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02/06/2015

Les dimensions commerciales de la sécurité alimentaire : risques et opportunités

En mars dernier, l’OCDE a diffusé un document rédigé par J. Brooks et A. Matthews sur les rapports complexes liant ouverture commerciale et sécurité alimentaire, laquelle est considérée selon les quatre piliers classiques définis en 1996 (disponibilité, accès, qualité et régularité).

L’étude s’appuie pour l’essentiel sur une importante revue des travaux passés et conclut que, d’un point de vue général, l’ouverture commerciale améliore la sécurité alimentaire dans ses quatre dimensions mais présente, pour chacune d’entre elles, à la fois des effets positifs et négatifs, des risques et des opportunités. En ligne avec les préconisations habituelles de l’institution, ce constat conduit les auteurs à préconiser des politiques non commerciales : fourniture de filets de sécurité, d’outils de gestion des risques, mais aussi investissement dans la productivité agricole. Ils appellent également à soigner l’« économie politique » des réformes d’ouverture commerciale pour en faciliter l’acceptabilité par les parties prenantes et en assurer le succès.

Au-delà de ces conclusions génériques, diverses tendances à l’échelle des États sont à souligner. Les auteurs définissent ainsi plusieurs indicateurs simples mais aux conclusions contrastées, permettant de qualifier le « risque » associé au fait de dépendre des importations pour assurer sa sécurité alimentaire. Trois méritent en particulier qu’on leur prête attention :

- « En moyenne » au niveau mondial, la part des importations alimentaires dans l’ensemble des importations est passée de 15 % en 1961 à 5 % aujourd’hui. Cette tendance cache cependant une certaine diversité (tendance baissière nette pour les petites îles mais moins évidente sur le long terme pour les pays les moins développés). Un taux relativement bas laisse penser qu’en cas de difficulté (flambée des prix à l’import), des substitutions d’importations sont possibles.

- Moins « rassurante », la capacité des pays à financer durablement leur dépendance alimentaire à l’importation par leurs exportations (et autres profits liés aux investissements à l’étranger) ne montre pas de tendance baissière évidente, voire au contraire une tendance à la hausse depuis 2007.

- Les auteurs calculent aussi des indicateurs de dépendance de pays importateurs à un nombre restreint de partenaires commerciaux. Ainsi, pour au moins 20 pays (11 en Afrique, 4 en Asie et 5 en Amérique Latine), plus de 50 % des importations cumulées de blé, riz et maïs, sont assurés par seulement les deux premiers fournisseurs de chacun de ces pays.

Au final, il semble pour les auteurs qu’il n’y ait pas de corrélation évidente entre le statut commercial d’un pays (importateur net ou exportateur net d’aliments) ou son évolution d’une part, et l’amélioration ou la dégradation de sa sécurité alimentaire d’autre part, comme en témoigne le graphique suivant :

ocde-brooks-mathews.jpg

Source : Brooks et Matthews, 2015, présentation CEP

Pierre Claquin, Centre d’études et de prospective

Source : OCDE

 

09:46 Publié dans Production et marchés, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : sécurité alimentaire, commerce, ocde |  Imprimer | | | | |  Facebook

01/06/2015

Crédits agricoles : que penser de la bonification des taux d’intérêt ?

Le département du Développement durable de l’Agence française de développement a mené une étude comparée sur l’expérience de trois pays – la France, les États-Unis et le Brésil – en matière de politique de bonification des taux d’intérêt en faveur de leur agriculture et de leur impact sur le plan de la modernisation du secteur, de l’augmentation des rendements et de l’accès durable au crédit.

En passant au crible le contexte et les politiques dédiées, et surtout en pointant les forces et les faiblesses des actions menées depuis leurs mises en œuvre, les auteurs ont in fine pu dégager de leur analysececi malgré les différentes stratégies poursuivies par chaque pays – des recommandations pratiques pour les pays en développement tentés d’utiliser cet outil pour accompagner leur secteur agricole.

