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11/05/2020

Impacts économiques de l'extension de l'aire marine protégée de Papahānaumokuākea (États-Unis, État d'Hawaï)

Suite de l'expansion de cette aire marine protégée, en 2016, un article publié dans Marine Policy estime ses impacts économiques sur l’activité des pêcheurs de thon à la palangre. Des données officielles hawaïennes, relatives à la localisation des zones de pêche, à « l'effort de pêche » (déterminé ici par le nombre d'hameçons utilisés), aux captures et ventes de poissons ont été mobilisées.

En 2016, 141 bateaux palangriers, actifs dans la région d'Hawaï, ont déployé 51 millions d'hameçons et généré 111 millions de dollars de revenus. Pour cette étude, ces thoniers ont été classés en plusieurs catégories selon la part de leur effort de pêche mesurée, entre 2012 et 2016, dans les eaux désormais protégées : ceux dont l'effort était inférieur à 1 % ont constitué le groupe témoin, non exposé aux conséquences de l'agrandissement de l'aire marine protégée, tandis que ceux dont l'effort excédait 6 % ont été considérés comme impactés et leurs résultats économiques analysés. Pour ces pêcheurs (29 bateaux), le nombre de poissons capturés pour 1 000 hameçons a chuté de 7 % et le revenu journalier a baissé de 302 $, soit une perte de revenu de 9 % par voyage. Au cours des 16 mois qui ont suivi l’extension, cette perte est estimée à 3,5 millions de dollars. Selon les auteurs, ces professionnels pourraient encore être en phase d'adaptation et de recherche de zones de pêche permettant une productivité équivalente.

Revenu moyen ($) par sortie en mer du groupe témoin (pointillés) et du groupe impacté (trait plein) en fonction du temps (mois)

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Source : Marine Policy

Lecture : la barre verticale matérialise la date à laquelle l'aire marine protégée de Papahānaumokuākea a été étendue. Après cette extension, les évolutions pour les deux groupes deviennent similaires.

Soulignons que ces conclusions diffèrent de celles proposées par une autre publication de février 2020, parue dans Nature et considérant la même aire marine : les auteurs y montraient que l'industrie de la pêche palangrière hawaïenne n'avait pas subi les effets négatifs de l'expansion. Cette divergence peut s'expliquer par le choix d'un groupe témoin différent (les pêcheurs samoans américains) qui n'avait pas l'autorisation de pêcher dans les eaux maintenant protégées et ne capturaient pas les thons. Dans cette configuration, moins de 10 % des palangriers hawaïens étudiés s'aventuraient dans la zone considérée pour pêcher, ce qui implique un moindre impact de son extension sur l’activité.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Sources : Marine Policy, Nature Communications

 

07/05/2020

Quelle gouvernance démocratique des circuits courts agroalimentaires ?

Un article publié dans la Revue internationale d'économie sociale traite de la question du fonctionnement démocratique des circuits courts et locaux agroalimentaires (CCLA). Il s'agit d'une préoccupation commune et récurrente dans les 17 collectifs (figure ci-dessous) accompagnés par le laboratoire Géolab de l'université de Limoges, lors d'une collaboration avec le réseau agriculture durable du Limousin (InPACT Limousin) de 2015 à 2019. Les auteurs ont cherché à évaluer la gouvernance effective de ces collectifs, au-delà des intentions démocratiques exprimées par les membres (discours), de la structure organisationnelle (statut juridique) ou des dispositifs techniques (règles formelles de réunion, outils d'animation et de communication, etc.). Ils renouent avec des recherches déjà anciennes sur les enjeux de pouvoir, dans les coopératives agricoles, entre membres salariés et non-salariés. Il s'agit aussi de prolonger la réflexion plus récente, dans le sillage de l'économie sociale et solidaire (ESS), sur les relations entre membres de structures au sein desquelles la participation n'est pas liée au capital détenu.

Description des 17 dispositifs de circuits courts et locaux agroalimentaires étudiés en Limousin

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Source : revue Recma

Faisant des sources informelles de pouvoir le cœur de leur étude, les auteurs en identifient trois grands types : liés au travail (qualité ou quantité de travail réalisé) ; liés aux dimensions économiques (qualité ou quantité des produits fournis) ; relevant de la sphère socio-politique (ancienneté dans le collectif, réseaux commerciaux ou sociaux). Dans l'ensemble des collectifs, une gouvernance polyarchique est observable, plus qu'une concentration par cumul des sources de pouvoir informel. Toutefois, l'article conclut sur la nécessité d'approfondir ce type d'analyse (psychologie sociale, monographies approfondies sur les formes de participation).

