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29/05/2015

Agriculture et géopolitique : pour l'IFPRI, la hausse des prix alimentaires et les sécheresses figurent parmi les causes des conflits récents

En 2013, 46 % de la population dans les pays en développement habitaient dans des zones affectées par des conflits, contre 38 % à la fin de la guerre froide. Or, si l’insécurité alimentaire constitue une conséquence récurrente de ces conflits, elle peut également figurer parmi ses causes. Ce fut le cas notamment en Syrie, le pays ayant connu entre 2006 et 2010 (période précédant le soulèvement de 2011) de graves sécheresses. En analysant les conflits les plus récents, le chapitre 7 du nouveau Global food policy report de l'IFPRI apporte des recommandations destinées à renforcer la résilience de ces régions aux chocs extérieurs que peuvent être les hausses de prix alimentaires ou les sécheresses.

La récente escalade de violence au nord-est du Nigeria illustre le lien entre prix alimentaires et conflits. Une corrélation forte existe historiquement dans ce pays entre les hausses de prix des aliments et l’intensité de la guerre civile (voir graphique ci-dessous). Par ailleurs, au Mali, les sécheresses et l’avancée du désert, couplées à des politiques favorables à l’agriculture sédentaire au détriment du pastoralisme, ont contribué d’après les auteurs à attiser les tensions.

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Source : IFPRI

La réponse à de telles crises et leur prévention passent, selon l'IFPRI, par des politiques destinées à renforcer la résilience des populations à ces chocs extérieurs. En matière de sécheresses, des exemples vertueux sont cités tels que le mécanisme d’aide alimentaire éthiopien, les systèmes d’information sur les prix ou les dispositifs de facilitation de l’accès au crédit. Concernant les chocs de prix alimentaires, les auteurs recommandent à court terme de conserver des mécanismes de sauvegarde contre les hausses brutales de prix mondiaux, en particulier pour les pays fortement dépendants des importations. L’utilisation de stocks comme stabilisateurs de prix a ainsi montré son efficacité dans des pays comme l’Inde, le Kenya ou la Zambie. À moyen terme, doivent être développées des politiques qui permettent de renforcer la « capacité de transformation » des foyers ruraux, incluant l’investissement dans l’amélioration de la productivité et du revenu des petits producteurs.

Dans la perspective de la définition d’un agenda international de développement post-2015, les auteurs concluent qu’une attention particulière doit être portée sur les instruments permettant d’augmenter, dans les zones de conflit, la résistance des systèmes alimentaires à des chocs extérieurs.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : International Food Policy Research Institute

 

09:41 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : ifpri, géopolitique |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une expérience de motorisation partagée au Bénin par le biais des CUMA

La Fédération nationale des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (FNCuma), la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont contribué à un rapport sur la pratique des Cuma au Bénin, publié fin avril. Ce rapport reprend l’historique et le fonctionnement des Cuma, ceux de leur réseau au Bénin et du partenariat franco-béninois. Il analyse les conditions de la pérennité de cette initiative et les conséquences de la motorisation sur l’activité agricole.

Suite à la création de la première Cuma en 1997, il existe aujourd’hui une centaine de coopératives béninoises regroupant environ 850 membres. Bien que le contexte socio-économique et institutionnel soit radicalement différent, l’objectif d’accès à la motorisation pour accroître la productivité agricole est le même que celui qui a prévalu en France après-guerre. Dans les deux pays, cette organisation est volontaire et repose sur de petits groupes solidaires d’agriculteurs : investissement en commun dans les équipements, organisation collective pour les utiliser et structuration en réseau (formation, représentation, échanges de pratiques). En effet, bien que les Cuma béninoises relèvent d’un modèle organisationnel « importé », les enquêtes menées mettent en évidence des groupes qui s’appuient sur une dynamique endogène forte. La création de la coopérative est ainsi une réponse à des problèmes techniques, économiques et sociaux, identifiés par les agriculteurs eux-mêmes, et les coopérateurs enquêtés montrent un fort attachement à l’égalité entre membres, à la démocratie et à la décision collective.

