Concevoir des systèmes innovants en élevage (12/11/2014)
La revue Inra Productions animales a composé dernièrement un riche dossier sur les démarches de conception en élevage. La notion d’innovation elle-même, souvent un peu mystérieuse, y fait l’objet d’analyses très claires.
Peuvent ainsi être distinguées les démarches de conception réglée (J-M. Meynard et J-Y. Dourmad), où l’objectif est « d’améliorer de manière graduelle, des produits ou technologies existants » (ex : la formulation des aliments du bétail, intégrant de nouvelles connaissances dans le calcul des rations sans en changer le principe) et les démarches de conception innovante, qui désignent « un processus d’exploration de nouveaux possibles visant à satisfaire des attentes tout à fait différentes » de celles qui gouvernent l’existant (ex : questions de bien-être animal ou de meilleure maîtrise des pollutions induites par l’élevage intensif). La conception innovante peut être en rupture, s’appuyant largement sur les modèles scientifiques sans se poser la question de sa mise en œuvre opérationnelle, ou au contraire, se réaliser « pas à pas », en s’attachant à penser en amont les conditions des transitions et de la diffusion des nouveaux systèmes, et en associant davantage les agriculteurs. D’autres cadres d’analyse sont mobilisés pour illustrer « les processus d’innovation en ferme », à l’initiative des éleveurs (S.Ingrand et al.).
Sans épuiser le numéro, on retiendra deux articles sur l’élevage de précision : sur ses impacts sociaux, avec la question des transformations du travail d’éleveur (N.Hostiou et al.), et sur ses développements dans les conduites extensives (F. Bocquier et al.). Mentionnons également un article de synthèse sur les apports de l’écologie aux démarches de (re)conception des systèmes d’élevage (M. Thomas et al.), avec d’un côté l’agroécologie (« ensemble de pratiques dont l’objectif est d’amplifier les processus naturels pour concevoir des systèmes productifs peu artificialisés, respectueux de l’environnement et moins dépendants des intrants »), et de l’autre, l’écologie industrielle, qui « explore quant à elle les possibilités de bouclage des cycles de matière et d’énergie ». Les auteurs fournissent une discussion intéressante des principes de ces deux branches de l’écologie, quand elle s'applique aux questions de production agricole, l’une plutôt orientée vers les conduites à l’air libre, l’autre vers l’élevage en milieu confiné.
Dans son ensemble, le numéro présente des réalisations originales pour différentes productions (ex : cas d’agroforesterie pour la production de foie gras d’oie combiné avec du recyclage par méthanisation - M.Thomas et al.), et des pistes prometteuses (ex : conception d’un système de production de truites en eau recirculée - L. Labbé et al.).
Enfin, sur cette même thématique, signalons que la revue Fourrages a consacré récemment un numéro aux innovations dans les systèmes fourragers.
Florent Bidaud, Centre d’études et de prospectives
Source : Quae
10:32 | Lien permanent | Tags : innovation, élevage | Imprimer | |