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14/05/2019

L’influence du secteur privé dans les politiques agricoles et alimentaires en Afrique

Co-écrite avec le bureau de conseil Issala et l’ONG SOS Faim, une note de mars 2019 d’Inter-réseaux, association regroupant divers acteurs impliqués dans le développement rural africain, s'intéresse à l’influence croissante du secteur privé dans la formulation des politiques publiques agricoles et alimentaires en Afrique, et à ses conséquences sur l'évolution du secteur. S'appuyant sur des sources documentaires variées et des contributions d'experts (chercheurs, intervenants de terrain), l'analyse se concentre sur les acteurs privés de grande taille, évoluant à l’échelle internationale : fondations philanthropiques, banques, fonds d’investissement, multinationales (engrais, semences, agro-industrie, etc.).

Selon les auteurs, depuis les années 1980, l’accès à l'alimentation des pays africains reposait principalement sur les importations, facilitées par la libéralisation des échanges agricoles. La crise alimentaire de 2007-2008 a ébranlé ce modèle, poussant les pouvoirs publics à s'intéresser davantage à la productivité des agricultures nationales, pour assurer la sécurité alimentaire des populations. Cette politique s'est traduite par le développement et la consolidation de plate-formes privé-public, alliances d'acteurs hétérogènes dans leurs tailles économiques, leurs intérêts et leurs modes de gouvernance. Parmi les 15 plate-formes identifiées dans le document, on peut notamment citer l’AFAP, dédiée au développement de l’utilisation des engrais en Afrique, GAIN et AGIR, positionnées sur des enjeux nutritionnels, AGRA sur la thématique de la « révolution verte », etc.

Le rapport souligne que les firmes multinationales sont désormais les mieux positionnées pour peser sur l’orientation, la conception, le financement et la mise en œuvre des politiques agricoles et agroalimentaires : « modernisation » fondée sur la mécanisation, les intrants chimiques et les OGM, insistance sur la sécurisation des investissements privés, etc. Un tel modèle, dans un contexte de fragilité des institutions nationales et des États africains, pose, selon les auteurs, la question d’une gouvernance sans contre-pouvoirs réels.

Représentation schématique des participations de divers types d'acteurs notamment à l'AFAP

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Source : Inter-réseaux

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Inter-réseaux

16/01/2019

Coopération Sud-Sud : la vision du Maroc sur le développement autonome de l'Afrique

L'Institut royal d’études stratégiques du Maroc (IRES) consacre son Rapport stratégique 2018 au sujet du développement autonome de l'Afrique. Riche de nombreuses cartes thématiques et données chiffrées, le document comprend un diagnostic historique, socio-économique, politique et environnemental (partie 1), une analyse prospective des enjeux à l'horizon 2050 (partie 2), et une réflexion sur les leviers mobilisables pour parvenir à un développement autonome dans lequel le Maroc serait appelé à jouer un rôle structurant (partie 3).

Le diagnostic souligne la grande diversité de l'Afrique : biomes (savane, déserts sur 20 % de la superficie, forêts humides représentant 16 % de la surface forestière mondiale), peuples et cultures (plus de 2 100 langues et de 1 000 ethnies), etc. L'agriculture, principale activité du continent, emploie 60 % des actifs dont une moitié de femmes, la production vivrière concernant 300 millions de personnes. Plusieurs problèmes majeurs sont identifiés : environ 225 millions d'individus (19 % de la population) sous-alimentés, dont 205 millions de subsahariens ; 65 % des sols dégradés ; 3 millions d’hectares de forêts disparaissant chaque année. Par ailleurs, en Afrique subsaharienne, plus de 90 % des surfaces rurales sont « sans papiers » et les investissements fonciers internationaux sont importants, du fait notamment des pays émergents en vue de la production de biocarburants.

La réflexion prospective se concentre sur « trois grands nœuds du futur » : la poussée urbaine (1,3 milliard d'urbains en 2050) ; la transformation rurale ; la sécurité et la gouvernance. La faible organisation de la chaîne alimentaire et le déficit d'infrastructures entravent la distribution des produits alimentaires, alors que l'agriculture assure la subsistance de 70 % de la population. Selon l'Ires, la sécurité alimentaire sera tributaire de l'augmentation des rendements et de la gestion des stocks. L'agriculture climato-intelligente apparaît ici comme une voie à explorer.

