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14/04/2016

Plusieurs réseaux européens en ordre de marche pour transformer la PAC post-2020

Alors que la présidence néerlandaise de l'UE a prévu de consacrer le Conseil agriculture informel de mai à la future réforme de la Politique Agricole Commune, plusieurs réseaux européens récemment constitués commencent à travailler à des propositions de refondation de la PAC.

Un réseau européen d'experts scientifiques a ainsi interpellé le Président de la Commission dans une lettre datée du 4 avril, l’appelant à formuler une politique alimentaire européenne. Pour les membres de l'International Panel of Experts on Sustainable Food Systems (IPES-Food), une telle politique constituerait la meilleure manière de relever les défis des maladies liées à l'alimentation, du faible pouvoir de négociation des agriculteurs au sein de la chaîne alimentaire, et des dégradations environnementales. Elle devrait avoir comme priorité la mise en cohérence des enjeux d'environnement, de santé, de commerce et de développement, qui aujourd'hui font, selon les auteurs, l'objet de politiques européennes distinctes et cloisonnées. Ce réseau entend d'ici à 2018 conduire un processus de concertation avec des institutions et divers groupes de la société civile, afin de converger vers une vision commune d'une politique alimentaire souhaitable.

En parallèle, un réseau de 109 associations et ONG environnementales, sociales et de la santé, ont également adressé un courrier à M. Juncker lui demandant de réaliser une véritable évaluation de la PAC. Selon les signataires, la politique actuelle ne parvient pas à remédier à un état de crise constant chez les agriculteurs, aux dégradations continues des ressources naturelles, aux atteintes au bien-être animal, aux externalités négatives en matière de santé publique et aux impacts sociaux et environnementaux négatifs hors de l'UE. Cette évaluation devrait répondre aux questions sur l'efficacité et l'efficience de la PAC, sur sa cohérence avec d'autres politiques européennes, sur sa pertinence actuelle et sa valeur ajoutée européenne.

De telles initiatives, bien que fondées sur des approches différentes, prennent appui sur de larges pans de la société civile pour concevoir un projet de refondation de la PAC. En cela, elles pourraient constituer des laboratoires d'idées susceptibles de marquer l'agenda des futures réformes.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Sources : IPES-Food, European Environmental Bureau

10:54 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : pac, ipes-food, eeb |  Imprimer | | | | |  Facebook

Selon l’USDA, la concentration dans les marchés agricoles américains ne porte pas forcément préjudice aux producteurs

L’USDA a publié récemment un document explorant les conséquences théoriques et empiriques de la concentration des marchés agricoles américains. Les chiffres disponibles témoignent que différents niveaux (production, transformation, commerce) sont concernés, avec à des degrés divers une baisse du nombre d’acteurs d’importance. La part des quatre principales entreprises réalisant l’abattage des bovins engraissés est passée de 36% à 85% en trente ans et celle des vingt principaux distributeurs de 40% à 63% en vingt ans. Cette concentration résulte à la fois d’une diminution du nombre d’opérateurs mais aussi d’une segmentation accrue des marchés (plus étroits) pour répondre à une multiplication de demandes différenciées (bio, labels). Elle s’est accompagnée d’une évolution des modes de transaction et de fixation des prix : les marchés au comptant cèdent progressivement la place à l’intégration verticale et, surtout, à la contractualisation.

Commercialisation dans le secteur bovin : baisse des modalités de livraison au comptant (negociated cash et negociated grid) et progression des contrats (formula et forward contract)

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Source : USDA

En dépit des nombreuses craintes suscitées par un pouvoir de marché accru des transformateurs, la littérature disponible ne permet pas de conclure à une baisse du prix payé aux producteurs. Premièrement, les transformateurs utilisent la contractualisation avant tout pour sécuriser leur approvisionnement sur le moyen-long terme et n’ont donc pas intérêt à asphyxier leurs fournisseurs. Ensuite, la concentration permettrait des économies d’échelle sur les coûts, donc un meilleur résultat pour l’ensemble de la chaîne (y compris pour le producteur même si c’est le transformateur qui en bénéficiera le plus). Enfin, la contractualisation permet un meilleur partage du risque et un ajustement plus fin de la production à la demande.