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : Revue RECMA

09:59 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : circuits courts, gouvernance, limousin |  Imprimer | | | | |  Facebook

La déterritorialisation rurale : approche théorique et étude de cas dans les Andes équatoriennes

Un article du dernier numéro de la revue Economía, Sociedad y Territorio reprend le concept de « déterritorialisation » pour analyser les évolutions de l'agriculture communautaire dans plusieurs pays d'Amérique latine : disparition de la paysannerie, déstructuration des formes traditionnelles d'organisation et déracinement des populations rurales, dans un contexte favorable à l’implantation des agro-industries. L'auteur applique ce concept à l’étude d’un territoire situé en Équateur, où une politique de promotion du contract farming et de développement rural a été mise en place à partir de 2007.

L'enquête menée auprès de 50 familles de la comunidad de La Chimba a permis d'étudier l'impact de la progression de la filière laitière industrielle sur les systèmes polyvalents traditionnels : des exploitations capables de se spécialiser deviennent, en tant que maillons de la chaîne de valeur, des acteurs fonctionnels de l'agro-industrie. Les transformations du territoire ont été quantifiées à partir de deux indices. Le premier est « l’indice de déterritorialisation », qui inclut la surface en monoculture, la consommation industrielle, la fréquence des pratiques traditionnelles, de solidarité et de réciprocité (participation à des activités communautaires), et la migration des jeunes. Le second est un « indice d'articulation au marché », incluant les ventes à l'agro-industrie, les crédits et revenus de l'activité laitière, les volumes et surfaces de production, et la commercialisation locale. Ces indices ont permis d'identifier, au sein de l'échantillon, 3 catégories de structures familiales :

- « entreprise rurale » (18 %) : exploitations capitalisées consacrées à l'élevage laitier, avec achat de terres, diversification des investissements et absence de pratiques de solidarité et de réciprocité ;

- agriculture « spécialisée » (54 %) : exploitations dont la quasi totalité des parcelles a été convertie en pâturages, avec faible demande de main-d’œuvre poussant à la migration des jeunes ; les pratiques de solidarité et de réciprocité sont occasionnelles voire inexistantes ;

- agriculture « paysanne » (28 %) : cette catégorie, en déclin, met en œuvre des pratiques de polyculture, d'autoconsommation, de solidarité et de réciprocité.

Selon l'auteur, cette méthode aide à mieux comprendre les évolutions des structures agricoles, en faisant le lien entre déterritorialisation et articulation au marché.

Corrélation des indices de déterritorialisation et d'articulation au marché

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Source : Economia, Sociedad y Territorio

Lecture : en ordonnée, indice d'articulation au marché, en abscisse, indice de déterritorialisation. Type 1 : entreprise familiale rurale ; type 2 : agriculture familiale « spécialisée » ; type 3 : agriculture familiale « paysanne ».

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Economía, Sociedad y Territorio

Droit et relocalisation des systèmes alimentaires

L’Institut de droit rural de l’université de Poitiers a organisé, le 11 mars 2020, un colloque consacré aux défis, pour le droit, du thème de la « relocalisation » des systèmes alimentaires. Des intervenants variés y participaient et les captations vidéos des différentes séquences sont accessibles en ligne. Divers sujets ont été abordés : les collectivités territoriales comme acteurs majeurs, la « démocratie alimentaire » locale comme processus à encourager, le foncier comme support à mobiliser, les moyens d'agir sur l'entreprise agricole, sur l'économie agricole et sur les filières.

Parmi les analyses présentées figure la nécessité de repenser la gouvernance du territoire. Bien que mentionnées dans la définition législative de la politique en faveur de l'agriculture et de l'alimentation, les collectivités locales ont peu de compétences en matière d'alimentation. Elles disposent toutefois de moyens juridiques leur permettant de développer leurs propres politiques : passation de marchés publics (dont restauration collective), urbanisme, foncier, développement économique. Elles doivent cependant tenir compte de la jurisprudence du Conseil d’État (1930), subordonnant cette intervention à deux conditions : la légitimité du besoin à satisfaire et la carence de l’initiative privée. Le foncier constitue un support à mobiliser, notamment pour pérenniser la vocation agricole d'un terrain. Plusieurs outils existent, dont la possibilité pour les départements de créer des périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels péri-urbains. La collaboration avec les SAFER est ici fondamentale.