Les dispositifs de crédit quasi-inexistants et la difficulté pour trouver des équipements répondant aux besoins expliquent que 44 % des Cuma béninoises en soient encore au stade de la recherche d’équipement. Le rapport identifie ainsi plusieurs points d’importance : le développement de réserves financières pour les investissements à venir, bonne pratique pour assurer la pérennité des Cuma ; le rôle des financements publics pour accompagner cette dynamique collective de motorisation, qui reste marginale ; l’élaboration de politiques publiques fortes de mécanisation et de motorisation pour assurer un changement d’échelle.

Anne-Sophie Wepierre, Centre d’études et de prospective

Source : Fondation FARM

09:40 Publié dans Agriculteurs, Développement, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : cuma, bénin, farm, motorisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

28/05/2015

Brève revue des acteurs clés des partenariats internationaux public/privé (PPP) pour la sécurité alimentaire

La Food & Business Knowledge Platform (initiative du ministère des Affaires étrangères allemand) publie ce mois-ci un rapport synthétique sur les grands partenariats public/privé (public private partnerships ou multistakeholders partnerships) internationaux comme outils de développement pour la sécurité alimentaire. De plus en plus de fonds sont en effet investis dans ce type de partenariats, y compris à une échelle nationale comme dans le cas de l’Allemagne. Le pari de ces programmes pour la sécurité alimentaire est, en facilitant les investissements privés dans le secteur agricole, en particulier en Afrique, d’améliorer le rôle des petits producteurs et entrepreneurs locaux dans les chaînes de valeur agricoles.

En s’appuyant plus particulièrement sur deux exemples, African Agricultural Growth Corridors partnerships et The New Alliance for Food Security and Nutrition, le document analyse brièvement les différentes parties prenantes de ces partenariats et leurs rôles respectifs : organisations internationales et gouvernements des pays de l’OCDE, gouvernements africains (ou asiatiques), grandes entreprises multinationales, ONG et fondations internationales, et représentants de la société civile et paysanne des pays destinataires. Reprenant les analyses faites par certaines ONG et fondations, il conclut à une asymétrie de pouvoir au détriment des populations locales, malgré les volontés affichées de les impliquer. Ce rapport montre également que peu d’études ont permis jusqu’à aujourd’hui de mesurer les impacts de ces programmes et que ce travail reste à faire. Il propose pour conclure différentes pistes de recherche dans l’objectif de comprendre et d’améliorer ce type de coopération : quelles sont les méthodologies adaptées à l’évaluation de ces actions ? Qui doit tenir le rôle d’évaluateur ? Comment les petits acteurs privés locaux et les grandes multinationales peuvent-ils effectivement travailler ensemble ?

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : Food & Business Knowledge Platform

L’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges publie son quatrième rapport

L’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges (OFPM) a publié fin avril 2015 son rapport annuel au Parlement. Cet Observatoire, présidé par Philippe Chalmin et animé par Philippe Boyer à FranceAgriMer, a été créé en 2010 face au nouveau contexte d’instabilité des prix agricoles, dans le but d’apporter des informations et des analyses transparentes et partagées sur la formation et la transmission des prix dans les filières alimentaires, « de la fourche à la fourchette ». Avec ce quatrième rapport, l'OFPM compile désormais une somme d’informations considérables sur de nombreuses filières agricoles et alimentaires ; pour chacune d’elles, des méthodes d’analyse des données de prix (issus de l’Insee, de FranceAgriMer, de panels, etc.) ont été construites sur mesure. Par rapport à l’édition précédente (voir un précédent billet sur ce blog), ces analyses ont été largement enrichies sur certaines filières : c’est le cas notamment sur la filière pain, avec une décomposition plus fine du prix de vente consommateur, identifiant la marge brute de l’industrie de la meunerie (voir graphique ci-dessous).

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Ces analyses filière par filière sont avantageusement complétées d’une approche macroéconomique sur les dépenses alimentaires globales des Français en décomposant cent euros moyens de dépenses alimentaires selon différentes branches de l’économie (voir par exemple le graphique ci-dessous).

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En déclinant cette décomposition entre secteurs sur la période 1995 et 2010 (voir graphique ci-dessous), les auteurs mettent ainsi en évidence la hausse régulière de la part des services dans les dépenses alimentaires des Français, la progression du poids des importations intermédiaires notamment liées à la hausse du prix de l’énergie, et la diminution du secteur agricole, compte tenu de la diminution des prix des produits agricoles sur la période. L’année 2010, dernière disponible, représente en revanche une nette rupture, liée à l’augmentation des prix agricoles.

