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13/03/2020

La concentration des richesses aurait un impact direct sur l'augmentation des surfaces cultivées dans les pays du Sud

L'expansion des surfaces cultivées est une cause majeure de déforestation dans les pays tropicaux et elle contribue à la perte de fonctionnalité des écosystèmes. Un chercheur de l'université de Berne s'est intéressé à l'effet de la concentration des richesses sur cette expansion, au niveau mondial, dans un article publié en février dans la revue Nature Sustainability.

L'auteur étudie d'abord l'impact des inégalités de richesse sur les investissements directs étrangers (IDE) en agriculture, dans 21 pays d'Asie du Sud-Est et d'Amérique latine, entre 1991 et 2014. Dans quinze de ces pays, la surface agricole a augmenté sur cette période, menaçant les forêts tropicales. Considérant la proportion du produit intérieur brut (PIB) mondial possédée par les individus les plus fortunés (ayant un patrimoine supérieur à 1 million de $ en plus de leur résidence principale), ses analyses montrent qu'une augmentation de 1 % de cette part accroît les IDE, dans les pays étudiés, de 0,6 à 1 % sur le court terme, et de 1,5 à 3 % sur le long terme.

Richesse des plus fortunés en part du PIB mondial

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Source : Nature Sustainability

L'auteur analyse ensuite le rôle des flux de capitaux étrangers et domestiques dans l'expansion des cultures dites « flex » : représentant une part de plus en plus importante des surfaces cultivées, elles peuvent servir pour l'alimentation humaine et animale, ou pour l'industrie (ex. : palme, soja, canne à sucre). Il montre que les IDE ont un impact positif sur l'expansion de ces cultures. Toutefois, cet effet dépend des autres sources de capitaux (notamment domestiques) et de crédits : il est particulièrement élevé (+ 0,5 %) lorsque le capital domestique et les crédits agricoles sont rares. De manière générale, les investissements tant étrangers que domestiques participeraient ainsi à l'expansion de ces cultures.

Ces deux effets se combinent : un accroissement de 1 % de la part du PIB dans les mains des plus fortunés augmenterait, via les IDE, la surface dédiée aux cultures flex de 2,4 à 10 % dans le monde. Cela s'expliquerait par : l'accroissement récent des prix agricoles, les particularités macro-économiques du secteur, des taux de retour sur investissement élevés et une faible corrélation avec les marchés boursiers. Pour l'auteur, ces résultats soulignent la limitation nécessaire de la concentration des richesses, en raison de ses effets négatifs sur les forêts. Il préconise alors l'introduction de taxes sur la valeur des terres afin de limiter les investissements spéculatifs et la recherche de rente dans le secteur foncier.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Sustainability

03/05/2018

Quel niveau de crédit carbone pour lutter contre la déforestation liée aux plantations d'hévéas ?

C'est ce qu'une étude récemment publiée dans Nature visait à établir, dans le contexte de l'Asie du Sud-est, où la conversion de forêts tropicales en plantations d'hévéas est la deuxième source de déforestation. En effet, les surfaces ainsi transformées, même si elles restent considérées comme « forêts », correspondent à 67 % de celles converties en palmeraies à huile.

Dans le cas du Cambodge, les auteurs ont calculé le montant du crédit carbone qui serait nécessaire pour compenser la perte de revenu potentiel via la production de bois puis de caoutchouc. Ils ont aussi calculé les coûts de transaction pour adhérer à ce système de crédit carbone, sur la base de sa valeur actuelle nette et en prenant l'hypothèse d'une stabilité de l'utilisation des sols pendant 25 ans. À partir de données d'inventaire cambodgiennes, les auteurs ont ainsi déterminé que le crédit carbone incitatif, pour éviter la conversion, devrait être de 30 à 50 dollars par tonne de CO2 selon les scénarios de conversion, soit nettement supérieur au montant actuellement versé dans le cadre de projets REDD+ (5 $/t). Ce montant ne tient toutefois pas compte des revenus tirés de l'exploitation illégale de bois tropicaux à forte valeur ajoutée.

Enfin, pour être efficace dans le cas précis du caoutchouc, le relèvement de la valeur des crédits carbone devrait être accompagné d'une restriction des importations de caoutchouc non durable, d'un engagement des entreprises en faveur d'une non-déforestation liée aux hévéas et d'une plus grande incitation à la conservation des forêts naturelles.

Source : Nature

11:03 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : déforestation, asie du sud-est, crédit carbone |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/04/2016

Publication du premier numéro de Regards sur le foncier, sur quatre pays d’Asie du Sud-Est

Le comité technique « Foncier et développement » lance une collection, Regards sur le foncier, pour valoriser les contributions des journées de réflexion des membres du Comité et de son réseau. Mis en ligne récemment, le premier numéro couvre quatre pays d’Asie du Sud-Est – Birmanie, Cambodge, Laos, Viêt-Nam –, qui ont dû faire face ces dernières années à des conflits fonciers, poussant les gouvernements à engager des mesures pour apaiser les tensions avec la population. Cette parution fait suite à une série de rapports publiés en fin d’année 2015 (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), chacun traitant de façon distincte ces pays. L'intérêt de cette nouvelle publication est d'adopter une approche comparative, en notant les points communs et les dissemblances entre ces quatre pays, le tout avec une mise en perspective historique.

Dans une première partie, les auteurs décrivent la diversité des groupes ethniques présents dans ces pays et leur rapport au foncier, qui est tout aussi divers. La seconde partie revient sur la colonisation puis sur la phase de collectivisation des terres pendant le socialisme et elle s’achève sur les étapes des réformes foncières depuis la fin des années 1980. La troisième partie aborde les défis actuels et se focalise sur trois d’entre eux : les droits oubliés des « paysans de la forêt », les concessions agroforestières ou agro-industrielles de grande dimension et les conflits fonciers.

Les auteurs soulignent que l’un des enjeux pour la coopération internationale est la prise en compte de la diversité locale du foncier : ils préconisent ainsi de ne pas proposer de modèles de réforme foncière ne reconnaissant pas cette pluralité. Parallèlement, ils s’interrogent sur le modèle de développement induit par les concessions agro-industrielles, promu par certaines institutions internationales, mais qui prend peu en compte le fonctionnement des États concernés : cela aboutit souvent à des résultats inverses à ceux attendus.

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Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : Comité technique « foncier et développement »

10:46 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : foncier, asie du sud-est |  Imprimer | | | | |  Facebook