L'Ires souligne enfin le rôle du Maroc comme acteur clé du développement du continent, grâce à ses atouts économiques : premier investisseur intra-africain, siège du fonds d'investissement « Africa 50 » de la Banque africaine de développement, détention de 75 % des réserves mondiales de phosphate, expertise dans le secteur halieutique en tant que premier producteur de poissons (voir à ce sujet une précédente brève sur ce blog), etc.

Évolution, entre 2007 et 2016, des flux d'investissements directs marocains en Afrique (en millions de dirhams), selon les pays et tous secteurs confondus

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Source : IRES

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : IRES

08/01/2019

Déstructuration des systèmes alimentaires africains par les nouvelles stratégies de la grande distribution

Un rapport de GRAIN de novembre 2018 s'intéresse au développement de la grande distribution en Afrique, par les multinationales, et à ses effets sur les systèmes alimentaires traditionnels. Le document recense les chaînes de distribution, l'origine des capitaux, les pays d'implantation. Par ailleurs, il fournit des données chiffrées soulignant l'importance économique des marchés locaux et commerces de rue, qui représentent entre 80 et 90 % de la totalité des ventes alimentaires (hors Afrique du Sud et Kenya). Selon les auteurs, le développement de la grande distribution sur le continent est susceptible de remettre en cause « la subsistance de millions de petits vendeurs et de producteurs locaux » et de représenter un danger pour « la santé des populations » (lié au changement d'habitudes) et la diversité des cultures alimentaires traditionnelles ». Le document s'intéresse également aux mouvements de contestation et aux politiques gouvernementales.

Source : GRAIN

15/11/2018

Plus d'autonomie pour les femmes rurales africaines : un vecteur de développement agricole, agro-industriel et de sécurité alimentaire

Publiée récemment, une synthèse de l'étude Perspectives régionales sur le genre et les systèmes agroalimentaires, menée par la FAO et l'Union africaine, pose la question de l'inégalité du statut des femmes africaines par rapport à celui des hommes. Le sujet de l'égalité des sexes a été abordé à plusieurs reprises par l'Union : Agenda 2063, Déclaration de Malabo de 2014, Programme de développement durable à l'horizon 2030, etc.

À l'horizon 2050, plus de la moitié de la population du continent sera urbaine et la demande alimentaire augmentera. Selon les auteurs, l'activité des femmes pourrait contribuer à satisfaire cette demande si les engagements de l'Union africaine se concrétisent (30 % des droits de propriété, 50 % des financements consacrés aux femmes, etc.). À ce jour, dans la plupart des pays, l'agriculture emploie plus de 50 % de la population dont la moitié sont des femmes.

Le rapport souligne que le travail féminin est et sera sujet à des freins divers. Il est généralement restreint à l'agriculture de subsistance. Il est en outre concurrencé par les tâches domestiques et éducatives dans la famille. Les femmes sont de plus moins bien loties dans l'accès à l'école et à la formation professionnelle : le taux d’alphabétisation des plus de 15 ans est de 54 % contre 69 % pour les hommes. Dans la production, les femmes ont moins accès aux intrants, à la mécanisation, aux financements et aux marchés. Au total, les ménages gérés par des femmes sont davantage exposés à la pauvreté, leurs revenus représentant entre 30 % et 65 % de ceux des hommes.

L'étude signale également des lacunes institutionnelles concernant la politique de genre, le pouvoir décisionnel des femmes étant assez limité, même si le rapport note des progrès dans certains pays.

Finalement, les auteurs font diverses recommandations : par exemple, l'intégration du genre dans l'analyse et l'évaluation des politiques publiques, la mise en place d'observatoires (données sur le genre et bonnes pratiques relatives à l'égalité des sexes) dans les plans d'investissement en agriculture, des programmes de sécurité alimentaire conçus pour les femmes facilitant leur accès aux partenariats public-privé, etc.

