Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/05/2020

Qu'apportent les groupes d'échanges d'agriculteurs sur les questions climatiques ?

L'agriculture est aujourd'hui responsable du quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre et les politiques publiques incitent les agriculteurs à adopter des pratiques favorables au climat. Pour y parvenir, une des solutions est de constituer des groupes d'échanges participatifs, associant chercheurs, conseillers et producteurs. Dans un article du Journal of Rural Studies, une équipe évalue l'efficacité de telles démarches, à travers l'étude du programme écossais Farming for a Better Climate. Grâce à la mise en place de groupes participatifs, il vise à permettre aux agriculteurs d'acquérir des compétences et des connaissances nouvelles sur les relations entre climat et agriculture. Il s'agit de favoriser l'adoption de pratiques agricoles bénéfiques pour le climat et de renforcer la résistance des exploitations. Les méthodes d'évaluation mobilisées combinent approches quantitatives quasi-expérimentales et qualitatives (entretiens, observations participantes, etc.).

Objectifs du programme (PEP) et indicateurs utilisés pour l'évaluation

Ecosse.jpg

Source : Journal of Rural Studies

Lecture : pour chaque indicateur, le type de méthode utilisé pour l'évaluation est indiqué entre parenthèses (QN pour les méthodes quantitatives et QL pour les méthodes qualitatives). RE signifie « renewable energy ».

L'évaluation met en évidence un effet globalement positif de ce programme. Les entretiens réalisés auprès des participants soulignent toutefois que la dimension participative de ces démarches aurait pu être renforcée, nombre d'entre eux regrettant une approche trop descendante. Les analyses quantitatives montrent un effet significativement positif du programme sur l'acquisition de connaissances et compétences relatives au lien entre agriculture et climat, mais aussi concernant l'adoption de pratiques favorables à celui-ci. Néanmoins, les entretiens conduisent à nuancer ce résultat, le recours à ces pratiques résultant moins de la participation aux échanges que d'impératifs économiques (réduction des dépenses liées aux engrais et carburants notamment). Concernant la capacité de résistance des exploitations, peu d'analyses ont pu être conduites, faute d'indicateurs disponibles, mais les auteurs montrent cependant que les agriculteurs ayant participé à ce programme tendent à avoir des sources de revenu plus diversifiées.

Si cette évaluation montre une certaine utilité des groupes d'échanges pour concilier agriculture et climat, les auteurs appellent, en conclusion, à ne pas négliger les autres outils de politiques publiques (régulation, subventions, etc.).

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

Source : Journal of Rural Studies

10:14 Publié dans Agriculteurs, Climat | Lien permanent | Tags : ecosse, climat, groupes participatifs, agriculteurs, conseillers, chercheurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/04/2020

Trois quarts des agriculteurs se disent insatisfaits de leurs relations avec les industriels

Dans un contexte d'évaluation des premières répercussions de la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, un sondage IPSOS, conduit en novembre-décembre 2019 auprès de 240 agriculteurs, fait état de leur insatisfaction toujours profonde dans leurs relations avec les industriels. Les premières causes citées sont la non-prise en compte des besoins et difficultés (51 %), le manque de mise en valeur des produits et de leurs qualités (44 %), et le défaut d'engagement dans leurs relations au sein de la filière (31 %). Les attentes sont aussi fortes vis-à-vis des autres acteurs de celle-ci, 55 % des répondants souhaitant des relations plus équilibrées et plus justes à cette échelle. Ils s’expriment également en faveur d’une implication plus forte des distributeurs (21 % des répondants), des industriels (18 %) et des coopératives (16 %).