Parmi les autres enseignements de ce colloque, on retiendra les échanges relatifs aux moyens juridiques d'action sur les filières agricoles, de la fourche à la fourchette. Bien qu'envisagées dans la loi d’avenir en 2014 et précisées par une résolution du Parlement européen (14/01/2014), les filières territorialisées sont très imparfaitement prises en considération par le droit. Dans ces conditions, une évolution juridique pourrait offrir deux voies complémentaires : d’une part une forme de « laisser agir » de ces filières, en levant les obstacles juridiques (ex. : critères locaux dans les marchés publics) ; d’autre part donner des moyens pour structurer de véritables filières locales (ex. : inclusion dans les obligations des projets territoriaux d'une clause similaire à celle, prévue par le Code rural, d'une part minimale de produits locaux dans les magasins de producteurs).

Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective

Source : université de Poitiers

09:54 Publié dans 4. Politiques publiques, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : droit, relocalisation, systèmes alimentaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

Forêts dans la tempête et autres colères de la nature, John Muir

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En 2016, Charles Foster a publié un livre étonnant (Dans la peau d'une bête, traduction française 2017), où il décrivait le paysage et la vie « tels que les perçoivent un blaireau, une loutre, un renard, un cerf et un martinet ». De telles immersions naturalistes ne sont pas inédites et de nombreux auteurs, dans l'histoire, ont essayé de transcrire ce que ressent un animal, un végétal ou tout autre élément naturel. C'est aussi ce que propose ce recueil de textes nouvellement traduits ou retraduits du voyageur-botaniste John Muir (1838-1914), pionnier reconnu de la pensée écologique et des politiques environnementales.

Pour lui, on ne devait pas se contenter de traverser, observer ou analyser une montagne, une prairie ou une rivière, il fallait aussi les éprouver de l'intérieur, se fondre en elles. Ainsi, dans le premier écrit, il nous raconte ses heures passées à la cime d'un grand sapin pour comprendre ce que vivent les arbres en pleine tempête : balancements et vibrations jusqu'aux racines, musique éolienne, prise du « pouls du vent ». Un autre texte décrit sa survie difficile dans une tempête de neige, l'assombrissement du ciel et les bourrasques aveuglantes, la brusque arrivée du froid et de la grêle, les fumerolles réchauffantes de quelques sources chaudes et, après une nuit de demi-conscience à attendre la mort, le « fair-play indéfectible de la Nature » nettoyant le ciel et ramenant des étoiles à « l'éclat pur et placide ». Dans ses autres récits des colères de la nature, il est tour à tour emporté par une avalanche, entouré d'éclairs d'orage, secoué par un tremblement de terre, spectateur d'un grand incendie, « tonnant et grondant comme des chutes d'eau », qui transforme de vaillants séquoias en « mâts morts ».

Cette façon avant-gardiste de se fondre dans la nature, d'être littéralement la nature, est restée tout à fait moderne. Elle anticipait même de beaucoup sur les attitudes actuelles consistant à « prendre des bains de forêt » ou à prétendre fusionner avec les éléments. Pour Muir, se couler dans la peau d'un oiseau ou d'un arbre était la meilleure façon de comprendre l'environnement. C'était aussi une manière radicale de resituer l'humain, petite partie du grand tout de la Terre – déchaînée ou pas – qui nous enveloppe et nous contient. Une nature parfois violente mais pas méchante, dangereuse mais pas mauvaise. Muir était panthéiste mais certainement pas animiste, et contrairement à beaucoup de nos contemporains qui personnifient le monde vivant et croient qu'il « se venge », il n'aurait pas commis l'erreur de prêter des intentions néfastes aux événements, qu'il s'agisse de l'infiniment grand du réchauffement climatique ou de l'infiniment petit du coronavirus...

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Payot

09:50 Publié dans Forêts Bois, Société | Lien permanent | Tags : muir, forêts, pensée écologique, politiques environnementales, nature |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/05/2020

Risques et incertitudes économiques, freins à la transmission des exploitations

Une équipe irlandaise a publié récemment, dans Rural Studies, un article considérant les conséquences des risques et incertitudes économiques sur la transmission des exploitations. Cette étude de la perception des risques économiques chez le cédant s'inscrit dans la continuité de ses travaux quantitatifs antérieurs sur l'influence, entre autres, des politiques agricoles et des caractéristiques socio-démographiques sur le renouvellement des générations.