Type de propriété foncière agricole chez les hommes et les femmes, moyenne pour l'Afrique subsaharienne, 2010-2017

FAO-femmes.jpg

Source : FAO

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : FAO

10:25 Publié dans Développement, Mondialisation et international, Société | Lien permanent | Tags : fao, femmes, afrique, égalité des chances |  Imprimer | | | | |  Facebook

02/05/2018

Futurs Africains, publication annuelle de la Banque africaine de développement

Dans son premier numéro publié récemment par la Banque africaine de développement (BAD), Futurs Africains se présente comme un lieu d'échange et de partage de savoirs entre divers acteurs (académiques, du développement, des affaires, de la finance, de la société civile, des arts, etc.), sur cinq défis du développement de l'Afrique contemporaine : électrification, sécurité alimentaire, industrialisation, intégration et amélioration de la qualité de vie des populations. Cette publication annuelle s'inscrit dans un renouvellement des modes d'interaction de la BAD avec les parties prenantes.

Sur la thématique agricole, des articles abordent le rôle des jeunes agriculteurs et de l'agriculture familiale dans les stratégies de sécurité alimentaire, ou encore la place qui doit revenir aux femmes, main-d’œuvre principale des activités agricoles, notamment dans la direction des entreprises. Pour la BAD, l'intégration régionale est le chemin à suivre pour l'attente desdits objectifs.

Source : Banque africaine de développement

10:43 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : bad, futurs africains, afrique |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/12/2017

Analyser la transformation structurelle pour le développement : productions, exportations et chaînes de valeur globales

Ce document de travail de la Banque africaine de développement analyse les nouvelles conceptions théoriques sur les processus de transformation structurelle des pays en développement. À la différence des approches qui s'attachent à l'analyse de la structure de la production et de l'emploi, la littérature empirique récente s'est concentrée sur la structure des exportations. Ces questions concernent particulièrement les secteurs agricoles.

Dans cette perspective, la diversification et la sophistication des exportations sont considérées comme des indicateurs permettant d'apprécier les processus de transformation structurelle. La diversification des exportations caractérise généralement les pays à revenu élevé, et est donc un indicateur de développement économique, alors que la concentration des exportations correspond davantage à des pays à faible revenu. Dans les premières phases du développement économique, la diversification augmente puis s'équilibre. Le contexte actuel de fragmentation verticale des productions à l'échelle mondiale complique cependant l'analyse. Dans le cadre des chaînes de valeur globales (CVG), la part des « échanges de tâches » croît par rapport à celle des « échanges de biens ».

L'économie du changement structurel suppose des productions source de développement économique. Elle se fonde sur des indicateurs de sophistication ou de complexité qui, en analysant les caractéristiques des exportations, permettent de remonter vers l'amont et estimer le degré de complexité de la structure productive. Des outils comme l'Indice de sophistication et le PRODY mesurent le niveau de sophistication par le revenu moyen des exportateurs. Le Product Complexity Index (PCI) et l'Economic Complexity Index (ECI) ont des approches à partir, respectivement, des produits exportés et des pays exportateurs. Enfin, les approches basées sur la création de valeur ajoutée permettent de dépasser celles limitées à la production et à l'exportation : elles font appel aux capabilités en tant que combinaison de facteurs susceptibles de définir le profil de développement d'un pays.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Banque africaine de développement

16:52 Publié dans Développement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : afrique, transformations structurelles, cgv |  Imprimer | | | | |  Facebook

04/07/2017

Technologie numérique et promesses de changements pour l'agriculture africaine

Un article publié mi-mai par la Harvard Business Review présente les derniers développements technologiques et informatiques appliqués à l'agriculture en Afrique. Selon l'auteur, ceux-ci pourront fournir aux entreprises africaines des solutions technologiques et financières adaptées à la petite agriculture (mesure et traitements de données sur les sols, informations sur les marchés, etc.). L'article souligne que la réussite de ces solutions dépendra d'un ensemble de facteurs tels que le contexte institutionnel, l'amélioration des infrastructures de communication, la réduction des résistances culturelles des agriculteurs vis-à-vis de ces technologies.