Source : IPSOS

17:33 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : relations commerciales, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/03/2020

À niveau égal de revenu et de formation, les agriculteurs et les forestiers américains ont un état de santé équivalent à celui des autres actifs

À partir de données de santé sur la population des États-Unis, un chercheur de l'université de Pennsylvanie a montré que travailler dans les secteurs agricoles ou forestiers n'était pas corrélé avec un état de santé dégradé par rapport au reste de la population. Utilisant les résultats 2008-2017 de l'enquête annuelle nationale, par entretien, menée auprès d'un échantillon de 87 500 personnes représentatif de la population, l'auteur a isolé les répondants déclarant avoir récemment travaillé dans les secteurs agricoles, forestiers ou miniers. Il a ensuite étudié l'impact éventuel, sur la santé, d'une activité professionnelle au contact de la nature et des ressources naturelles. Si les actifs agricoles et forestiers sont en moins bonne santé que les autres travailleurs, cette différence (faible) est plutôt liée au fait qu'ils sont en moyenne moins bien formés et ont des revenus plus limités.

Source : Journal of Agromedicine

15/01/2020

État des lieux de la recherche mondiale sur la santé mentale des agriculteurs

La première méta-analyse de la littérature scientifique portant sur la santé mentale des agriculteurs, dans le monde, a été publiée en décembre 2019 dans PLOS ONE, par des chercheurs canadiens. Les publications sélectionnées traitent de santé mentale sous des angles négatifs (stress, dépression, suicide) ou positifs (résilience), et se focalisent sur les travailleurs agricoles. Cette revue porte sur 341 documents, uniquement en langue anglaise et couvrant près de 30 ans (1979 à 2017).

La grande majorité de ces études a été conduite aux États-Unis (35%), en Australie (19%), en Inde (13%) et au Royaume-Uni (7%). 16 % d'entre elles ont été menées dans des pays européens et seulement 3 % sont des études internationales. Si on constate une augmentation sensible de la fréquence des publications sur ce thème, le spectre couvert reste limité. La majorité des travaux portent sur le stress (143), la dépression (111) ou le suicide (113). Peu traitent des questions d'anxiété (51), de burn-out (2) ou de résilience (20). Enfin, seules 20 publications abordent la question de la prise en charge, notamment au travers de l'évaluation des dispositifs publics mis en place.

Les auteurs concluent au manque de connaissances quantitatives sur la prévalence des maladies mentales parmi les agriculteurs, et plus encore sur les facteurs de risques ou protecteurs, ainsi que sur les dispositifs d'intervention auprès de ces populations.

Nombre d'études, par an, portant sur la santé mentale au sein de la population agricole

Sante-mentale.jpg

Source : PLOS ONE

Source : PLOS ONE

14:45 Publié dans Agriculteurs, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : santé mentale, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/01/2020

Quels leviers pour aider les producteurs européens à faire face aux évolutions potentielles de leur environnement de travail d'ici 2030 ?

L'Iddri a présenté, dans une publication de novembre, un exercice de prospective (réalisé dans le cadre du projet SUFISA), explorant les potentiels changements, d'ici à 2030, dans l'environnement de travail des producteurs européens. Pour ce faire, cinq variables structurantes ont été considérées (politiques commerciales, demande globale, régimes alimentaires, organisation des filières, technologies) pour construire quatre narratifs possibles. Ensuite, ont été envisagés les leviers individuels, collectifs et politiques, pour faire face à ces évolutions. Les auteurs recommandent ainsi d'accroître le niveau de différenciation des produits, pour se placer sur des marchés de plus en plus segmentés, et de renforcer des dynamiques de filières (ex. : organisations de producteurs).

Source : Institut du développement durable et des relations internationales

14:19 Publié dans 1. Prospective, Agriculteurs | Lien permanent | Tags : iddri, sufisa, agriculteurs, 2030 |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/09/2019

Insurrections paysannes. De la terre à la rue : usages de la violence au XXe siècle, Édouard Lynch

Lynch.jpg

Ce qu'il y a de bien, avec les historiens, c'est qu'ils travaillent dur, respectent leurs sources et aiment encore écrire de gros livres. La présente publication d'Édouard Lynch, professeur à l’université Lyon 2, répond à tous ces critères, et encore ne s'agit-il là que d'une version condensée de son volumineux mémoire d'habilitation à diriger des thèses (plus de 1 200 pages), achevé en 2012.