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Au-delà de ces éléments, on dispose surtout aujourd’hui, avec ce rapport, d’une analyse sur une plus longue période sur l’instabilité des prix (laquelle perdure depuis 2008), et les différents schémas selon lesquels elle est amortie et absorbée par les maillons successifs des filières agricoles.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d’études et de prospective

Source : OFPM

 

09:35 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : ofpm |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une évaluation complète de la réglementation Natura 2000 dresse un tableau mitigé de l’état de la conservation de la nature en Europe

La Commission européenne a publié, le 20 mai dernier, un rapport sur l’état de conservation de la nature en Europe. Résultat d’une évaluation conjointe des directives « oiseaux » (2009) et « habitats » (1992), constitutives de la réglementation « Natura 2000 », il représente le panorama le plus complet jamais réalisé dans ce domaine.

Même si, de l’aveu du commissaire européen à l’environnement, M. Karmenu Vella, « [ce rapport] brosse un tableau d’ensemble mitigé », il montre une amélioration du statut de certaines espèces et le succès de certaines mesures de conservation. Plus de la moitié des espèces sauvages d’oiseaux (52 %) sont en effet « hors de danger », mais 60 % des autres espèces protégées au titre de la directive « habitats » sont dans un état de conservation défavorable. Celui des habitats eux-mêmes est quant à lui moins satisfaisant et évolue défavorablement (cf. tableau ci-dessous).

État des populations et état de conservation des habitats et espèces de l’UE

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Source : Commission européenne

Le rapport pointe certaines pratiques agricoles comme l’une des menaces les plus importantes sur les écosystèmes terrestres : modification d’itinéraires culturaux, surpâturage, abandon des systèmes pastoraux et utilisation d’engrais et de pesticides. Les modifications des conditions naturelles d’origine anthropique sont également citées (infrastructures notamment).

En conclusion, le rapport rappelle les efforts nécessaires pour atteindre les objectifs de la stratégie européenne pour la biodiversité à 2020, sans toutefois établir de recommandations. Les directives « oiseaux » et « habitats » font en effet en ce moment l’objet d’un réexamen approfondi dans le cadre d’un programme visant à améliorer les performances des politiques européennes (REFIT). Pour alimenter ce bilan, la Commission a également lancé une consultation publique, ouverte jusqu’au 24 juillet 2015.

Clément Villien, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne

 

09:33 Publié dans 2. Evaluation, Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité, natura 2000 |  Imprimer | | | | |  Facebook

27/05/2015

Première évaluation précise de la mortalité des colonies d’abeilles en Europe

La Commission européenne a publié, le 5 mai dernier, les résultats d’un programme de surveillance épidémiologique des colonies d’abeilles mené en 2012 et 2013 dans 17 États membres (EPILOBEE). Chaque pays a mis en place un protocole de collecte de données, harmonisé par le laboratoire européen de référence pour la santé des abeilles, dépendant de l’Agence de sécurité sanitaire française (Anses).

Le protocole consistait en une série de trois visites des colonies, à l’hiver 2012, au printemps et à l’automne 2013. En tout, plus de trente mille colonies ont fait l’objet d’une surveillance. Le taux de mortalité hivernale, compris entre 3,5 % et 33,6 %, est bien plus élevé dans le nord de l’Europe (28,8 % au Royaume-Uni, 28,7 % en Suède, 33,6 % en Belgique, etc.) que sur le pourtour méditerranéen (9,5 % en Espagne, 5,3 % en Italie, 6,6 % en Grèce, etc.). Un taux de mortalité hivernale (voir carte ci-dessous) inférieur à 10 % est généralement admis comme acceptable. S’il est intermédiaire en France (14,1 %), le taux de mortalité durant la saison apicole est le plus élevé d’Europe (13,6 % alors qu’il ne dépasse pas 10 % dans aucun autre pays).