L'auteur, Ndubuisi Ekekwe, a une riche trajectoire dans le domaine de la technologie numérique. Diplômé des universités John Hopkins (Baltimore) et de Calabar (Nigeria), il est le fondateur de l'Institut Africain de Technologie, a publié plusieurs ouvrages et développé des technologies dans le domaine de la robotique.

Source : Harvard Business Review

15/05/2017

Revenus et trajectoires agricoles en Afrique d'ici 2050 : vers un trop-plein d'agriculteurs ?

Face à l'enthousiasme que suscite une éventuelle « révolution verte » en Afrique, cette note technique de l'AFD, de mars 2017, interroge la « capacité de l'agriculture à faire vivre les producteurs et à répondre à d'autres fonctions » qui lui sont attribuées, notamment en termes d'emplois. Elle analyse des indicateurs dont l’interaction permet de comprendre le changement structurel qui, dans certains pays, a placé l'agriculture dans une situation de convergence de revenus avec les autres secteurs de l'économie. La méthode utilisée projette à l'horizon 2050 les potentialités de croissance de la production par pays (projet GAEZ). La convergence des revenus est abordée à partir du « ratio de revenu du travail (LIR) », qui met en rapport les variables « volume de production », « population » et « prix ». Les pays africains présentent des différences sur le plan agricole. Certains ont déjà entamé un processus de changement structurel classique (réduction simultanée de la part de l'agriculture dans l'emploi et dans la richesse globale), qui les place dans de bonnes conditions d'évolution pour les années à venir. D'autres, à l'inverse, devront engager des politiques volontaristes de soutien à l'agriculture et au revenu.

La variable démographique est déterminante en Afrique, et selon les projections, le sera plus encore à l'horizon 2050. Les auteurs montrent que les systèmes économiques seront insuffisamment développés pour absorber cette croissance de main-d’œuvre potentielle. Le secteur agricole ne pourra pas non plus assumer ce rôle : il devra faire face à une baisse de la surface disponible par travailleur, même en considérant l'incorporation des terres marginales. Pour que l'agriculture puisse être considérée comme une voie d'insertion des jeunes générations, une situation de convergence des revenus entre secteurs économiques devrait être atteinte.

Enfin, à partir d'une modélisation de quatre régimes de développement agricole, et selon des projections à l'horizon 2050, la note met en évidence que 34 pays africains seraient dans une trajectoire « défavorable aux agriculteurs », 9 dans une trajectoire « pouvant favoriser les agriculteurs  » et 10 dans un « changement structurel classique ». Sur le continent, la population active agricole augmenterait de 89 % (97 % pour la région subsaharienne), tandis que l'écart entre le revenu agricole et le revenu non agricole croîtrait.

Trajectoires projetées à l'horizon 2050 pour les pays africains

AFD.jpg

 
Source : AFD

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : AFD

11:14 Publié dans 1. Prospective, Agriculteurs, Mondialisation et international, Territoires | Lien permanent | Tags : afd, afrique |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/10/2016

Le NEPAD préconise une « révolution verte » pour éradiquer la faim en Afrique d'ici 2025

Après une première version fin mai, le rapport final du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), Ending Hunger in Africa. The elimination of hunger and food insecurity on the African continent by 2025, a été présenté mi-septembre à Pretoria. L'objectif de ce rapport est d'étudier les conditions nécessaires pour atteindre l'engagement, pris par les chefs d’États africains lors de la déclaration de Malabo en juin 2014, d'éradiquer la faim chronique d'ici 2025, en passant de 19 % à 5 % de la population en situation d'insécurité alimentaire. Cette étude a été réalisée avec le Frederick S. Pardee Center for International Futures de l'université de Denver.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, tout en réduisant le niveau des importations, dans un contexte de croissance démographique, le NEPAD considère que la production devra progresser de 61 % par rapport à 2015. Cette hausse nécessite une augmentation de la superficie agricole de 39 millions d'hectares (essentiellement en Afrique australe et de l'Est), une progression des rendements de 3,2 % par an (pour atteindre une moyenne de 4,9 t/ha en 2025), une croissance de 5,8 % des cheptels et une réduction de 9 % des pertes post-récoltes. Le rapport préconise une « révolution verte » pour l'agriculture africaine, en favorisant le recours aux engrais, aux semences améliorées, à la mécanisation et aux crédits, ainsi que le développement de l'irrigation et des infrastructures rurales. Cette révolution doit bénéficier aux grandes exploitations commerciales ainsi qu'aux petites structures, lesquelles représentent 95 % des exploitations agricoles en Afrique. Le NEPAD recommande également une hausse des aides publiques à destination des ménages pour soutenir la consommation alimentaire, à hauteur de 11,6 % du PIB en 2025 contre 9 % en 2015.