En France, les actions collectives paysannes, différentes des autres mobilisations professionnelles, ont donné lieu à de nombreuses études, dont cet ouvrage se démarque à plus d'un titre. D'abord par l'ampleur de la période explorée, allant de 1870 à 1977, cette dernière date étant imposée par la disponibilité des archives. Ensuite, l'auteur s'est essentiellement intéressé aux luttes paysannes violentes : barrages, saccages de bureaux, déversement de purin, destruction de produits, affrontements avec les forces de l'ordre, etc. De plus, loin des habituelles monographies locales, Lynch propose une vue d'ensemble de toute la conflictualité agricole. Pour ce faire, il s'appuie sur des archives administratives centrales, mais au lieu d'utiliser seulement les sources, classiques, du ministère de l'Intérieur, il mobilise aussi celles du ministère de la Justice, en particulier de la direction des affaires criminelles et des grâces, qui réunissent toutes les enquêtes initiées par les parquets et remontées à Paris en vue de décider ou non d'engager des poursuites.

De facture classique, l'ouvrage comporte quatre parties chronologiques. La première (1870-1914) décrit les premières grèves de salariés agricoles puis les grands conflits viticoles qui embrasent le Midi, à la base d'un double processus de nationalisation des contestations et de maîtrise progressive des codes médiatiques. La partie suivante (1920-1940) montre la tendance à la politisation des luttes, sur fond d'agrarisme et de violence maîtrisée. La troisième (1945-1966) dépeint la radicalisation et la diversification des insurrections agricoles (barrages, luttes intersociales, etc.). La dernière période (1967-1977) voit la généralisation des manifestations-destructions, avec des années 1967 et 1974-76 particulièrement explosives, et des pouvoirs publics restant d'une grande mansuétude.

Dans l'épilogue, l'auteur prolonge son analyse jusqu'à aujourd'hui. Il souligne que le recours à l'action directe reste une spécificité du monde agricole, mais que les dernières décennies se caractérisent par une baisse régulière de la violence et de la logique de confrontation, et ce pour plusieurs raisons : chute de la démographie agricole, reconfigurations du métier, affirmation de nouveaux défis environnementaux ou sanitaires, le tout sous l'œil de réseaux sociaux prêts à stigmatiser n'importe quelle brutalité, même minime et involontaire.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Vendémiaire

16:35 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : lynch, paysans, agriculteurs, insurrections paysannes |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/07/2019

Quels agriculteurs utilisent un smartphone, et pour quoi faire ? Des résultats intéressants d'une enquête allemande

Les résultats d'une enquête sur l'usage de smartphones, menée sur plus de 800 agriculteurs allemands, ont été publiés récemment dans Precision Agriculture. Alors que leur utilisation comme interface en agriculture de précision, dans les pays en développement, font régulièrement l'objet de publications, ce n'est pas le cas dans les pays développés où les infrastructures et les micro-ordinateurs sont largement répandus. Les auteurs ont cherché à vérifier si les critères de recours aux smartphones étaient similaires à ceux déjà repérés pour l'agriculture de précision : type d'exploitation, degré de familiarisation avec les TIC, capital humain, localisation, etc. Au-delà du profil type de l'agriculteur utilisateur, ils ont également déterminé les usages qui en étaient faits.

Si les agriculteurs allemands sont en moyenne moins bien équipés que la population générale (59 % contre 74 %), la moitié des détenteurs utilisent des applications liées à la gestion de leur exploitation. De façon attendue, les plus jeunes et les plus éduqués sont également les plus familiarisés avec ces appareils. La taille de l'exploitation et sa localisation interviennent également, les chefs des grandes exploitations du nord et de l'est de l'Allemagne étant plus enclins à utiliser cette technologie.

Source : Precision Agriculture

13:31 Publié dans Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : allemagne, smartphone, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/01/2019

Les nouveaux entrants en agriculture, plus entrepreneurs que price takers

À l'échelle mondiale, le contexte réglementaire ou le paysage industriel influencent fortement les orientations techniques des agriculteurs qui s'installent. En revanche, les aptitudes individuelles et les choix personnels des nouveaux entrants expliqueraient en grande partie le dynamisme de leur exploitation, selon des travaux récemment publiés dans l'European Review of Agricultural Economics.

