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06/05/2020

Les impacts de la R&D sur la productivité agricole en France

Un récent article de l'European Review of Agricultural Economics s'intéresse aux impacts de la R&D sur la productivité agricole en France. Pour cela, à partir de la comptabilité nationale, les chercheurs ont construit des séries de données spécifiques sur la productivité globale des facteurs (PGF), sur la période 1959-2012. Les dépenses de R&D ont, quant à elles, été estimées sur la période 1946-2013 (données historiques, comptes de l'agriculture). Les auteurs ont développé un modèle économétrique, permettant d'estimer l'élasticité des dépenses de recherche sur la PGF, en intégrant d'autres variables explicatives (climat, stock de connaissances aux États-Unis). Les résultats montrent une croissance de la PGF agricole française en trois phases : une augmentation de 1959 aux années 1970 ; après le choc pétrolier, une accélération jusqu'à la fin des années 1990 ; depuis lors, un certain ralentissement lié à un volume de production stable. Les impacts de la R&D sur l'agriculture française ont diminué dans les années 1970, puis sont restés assez stables (taux de rentabilité interne de 22 %), alors que les orientations vers une recherche plus fondamentale et diversifiée (environnement, nutrition) auraient pu suggérer un ralentissement.

Évolution de la distribution des priorités de recherche

PGF.jpg

Source : European Review of Agricultural Economics

Source : European Review of Agricultural Economics

17/01/2020

Gains de productivité agricole et usage des terres au niveau mondial : y a-t-il un « effet rebond » ?

Depuis les années 1990, les gains de productivité globale des facteurs (PGF) ont contribué pour trois quarts à l'augmentation de la production agricole mondiale. Leurs conséquences environnementales sont, en revanche, plus complexes à caractériser : s'ils permettent, à production constante, d'économiser des facteurs (engrais, terre, travail, etc.), les gains de PGF peuvent aussi engendrer un « effet rebond » en incitant à produire plus et, in fine, conduire à une utilisation accrue de ces facteurs. Dans un récent article, N. Villoria propose une analyse quantifiée de ces phénomènes, en se concentrant sur les changements d'usages des terres et les impacts environnementaux associés (gaz à effet de serre - GES, biodiversité). Il tient également compte des effets indirects puisque les gains de productivité, dans un pays, peuvent influencer l'usage des terres dans le reste du monde via des différentiels de compétitivité induits.

L'étude se base sur un modèle statistique d'expansion de l'évolution des terres, développé par l'auteur, qui dépend des gains de PGF dans le pays considéré, des différentiels de PGF entre les pays (effets indirects), et d'autres variables explicatives telles que la demande alimentaire (population, PIB) et les prix des facteurs (engrais, terres) aux niveaux domestique et mondial. Les barrières au commerce sont également prises en compte, dans la mesure où elles peuvent atténuer les effets indirects entre les États. Des indicateurs permettent d'estimer les conséquences pour les émissions de GES et d'identifier les écosystèmes affectés par les changements d'usage des terres.

Les résultats montrent que, si les gains de PGF dans un pays donné s'accompagnent bien de l'expansion des terres agricoles dans ce même pays (effet rebond domestique), celle-ci est plus que largement compensée par une réduction causée par les gains de PGF dans le reste du monde. Au niveau mondial, en l'absence de gain de productivité sur la période 2001-2010, 125 millions d'hectares agricoles supplémentaires auraient ainsi été nécessaires pour répondre à la demande, avec une hausse associée des GES comprise entre 17 et 84 Gt de CO2 équivalent. Ces effets indirects sont décomposés par grandes zones géographiques (cf. figure). En revanche, l'auteur montre, par une simulation sur 2018-2023, que le rythme actuellement plus faible des gains de productivité risque de préparer une augmentation de l'expansion des terres agricoles à l'avenir. 