En conclusion de la présentation publique du rapport, le directeur général du NEPAD a insisté sur le fait que ce document doit contribuer à l'élaboration de politiques publiques adaptées, au niveau des États et des communautés économiques régionales.

Guillaume Furri, Conseiller pour les Affaires Agricoles, Service Économique Régional en Afrique Australe, Ambassade de France en Afrique du Sud

Source : NEPAD

11:38 Publié dans Mondialisation et international, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : nepad, afrique, révolution verte |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/09/2016

Interventions brésiliennes en Afrique : différentes interprétations de l'agriculture familiale au regard du programme MFI (More Food International)

Dans le cadre de sa coopération agricole avec l'Afrique, le Brésil met en avant son expérience de développement de l'agriculture familiale et la proximité des problématiques brésiliennes et africaines sur ce point. Un article de la revue World Development analyse comment évoluent les concepts et les politiques d'appui et de transfert entre le Brésil et trois pays (Ghana, Mozambique et Zimbabwe). Les auteurs retracent d'abord l'historique, présentent les acteurs en présence et explicitent les différentes interprétations du concept d'agriculture familiale au Brésil. Ils s'intéressent ensuite à l’utilisation de ce concept dans le cadre du More Food Program, programme d'appui à l'agriculture familiale au Brésil, puis à la traduction de ce même programme dans la politique extérieure brésilienne, avec le More Food International (MFI). Faisant une analyse de contenu des documentations existantes, et réalisant des enquêtes auprès des principaux acteurs, les auteurs mettent en lumière les concepts et jeux d'acteurs qui sous-tendent ces politiques au Brésil, ainsi que leurs ré-interprétations en Afrique.

Ils montrent que la pluralité des interprétations de l'agriculture familiale est le reflet de visions contrastées du développement agricole issues de l'histoire, de la géographie et des luttes de pouvoir au Brésil, et comment cette pluralité se traduit dans la mise en œuvre du programme MFI. En fonction de leurs origines (ministère du Développement Agraire, ministère des Affaires Étrangères, secteur industriel, mouvements agricoles et paysans, etc.), les acteurs brésiliens du MFI mettent en avant tantôt les opportunités commerciales, la modernisation agricole (technique) ou plutôt des revendications politiques (agriculture familiale par opposition à agro-industrie, agro-écologie, etc.).

L'étude souligne également que les idées et politiques associées au concept d'agriculture familiale, au Brésil, ne résistent pas à leur transfert dans d'autres pays. Le concept lui-même, au cœur du MFI, a été évacué par les acteurs (en particulier gouvernementaux) des trois pays étudiés (exception faite de certains mouvements sociaux au Mozambique). La partie « crédit et achat de matériels agricoles brésiliens » du programme MFI, déjà majoritaire dans la mise en œuvre par les Brésiliens eux-mêmes, est ainsi la seule retenue et connue dans les pays destinataires.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : World Development

14:48 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement | Lien permanent | Tags : brésil, afrique, agriculture familiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/03/2015

Interrogations autour de la transformation structurelle en Afrique

Partant du scénario de référence Agribiom (voir le billet sur les Évolutions du système alimentaire mondial à 2050), Bruno Dorin a prolongé, pour la fondation FARM, ses travaux prospectifs en s’intéressant plus spécifiquement à la transformation structurelle à l’œuvre en Afrique, observée dans de nombreux pays, où les gains de productivité en agriculture permettent le transfert de main-d’œuvre de l’agriculture vers les autres secteurs.