S'inscrivant dans le prolongement de recherches précédemment réalisées par les auteurs sur le secteur agricole, à partir des données rassemblées par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), cette analyse se focalise sur les nouveaux entrants, identifiés comme sources de dynamisme économique et d'emplois dans les espaces ruraux. Pour ce faire, les auteurs utilisent plusieurs théories généralement mobilisées dans l'étude des trajectoires d'entreprises, principalement dans le domaine industriel ou les services, plus rarement dans le secteur agricole. Ainsi, la théorie du management basé sur les ressources (Resource-Based View, RBV), met en avant la singularité des combinaisons de ressources matérielles et immatérielles des entreprises, notamment celles provenant du capital humain, pour dégager un avantage comparatif par rapport aux concurrents, au niveau national voire international. De son côté, la théorie institutionnelle introduit une dimension exogène importante, via le cadre réglementaire, les normes ou les représentations. Enfin, l'analyse industrielle s'intéresse plus au contexte sectoriel et aux situations de concurrence.

En combinant ces différentes lectures des dynamiques des entreprises, les auteurs ont calculé et hiérarchisé l'impact de divers facteurs a priori susceptibles d'influer sur le devenir des exploitations agricoles. En s'appuyant sur des données individuelles (près de 6 000 observations) couvrant la période 2004-2014, dans 90 pays, ils ont ainsi mesuré les interactions de différents paramètres avec la productivité du travail. En particulier, dans les pays ayant atteint un haut niveau de productivité, le capital humain est essentiel pour expliquer la performance des nouveaux agriculteurs. Le niveau de formation initiale, le capital social (réseaux de pairs), la créativité, les aptitudes à innover et à se saisir des opportunités, mais également les compétences techniques pour les mettre en œuvre, sont des moteurs de la croissance. Les auteurs concluent sur l'importance de favoriser la créativité et la faculté à s'insérer dans des réseaux, pas seulement agricoles, chez les futurs agriculteurs en formation.

Schématisation des facteurs expliquant au niveau individuel, ou à l'échelle nationale, la dynamique des trajectoires économiques des agriculteurs nouvellement installés

Nouveaux-entrants.jpg

Source : European Review of Agricultural Economics

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : European Review of Agricultural Economics

09:04 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : agriculteurs, nouveaux entrants, capital humain, formation, capital social, innovation |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/11/2018

Au Japon, la pluriactivité des agriculteurs joue un rôle sur leur maintien en activité

De manière générale, on considère que la pluriactivité des agriculteurs joue un rôle contrasté dans le maintien ou non des exploitations. Publiés dans le Journal of Agricultural Economics, des travaux récents, menés à l'échelle des préfectures japonaises, par une équipe nippo-américaine, démontrent que son impact dépend de la part des revenus non agricoles et du type d'emploi sur et hors de l'exploitation.

Le Japon, comme de nombreux pays développés, a dû faire face à une rapide baisse du nombre d'exploitations au cours des dernières décennies. Dans le cas particulier de ce pays, cela se traduit aussi par un recul de la production agricole, y compris pour le riz, en dépit de soutiens publics importants. Si l'ajustement structurel a été favorisé de façon à permettre le développement d'exploitations plus performantes, des politiques ont également été mises en œuvre pour ralentir la baisse du nombre d'agriculteurs (16 % de moins entre 2000 et 2005). Près de 80 % des agriculteurs sont pluriactifs, et la taille moyenne des exploitations « commerciales » est de 1,45 ha.

S'inscrivant dans la lignée des travaux étudiant la cessation d'activité, quel qu'en soit le motif (retraite ou reconversion), les auteurs ont approfondi l'analyse de l'impact de la pluriactivité, développant une méthode intéressante et potentiellement réutilisable dans d'autres contextes. Devant les différents niveaux de consolidation des données (ménage, commune, préfecture, etc.) et l'hétérogénéité des types de variables (discrètes, continues), les chercheurs ont utilisé une modélisation bayésienne hiérarchique pour optimiser les informations dont ils disposaient.