Pour autant, la concentration accrue des marchés et ces nouveaux modes de transactions ne sont pas sans risques pour les producteurs (éviction des plus petits, dépendance à un seul débouché risqué, etc.), du point de vue des prix (volatilité, risque de manipulation de cours), mais aussi pour les pouvoirs publics. En effet, l’étroitesse des marchés et la multiplication des contrats rendent difficile le suivi des prix et nuisent à l’efficacité de certaines mesures de soutien (marketing assistance loan), comme à l'efficacité de la politique assurancielle américaine (asymétrie d’information, difficile mutualisation des risques). Toutefois, l’USDA ne recommande pas de lutter contre la contractualisation ou l’intégration, mais promeut plutôt la standardisation de certains éléments des contrats (contrats types) et l’amélioration de la collecte d’information sur les prix et les quantités.

Pierre Claquin, Centre d'études et de prospective

Source : USDA

10:52 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : usad, marchés agricoles, concentration |  Imprimer | | | | |  Facebook

La grande distribution, VRP du made in France... sous marque distributeur

La lettre du CEPII n°363 (mars 2016) présente les résultats d'un programme de recherche consacré à l'analyse des impacts de l'internationalisation de la grande distribution sur le commerce, montrant en quoi les grandes enseignes, notamment françaises, sont des atouts essentiels pour l'exportation des produits agro-alimentaires, en particulier pour leurs fournisseurs nationaux. Les résultats de trois études économétriques sont ainsi proposés.

Basée sur les données d'échanges bilatéraux entre différents pays entre 2001 et 2010, et les données de ventes des principales enseignes internationales (dont trois françaises), la première étude montre que l'internationalisation des grandes enseignes a un effet positif sur les exportations alimentaires des pays d'origine de ces enseignes. La deuxième étude confirme ces résultats en s'appuyant sur les données détaillées des importations de différentes grandes villes chinoises. Les auteurs avancent que ce résultat serait principalement dû aux produits, en grande partie sous marques de distributeurs, des enseignes françaises et britanniques.

Il ressort de la troisième étude que, en France, les fournisseurs nationaux des grandes enseignes sont les bénéficiaires principaux des externalités positives de l’internationalisation de ces enseignes. Les données de certification IFS ont permis aux auteurs d'identifier les fournisseurs de la grande distribution française. D'après leurs estimations, cette certification conduit à une augmentation de 15 % des exportations des entreprises dans les pays où sont implantées les enseignes françaises. A l'inverse, le retrait de la grande distribution d'un pays entraîne la diminution des ventes de ces mêmes entreprises dans ce pays. Le référencement national des entreprises leur permet de limiter les coûts de transaction à l’international et de bénéficier de la promotion des produits de leur pays d'origine faite par les grandes enseignes. De par la certification, les entreprises disposent d'un effet de réseau favorisant leurs exportations, sans pouvoir pour autant préjuger de la rentabilité de cet effet au regard des coûts de certification.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : CEPII

10:50 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : cepii, grande distribution, mdd |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/04/2016

Parution du Guide OCDE-FAO pour des filières agricoles responsables

L’OCDE et la FAO viennent de publier un guide pour aider les entreprises à respecter les standards internationaux de conduite responsable dans les filières agricoles. Il résulte des travaux d'un Groupe consultatif multi-acteurs : pays membres et non-membres de l’OCDE, investisseurs institutionnels, entreprises du secteur agroalimentaire, organisations paysannes ou de la société civile. Cette publication a également bénéficié des conclusions du Forum mondial sur la conduite responsable des entreprises qui s’est tenu en 2014 et en 2015.

Portant sur le « modèle de politique d'entreprise », le premier volet présente le contenu des standards existants pour des filières agricoles responsables. Certains de ces standards, en matière de droits de l’homme, de droits du travail et de sécurité alimentaire, ont déjà été intégrés dans la législation de nombreux pays. Les autres standards portent sur la santé et la sécurité sanitaire, les droits fonciers et l’accès aux ressources naturelles, le bien-être animal, la protection de l’environnement, la gouvernance, la technologie et l’innovation.

Une seconde partie identifie cinq étapes pour l’exercice d’une production responsable et durable au sein des filières agricoles : 1) établir des systèmes de gestion performants ; 2) identifier, évaluer et hiérarchiser les risques ; 3) concevoir et mettre en œuvre une stratégie de gestion de risques ; 4) vérifier le processus de mise en œuvre d’une production responsable ; 5) publier un rapport sur cette mise en œuvre. Une troisième partie décrit les risques et des mesures d’atténuation. Par exemple, le partage d’informations et la conduite de consultations peuvent réduire les coûts de transaction et diminuer le risque d’opposition à un projet donné. Autre exemple, les mécanismes de réclamation permettent aux entreprises de se doter d'un système d’alerte rapide.