Cette étude prolonge les résultats précédents en intégrant notamment à la réflexion les populations actives agricoles. À l’inverse des évolutions démographiques générales, celles-ci devraient baisser fortement partout (de –22 % à –82 % selon les régions), à l’exception notable de l’Afrique subsaharienne (+81 %). Cette région compterait alors près d’un tiers des actifs agricoles contre moins de 10 % en 1961, et plus d’un habitant sur cinq y serait un actif agricole en 2050, ce qui pose la question des conditions de la transition structurelle.

Dans cette optique, l’auteur interroge la productivité du travail agricole en Afrique (quantité de biomasse produite, en calories, par actif). En 2050, la productivité moyenne du travail agricole serait 372 fois plus élevée en Amérique du Nord qu’en Afrique subsaharienne (146 fois en 2006, 38 en 1961), avec plus de 6,6 millions de kcal/actif/jour d’un côté contre 17 800 de l’autre. L’Afrique subsaharienne, dont la productivité est déjà la plus faible, en connaîtrait aussi la plus faible progression : un signal inquiétant quand, avec l’Asie, cette région concentre le plus de populations pauvres.

Production de calories alimentaires végétales par actif agricole

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Source : B. Dorin

Dans ce scénario, selon l’auteur, le risque est fort de voir l’Afrique, engagée depuis les années 1990 sur un sentier de développement agricole relativement vertueux, basculer dans un « piège de Lewis » : croissance des populations agricoles mais divergences de leurs revenus avec ceux des autres actifs.

Pour éviter ce décrochage de la productivité du travail agricole, l’auteur explore plusieurs pistes qui sont autant de défis, eu égard aux tendances passées : une progression des surfaces cultivées de plus de 80 % (jamais observée par le passé), une progression des rendements à l’hectare supérieure à ce qu’elle a été en Asie avec la « Révolution verte », ou une progression bien moindre du nombre d’actifs agricole (limitée à +20 %).

L’auteur en conclut que les contraintes démographiques ou foncières rendent peu probable en Afrique la répétition à l’identique (agrandissement et mécanisation) de la transformation structurelle connue par d’autres régions par le passé. Ceci devrait amener à explorer d’autres voies de productivité (agroécologie, intensification écologique).

Pierre Claquin, Centre d’études et de prospective

Source : Cirad

 

 

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07/07/2014

Parution de l'édition 2014 de Perspectives Économiques en Afrique

Perspectives Économiques en Afrique (PEA) est issu d'une collaboration entre le Centre de développement de l’OCDE, la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Il s'agit d'un rapport publié annuellement, dont le dernier numéro est paru en mai 2014 et qui dresse un état des lieux du développement économique et social du continent africain. Le site web qui l'accompagne propose des données et des analyses pour chacun des 54 pays africains. Mobilisant le même cadre macro-économique, le PEA s'efforce de permettre les analyses comparatives entre les pays et les années.

Les rapports annuels ciblent une thématique précise. Cette année, Perspectives Économiques en Afrique met l'accent sur les chaînes de valeur mondiales (CVM). Le précédent numéro portait sur les transformations structurelles et les ressources naturelles.

Le continent africain ne capte qu'une partie infime (mais qui tend à s'accroître), de la valeur ajoutée mondiale. Entre 1995 et 2011, sa part dans le total des échanges de valeur ajoutée est passée de 1,4 à 2,2 %. Selon le PEA, une plus grande participation aux CVM permettrait d'accroître la productivité et l'emploi en Afrique. La stratégie d'up grading qui consiste à s'insérer puis à jouer un rôle de plus en plus important au sein de la chaîne est perçue comme un moyen de développer le continent, à l'heure où une partie de la richesse du Nord bascule vers le Sud. Par ailleurs, le potentiel de montée en gamme dépend largement de la gouvernance et des rapports de force au sein de la chaîne.

