecte et commercialisation des productions agricoles, fourniture de produits et de services) et 60 % « à l’aval » (transformation puis commercialisation de produits transformés). La diversité des situations des structures étudiées est grande et dépend de leur taille et secteur d’activité. En 2019/2020, le chiffre d’affaires des entreprises de l’échantillon est de 22,3 milliards d’euros. Leur rentabilité se stabilise, mais elle est inférieure à celle des coopératives spécialisées. Leur résultat net est très dégradé et leurs investissements sont insuffisants et moindres que ceux de l’ensemble du secteur agroalimentaire (3 % du chiffre d’affaires contre 5 %). Pour les auteurs, cela pourrait entraîner à terme des rapprochements ou des fusions. Le Crédit Agricole publie régulièrement des analyses économiques et financières : le numéro de juin 2021 est ainsi dédié aux métiers des grains (meunerie, boulangerie-viennoiserie-pâtisserie, etc.).

Source : Observatoire financier des entreprises agroalimentaires, Crédit Agricole S.A.

15/06/2021

Jean-Marc Moriceau, La mémoire des paysans. Chroniques de la France des campagnes. 1653-1788, Paris, Tallandier, 2020, 736 pages

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En avril dernier, de fortes gelées ont touché les cultures de nombreuses régions, entraînant d'importants dégâts et suscitant moultes discussions sur les aléas météorologiques et les manières de s'en protéger. Malgré l'étonnement de certains médias, ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il gelait tardivement en France. Les « méchancetés » de la nature ont toujours existé et, en la matière, célébrer l'inédit peut être le signe d'un manque de mémoire. Voici un enseignement, parmi d'autres, qu'on tirera de la lecture de ce livre passionnant, qui compile un siècle et demi (1653-1788) de témoignages sur la vie des paysans : journaux familiaux, registres de curés ou notaires, écrits techniques et agronomiques, livres de comptes, inventaires, chroniques diverses.

Quelques grands thèmes dominent cette masse documentaire. Le premier, hégémonique, concerne les épreuves climatiques : ordre des saisons, « dérangements du temps », sécheresses, incendies, et plus souvent encore excès d'humidité, inondations, printemps et étés pourris, gros ou longs hivers, avec tous leurs effets sur les récoltes de grains, fourrages et raisins. Le deuxième thème touche à la possession et à l'entretien des animaux, depuis les soins, le commerce et le renouvellement des cheptels, jusqu'aux maladies et épizooties. Les archives campagnardes attestent aussi de l'acuité de la « question alimentaire », vue sous l'angle des stocks et des circuits d'approvisionnements, des prix et des fraudes, des grandes famines. Ces repères mémoriels permettent également de percevoir les principales évolutions de l'activité agricole : techniques de culture, rapports à la nature, nouveaux régimes de propriété et de concentration des exploitations, expansion de l'agriculture commerciale. Enfin, plus généralement, la vie rurale transparaît bien au fil des pages, qu'elles aient trait aux impôts, aux inégalités sociales, à la famille ou à la religion, à la diffusion des biens de consommation ou aux attaques de loups.

Cette mémoire paysanne insiste donc surtout sur les malheurs du temps. Elle nous montre les masses silencieuses dans leur diversité, dans leurs variations régionales aussi, puisqu'on perçoit nettement les écarts de développement entre provinces. Faire remonter ainsi les témoignages villageois permet de voir le travail agricole au quotidien, dans son espace géographique et social. Et contrairement aux préjugés sur l'immobilité du rural, les 1 400 moments de vie offerts et commentés par Moriceau confirment que cette France aussi n'a jamais cessé de changer et d'innover.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Tallandier

16:22 Publié dans Agriculteurs, Environnement, Exploitations agricoles, Territoires | Lien permanent | Tags : mémoire, paysans, nature, histoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/06/2021

Typologie des exploitations agricoles dans le monde : des disparités géographiques marquées

Afin de suivre l'évolution de l'agriculture dans le monde, un article de World Development propose une analyse des derniers recensements agricoles disponibles à partir des déclarations de 179 pays. Les auteurs rappellent que ceux-ci ne sont pas tenus de suivre les recommandations de l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour collecter les données, ce qui peut entraîner des biais dans les résultats (ex. recensement des fermes familiales uniquement et non de toutes les exploitations comme préconisé par la FAO).

608 millions d'exploitations agricoles sont recensés dans le monde. 84 % d'entre elles font moins de 2 ha et assurent 35 % de la production en valeur. Ces petites fermes ne doivent pas être confondues avec les exploitations familiales, qui représentent 90 % des structures et 80 % de la production. Pour les auteurs, l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) passera par un ciblage adéquat des politiques en fonction des types d'exploitations.

Part de la valeur produite par les petites exploitations (moins de 2 ha), en fonction du revenu des pays et de leur localisation géographique

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Source : World Development

Lecture : dans l'ordre, tous pays et régions, pays à faible revenu, pays à revenu moyen inférieur (incluant l'Inde et le Nigeria), pays à revenu moyen supérieur (Brésil et Chine inclus), pays à haut revenu ; Asie de l'Est et Pacifique (hors Chine), Chine, Europe et Asie centrale, Amérique latine et Caraïbes (Brésil exclu), Brésil, Moyen-Orient et Afrique du Nord, Asie du Sud (Inde exclue), Inde, Afrique subsaharienne (Nigeria exclu), Nigeria.

Source : World Development