Le dernier volet présente les orientations concernant l’implication des peuples autochtones. Certains standards internationaux se réfèrent ainsi à un engagement des États à mener des consultations afin d’obtenir le « consentement préalable donné librement et en connaissance de cause » des populations locales avant l’approbation de tout projet ayant des impacts sur leurs terres ou d'autres ressources. Ajoutons enfin qu'il serait pertinent d’évaluer l’appropriation et l’application de ce guide volontaire par les entreprises d'amont et d'aval des filières agricoles dans différents pays.

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Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : OCDE

10:48 Publié dans Filières agricoles, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : ocde, fao, filières responsables |  Imprimer | | | | |  Facebook

Publication du premier numéro de Regards sur le foncier, sur quatre pays d’Asie du Sud-Est

Le comité technique « Foncier et développement » lance une collection, Regards sur le foncier, pour valoriser les contributions des journées de réflexion des membres du Comité et de son réseau. Mis en ligne récemment, le premier numéro couvre quatre pays d’Asie du Sud-Est – Birmanie, Cambodge, Laos, Viêt-Nam –, qui ont dû faire face ces dernières années à des conflits fonciers, poussant les gouvernements à engager des mesures pour apaiser les tensions avec la population. Cette parution fait suite à une série de rapports publiés en fin d’année 2015 (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), chacun traitant de façon distincte ces pays. L'intérêt de cette nouvelle publication est d'adopter une approche comparative, en notant les points communs et les dissemblances entre ces quatre pays, le tout avec une mise en perspective historique.

Dans une première partie, les auteurs décrivent la diversité des groupes ethniques présents dans ces pays et leur rapport au foncier, qui est tout aussi divers. La seconde partie revient sur la colonisation puis sur la phase de collectivisation des terres pendant le socialisme et elle s’achève sur les étapes des réformes foncières depuis la fin des années 1980. La troisième partie aborde les défis actuels et se focalise sur trois d’entre eux : les droits oubliés des « paysans de la forêt », les concessions agroforestières ou agro-industrielles de grande dimension et les conflits fonciers.

Les auteurs soulignent que l’un des enjeux pour la coopération internationale est la prise en compte de la diversité locale du foncier : ils préconisent ainsi de ne pas proposer de modèles de réforme foncière ne reconnaissant pas cette pluralité. Parallèlement, ils s’interrogent sur le modèle de développement induit par les concessions agro-industrielles, promu par certaines institutions internationales, mais qui prend peu en compte le fonctionnement des États concernés : cela aboutit souvent à des résultats inverses à ceux attendus.

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Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : Comité technique « foncier et développement »

10:46 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : foncier, asie du sud-est |  Imprimer | | | | |  Facebook

Transmettre son exploitation, un passage de témoin pas si simple

En agriculture, l'acte de transmission de l'exploitation dépasse largement l'enjeu de la cession d'un appareil de production. Les difficultés rencontrées tant par les cédants que par les repreneurs restent toutefois difficiles à cerner et surtout à catégoriser.

C'est ce qu'ont tenté de faire R. Gaté et L. Latruffe, en menant des enquêtes auprès de 15 agriculteurs récemment installés et de 25 exploitants ayant exprimé leur intention de prendre leur retraite dans les années suivantes, en Bretagne. Le numéro de janvier-février d’Économie rurale publie les résultats de ce travail. De fait, si la revue de littérature permet d'identifier des difficultés d'ordres foncier, économique, financier et administratif, on constate que celles perçues par les cédants ou repreneurs sont plus diffuses et complexes à appréhender, beaucoup d'enquêtés ne se retrouvant pas dans la liste de difficultés proposée.

Malgré la faible taille de l'échantillon et les biais liés à la sélection des participants (proposés par les organismes territoriaux impliqués dans la transmission agricole et volontaires pour participer), les enseignements tirés de l'étude ont le mérite d'ouvrir le débat. Il apparaît que la difficulté majeure, pour un exploitant sans repreneur familial, est de trouver le candidat à la reprise. En revanche, tant les repreneurs que les cédants s'accordent à désigner les aspects administratifs comme principaux obstacles au processus de transmission.