Leurs résultats font ressortir le caractère essentiel, dans la compréhension des arrêts d'activité en agriculture, des conditions locales d'emplois, de revenus non agricoles et d''urbanisation. Ainsi, si la pluriactivité réduit les sorties nettes de l'agriculture, son impact est plus important dans les préfectures où elle est répandue, tout en ne contribuant que marginalement aux revenus des ménages agricoles. La composition du collectif de travail sur l'exploitation est également à prendre en compte : la présence de salariés et la répartition de ce travail au sein du couple (l'un y travaillant à plein temps, l'autre à l'extérieur) consolide la structure. À l'inverse, l'urbanisation, tout en fournissant des opportunités de pluriactivité (en volume d'emploi et en valeur), facilite la sortie définitive de l'agriculture, en réduisant les coûts de transaction liés à l'arrêt d'activité. Les auteurs recommandent donc de prendre en compte les situations locales afin d'élaborer des politiques de soutien aux exploitations plus efficaces en termes de maintien de l'agriculture et de limitation des friches.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Agricultural Economics

09:48 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : japon, agriculteurs, pluriactivité |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/09/2018

Comprendre la faible participation des agriculteurs à la gouvernance territoriale

Prolongeant la tendance entamée dans les années 1975-85, les politiques de développement rural, en France, se caractérisent par une territorialisation grandissante. L'action publique s’opère de plus en plus à l’échelle de « territoires de projet » (pays, parcs naturels, territoires Leader, bassins de vie, intercommunalités, etc.) et repose sur des démarches participatives. Constatant la faible implication des agriculteurs dans ces dispositifs de gouvernance, une équipe de sociologues de l’Inra s’est penchée sur ce phénomène.

Leurs travaux, conduits dans le cadre du projet Gouv.Innov, ont fait l’objet d’une publication dans la Revue européenne des sciences sociales. Ils y ont suivi une « opération concertée d’aménagement de l’espace rural » (OCAGER), lancée par le pays Corbières Minervois (département de l’Aude). Leurs résultats combinent des informations issues d’observations participantes, d’entretiens semi-directifs et d’archives.

Les auteurs montrent que les agriculteurs, rompus à l’action collective et habitués à déléguer leur représentation aux coopératives, syndicats et chambres d’agriculture, sont déstabilisés par des démarches participatives qui s’adressent d’abord aux individus et non aux collectifs. De plus, la dynamique du développement rural, où l’agriculture n’est plus considérée comme un champ d’action publique à part entière, mais est soumise à une approche transversale, se heurte aux logiques sectorielles qui prévalent chez les agriculteurs. Pour ces raisons, la plupart d’entre eux ne prennent pas part aux réunions de concertation, ou bien seulement à celles consacrées aux questions agricoles, et comptent sur leurs institutions pour les représenter le reste du temps.

Les auteurs notent toutefois que les « néo-agriculteurs » font exception à cette règle. Souvent tournés vers des systèmes alternatifs (agriculture biologique, etc.) et porteurs d’une vision politique de leur activité, ils trouvent aisément leur place dans les processus de concertation, et ce d’autant plus que leurs parcours professionnels antérieurs les ont acculturés aux démarches délibératives. De fait, ils sont surreprésentés dans les dispositifs participatifs.

Ainsi, cette étude de cas illustre les défis sociaux, culturels et organisationnels auxquels sont confrontés les dispositifs participatifs cherchant à mobiliser les acteurs locaux, et notamment les agriculteurs.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Revue européenne des sciences sociales

04/04/2018

Le bien-être des agriculteurs affecté négativement par le travail

C'est l'une des conclusions de l'étude publiée récemment par la Dares, à partir des résultats de l'enquête de 2016 sur les conditions de travail et les risques psychosociaux. Le bruit, l'isolement et le manque de reconnaissance sont les principaux facteurs de mal-être au travail des agriculteurs.