À partir de 24 entretiens approfondis dans deux comtés, spécialisés respectivement dans le bovin-viande et le lait, les auteurs mettent en évidence l'impact de l'incertitude en matière de revenus après cessation, notamment pour le financement ultérieure d'une éventuelle dépendance. Les cédants s'en prémunissent en retardant la transmission ou en ne cédant qu'une partie des facteurs de production. Selon les auteurs, les politiques incitant à la transmission devraient en tenir compte en mettant en place, par exemple, des compléments de retraite conditionnés à la cession.

Source : Rural Studies

09:48 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : transmission, cessation, retraite, risques économiques, irlande |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les impacts de la R&D sur la productivité agricole en France

Un récent article de l'European Review of Agricultural Economics s'intéresse aux impacts de la R&D sur la productivité agricole en France. Pour cela, à partir de la comptabilité nationale, les chercheurs ont construit des séries de données spécifiques sur la productivité globale des facteurs (PGF), sur la période 1959-2012. Les dépenses de R&D ont, quant à elles, été estimées sur la période 1946-2013 (données historiques, comptes de l'agriculture). Les auteurs ont développé un modèle économétrique, permettant d'estimer l'élasticité des dépenses de recherche sur la PGF, en intégrant d'autres variables explicatives (climat, stock de connaissances aux États-Unis). Les résultats montrent une croissance de la PGF agricole française en trois phases : une augmentation de 1959 aux années 1970 ; après le choc pétrolier, une accélération jusqu'à la fin des années 1990 ; depuis lors, un certain ralentissement lié à un volume de production stable. Les impacts de la R&D sur l'agriculture française ont diminué dans les années 1970, puis sont restés assez stables (taux de rentabilité interne de 22 %), alors que les orientations vers une recherche plus fondamentale et diversifiée (environnement, nutrition) auraient pu suggérer un ralentissement.

Évolution de la distribution des priorités de recherche

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Source : European Review of Agricultural Economics

Source : European Review of Agricultural Economics

L'agriculture à l'ère de la mondialisation. Transformations agraires et dynamiques de classe, Henry Bernstein

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Ce livre d'Henry Bernstein, universitaire anglais à la carrière riche et diversifiée, mérite d'être lu pour diverses raisons. D'abord, ses analyses reposent sur les théories et concepts de Marx, auteur instinctivement décrié et qu'on ne lit plus, mais il serait pourtant bien étonnant qu'un penseur qui avait encore pignon sur rue dans les années 1970 n'ait plus rien à nous dire aujourd'hui. En second lieu, Bernstein n'est pas marxiste (tout réduire à Marx), mais marxien (s'en inspirer et en conserver le meilleur), d'où ses prises de distance et ses jugements critiques sur des points majeurs, et ses propositions d'adaptations et reformulations. Troisièmement, sa lecture historique des transformations agraires et de l'insertion de l'agriculture dans la mondialisation est proche, en de nombreux aspects, de travaux non marxiens, preuve d'une convergence des constats au-delà des méthodes et vocabulaires spécifiques. Enfin, la fresque proposée, impressionnante dans ses dimensions géographiques comme chronologiques, est un bel exemple de synthèse claire et didactique.

Lien : Éditions Critiques

Une estimation de l'érosion hydrique des sols dans l'Union européenne

Dans un article publié dans la revue Remote sensing, une équipe du Joint Research Center mobilise des données issues de diverses sources européennes (CORINE Land Cover, enquêtes LUCAS, enquêtes sur la structure des exploitations, etc.), afin de mettre à jour l'estimation du niveau d'érosion hydrique des sols au sein de l'Union. Ce travail montre qu'entre 2010 et 2016, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, l'érosion a diminué de 0,4 %, alors qu'une réduction de 9 % avait été estimée pour la période allant de 2000 à 2010. D'importantes disparités s'observent entre pays, les États de l'ouest (Allemagne, Danemark, France, Portugal) étant ceux où la baisse est la plus marquée (>5 %), en raison d'une forte progression des pratiques agricoles permettant de limiter l'érosion des sols (non labour, couverture des sols en hiver, etc.).