Le foncier est également une préoccupation forte qui dépasse la seule question de son coût : soit parce que le cédant souhaite conserver une partie de ses droits de propriété, accroissant de fait la part en fermage de l'exploitation pour son repreneur, soit parce que la propriété foncière de l'exploitation est déjà morcelée et nécessite plusieurs négociations afin d'obtenir un transfert du bail. C'est d'ailleurs l'un des critères de recherche pour les candidats à la reprise qui apparaît mal dans les échanges avec ces agriculteurs nouvellement installés.

Il ressort ainsi de l'enquête l'importance de sensibiliser les agriculteurs à la préparation de la transmission de leur exploitation, afin de tenir compte des délais inhérents à la mise en place d'un projet d'installation, mais également pour réfléchir sereinement à ses modalités.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Économie rurale

10:45 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : transmission, bretagne |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une étude sur de nombreux coûts cachés associés à l’usage des pesticides

Deux chercheurs de l’Inra ont récemment publié dans Sustainable agriculture review, une étude portant sur l’ensemble des coûts associés à l’usage de pesticides. Au-delà de bénéfices reconnus, comme de hauts rendements ou une protection sanitaire élevée, cet usage comporte aussi de nombreux coûts, bien supérieurs à la seule valeur économique des produits utilisés. Selon les auteurs, l’évaluation de l’ensemble de ces coûts « externes » et cachés est donc nécessaire, pour estimer leurs bénéfices nets.

En s’appuyant sur 61 articles scientifiques, quatre grands types de coûts ont été identifiés :

- réglementaires : coûts de contrôle des produits, de suivi de la qualité de l’eau, etc. ;

- en matière de santé publique : coûts d’exposition directe et indirecte, ponctuelle ou de long terme ;

- les effets sur l’environnement : dommages aux animaux, plantes et micro-organismes, résistances des ravageurs aux pesticides ;

- les dépenses dites « défensives » : effectuées pour se protéger des effets néfastes des pesticides ; elles vont de l’achat de gants de protection, à celui d’eau minérale ou de produits issus de l’agriculture biologique.

Derrière ces quatre catégories, se cache une très grande hétérogénéité des travaux réalisés, autant par le champ étudié que par la zone géographique concernée, les méthodes employées, la date de réalisation etc. Autant d’éléments qui rendent très difficile l’agrégation des valeurs recensées pour, in fine, réaliser une évaluation coûts-bénéfices de l’usage des pesticides. Cette difficulté est inhérente aux travaux de méta-évaluation économique, qui plus est lorsqu’il s’agit de coûts « cachés », non directement exprimés dans un prix de marché par exemple. Les auteurs ont néanmoins proposé une telle évaluation pour les États-Unis.

Toutefois, la rigueur et l’exhaustivité nécessaires à un tel travail présentent l'intérêt de mettre en lumière l’ensemble des effets de l’usage des pesticides, dont certains sont très peu étudiés. Il en est ainsi, par exemple, de l’effet sur la santé de l’exposition chronique de long terme à de faibles doses de pesticides, qui, selon les auteurs, nécessiterait des travaux à brève échéance.

Clément Villien, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainable agriculture review

10:43 Publié dans Environnement, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : pesticides |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/04/2016

Le transfert de propriété des forêts aux communautés, levier pour une gestion forestière durable

Aujourd'hui, les forêts mondiales gérées, à différents degrés, par des communautés, représentent un cinquième de la surface forestière totale. Le rapport publié cette année par la FAO, Forty years of community-based forestry. A review of its extent and effectiveness, analyse les initiatives qui se sont développées depuis 1978, date à laquelle l'organisme a pour la première fois défini le concept de « foresterie communautaire ». Il formule également des préconisations en vue de garantir ou améliorer l'efficacité de cette foresterie communautaire en termes de gestion durable forestière comme de développement économique pour les familles qui en dépendent.

Le rapport s'est focalisé sur la foresterie communautaire « institutionnelle », laissant de côté les initiatives plus ou moins informelles dont la pérennité est difficile à établir en l'absence d'intégration dans les dispositifs réglementaires. Il fait l'inventaire des différentes formes, s'intéressant aussi bien aux situations en lien avec des peuples indigènes qu'à celles rencontrées dans les sociétés occidentales.

Face à la diversité des cas observés, allant d'une simple gestion collective de la préservation du patrimoine forestier jusqu'à des dispositifs de regroupement de la gestion des petites propriétés forestières, le rapport propose une typologie permettant de caractériser le type de foresterie communautaire en fonction du degré de délégation aux communautés.