Effet de la croissance de la PGF dans différentes régions (axe horizontal) sur le changement des terres cultivées dans les régions cibles (axe vertical), sur la période 2001-2010

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Note : calculs de N. Villoria basés sur des estimations de paramètres dans SMS-3

Source : Environmental Research Letters

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Environmental Research Letters

15:31 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : pgf, productivité, terre, productivité globale des facteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/12/2017

Recherche, productivité et production agricoles aux États-Unis : panorama des connaissances et perspectives

Un article publié en novembre dans le Journal of Agricultural and Applied Economics, co-écrit par quatre économistes de l'Economic Research Service de l'USDA, propose une revue très complète des débats actuels sur le ralentissement de la productivité agricole aux États-Unis, et de ses liens avec l'évolution et la recomposition public-privé des investissements en R&D.

Les auteurs analysent en détail les tendances de la productivité globale des facteurs (PGF) de l'agriculture américaine en examinant deux bases de données : celle développée par l'USDA, et celle de l'International Science and Technology Practice (InSTePP) de l'université du Minnesota. Ces deux bases diffèrent sur plusieurs aspects, notamment sur la façon de mesurer le capital. Leur analyse montre que :

- selon la base de l'USDA, la PGF s'est accrue de 1,74 %/an, en moyenne, sur la période 1948-1974 et de 1,57 % sur 1974-2009, indiquant un possible ralentissement ; cependant, avec les données étendues à 2011, ce ralentissement n'est plus statistiquement significatif ;

- selon la base InSTePP, la PGF a augmenté de 1,97 % sur la période 1950-1990 et de 1,18 % sur 1990-2007, soit un ralentissement plus marqué que pour la base USDA, et dont les origines remonteraient aux années 1990, au lieu des années 1970 ;

- les deux bases s'accordent sur le fait que la quasi-totalité de la croissance de la production agricole des États-Unis est attribuable à la PGF depuis le milieu du XXe siècle.

Selon les auteurs, il est ainsi difficile de conclure sur un réel ralentissement de la productivité agricole aux États-Unis, en dépit de la mobilisation de méthodes statistiques complexes.

La seconde partie de l'article est consacrée à l'évolution des dépenses de R&D, mettant en évidence une montée très significative du secteur privé ces dernières années (cf. figure ci-dessous). L'article résume et discute la littérature sur les impacts de la R&D sur la PGF agricole et analyse les conséquences possibles des évolutions observées. Les auteurs formulent enfin des pistes de recherches qui, selon eux, permettraient d'éclairer les choix politiques et d'investissement, publics et privés, en matière de science et technologie agricoles.

Dépenses publiques et privées de R&D agricole et alimentaire aux États-Unis entre 1970 et 2013

PGF.jpg

Source : Journal of Agricultural and Applied Economics

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Agricultural and Applied Economics

17:11 Publié dans Enseignement et recherche, Production et marchés | Lien permanent | Tags : etats-unis, productivité, pgf, r&d |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/10/2017

L'OCDE analyse les sources, les facteurs et la dynamique de la croissance de la productivité des exploitations agricoles de pays européens

Publié début septembre, un document de travail de l'OCDE analyse les sources, les facteurs et la dynamique de la croissance de la productivité des exploitations agricoles de six pays européens : Allemagne, France, Hongrie, Pologne, République tchèque et Royaume-Uni. L'étude utilise les données issues du réseau d'information comptable agricole, sur la période 1995-2013. La productivité globale des facteurs (PGF) est décomposée en trois éléments : changement technique, effet d'échelle et efficacité technique.

L'étude montre notamment une plus grande diversité des taux de croissance de la PGF sur la période récente (2004-2013), ainsi que l'existence d'importantes économies d'échelle. Dans le même temps, dans certains pays, les exploitations agricoles les plus grandes présentent des inefficacités techniques, potentiellement liées à des questions organisationnelles. Cette analyse suggère enfin que les soutiens à l'agriculture ont une influence négative sur la productivité des exploitations et l'efficacité de l'utilisation des intrants, et que les économies de gamme ne sont pas significatives pour les productions végétales.

Source : OCDE

09:29 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : ocde, productivité globale des facteurs, pgf, productivité |  Imprimer | | | | |  Facebook