Mortalité hivernale dans les pays de l’Union européenne

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Source : EPILOBEE 2012-2013

Conduits sur deux ans, ces travaux nécessitent d’être prolongés pour s’affranchir notamment des variations annuelles du climat. Les auteurs soulignent en effet que l’hiver 2012-2013 particulièrement froid explique sans doute, en partie, la surmortalité observée dans les pays d’Europe du Nord.

Le protocole ainsi établi apparaît comme prometteur selon les auteurs et pourrait pallier l’absence de dispositif de surveillance des abeilles pointé du doigt par l’Agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA) en 2009. Toutefois, alors qu’un moratoire sur l’utilisation de quatre pesticides néocotinoïdes est en vigueur depuis décembre 2013 et que son extension à l’ensemble des produits de cette famille est évoquée, plusieurs scientifiques ont déploré l’absence de la prise en compte de l’effet des pesticides dans le programme EPILOBEE.

Clément Villien, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne

 

09:33 Publié dans 2. Evaluation, Environnement | Lien permanent | Tags : abeilles |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’agriculture dans la Prospective sur les métiers et les qualifications (PMQ 2022)

Publié en avril dernier, le nouvel exercice de prospective nationale des métiers et des qualifications, Les Métiers en 2022, met en perspective « les grandes évolutions qui contribueront à façonner l’emploi et le marché du travail dans les années à venir ». Les projections de France Stratégie et de la DARES prolongent des tendances démographiques lourdes sur la période 2012-2022. Le vieillissement de la population sera « massif »avec un flux de départs à la retraite des générations du baby-boom avoisinant 620 000 personnes par an –, mais il s’accompagnera d’une croissance de la population active et du travail des « seniors » suite aux réformes des retraites. Trois scénarios macro-économiques sont élaborés pour moduler ces tendances de fond. Ils se traduisent par 115 000 postes à pourvoir par an dans l’hypothèse basse, dite « de crise », contre 177 000 dans le scénario central et 212 000 dans le scénario le plus favorable « de croissance tirée par l’innovation », caractérisé par l’essor de nouvelles activités liées à la transition écologique.

Quelles sont les évolutions du monde agricole dans ces différentes hypothèses ? « Les agriculteurs, éleveurs et sylviculteurs devraient connaître comme par le passé d’importants flux de départs en fin de carrière qui ne seraient pas compensés à l’identique par l’installation de jeunes exploitants ou l’embauche de nouveaux salariés. Le rythme des pertes d’emplois serait inférieur à la tendance passée, mais ce métier serait celui qui perdrait le plus d’emplois à l’horizon 2022 » (p.100).

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Source : projections France Stratégie-Dares

Par ailleurs, la tertiarisation des emplois se poursuivra sans doute « au cours des prochaines années, suivant une tendance à l’œuvre depuis plus de 25 ans ». Le rapport consacre des développements substantiels aux dynamiques territoriales (pp.146-163), pour souligner l’importance de l’économie résidentielle et du mouvement de métropolisation des emplois. Il comporte enfin des éléments sur les industries agro-alimentaires (partie sur les métiers des industries de process – p.221) et le secteur de l’« hôtellerie, restauration, alimentation » (p.305).

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : France Stratégie

 

09:30 Publié dans 1. Prospective, Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : france stratégie, dares, emplois |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’Insee publie l’édition 2015 de La France et ses territoires

Après l’édition 2010 de La France et ses régions, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de publier La France et ses territoires. L’Institut s’y livre à une série d’analyses du territoire français, dans un contexte national marqué par plusieurs réformes, en cours (mise en œuvre de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles et de celle relative à la nouvelle délimitation des régions) et à venir (projet de loi sur la nouvelle organisation du territoire de la République).

À travers une série de dossiers sont proposées différentes grilles d’analyse du territoire et de son fonctionnement, tant démographique que social et économique : degré de densité de population, rôle des villes avec les unités et aires urbaines, étude des marchés locaux du travail dans les zones d’emploi et prise en compte du contexte européen. Élément nouveau de cette édition, l’Insee dresse un panorama des régions dans leur future délimitation au 1er janvier 2016.