Les contributions du travail au bien-être selon la catégorie socio-professionnelle

Dares.jpg

Source : Dares

Les auteurs se sont appuyés sur un indicateur synthétique, la contribution des conditions de travail au bien-être psychologique, déterminée à partir de six types d'exposition (pénibilité physique, contraintes d'organisation, intensité du travail, conflits éthiques, demande émotionnelle, insécurité de la situation de travail) et trois types de ressources (autonomie, soutien social, reconnaissance). Dans un deuxième temps, ces résultats sont confirmés par une analyse plus fine, prenant appui sur deux typologies différentes des situations de travail, au regard de leur participation au bien-être des travailleurs. Ainsi les agriculteurs se retrouvent-ils, pour plus de la moitié, dans les classes des « invisibles » ou des « mécontents » (typologie 1), et des « isolés » ou « précaires laborieux » (typologie 2).

Source : Dares

09:00 Publié dans Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : dares, bien-être, travail, conditions de travail, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/11/2017

Agriculteurs urbains, Guillaume Morel-Chevillet (dir.)

Agriculture-urbaine.jpg

Dirigé par G. Morel-Chevillet (chargé de mission à Astredhor, l'institut technique de l'horticulture), ce guide pratique marque une nouvelle étape dans l'institutionnalisation de l'agriculture urbaine, en offrant une synthèse complète sur ce sujet à destination du grand public. L'ouvrage est organisé en trois parties, abordant les différentes formes de production alimentaire en milieu urbain : l'auteur a retenu une définition extensive de l'« agriculture urbaine », qui couvre tant des activités orientées vers le loisir et l'épanouissement personnel que vers la production et la commercialisation.

La première partie s'intéresse aux « amateurs », qui investissent par exemple un balcon, une terrasse pour cultiver des fraises ou un toit pour installer une ruche. Elle passe en revue les différentes « solutions pour produire chez soi », avec des encadrés pédagogiques, et présente le matériel végétal le mieux adapté pour mettre en place un « potager urbain ». La deuxième partie est consacrée aux dimensions « sociales » de l'agriculture urbaine. Elle retrace notamment l'histoire des jardins collectifs. Les collectivités territoriales trouvent aujourd'hui dans ces différentes pratiques un levier pour aborder de façon plus concrète les enjeux de l'alimentation et pour sensibiliser aux problématiques de la biodiversité.

Enfin, près de 150 pages sont consacrées à ceux qui font de l'agriculture en ville un métier. Agro-paysagistes, architectes, serristes, du côté de l'offre de services, maraîchers et éleveurs, du côté de la production, sont confrontés à des défis particuliers, de l'aménagement des bâtiments aux problèmes de pollution des sols ou de l'air. Cette troisième partie aborde clairement les enjeux de la professionnalisation, en rappelant la diversité des démarches et des modèles économiques et en pointant les incertitudes qui demeurent sur le statut d'« agriculteur urbain ». La continuité entre les différents niveaux d'organisation des pratiques (individuelles, en groupe et en filière) est un fil conducteur jusqu'au dernier chapitre, consacré aux producteurs situés en périphérie des villes.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions France Agricole

08:49 Publié dans Agriculteurs, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/11/2017

Le think tank du Parlement européen fait le point sur l'éducation et la formation tout au long de la vie des agriculteurs européens

Une note récente du think tank du Parlement européen propose un bilan chiffré de l'éducation et de la formation des agriculteurs européens. Le vieillissement de la population agricole, entre autres lié au caractère peu attractif de ces métiers pour les jeunes, est crucial : seuls 6,9 % des agriculteurs européens ont moins de 35 ans, tandis que près du tiers dépasse les 65 ans. On apprend également qu'une majorité d'agriculteurs n'ont pas reçu de formation spécifique en agriculture, ce qui constitue un enjeu de politique publique face aux défis qui attendent le secteur : amélioration des performances environnementales, changement climatique, digitalisation, etc. Après ce panorama chiffré, la note présente de façon synthétique les systèmes éducatifs et de formation agricoles européens, le rôle de la PAC dans ce domaine, et les positions du Parlement européen et des parties prenantes sur ce sujet.