Typologie des situations de foresterie communautaire observées

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Source : FAO

Au-delà de cet inventaire, la FAO a cherché à évaluer l'efficacité de ces dispositifs en termes environnemental, économique et social. Un constat s'impose : les données pour analyser la durabilité de la gestion forestière et son impact sur le bien-être des populations ne sont pas toujours disponibles.

Néanmoins, si les bénéfices tirés de l'implication des communautés d'habitants dans la gestion des forêts sont nets, ils restent en deçà des attentes, notamment celles formulées par les gouvernements. Le rapport identifie plusieurs handicaps qui réduisent l'efficacité du transfert de la gestion forestière aux communautés et il liste les conditions nécessaires pour rendre cette gestion plus efficace, invitant les gouvernements à faire évoluer leurs législations et leurs pratiques.

Enfin, à l'occasion de la Semaine de la foresterie en Asie-Pacifique, signalons l'interview de D. Reeb, chef de l'équipe de la foresterie sociale (FAO), qui donne un éclairage complémentaire sur le rapport.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : FAO

10:40 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : fao, forêt, communautés |  Imprimer | | | | |  Facebook

À l’horizon 2035, les capacités de la forêt française permettraient une hausse significative de la récolte, tout en restant dans le cadre d’une gestion durable et réaliste

Se basant sur des données de l’inventaire forestier national (IFN) consolidées sur la période 2009 à 2013, et sur les mesures directes des prélèvements de bois en forêt greffées sur ce même dispositif, l’Institut National de l’information Géographique et forestière (IGN) et l'Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FCBA) ont publié récemment une prospective, à l’horizon 2035, des disponibilités nationales forestières pour l’énergie et les matériaux.

Deux scénarios de gestion forestière ont été élaborés :

- « sylviculture constante » : maintien des pratiques actuelles de gestion pendant les 20 prochaines années ;

- « gestion dynamique progressive » : intensification de la gestion forestière calquée sur les pratiques actuelles les plus dynamiques déterminées grâce aux observations de l’IGN.

Ils ont été confrontés à trois scénarios portant sur la demande :

- « marché atone » : poursuite de la faible activité économique actuelle ;

- « énergie et bois industrie » : le contexte économique reste mauvais mais le marché est tiré par une volonté politique de développer les énergies renouvelables ;

- « filière dynamique » : le contexte économique est porteur, dynamisant non seulement la demande en bois industrie, mais aussi celle en bois énergie, par une politique volontariste en faveur des énergies renouvelables.

Disponibilités et demande en bois selon les différents scénarios

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Source : IGN et FCBA

Pour les feuillus, les évolutions projetées de la récolte pourraient satisfaire une augmentation de la demande en bois d’œuvre et surtout en bois pour l’industrie et l’énergie. Par contre, l’offre en bois d’œuvre résineux resterait déficitaire, quel que soit le scénario retenu. L’étude montre aussi que dans les scénarios les plus ambitieux, l’équilibre ne pourrait être atteint que par un basculement des usages des bois d’œuvre en faveur des feuillus, en lien avec une bonne adéquation des outils industriels et des dispositifs réglementaires. Ceci serait couplé à une remontée progressive de la proportion des résineux dans la ressource française avec, en corollaire, une augmentation significative de la récolte des gros bois résineux. Enfin, une valorisation temporaire en bois d’industrie ou énergie d’une partie du bois d’œuvre de moins bonne qualité et une amélioration ou modification des techniques de récolte seraient nécessaires.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Ademe

10:36 Publié dans 1. Prospective, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : ifn, forêt-bois |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/04/2016

L'impression 3-D alimentaire : état des lieux et perspectives

Plusieurs revues ont récemment dressé un état des lieux de l'impression 3-D alimentaire. À partir du dessin en deux dimensions d'un objet, un dispositif comparable aux imprimantes à jet, piloté par un ordinateur, ajoute couche sur couche du matériau alimentaire, différents procédés permettant d'aboutir à une construction solide en trois dimensions.

Dans le Journal of Food Engineering, des chercheurs australiens classent ces techniques en fonction des matériaux utilisés :

- liquides (pâtes, fromage fondu, etc.), avec processus d'extrusion : les nutriments et matériaux de construction, placés dans des douilles, sont « imprimés » par un système de piston ;

- poudres (sucre, cacao, etc.), avec des solutions utilisant notamment la chaleur (d'un laser dans le procédé SLS, selective laser sintering), pour fusionner des zones précises des couches de poudre ;

- cellules vivantes, avec le bio-printing, procédé développé à l’origine pour l’ingénierie tissulaire.