Ces recommandations sont regroupées autour de cinq points clés :

– le contexte d’intervention et les modalités de mise en œuvre : idéalement un environnement économique stable et favorable avec l’appui au développement ou à la création d’intermédiaires financiers de proximité ;

– l’outil de bonification alliant un dispositif de bonification sain, régulièrement évalué et contrôlé, s’appuyant sur des intermédiaires financiers pouvant prendre des décisions d’octroi de crédit de façon indépendante tout en assumant les risques des prêts consentis au moins partiellement ;

– le ciblage de l’appui dans le cadre d’un financement d’investissements et/ou éventuellement d’intrants, élément fondamental d’efficacité et de maîtrise des coûts ;

– les conditions de prêt, financières et non financières, visant à mettre en place des comportements sains ;

– les mesures d’accompagnement, tant au niveau de l’emprunteur qu’à celui des intermédiaires financiers de proximité, pour assurer une bonne performance sur le plan technique et de gestion.

Tous ces points sont largement détaillés dans l’étude, et la maîtrise de l’ensemble de ces aspects serait un gage de bonne efficacité de la politique de bonification, tout en évitant de bâtir un système très coûteux et difficile à contrôler.

José Ramanantsoa, Centre d’études et de prospective

Source : Agence française de développement

09:45 Publié dans 4. Politiques publiques, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : crédits agricoles, afd |  Imprimer | | | | |  Facebook

Cour des comptes européenne – Instruments financiers dans le domaine du développement rural : erreurs du passé et défis à venir

Dans son rapport spécial n° 5/2015 du 28 avril, la Cour des comptes européenne présente les résultats d’un audit relatif à l’utilisation des instruments financiers – fonds d’emprunt et de garantie – dans le domaine du développement rural, au cours de la période de programmation 2007-2013. Il s’est agi pour la Cour de vérifier si ces outils ont été mis en place et gérés de façon appropriée et s’ils ont été efficaces, mais aussi d’évaluer l’impact des modifications apportées pour 2014-2020 sur les insuffisances constatées durant la période précédente.

La Cour fait le constat de l’inefficacité des instruments financiers utilisés en 2007-2013, du fait essentiellement de leur sur-capitalisation (montant versé au capital trop élevé par rapport au montant des prêts ou garanties accordés aux bénéficiaires finaux) et de la non-exploitation de leur potentiel en matière d’effet de levier (nombre d’euros de financement garantis ou versés à des activités rurales pour un euro de financement public investi) et de renouvellement (réutilisation de la dotation initiale). La Cour relève également une argumentation peu claire sur l’intérêt d’utiliser ces instruments, l’absence d’une information fiable et quantifiable justifiant les choix effectués (types de fonds, montant des capitaux affectés, estimation des besoins dans le secteur agricole) et une carence en matière de suivi et d’évaluation, tant au niveau de la Commission européenne (CE) que des États membres (EM).

Fin 2013, 700 millions d’euros ont été investis dans le secteur rural par l’UE et les EM via la mise en place de onze fonds de garantie et trois fonds d’emprunt entre 2009 et 2014 avec, pour les premiers, une surcapitalisation atteignant 370 millions d’euros. Seulement sept pays de l’UE ont été impliqués : Bulgarie, France, Italie et Roumanie pour les fonds de garantie, Grèce, Lettonie et Lituanie pour les fonds d’emprunt.

Concernant la période de programmation 2014-2020, la Cour estime que si le nouveau cadre juridique est susceptible d’améliorer les instruments financiers, obtenir l’impact souhaité en recourant davantage à ces outils ne sera pas aisé, surtout en cas de surcapitalisation persistante et de risque accru de dépendance aux subventions. Parmi les six recommandations qu’elle formule à l’intention de la CE et des EM, deux sont à souligner :

- « inciter plus efficacement les EM à mettre en place des instruments financiers en faveur du développement rural et à stimuler la demande des agriculteurs » ;

- renforcer l’efficacité des instruments financiers, « par exemple en établissant des normes et des valeurs cibles appropriées pour les effets de levier et de renouvellement ».

La Commission européenne, avec le concours de la Banque européenne d’investissement, s’emploie déjà à rendre plus attractive l’utilisation des instruments financiers (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Christine Cardinet, Centre d’études et de prospective

Source : Cour des comptes européenne

09:43 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : développement rural, instruments financiers, cce |  Imprimer | | | | |  Facebook