Concernant les territoires ruraux, longtemps définis en négatif comme des espaces « non-urbains », l’Insee présente une nouvelle approche plus « morphologique », issue des travaux de classification « urbain-rural » de la Commission européenne (typologie « Degré d’urbanisation », 2011), qui prend en considération la continuité de l’espace en s’appuyant sur la localisation et la concentration des populations (voir carte ci-dessous). Cette grille d’analyse tient mieux compte des évolutions territoriales avec des liens campagnes-villes resserrés et des espaces ruraux qui se définissent davantage comme un « cadre de vie ». Elle permet, combinée à d’autres données comme l'emploi et la présence de services et d’équipements, de mesurer l’enclavement et l’éloignement de territoires très diversifiés.

Typologie européenne élargie et accès aux équipements et services de proximité

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L’Insee observe ainsi que 90 % des communes françaises sont peu densément peuplés, regroupant 35 % de la population, et que « les plus faibles densités – communes très peu denses – concernent un tiers des communes et 4 % de la population », les trois quarts de ces dernières étant considérées comme isolées (ie éloignées de l’influence des villes). Toutefois, l’Institut souligne que « la faible densité n’est pourtant pas toujours synonyme de dépeuplement » puisque ces espaces peu et très peu denses ont connu des taux respectifs de croissance de la population de 5,2 % et 3,3 % entre 2006 et 2011 (contre seulement + 1,2 % dans les communes denses).

Pour mémoire, l’Insee a publié une étude en octobre 2014 sur la qualité de vie dans les territoires français (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Christine Cardinet, Centre d’études et de prospective

Source : Insee

 

09:28 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : insee, territoires |  Imprimer | | | | |  Facebook

26/05/2015

De l’usage de politiques de prix pour promouvoir des régimes alimentaires plus sains

Le Regional Office for Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié récemment un rapport intitulé Using price policies to promote healthier diets. Parmi les six régions de l’OMS, la région Europe (53 pays) est la plus touchée par les maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabètes, etc.) et, parmi les engagements pris par les États dans le European Food and Nutrition Action Plan 2015-2020 pour promouvoir une alimentation saine, figure la mise en place de politiques de prix.

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Dans un premier temps, est présentée une revue détaillée de la littérature sur les politiques de prix (taxes et subventions). Plusieurs points sont ainsi mis en avant, notamment l’influence de ces politiques sur les achats, les effets potentiels sur des produits et/ou nutriments non visés initialement, ou encore l’intérêt de recourir à des outils ciblés. Dans un second temps, des exemples d’actions dans la zone Europe sont détaillés. Sont ainsi présentés des cas de taxation suffisamment élevée pour avoir un impact sur les comportements : Danemark, Finlande, Hongrie et France. Le programme de l’Union européenne (fruits à l’école), les changements de TVA, les interventions dans la chaîne d’approvisionnement et l’exemple de Singapour (diminution des graisses saturées dans les huiles de cuisson) complètent cette partie.

Pour finir, plusieurs enseignements pour le développement de telles politiques sont tirés, notamment en termes d’objectifs à plus ou moins long terme, centrés sur les achats ou les comportements (plutôt que sur une évolution du poids corporel ou des maladies, nécessairement multi-factoriels), et de population visée. Le processus d’identification des produits et/ou nutriments objets de la taxe ou de la subvention doit faire l’objet d’une attention particulière, et la prise en compte des réponses des acteurs de la chaîne d’approvisionnement (taille des portions, reformulation des produits notamment) est également d’importance. Enfin, le rapport insiste sur la nécessaire évaluation de ces politiques.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : OMS

 

Pour une nouvelle science des systèmes alimentaires durables

L’International Panel of Experts on Sustainable Food Systems (IPES-Food), groupe d’experts internationaux soutenu par la Fondation Daniel et Nina Carasso, créé en mai 2014 et présidé par Olivier De Schutter et Olivia Yambi, a rendu public en mai son premier rapport The new science of sustainable food systems – Overcoming barriers to food systems reform. Pour ces experts, faire évoluer les systèmes alimentaires vers davantage de durabilité nécessite de développer de nouveaux paradigmes scientifiques et de produire une image cohérente de ces systèmes et de leur économie politique.

Le rapport trace tout d’abord les contours d’un nouveau cadre d’analyse des systèmes alimentaires : réseaux d’interactions, synergies et boucles de rétroactions entre acteurs ; diversité des politiques ayant un impact potentiel (cf. schéma ci-dessous) ; relations de pouvoir et économie politique des systèmes. La nécessité de comprendre la durabilité des systèmes alimentaires à différentes échelles et de façon holistique est également mise en avant.