Les chaînes agroalimentaires sont considérées comme les moins à même de permettre aux pays africains d'atteindre les étapes où est réalisée la plus forte valeur ajoutée. En effet, ces chaînes sont majoritairement contrôlées par les acteurs de l'aval qui réalisent les opérations de marketing et de distribution produisant la plus forte valeur ajoutée. Encore aujourd'hui, aucun acteur africain réalisant ces opérations ne peut être considéré comme significatif à l'échelle internationale. Cependant, l'intégration des firmes et pays africains dans les chaînes de valeur mondiales agroalimentaires permet le développement de compétences et savoir-faire et, de ce fait, accroît la qualification et la productivité des travailleurs agricoles.

Josselin Crozier, Centre d'études et de prospective

Source : Perspectives Économiques en Afrique

17:49 Publié dans Développement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : chaînes de valeur, afrique |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/02/2014

Un risque de rage humaine lié à l'abattage et à la découpe de viande de chien au Nigeria

La viande de chien est consommée de manière courante dans certains pays dont le Nigeria, où la rage est endémique. La rage, principalement transmise par morsure de chien, tue dans le monde 60 000 personnes par an, essentiellement en Afrique et en Inde.

Une récente étude, publiée par des chercheurs nigérians dans la revue International Scholarly Research Notices Veterinary Science, alerte sur une autre voie de transmission de la rage. Les auteurs indiquent que les bouchers peuvent régulièrement être exposés à la rage lors de l'abattage et de la découpe de chiens locaux apparemment sains. En effet, les bouchers n'utilisent pas de protection corporelle particulière et le statut sanitaire des animaux n'est pas nécessairement connu lors de l'abattage et de la découpe, car il peut s'écouler jusqu'à 10 jours entre l'excrétion virale et l'apparition de symptômes. Les résultats de leur enquête montrent que 5% des chiens abattus étaient porteurs du virus, d'après les analyses réalisées dans des échantillons de salive et de cerveau.

Source : Alliance globale contre la rage 

18:43 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : nigeria, afrique |  Imprimer | | | | |  Facebook

01/07/2013

Impact du changement climatique en Afrique et en Asie

Intitulé Baissons la chaleur : phénomènes climatiques extrêmes, impacts régionaux et plaidoyer en faveur de l’adaptation, un nouveau rapport de la Banque mondiale détaille les effets du changement climatique sur la production agricole dans trois régions : Afrique subsaharienne, Asie du Sud-Est et Asie du Sud. Cette étude, qui a mobilisé les compétences scientifiques du Potsdam Institute for Climate Impact Research et de Climate Analytics, s’appuie sur des simulations informatiques afin de dresser un tableau précis des fragilités de chaque région.

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13:44 Publié dans 3. Prévision, Climat | Lien permanent | Tags : afrique, asie |  Imprimer | | | | |  Facebook

29/06/2013

Lutte contre les mouches tsé- tsé en Afrique

Trois chercheurs de l'université éthiopienne Haramaya présentent dans le Journal of Veterinary Medicine and Animal Health une étude menée entre novembre 2009 et 2010, dans des régions de l'Ouest du pays, qui précise les types de mouches tsé-tsé (glossines) rencontrées en fonction de différents facteurs tels que la saison, l'altitude et le type de végétation.

Les catégories les plus particulièrement agressives comme glossina morsitans et glossina palipides sont le plus souvent rencontrées dans les zones végétales riveraines de cours d'eau. Les zones les plus touchées sont ensuite la savane, la forêt et enfin les zones cultivées. L'étude propose, afin d'en réduire le coût, un ciblage du plan de contrôle sur les vecteurs les plus redoutables.

Ces insectes, vecteurs des trypanosomes animales, sont considérés comme un des freins au développement de l'élevage en Afrique, du fait des pertes de production induites par ces maladies. Des mesures de contrôle des populations de mouches ont été mises en place dans les pays concernés.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Veterinary Medicine and Animal Health

13:41 Publié dans Filières agricoles, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : afrique |  Imprimer | | | | |  Facebook