Dans un autre état des lieux, des scientifiques américains soulignent que la fabrication additive est « un champ naissant, à la recherche de son utilité ». Enfin, des chercheurs de Singapour confirment que « les applications sont encore primitives, avec des structures internes simples ou des textures monotones ».

Les trois articles convergent cependant sur l'intérêt de ces nouvelles techniques en matière de personnalisation et de production en petites séries, à la demande – une justification classique du recours à l'impression 3-D. Ils évoquent également les impacts possibles de ces innovations, qui cherchent à concentrer la production en une seule étape, sur l'organisation des filières. Mais les défis techniques, notamment le débit des imprimantes (30 minutes pour imprimer un cookie) et l’étape de la cuisson (une différence avec l’impression 3-D industrielle, qui livre des produits finis), restent nombreux avant que cette innovation ne prenne place dans l'alimentation de tous les jours.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Journal of Food Engineering, Trends in Food Science & Technology, Procedia Manufacturing

10:33 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : impression 3d |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un projet pilote européen pour tester les big data agricoles grandeur nature

Le 12 avril 2016 marque la fin de l'appel communautaire pour le lancement de plusieurs « Projets pilotes à grandes échelles » dans le domaine des objets connectés. L'axe « agriculture intelligente et sécurité alimentaire » est particulièrement intéressant car il propose de mettre les objets connectés et les données au cœur du système agro-alimentaire. Ces projets pilotes de grande échelle incluraient plusieurs expérimentations dans une variété d'entreprises et dans différents pays européens, ceci afin de représenter les divers systèmes et filières de production agricole.

L'utilisation d'objets connectés tout au long de la chaîne est vue comme une façon de diminuer les volumes d'intrants utilisés, de limiter le gaspillage alimentaire et d'améliorer la transparence vis-à-vis du consommateur.

Ce projet se base sur les réflexions du groupe de travail « Agriculture intelligente et sécurité alimentaire » de la nouvelle Alliance Pour l'Innovation dans les Objets Connectés (AIOTI), créée en mai 2015 sous l'impulsion européenne de la Direction Générale des Réseaux de communication, contenu et technologies (DG CNECT). Ce groupe a publié en décembre 2015 le rapport Agriculture intelligente et sécurité alimentaire, application aux objets connectés, qui détaille les contours possibles d'un projet pilote dans ce domaine.

Les points clés, une fois le caractère « divers, complexe, volatile et sous surveillance citoyenne » de l’agriculture bien présenté, sont de concevoir dès le départ des modèles économiques viables pour les acteurs impliqués, une architecture robuste pour le système de gestion des données et une gouvernance adéquate. Sur ce dernier point, le rapport insiste sur l'implication nécessaire des offreurs de services (fournisseurs d'objets et des services de gestion des données associés, fournisseurs de services de conseils exploitant ces données) et des demandeurs (exploitations agricoles, transformateurs agro-alimentaires, distributeurs). L'accent est également mis sur l'intérêt de prendre en compte les différents niveaux de « maturité digitale » des acteurs.

Gaétane Potard-Hay, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne

 

10:30 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : big data |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le système alimentaire de l'aire métropolitaine lyonnaise

Sortie récemment, la huitième publication de l'Observatoire des espaces agricoles et naturels est consacrée à l'analyse du système alimentaire de l'aire métropolitaine lyonnaise. Assorti d'une cinquantaine de cartes et schémas, ce document a pour objectif d'approfondir la connaissance des différents maillons de ce système et, sans se vouloir exhaustif, d'« en décrypter la complexité en identifiant ses composantes, en livrant quelques chiffres, en localisant les tendances, en illustrant par l'exemple ». Plusieurs questions structurantes sont identifiées autour : de l'égalité des habitants de l'aire métropolitaine face à l'alimentation ; de la capacité de la « ferme de l'aire métropolitaine » à nourrir la population du territoire ; de l'ancrage territorial de l'agro-alimentaire, depuis l'entreprise artisanale jusqu'à la firme multinationale ; des leviers pour rapprocher et écourter les flux entre production et distribution.

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Ce territoire comprend 3,2 millions d'habitants et 16 000 exploitations agricoles pour environ 553 000 ha de surface agricole utile. L'industrie agroalimentaire y représente 22 000 emplois et 3,5 milliards de repas sont pris annuellement par les habitants. Plusieurs questions sont successivement traitées, donnant des éléments pour apprécier les forces et faiblesses du territoire : un rappel de « ce que manger veut dire » ; la dimension sociale de l'alimentation ; les liens entre santé, précarité et alimentation ; les besoins nutritionnels et la production agricole ; les entreprises et leurs liens au territoire ; une approche des flux et circuits.