Some of the potential policy influences on food systems

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Source : IPES-Food

La seconde partie du rapport pose les principes d’une nouvelle science transdisciplinaire sur les systèmes alimentaires durables, à même de produire les savoirs pour accompagner la transition. La troisième partie considère quant à elle les initiatives passées et présentes, à l’interface entre science, politique et pratique.

En conclusion, pour l’IPES-Food, la fragmentation (politique, thématique) des initiatives est un risque majeur. L’enjeu est ici de faire en sorte que celles-ci travaillent ensemble afin d’unifier les espaces de gouvernance alimentaire, notamment en internalisant un mode systémique d’analyse et en élargissant le cadre thématique de questionnement. Par exemple, le changement climatique doit être pleinement pris en compte dans des études centrées sur l’amélioration des trajectoires nutritionnelles. Établissant un parallèle avec les travaux de l’IPCC sur le climat, le groupe d’experts pose qu’une masse critique de preuves doit être atteinte et transposée en recommandations politiques afin de créer une dynamique de transformation des systèmes alimentaires. Enfin, le rapport insiste sur l’interconnection entre science et praticiens.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : IPES-Food

 

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Propositions pour des politiques australiennes équilibrées et efficaces en matière de bien-être des animaux d’élevage

En avril 2015, le Farm Australian Institute, organisme indépendant travaillant sur l’agriculture australienne, a publié un rapport intitulé Designing balanced and effective farm animal welfare policies for Australia. Ce rapport présente un état des lieux del’application des règles de bien-être animal en Australie et propose des pistes d’amélioration, afin de concilier politiques de bien-être animal, opinion publique et réalités de l’industrie agroalimentaire. En effet, bien que desnormes de niveau satisfaisantsoient globalement appliquées dans le pays, une partie de l’opinion les juge insuffisantes et éprouve une certaine défiance vis-à-vis de l’industrie agroalimentaire.

Une analyse bibliographique des pratiques montre des disparités selon les États. Si les dispositions relatives au commerce, à l’exportation et à l’abattage des animaux relèvent du gouvernement centralisé, le bien-être des animaux d’élevage est du ressort des États, lesquels peuvent se référer à des orientations données par des instances nationales (Australian Capital Territory et Australian Animal Welfare Strategy). Pour le Farm Australian Institute, l’absence d’une politique nationale peut toutefois conduire à des effets négatifs sur le bien-être animal ainsi qu’à des différences de coûts, qui peuvent parfois sembler injustifiées aux yeux des professionnels.

Les États ont formalisé le bien-être animal de manières différentes. Par exemple, si le Queensland a privilégié les termes de « soins et protection animales », le Territoire du Nord a préféré insister sur la santé, la sécurité et le bien-être.

Se plaçant dans une logique de recherche de consensus, le rapport fait plusieurs propositions, dont celle de l’adoption d’une loi nationale sur le bien-être des animaux d’élevage, basée sur des principes fondamentaux et des critères scientifiques objectifs. De plus, le gouvernement devrait faire le choix de structures consultatives appropriées afin de s’assurer que les décisions prises soient cohérentes et fondées. Enfin, la mise en place d’une réglementation nationale devrait être assortie d’enquêtes, de contrôles et de répression des infractions, tout en fixant prioritairement à ces dernières des objectifs de formation à la prévention des mauvais traitements. Il s’agirait ainsi de mettre en place un dispositif équilibré et efficace de respect du bien-être des animaux d’élevage, en cohérence avec les impératifs de production.

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Source : Farm Australian Institute

25/05/2015

Effets sanitaires possibles des dynamiques environnementales des microorganismes

Le 19 mai dernier, un colloque organisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans le cadre du « programme national de recherche environnement santé travail » (PNR EST), en collaboration notamment avec l’Ademe et le ministère en charge de l’Écologie, a fait un point sur les interactions possibles entre les microorganismes pathogènes et le milieu extérieur. Ont notamment été présentés des travaux relatifs aux effets sanitaires des dynamiques environnementales liées à des microorganismes, et l’impact possible du changement climatique sur la survenue de maladies vectorielles a été abordé par plusieurs intervenants. En effet, un réchauffement de la température fait partie des facteurs de résistance des arthropodes vecteurs et facilite leur extension.

