11/05/2018
Panorama des fraudes alimentaires dans le secteur de la pêche
En lien avec son objectif de limiter l'impact des fraudes alimentaires dans le secteur de la pêche, la FAO a publié récemment, sur ce sujet, un rapport d'A. Reilly (Food safety authority of Irland). Se basant sur une revue de la littérature disponible (publications scientifiques, rapports administratifs, etc.) et de la réglementation, il présente un état des lieux à l'échelle internationale et formule des recommandations.
Les fraudes alimentaires impliquent une tromperie volontaire du consommateur (falsification de l'étiquetage par exemple) et différentes études ont montré la vulnérabilité particulière de cette filière, très mondialisée, et dont les produits finis, aux étapes de la vente et, a fortiori, de la consommation, ne présentent souvent plus les signes caractéristiques permettant une identification visuelle (têtes, nageoires, etc.). Les circuits commerciaux complexes contribuent à augmenter les risques de fraudes : d'après des publications récentes (Interpol - opération Opson, ONG Oceana), le poisson est la troisième denrée à risque et 20 % des produits sont mal étiquetés. Parmi les tromperies commerciales fréquentes figure la mise sur le marché de saumon d'élevage présenté comme du saumon sauvage ou la substitution d’espèces. Certaines fraudes comportent aussi des risques pour la santé publique, avec des exemples au Bangladesh (commercialisation frauduleuse d'un poisson toxique en 2008 ayant fait de nombreuses victimes) et aux États-Unis.
Si la lutte contre ces pratiques s'est renforcée ces dernières années, en particulier depuis les fraudes relatives à la viande de cheval (2013) et à la poudre de lait contaminée à la mélanine, elle reste une tâche complexe. Le présent rapport propose le renforcement des textes internationaux (normes, lignes directrices), avec en particulier la mise en place de lignes directrices par le Codex alimentarius, ainsi qu'un recours étendu aux systèmes de traçabilité tels que l'étiquetage par code-barre ADN, qui offre une plus grande transparence dans la chaîne de distribution. L'application de tests ADN permet l'identification de produits à étiquetages falsifiés. Une autre étape clé serait l'adoption, au niveau mondial, d'une liste officielle de noms de poissons commercialisables (noms communs, scientifiques et commerciaux), assortie d'un étiquetage obligatoire. Certains pays (États-Unis, Canada) disposent de telles listes et il existe également des bases de données internationales (FAO, Fish Base Information System). Enfin, la cartographie FAO des zones de pêche est un outil utilisable pour identifier les zones sensibles et pour la lutte en amont contre la pêche illégale (IUU Fishing, zones économiques exclusives).
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Source : FAO
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04/04/2018
Les enjeux du Brexit dans le secteur de la pêche
Parmi les questions posées par le Brexit, celles relatives à la pêche sont particulièrement complexes. Dans un article publié dans la revue Marine Policy, deux chercheurs britanniques font le point sur les enjeux des négociations en cours.
Pour les auteurs, la principale question est celle des conditions d'accès des navires européens aux eaux territoriales britanniques. Alors qu'aujourd'hui les bateaux européens non britanniques capturent près de 70 % des poissons pêchés dans la zone économique exclusive du Royaume-Uni, qu'en sera-t-il à l'avenir ? Les enjeux commerciaux sont également évoqués : ce pays exportant vers l'UE l'essentiel du poisson qu'il capture, la question de l'accès au marché unique est pour lui centrale. Enfin, les négociations devront permettre de définir un mode de gouvernance commun pour la gestion des stocks de poissons partagés entre les eaux britanniques et européennes.
Pour répondre à ces défis, les auteurs appellent les parties prenantes à se projeter au-delà de la négociation per se et à construire une vision commune de la pêche dans les mers qu'elles exploitent ensemble.