« Première pierre à la construction de stratégies alimentaires territoriales », ce diagnostic a mis en évidence des points faibles (forte corrélation entre pauvreté, alimentation et santé dans les territoires les plus urbains, par exemple) et forts (grande diversité des productions agricoles, gastronomie, etc.). « Sans encourager le repli des systèmes alimentaires », il permet « avant tout de prendre la mesure de la dépendance » des territoires, de montrer les complémentarités entre bassins de production et de consommation, de réaffirmer la nécessité de protéger l'espace agricole, d'imaginer de nouvelles solidarités entre villes et campagnes. Ainsi, par la diversité des champs d'actions concernés, « l'alimentation est aussi à considérer comme un outil permettant de répondre à de multiples enjeux d'un territoire : demain, la définition d'une politique alimentaire pourrait être une des conditions d'équilibre du territoire ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Agence d'urbanisme de Lyon

10:28 Publié dans Alimentation et consommation, Territoires | Lien permanent | Tags : lyon, système alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/04/2016

Agriculture et développement durable. Guide pour l'évaluation multicritère, Juliette Lairez, Pauline Feschet, Joël Aubin, Christian Bockstaller, Isabelle Bouvarel

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L'intérêt pour l'évaluation des actions des administrations ou des entreprises est croissant. Il en résulte un foisonnement de prestataires, de méthodes, notamment dans le champ de la contribution des systèmes agricoles au développement durable. Promouvoir une meilleure compatibilité entre les différents registres de performance des filières animales et végétales devient une priorité, tant politique qu'économique, et l'évaluation multicritère est un mode de raisonnement parfaitement adapté à cet enjeu. L'objectif de ce livre – qui s'adresse aux acteurs plus qu'aux experts –, est d'en fournir un guide méthodologique, d'initier aux principaux concepts, de présenter les outils existants et de faciliter la mise en œuvre de démarches cohérentes.

S'agissant d'un ouvrage didactique, son organisation en six chapitres mérite d'être retracée. Le premier rappelle les grandes étapes de l'affirmation de la problématique du "développement durable", situe l'agriculture dans ce processus et défend l'évaluation multicritère comme démarche particulièrement adaptée à la mesure de la durabilité. Le deuxième aborde les précautions à prendre avant de s'engager dans une démarche évaluative : étapes à distinguer, choix à opérer, contraintes et écueils à éviter, etc. Le troisième chapitre est consacré aux indicateurs, depuis leur définition jusqu'à leur représentation visuelle, en passant par leur interprétation et leurs modalités d'agrégation. Le chapitre suivant, plus technique, approfondit la question de l'interprétation de ces indicateurs et présente différentes techniques de pondération et de compensation. Le cinquième présente les questions à se poser avant d'opter pour telle ou telle méthode puis, sur cette base, fait un tour d'horizon des principales méthodes existantes en matière de durabilité des systèmes agricoles : IDEA, MASC 2.0, MESMIS, ADAMA, DIAMOND, OVALI, etc. Bien que l'offre de méthodes soit riche, elle peut ne pas répondre aux besoins spécifiques d'un évaluateur, raison pour laquelle le dernier chapitre accompagne le concepteur dans l'élaboration de ses propres outils, en précisant les étapes et les paramètres à ne pas oublier. L'ensemble est clair, précis, agréable à lire, avec beaucoup d'exemples concrets, ainsi que de nombreux schémas, tableaux, encadrés, résumés, qui aident le lecteur dans sa progression.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Quae

10:24 Publié dans 2. Evaluation | Lien permanent | Tags : évaluation multicritère, quae |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les néo-paysans, Gaspard D'Allens, Lucile Leclair

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Soizic, ancienne animatrice, de Dunkerque, est devenue agricultrice sur l'île de Quéménès ; Emeline et Valère, qui vivaient en HLM à Voiron, sont à la tête d'une chèvrerie à Blaizac ; Peggy dirigeait le musée d'art et d'histoire de Coutances, et est maintenant arboricultrice près d'Orléans ; Sébastien, qui tenait un magasin de disques à Nancy, exploite avec Lucile une safranière ; Sarah, passée par British Telecom et Michelin, cultive des variétés anciennes de céréales et vend son pain. Voici quelques-uns des personnages de ce livre consacré aux nouvelles trajectoires d'installation d'exploitants non issus du monde agricole.