Cyril Caminade, chercheur à l’institut des maladies infectieuses de l’université de Liverpool (Royaume-Uni), a présenté une étude sur l’impact du réchauffement climatique sur certaines maladies vectorielles, parmi lesquelles la fièvre de la vallée du Rift, zoonose qui a un fort impact sur l’élevage en Afrique. Par ailleurs, parmi les autres zoonoses préoccupantes en lien avec l’environnement et le changement climatique figurent les maladies vectorielles transmises par les tiques. Sur ce point, une équipe de recherche associant l’Anses et l’École nationale vétérinaire d'Alfort développe un outil de dépistage des pathogènes pouvant être portés par différentes espèces de tiques : des essais menés en France, aux Pays-Bas et au Danemark ont permis la détection de portages de pathogènes inattendus sous les latitudes d’Europe du Nord concernées.

Ainsi, les travaux de recherche présentés mettent en évidence l’influence des écosystèmes sur les pathogènes et les hôtes (vecteurs et hôtes définitifs). Une meilleure compréhension de ces facteurs permettra de progresser dans la prévention de ces risques.

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Lien : Anses

09:20 Publié dans Climat, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : anses, microorganismes |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le quinoa. Les enjeux d’une conquête. Didier Bazile

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Le processus de globalisation touche tous les aspects de la vie en société, et donc aussi les denrées et systèmes alimentaires. Didier Bazile, chercheur au CIRAD, actuellement en poste à la FAO, nous en donne un bon exemple avec cet excellent essai consacré à la mondialisation du quinoa. Quelles sont les causes de cette soudaine diffusion d’une plante si longtemps confinée à la zone andine ? Les exportations croissantes permettent-elles de nourrir les producteurs autochtones ? Comment le quinoa s’adapte-t-il à de nouveaux milieux de culture ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles l’auteur répond de façon claire et documentée, en croisant les regards de l’agronome et du géographe.

Les premiers chapitres sont consacrés à l’histoire du quinoa, à ses principaux écotypes ainsi qu’à sa grande biodiversité et ses systèmes traditionnels de culture. L’auteur s’attarde sur la plasticité écologique du quinoa. Il insiste aussi sur sa contribution à l’expression de l’identité des peuples andins et sur la fragilité de leurs pratiques agroécologiques ancestrales face à la pression croissante des marchés internationaux. Le passage à une agriculture d’exportation a d’ores et déjà diverses conséquences : mécanisation et intensification des pratiques, imposition de normes internationales, élévation des prix, faible variété des espèces commercialisées.

Le cœur de l’ouvrage est consacré aux questions de ressources génétiques, de diffusion et d’adaptation du quinoa. Les États-Unis se sont intéressés à cette plante dès la fin des années 1940, puis sa culture a essaimé sur tous les continents dans les années 1980. Ces nouvelles mises en culture se sont faites via le développement de variétés protégées, à partir de collections ex situ, et sans recourir à l’extrême richesse in situ des pays andins. Cette expansion s’inscrit dans le cadre international de régulation des semences et le nombre des certificats d’obtention végétale (COV) ne cesse de croître, renforçant le pouvoir des obtenteurs sur les producteurs.

Les derniers chapitres sont consacrés aux apports du quinoa, en termes nutritionnels comme en termes de revenus. Pour D. Bazile, au Pérou, et surtout en Bolivie, le « boom du quinoa » a nettement fait augmenter les surfaces cultivées et les exportations, sans pour autant avoir des effets négatifs sur la sécurité alimentaire des populations locales. Bénéficiant souvent d'une double certification, écologique et équitable, cette culture a garanti une meilleure rémunération des producteurs et contribué à diminuer la pauvreté en soutenant l'agriculture familiale. Le quinoa demeure globalement un produit de niche, mais la demande mondiale continue de croître, et si la Bolivie entend rester le premier producteur en privilégiant des politiques publiques qui soutiennent l’extension des surfaces cultivées, le Pérou fait le choix de programmes agricoles plus différenciés selon les zones géographiques et les types d’agriculture.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : QUAE

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22/05/2015

Le végétarisme et ses ennemis. Vingt-cinq siècles de débats. Renan Larue

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Manger ou ne pas manger de la viande ? Telle est la question qui traverse de nombreuses disputes philosophiques et religieuses, depuis l’Antiquité, et que l’on retrouve aujourd’hui dans les débats sur l’évolution des comportements alimentaires. Pour y répondre, l’auteur nous entraîne dans une très intéressante histoire des doctrines végétariennes et antivégétariennes, montrant bien ce que les arguments des uns et des autres ont d’immuable ou de changeant à travers le temps.