Source : Remote sensing

09:40 Publié dans Agronomie, Territoires | Lien permanent | Tags : sols, érosion hydrique, ue |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le changement climatique favorise l'antibiorésistance en aquaculture

Les maladies en aquaculture sont un frein au développement de cette filière, qui contribue à la sécurité alimentaire de nombreux pays. Grâce à une méta-analyse conduite sur 460 articles scientifiques, une publication de Nature d'avril 2020 montre que, pour chaque pays, le niveau d'antibiorésistance en aquaculture est corrélé à celui dans la population humaine et à la vulnérabilité au changement climatique. En outre, les hausses de températures sont associées à une plus forte mortalité en élevage (fruits de mer, crustacés ou poissons).

Les auteurs estiment qu'il est urgent de limiter nationalement et internationalement l'utilisation des antibiotiques, afin de renforcer la sécurité alimentaire face au changement climatique : par exemple, interdire leur usage comme facteur de croissance, promouvoir des méthodes préventives comme l'emploi de probiotiques, etc.

Corrélation de Pearson entre un indicateur d'antibiorésistance (MAR) en aquaculture avec le MAR en médecine humaine (a), avec un indicateur de vulnérabilité au changement climatique (b) et avec les températures (c), selon les pays considérés

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Source : Nature Communications

Lecture : plus le coefficient de corrélation de Pearson est proche de 1, plus les deux variables sont corrélées linéairement. En bleu, pays à hauts revenus ; en vert, pays aux revenus moyens-supérieurs ; en rose, pays aux revenus moyens-inférieurs. Les numéros 1 à 4 désignent, dans l'ordre, le Vietnam, l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh, pays les plus exposés aux antibiorésistances et au changement climatique. La taille des points est proportionnelle à la production aquacole en kg/habitant.

Source : Nature Communications

05/05/2020

Le sacre de la nature, Bertrand Sajaloli, Étienne Grésillon (dir.)

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Cet ouvrage collectif, ambitieux et exigeant, brosse en trente chapitres une histoire des liens entre religion et nature, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours et sur presque tous les continents. Les corpus religieux, en tant qu'interrogations sur les fins dernières et sur l'organisation du cosmos, accordent une grande importance à la création et au fonctionnement de la nature, et à la place que doivent y occuper les humains. Ces conceptions ont varié dans l'histoire mais des constantes demeurent, et ce n'est pas parce que les sociétés contemporaines sont de plus en plus athées et sécularisées que les lectures sacrées du monde vivant ont disparu, bien au contraire. Plusieurs chapitres montrent que fleurissent toujours, aujourd'hui, les discours religieux, quasi-religieux ou d'inspiration religieuse : « sanctuarisation » d'espaces protégés, destructions assimilées à des « sacrilèges », idée de « soumission » à des phénomènes qui nous dépassent, « messianisme » des collapsologues, « fondamentalismes » biologistes ou alimentaires, pèlerinages post-modernes à Brocéliande ou à Solutré, « vertus magiques » du développement durable et des services éco-systémiques, « croisades » pour sauver des temples verts, désir de « communion » avec les règnes animal et végétal, « quête spirituelle » d'une nature bienfaitrice et réparatrice, etc. Bref, « le sacré se porte bien, mais il se porte autrement » (p.31), et si cette sacralisation n'est pas le tout de la pensée écologique actuelle, elle en est un versant important, qui nuit à l'écologie scientifique comme à l'écologie politique.

Lien : Sorbonne université presses

09:35 Publié dans Environnement, Société | Lien permanent | Tags : sajaloli, grézillon, nature, religion, histoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

Élevage de poulets de chair : comparaison entre races à croissances rapide et lente

Dans un article récent, une chercheuse britannique étudie l'effet de la race sur l’élevage du poulet de chair. 1 600 poussins provenant de 4 races différentes (trois à croissance rapide, une à croissance lente) sont soumis à des conditions d’élevage identiques (bâtiment, nourriture et boisson à volonté, etc.). Pour chaque race, 400 poussins à l’éclosion sont répartis aléatoirement en 8 enclos de 50 animaux. Différents paramètres sont suivis : poids, mortalité, bien-être, comportement, productivité, quantité et qualité de la viande à l’abattage. Les poulets à croissance lente atteignent le poids de 2,5 kg au bout de 54 jours, contre 38 pour ceux à croissance rapide. Ils présentent moins de boiteries et de dermatose, un meilleur emplumement, une plus grande propreté. Leur viande de meilleure qualité se répartit davantage sur les cuisses alors que les autres ont des filets plus lourds. En revanche, ils mangent davantage et présentent un gain quotidien moyen plus faible et un indice de conversion (de la quantité d'aliment consommée en poids vif) plus élevé. Enfin, demandant plus d’aliment et de temps pour atteindre un poids donné, leur élevage est moins favorable à l’environnement.