Les auteurs ont parcouru la France, pendant un an, à la recherche de ces "néo-paysans". Ils décrivent leurs vies antérieures, faites d'insatisfactions croissantes, le mûrissement progressif de leurs projets, les conseils plus ou moins bons dont ils s'entourent, leurs doutes ou enthousiasmes au fil de démarches souvent longues et des obstacles à franchir. Ils narrent aussi l'apprentissage des gestes techniques et des règles de gestion, les relations de voisinage pas toujours faciles, les nouvelles conditions de travail, la relative faiblesse des revenus, les impacts de tout ceci sur la vie familiale comme sur la pérennité et la viabilité de la reconversion.

Qu'ils soient en maraîchage, élevage ou culture, ces nouveaux venus racontent les mêmes histoires de rejet du monde urbain, de fuite du marché du travail, de désir de nature, de recherche d'indépendance et de liberté, de quête d'une nouvelle vie et de volonté de reprendre en main leur existence. Ils insistent sur la beauté du travail manuel, sur leur refus de la technique et du productivisme, sur leur méfiance par rapport à l'agriculture conventionnelle. Ils valorisent le proche, le local, le communautaire, la relation directe aux consommateurs. Souvent, ils vont puiser dans leur vie d'avant et mobilisent d'anciennes compétences professionnelles pour réinventer leur condition paysanne. Les plus politisés d'entre eux se présentent comme l'avant-garde d'un futur monde plus solidaire, comme les germes d'une nouvelle conscience collective.

Comme le soulignent les auteurs, d'un côté ces néo-paysans, de plus en plus nombreux, apportent dans les campagnes de nouvelles valeurs, de nouvelles pratiques, de nouvelles exigences, et modifient le système agricole de l'intérieur. D'un autre côté, leur quête d'autonomie cache un fort individualisme et, sous prétexte de lutter contre le modèle économique dominant, ils s'installent dans une marginalité au fond assez inoffensive.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Seuil

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CRISPR-Cas9 : une révolution pour l'ingénierie génétique

Le 22 mars 2016, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont présenté à l'Académie des Sciences leur découverte des mécanismes moléculaires CRISPR-Cas9, expliquant de manière très pédagogique le fonctionnement de ce complexe, son utilisation comme outil d'ingénierie génétique et les enjeux portés par cette révolution technologique, notamment dans le secteur agricole.

E. Charpentier a ainsi expliqué comment des travaux de recherche fondamentale en biologie bactérienne ont permis la mise en évidence d'un véritable système immunitaire chez les bactéries, leur permettant notamment de faire face aux agressions de virus. Ce système immunitaire adaptatif repose sur un complexe associant des portions de génome viral intégrées au chromosome bactérien (Clustered Regularly Interspersed Palindromic Repeats) à une protéine enzymatique de type Cas, capable de découper l'ADN. Les séquences CRISPR, issues de virus précédemment rencontrés par les lignées bactériennes, produisent des sections d'ARN, qui s'associent étroitement avec les protéines Cas ; ce complexe est alors capable, lors d'une agression virale, de reconnaître très spécifiquement l'ADN viral, par complémentarité avec l'ARN associé, et de le découper, stoppant ainsi l'agression.

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L'association protéine-ARN confère à ce système une efficacité et une spécificité très importantes, qui en ont fait rapidement un véritable "scalpel" pour intervenir sur l'ADN : en modifiant la séquence d'ARN associée, on peut choisir de façon très précise l'endroit où l'ADN sera découpé. Si certaines technologies permettaient déjà d'intervenir de façon ciblée sur l'ADN, elles nécessitaient des développements dédiés pour chaque utilisation ; le complexe CRISPR-Cas9 offre en revanche une souplesse et une précision inédites qui en font une véritable innovation de rupture en matière d’ingénierie génétique.

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J. Doudna a developpé les opportunités offertes par cette technologie, mais aussi ses enjeux environnementaux et éthiques. En effet, la technologie CRISPR-Cas9 permet des modifications du génome de tout être vivant, de façon précise, efficace et peu onéreuse. La puissance de cet outil offre de nouvelles opportunités de recherche, fondamentale ou appliquée (notamment pour la production de biocarburants et la chimie biosourcée), mais doit aussi susciter des réflexions approfondies en termes d'éthique et de biodiversité, et pose la question du statut des organismes ainsi modifiés.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source: Académie des sciences

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