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14/01/2021

Migration, Agriculture and Rural Development, Michele Nori, Domenica Farinella

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La plupart des études sur la main-d’œuvre agricole issue des migrations internationales portent sur les grandes cultures et territoires à haut potentiel agronomique. À l'inverse, l’ouvrage de Michele Nori et Domenica Farinella analyse les effets de la présence immigrée sur les systèmes agricoles de moindre intensité, localisés dans des territoires isolés ou en déclin, dans trois pays méditerranéens (Espagne, Grèce, Italie). La thèse centrale, élaborée dans le cadre d’une recherche en cours sur l’agropastoralisme (PASTRES), est que l’emploi de ces salariés venus d’ailleurs participe au maintien des activités dans ces territoires et à la reproduction des sociétés rurales.

L’ouvrage revient dans un premier temps sur les mutations des agricultures européennes au cours des dernières décennies. La reconfiguration des chaînes de valeur agricoles et agroalimentaires a favorisé un partage inégal de la valeur entre les agriculteurs, les industriels et la grande distribution. De plus, la valorisation par la PAC des territoires à haut potentiel agricole a contribué à la marginalisation de ceux moins dotés (massifs montagneux, îles et régions isolées). Dans un second temps, les auteurs montrent que la présence d’immigrés originaires d’Europe de l’Est, du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne, dans ces zones rurales, est un facteur de revitalisation des sociétés locales, contribuant au maintien de l’activité et de l’identité des territoires.

Ce rôle des immigrés est patent dans les activités agropastorales, comme le montre la dernière partie de l’ouvrage. Dans les Alpes et Apennins, deux tiers des salariés officiellement enregistrés sont immigrés tandis que c’est le cas de neuf bergers sur dix dans les Abruzzes italiennes. Du fait de leur socialisation en milieu rural, la plupart d’entre eux ont à leur actif une expérience de l'élevage et de la production animale.

La présence des immigrés dans les régions agropastorales d'Italie

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Source : Springer Open

Deux résultats du chapitre final retiennent particulièrement l’attention. Dans ces territoires d’agropastoralisme, le renouvellement générationnel de la main-d’œuvre s’opère au travers d’un changement d’origine des populations. La stabilisation des immigrés dans ces emplois est pourtant rare : leur accès difficile à la terre et aux facilités bancaires les oriente vers d’autres secteurs du marché du travail, alors même que les exploitants locaux peinent à trouver un repreneur lorsqu’ils cessent leur activité.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Lien : Springer Open

12:45 Publié dans Agriculteurs, Territoires | Lien permanent | Tags : agropastoralisme, migrations, migrants, emploi, territoires, méditerranée |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/04/2019

Conséquences de l'automatisation et du numérique sur l'emploi en agriculture au Canada

Dans un article publié dans le Journal of Rural Studies, une équipe de chercheurs s'est intéressée aux impacts de l'automatisation sur le travail agricole au Canada, avec un focus particulier sur le cas des travailleurs marginalisés (amérindiens et migrants). Cette analyse s'appuie sur les résultats d'un atelier prospectif, complété d'une revue de littérature et d'études de cas réalisées dans deux régions rurales de l'Ontario.

Les auteurs rappellent d'abord la tendance ancienne au déclin de l'emploi agricole au Canada, du fait de la moto-mécanisation, et l'essor concomitant du salariat. Peu qualifiés et rémunérés, ces emplois salariés ont été surtout pourvus par des amérindiens et des migrants.

Trois conséquences probables de l'innovation technologique, dans les années à venir, sont ensuite identifiées. Dans un premier temps, les auteurs anticipent une forte diminution du nombre d'emplois du fait de l'automatisation. Ils estiment, de plus, qu'une bipolarisation accrue du marché du travail est à attendre : d'un côté, le recours à des équipements toujours plus sophistiqués est susceptible de créer des emplois hautement qualifiés, de l'autre l'automatisation partielle de certains emplois pourrait conduire à leur déqualification. Pour l'illustrer, l'article prend l'exemple de la conduite d'engins agricoles, activité qui nécessitait auparavant des compétences pointues, mais qui sont aujourd'hui devenues largement obsolètes, du fait de la mise au point des systèmes d'auto-conduite. Enfin, la dernière conséquence envisagée est une marginalisation accrue des travailleurs migrants et amérindiens. En effet, ces derniers seront contraints d'augmenter la productivité de leur travail ou d'accepter une rémunération et des conditions dégradées, s'ils veulent conserver leur emploi alors que celui-ci est automatisable.

En conclusion, les auteurs formulent plusieurs recommandations en matière de politiques publiques. Ils proposent ainsi de former les travailleurs marginalisés, afin qu'ils puissent accéder aux emplois plus qualifiés. Toutefois, ils jugent illusoire d'espérer élever le niveau de qualification de tous, et suggèrent donc de redistribuer la richesse créée par l'automatisation, afin que les travailleurs dont les emplois seront détruits en bénéficient malgré tout. Les modalités concrètes d'une telle redistribution ne sont cependant pas évoquées.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Rural Studies

10:26 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : ontario, canada, automatisation, emploi agricole, amérindiens, migrants |  Imprimer | | | | |  Facebook