Source : PLOS One

09:34 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : poulet de chair, élevage |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’impact économique de l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur

Publié dans le Boletín económico de la Banque d'Espagne de mars 2020, un article modélise les impacts potentiels, sur les flux commerciaux et le PIB, de l'accord commercial signé en 2019 entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur. Cet accord comprenait notamment l'élimination des barrières tarifaires, et des dispositions relatives aux services, aux marchés publics, à l'environnement et au droit du travail. Actuellement, le poids relatif du commerce inter-régional est plus important pour le Mercosur que pour l'UE, et le secteur primaire (dont productions agricoles et forestières) domine dans les exportations du Mercosur, alors que ce sont le secondaire et le tertiaire dans celles de l'UE. Tout en soulignant les limites des données disponibles et du modèle gravitaire utilisé, les auteurs considèrent que l'accord a des effets positifs pour les deux zones, mais avec des écarts très importants : à l'horizon d'une dizaine d'années, croissance de 14 % des échanges et de 0,4 % du PIB pour le Mercosur, ces taux s’élevant à 0,6 % et 0,07 % pour l'UE. En tenant compte des caractéristiques nationales, l'impact de cet accord serait plus fort pour les États qui ont déjà des relations commerciales conséquentes avec l'autre bloc, qui s'ouvrent d'avantage au commerce ou qui sont de plus petite taille.

Exportations du Mercosur vers l'UE (gauche) et de l'UE vers le Mercosur (droite), en 2018 (milliards d'€)

Mercosur.jpg

Source : Banco de España

Lecture : barre bleue « Exportations », losange rose « Tarifs moyens » (ordonnée de droite), trait orange « Tarif moyen mondial » (ordonnée de droite).

Source : Banco de España

L’avenir de la Nouvelle-Calédonie au prisme du foncier coutumier

En Nouvelle-Calédonie, l’accord de Nouméa de 1998 marque la pleine reconnaissance de l’identité kanak et des terres coutumières, définies comme inaliénables, insaisissables, incommutables et incessibles. En avril 2020, un article de Métropolitiques revient sur les caractéristiques et l’aménagement de ce « commun foncier », administré sur décision de la communauté pour servir les intérêts des populations autochtones.

La gestion coutumière des droits d’administration et d’usage

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Source : Métropolitiques

Héritage de la colonisation, les terres coutumières sont pour la plupart localisées à l’écart des principaux centres de développement économique, là où dominent par ailleurs les propriétés privées et domaniales. Cette fracture territoriale se traduit par un exode rural vers les pôles urbains de l’ouest et l'intercommunalité du Grand Nouméa. Une valorisation économique (notamment agricole) de ces terres se développe, au moyen d’un outil juridique original, le Groupement de droit particulier local (GDPL), qui permet à un représentant de la communauté de recourir au droit commun tout en retranscrivant la décision coutumière. Ce dispositif peut redessiner les espaces ruraux, comme le montre l’aménagement d’un village mélanésien par la grande chefferie du district de Wetr (Lifou).

Source : Métropolitiques

09:27 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : nouvelle-calédonie, foncier, coutumier |  Imprimer | | | | |  Facebook

135 millions de personnes seraient en situation d'insécurité alimentaire grave dans le monde

Le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) a publié, en avril, l'édition 2020 de son rapport global sur les crises alimentaires. Les auteurs, qui ont analysé 55 pays et territoires, estiment que 135 millions de personnes seraient exposées à une crise ou à une catastrophe alimentaire. L'Afrique et les régions Asie et Moyen-Orient seraient particulièrement touchées (respectivement 73 et 43 millions de personnes). Dans les 50 pays déjà étudiés lors de l'édition 2019, ce nombre aurait augmenté de près de 10 % en un an. Ces crises sont surtout liées à des conflits locaux (touchant 77 millions de personnes dans 22 pays), à des événements climatiques extrêmes (34 millions dans 25 pays) ou à des chocs économiques (24 millions dans 8 pays). Les auteurs anticipent que la plupart de ces crises vont se poursuivre en 2020.

Les dix crises alimentaires les plus graves en 2019

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Source : Food security information network

Bien que principalement établi avant l'épidémie de Covid-19, le rapport en identifie néanmoins les menaces pour la sécurité alimentaire (dont baisse de pouvoir d'achat et hausse des coûts de production).

Source : Food security information network