Source : Think tank du Parlement européen

08:36 Publié dans Agriculteurs, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : parlement européen, formation, agriculteurs, éducation |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/10/2017

Deux études améliorent la caractérisation du phénomène de suicide chez les hommes agriculteurs exploitants

Dans le cadre du plan national de prévention du suicide dans le monde agricole, Santé publique France et la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) ont collaboré à la réalisation de deux études dont les principaux résultats ont été publiés en septembre 2017. Leur objectif était d’identifier les liens entre certaines caractéristiques socioprofessionnelles et les suicides chez les hommes agriculteurs exploitants, afin d'améliorer la connaissance de ce phénomène et le ciblage des actions de prévention. Les études ont été réalisées grâce à l'appariement des données socioprofessionnelles de la CCMSA et de celles du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), entre 2007 à 2011. L'analyse a ainsi couvert l'ensemble de la population des hommes agriculteurs exploitants (non-salariés) en France métropolitaine, sur 5 années consécutives, ce qui lui confère une grande solidité statistique.

Risque relatif (RR) et intervalle de confiance (IIC 95 %) de décès par suicide chez les hommes agriculteurs exploitants en France métropolitaine entre 2007 et 2011 (extrait)

InVS.jpg

Source : Santé Publique France

De 2007 à 2011, 674 décès par suicide d’hommes exploitants agricoles ont été recensés, soit un taux d’environ 0,4 décès pour 1 000 personnes par année (c'est-à-dire 20 % de plus, en 2010, que pour les hommes des autres groupes sociaux). Des différences apparaissent selon les caractéristiques sociales et professionnelles. Les agriculteurs les plus à risque sont ainsi ceux : âgés de 45 à 54 ans ; possédant une exploitation à titre individuel ; exerçant une activité exclusive ; travaillant une surface agricole utile comprise entre 20 et 49 hectares ; localisés en Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France ou Auvergne-Rhône-Alpes. Contrairement à d'autres travaux, l'analyse n'a pas conclu à l'existence d'un lien entre risque de mortalité par suicide et secteur d’activité.

Les auteurs discutent ces résultats au regard de la littérature existante. Ils mettent par exemple en perspective la surmortalité par suicide observée chez les 45-54 ans avec leurs difficultés face aux problèmes de modernisation, de respect des normes ou de transmission de leur exploitation. L'effet de la localisation géographique traduirait indirectement, quant à lui, essentiellement des différences individuelles entre agriculteurs. Plusieurs limites des études sont enfin précisées, comme le non-traitement des femmes en raison de contraintes statistiques, ou l’intérêt à l'avenir de considérer d'autres facteurs de vulnérabilité comme le statut marital, l'isolement géographique ou le revenu.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Santé publique France

10:34 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : suicide, santé publique france, ccmsa, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

03/10/2017

Les ouvriers agricoles parmi les plus heureux au travail

C'est l'une des conclusions les plus marquantes des résultats publiés récemment par la Fabrique de l'industrie à partir de l'enquête « Qualité de vie au travail » de la Dares. Ils sont issus d'une approche originale développée sur la base de l'identification de huit profils de travailleurs selon les conditions objectives de leur activité professionnelle (horaires, revenus, qualifications, expositions aux nuisances, etc.), croisés avec six profils bâtis sur le ressenti exprimé par les actifs (bien-être au travail, autonomie, tensions avec la hiérarchie ou les collègues, etc.). L'ensemble des réponses à l'enquête a été reclassé selon ces deux grilles de lecture, aboutissant à un portrait de la relation au travail des actifs.

Sans surprise, la majorité des agriculteurs exploitants sont classés dans le profil objectif « indépendant » et subjectif « travaille seul » : le sentiment de liberté (de s'organiser, de choisir son activité, etc.) va alors de pair avec des contraintes horaires et physiques importantes. Ils sont également plus souvent que les autres fiers d'un travail bien fait.

Distribution des profils subjectifs par catégorie socio-économique

Profils-travailleurs.jpg

Source : La Fabrique de l'industrie