Source : Marine Policy
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07/11/2017
La place des femmes dans les secteurs de la pêche et de l'aquaculture
Une étude commandée par FranceAgriMer fait le point sur la place des femmes dans la pêche et l'aquaculture. Alors que la pénibilité du travail sur les bateaux et dans les élevages entraîne des difficultés chroniques de recrutement, et qu'une réflexion sur l'attractivité des métiers est à l'ordre du jour, l'égalité femmes-hommes ne semble pas être une priorité pour le secteur. « Les a priori sur la répartition "naturelle" des tâches » sont encore forts. Ainsi, les femmes représentent un tiers des effectifs, mais seulement 1,4 % pour la pêche embarquée. Toutefois, les mentalités évoluent et « les outils réglementaires permettant la prise en compte des enjeux d’égalité professionnelle » (conventions collectives de branche, bilans sociaux, statut de conjoint collaborateur, formation maritime, etc.), encore « mal connus et peu utilisés », pourraient servir de leviers à l'avenir.
Source : FranceAgriMer
08:34 Publié dans Pêche et aquaculture, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : franceagrimier, pêche, aquaculture, femmes, métiers | Imprimer | |
07/09/2017
Bénéficier des échanges de produits de la mer : faire payer des droits d'accès versus exporter soi-même
Une étude publiée en août dernier par les universités de Colombie-Britannique et de Tasmanie permet de retracer les captures (période 1950-2010) et les flux d'échanges (1970-2010) de produits de la mer, par pays d'origine et de destination. Les résultats sur les échanges, obtenus en appariant les données FAO stat avec celles de la base UN Comtrade, sont particulièrement intéressants. En effet, la connaissance fine du commerce de ces produits constitue un enjeu important, notamment dans le cadre des négociations à l'OMC sur les subventions dans le secteur de la pêche.
Les auteurs font ressortir un accroissement significatif et une réallocation géographique des flux commerciaux de produits de la mer. Représentant seulement 9 millions de tonnes en 1970, ils atteignent 33 millions en 2010. Au début de la période, l’Europe réalisait l'essentiel des importations, principalement en provenance d'Afrique, d'Amérique du Sud et du Nord. En 2010, l'Asie est devenue le premier importateur, avec l'Amérique du Sud comme principal partenaire commercial, et a augmenté ses exportations à destination de l'Afrique, de l'Amérique du Nord et de l’Europe. Cette dernière continue d'importer depuis l'Asie et l'Amérique du Sud, et a réduit ses importations en provenance d'Afrique.
L'étude considère que la signature, en 1982, de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer du secteur de la pêche explique, pour partie, l’accroissement des échanges. Cette convention attribue à chaque pays côtier une zone de pêche réservée (dite « zone économique exclusive » - ZEE) de 200 milles, accessible aux autres États après paiement de droits d'accès. En analysant les zones de captures, les auteurs montrent que, excepté pour l'Asie, la plupart des pays ont depuis réduit leur pêche dans les ZEE et augmenté leurs importations. Selon eux, cette réduction représente, pour les pays en développement, une opportunité pour s’insérer dans le commerce international, en exploitant leurs ressources et en exportant, plutôt qu'en accordant des droits d'accès à d'autres pays. En effet, dans les années 1970, la surpêche dans les pays développés avait conduit ces derniers à accroître leurs captures dans les ZEE des pays en développement qui bénéficiaient de ressources halieutiques plus importantes.
Evolution des échanges internationaux dans le secteur de la pêche par région, entre 1970 (d) et 2010 (e) : régions importatrices représentées par la bande extérieure, régions productrices et exportatrices dans l'intérieur du cercle ; total des échanges indiqué au centre
Source : Marine Policy
Enfin, l'article montre que plus un pays est pauvre, plus la valeur de ses exportations de produits de la mer est forte comparée aux importations, et vice versa. Cela suggère que la hausse des exportations de la part des pays en développement devrait contribuer à leur objectif de réduction de la pauvreté.
Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective
Source : Marine Policy
10:58 Publié dans Mondialisation et international, Pêche et aquaculture, Production et marchés | Lien permanent | Tags : commerce, peche, échanges internationaux, zee | Imprimer | |
07/07/2017
Soutiens publics au secteur de la pêche dans les pays de l'OCDE : contenu et impacts
En mai dernier, l'OCDE a publié une étude sur les soutiens publics au secteur de la pêche et leurs effets environnementaux pour trente et un pays, dont l'Union européenne dans son ensemble, sur la période 2009-2015. Ce travail revêt un intérêt particulier dans le cadre de la mise en œuvre de l'Objectif de Développement Durable 14.6 de l'ONU et de l'agenda probable de la 11e Conférence ministérielle de l'OMC qui se déroulera à Buenos-Aires en décembre prochain.
L'étude estime que la valeur totale du soutien public au secteur de la pêche était de 7 milliards en 2015, un montant relativement stable dans le temps. En adaptant la classification des mesures de soutien utilisée par l'OCDE pour l'évaluation des politique agricoles, elle montre que la majorité de ces soutiens est constituée de transferts aux services d’intérêt général du secteur de la pêche (R&D, infrastructures, gestion des ressources, opérations d'inspection). Leur part dans le total des transferts a augmenté sur la période étudiée, tandis que celle des paiements versés aux pêcheurs à titre individuel (basés sur le revenu, la réduction des capacités de production ou l'utilisation d'intrants) a progressivement diminué. Avec un soutien total légèrement inférieur à 20 % de la valeur des débarquements, la France se positionne au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, mais elle compte toutefois parmi les pays dont la part des paiements versés à titre individuel est la plus faible.
Les auteurs montrent de plus que les subventions dans le secteur peuvent avoir des conséquences négatives en matière de surpêche et de surcapacités de production. Les paiements basés sur l'utilisation d'intrants (équipage, carburant, appâts) ont l'impact le plus important sur l’incitation à l'effort de pêche, tandis que ceux basés sur la formation de capital fixe encouragent davantage la création de capacités de production. Les paiements basés sur le revenu ainsi que les transferts aux services d'intérêt général influencent le moins ces capacités. Des travaux complémentaires doivent être entrepris afin de quantifier ces impacts.
Enfin, la méthode de l'OCDE appliquée au secteur de la pêche ne permet pas d'analyser les impacts des subventions sur le commerce, comme elle le fait en agriculture sur la base de la différence entre prix domestique et mondial : un prix mondial de référence ne peut pas être sélectionné à cause de l'hétérogénéité du marché des ressources halieutiques.
Effets des mesures de soutien
Source : OCDE
Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective
Source : OCDE
15:48 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : ocde, pêche, soutiens publics | Imprimer | |
06/10/2016
Quand agriculture rime avec culture
Que recouvre le terme « culture » pour les Français ? Le ministère de la Culture publie les résultats d'une enquête conjointe avec le CREDOC, qui met en lumière la place importante qu'occupent l'agriculture, la gastronomie et le patrimoine naturel dans ce qui fait culture pour nos concitoyens. Ainsi, à la question « qu'est ce que vous évoque le mot culture ? », une fois sur huit la réponse fait référence au sens premier de ce terme : l'agriculture et l'élevage, mais également toutes les productions liées.
Deuxième enseignement de cette enquête, lorsqu'on les interroge plus précisément sur le fait que telle ou telle activité relève ou pas du champ culturel, on recueille – entre autres – les résultats suivants : la cuisine est une activité plutôt culturelle pour 93 % des personnes, le jardinage pour 65 % et la chasse et la pêche pour 52 %. Notons que, pour les deux derniers points, les réponses varient nettement en fonction du niveau d'études : les diplômés de l'enseignement supérieur ont une vision plus restrictive du champ culturel.
Appartenance des activités au périmètre de la culture
Source : ministère de la Culture et de la Communication