Par pitié pour les animaux ou par ascétisme, Hésiode, les pythagoriciens puis surtout Plutarque et Porphyre ont posé les premières bases du végétarisme. Leurs raisonnements, qui rompaient avec les sacrifices religieux de type alimentaire, ont suscité de fortes réactions philosophiques et politiques : Héraclide, Clodius et les stoïciens considéraient que les animaux ne sont là que pour satisfaire l’espèce humaine, et des lois de Tibère interdiront l’abstinence de viande.

Par réaction à la cacherout juive qui distinguait des denrées « pures » et « impures », les textes chrétiens prônent l’indifférence alimentaire. Ils célèbrent un Dieu omnivore et, de Saint Augustin à Thomas d’Aquin, sont largement défavorables au végétarisme. La diète des parfaits cathares est signe de leur hérésie et les jeûnes ne sont autorisés que s’ils sont réalisés par pénitence ou désir de se mortifier. Il faudra attendre le début du XVIIIe siècle pour que des chrétiens, sensibles à la douleur des animaux, osent contrarier la parole divine et vanter l’abstinence de viande.

La « renaissance végétarienne », au XIXe siècle, vient selon R. Larue de la conjonction de plusieurs tendances : essor de la physiologie et du raisonnement diététique, progrès des sensibilités, épuisement des présupposés spécistes, développement de l’athéisme et du matérialisme, anti-carnisme éthique des Lumières (Voltaire, Rousseau). C’est en Angleterre que l’on trouve les plus fortes manifestations de dégoût pour la viande, qui aboutiront à l’invention du terme vegetarian (1839) et à la création de la Vegetarian Society (1847). Mais les adeptes du régime carné seront toujours plus nombreux que les défenseurs des animaux, constamment accusés de sectarisme.

Au XXe siècle, l’industrialisation de l’élevage soulève de croissantes objections morales et c’est dans les années 1940 que Donald Watson forge le terme vegan et crée la Vegan Society. Ce mouvement a reçu le soutien d’universitaires de premier plan qui ont théorisé les « intérêts animaux » (Singer) ou les « sujets animaux » (Regan, Francione). En complément de ces éthiques animales, ce sont aujourd’hui des préoccupations de développement durable qui viennent légitimer le véganisme : effets néfastes de l’élevage sur l’environnement, épuisement des stocks de poisson, etc. Et si comme à toutes les époques les véganes ont leur détracteurs (Chanteur, Ferry, Digard), l’auteur termine son ouvrage par une réflexion prospective et considère que les conditions d’un passage massif à ce nouveau régime sont dorénavant réunies.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses universitaires de France

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Un nouvel indicateur « haies, bois et landes dans les territoires agricoles » pour l’Observatoire national de la biodiversité

Le 20 mai dernier, en vue de la Journée internationale de la biodiversité (22 mai), l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) a publié la mise à jour annuelle de ses indicateurs pour la quatrième année consécutive. Cet observatoire, piloté par le ministère en charge de l’écologie, a vocation à caractériser l’état de la biodiversité et son évolution, pour permettre un pilotage efficace des politiques en la matière et un débat démocratique autour de cet enjeu de société.

Les indicateurs proposés sont organisés en jeux thématiques, l’un d’eux étant dédié à l’agriculture. Celui-ci comporte quatre indicateurs : évolution de la consommation de produits phytosanitaires, évolution des surfaces en prairies permanentes, évolution des surfaces agricoles drainées et enfin, un nouvel indicateur en 2015 portant sur les haies, bois et landes dans les territoires agricoles.

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Source : Observatoire national de la biodiversité

 

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