07/07/2014
Rapport de la Commission européenne sur la mise en œuvre du « Paquet lait »
Dans le cadre de la fin des quotas pour la production laitière européenne, la Commission a rendu mi-juin un rapport présentant l'avancée des transpositions du « Paquet lait » dans les législations nationales des États membres de l'UE. La majorité des membres a adopté des critères pour la reconnaissance des organisations de producteurs, et douze, dont la France, ont introduit des contrats obligatoires. La plupart des relations contractuelles développées le sont entre des producteurs affiliés et leurs coopératives dans les pays scandinaves et d'Europe centrale. En France, coopératives et transformateurs privés se partagent comme signataires des contrats, tandis que les Espagnols, Britanniques et nouveaux entrants de la mer Noire ont annoncé une majorité d'industriels privés.
Par ailleurs, la possibilité de développer un système de régulation de l’offre dans le cadre d'AOP/IGP n'a été retenue que par les acteurs français du Comté et du Beaufort ainsi que par un fromage Italien. D'autres dossiers seraient toutefois en attente.
Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective
Source : Commission européenne
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Parution de l'édition 2014 de Perspectives Économiques en Afrique
Perspectives Économiques en Afrique (PEA) est issu d'une collaboration entre le Centre de développement de l’OCDE, la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Il s'agit d'un rapport publié annuellement, dont le dernier numéro est paru en mai 2014 et qui dresse un état des lieux du développement économique et social du continent africain. Le site web qui l'accompagne propose des données et des analyses pour chacun des 54 pays africains. Mobilisant le même cadre macro-économique, le PEA s'efforce de permettre les analyses comparatives entre les pays et les années.
Les rapports annuels ciblent une thématique précise. Cette année, Perspectives Économiques en Afrique met l'accent sur les chaînes de valeur mondiales (CVM). Le précédent numéro portait sur les transformations structurelles et les ressources naturelles.
Le continent africain ne capte qu'une partie infime (mais qui tend à s'accroître), de la valeur ajoutée mondiale. Entre 1995 et 2011, sa part dans le total des échanges de valeur ajoutée est passée de 1,4 à 2,2 %. Selon le PEA, une plus grande participation aux CVM permettrait d'accroître la productivité et l'emploi en Afrique. La stratégie d'up grading qui consiste à s'insérer puis à jouer un rôle de plus en plus important au sein de la chaîne est perçue comme un moyen de développer le continent, à l'heure où une partie de la richesse du Nord bascule vers le Sud. Par ailleurs, le potentiel de montée en gamme dépend largement de la gouvernance et des rapports de force au sein de la chaîne.
Les chaînes agroalimentaires sont considérées comme les moins à même de permettre aux pays africains d'atteindre les étapes où est réalisée la plus forte valeur ajoutée. En effet, ces chaînes sont majoritairement contrôlées par les acteurs de l'aval qui réalisent les opérations de marketing et de distribution produisant la plus forte valeur ajoutée. Encore aujourd'hui, aucun acteur africain réalisant ces opérations ne peut être considéré comme significatif à l'échelle internationale. Cependant, l'intégration des firmes et pays africains dans les chaînes de valeur mondiales agroalimentaires permet le développement de compétences et savoir-faire et, de ce fait, accroît la qualification et la productivité des travailleurs agricoles.
Josselin Crozier, Centre d'études et de prospective
Source : Perspectives Économiques en Afrique
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Vues d'ensemble sur l'agriculture urbaine
Faute de données, d'enquêtes et de définitions communes, les enjeux et le potentiel de l'agriculture urbaine restent difficiles à cerner. Plusieurs contributions ont récemment essayé de fournir cette vue d'ensemble, suivant des voies différentes.
La revue Environmental Research Letters présente, dans son numéro de mai, une étude qui prétend mesurer, au-delà de la diversité des cas de figure, la capacité de l'agriculture urbaine et péri-urbaine à répondre aux besoins des citadins en matière de consommation de légumes. 27 cultures et 165 pays sont retenus pour le calcul d'un ratio entre besoins des populations et potentiel de production (déterminé en croisant surface de l'aire urbaine et rendements). Les besoins des populations sont quant à eux déterminés à partir de la consommation constatée en 2001 pour les zones urbaines concernées et des recommandations de la FAO sur l'apport nutritionnel quotidien.
À en croire les auteurs, les perspectives de l'agriculture urbaine semblent bien limitées : l'étude « suggère que dans de nombreux pays, l'agriculture urbaine ne peut pas assurer l'autosuffisance en légumes des citadins, et encore moins résoudre le problème général de la sécurité alimentaire » faute d'espace urbain disponible. « La contrainte spatiale » est encore plus forte dans les pays les plus vulnérables en matière de sécurité alimentaire, « en raison de densités plus élevées ». À vrai dire, ces résultats sont assez peu surprenants.
Le raisonnement démographique utilisé ici n'est pas sans analogie avec de nombreux débats autour des stratégies de développement agricole et il pourra être perçu comme participant d'un effort de relégitimation des systèmes conventionnels d'agriculture intensive. Deux des co-auteurs avaient d'ailleurs participé à l'article « Comparing the yields of organic and conventional agriculture » paru dans Nature en 2012, publication ayant contribué à relancer le débat sur « le bio peut-il nourrir le monde ? ».
De son côté, la revue Agronomy for Sustainable Development livre deux analyses bibliographiques intéressantes. L'une porte sur les pays développés (Amérique du Nord, Grande-Bretagne, Australie et Japon), l'autre sur les pays en voie de développement (y compris la Russie post-soviétique). Quatre dimensions sont particulièrement mises en lumière : les impacts de l'étalement urbain et la possibilité de maintenir ou développer les surfaces cultivées en ville ou en périphérie ; les perspectives en matière de souveraineté alimentaire ; les pollutions et risques sanitaires ; et enfin les mesures d'accompagnement public (notamment les règles d'urbanisme).
Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective
Sources : Agronomy for Sustainable Development
17:46 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine | Imprimer | |
Rapport du HLPE – Pertes et gaspillages de nourriture dans un contexte de systèmes alimentaires durables
Le 3 juillet dernier, le High level panel of experts on food and security and nutrition (HLPE) a remis son rapport intitulé Food losses and waste in the context of sustainable food systems au Comité de la sécurité alimentaire mondiale de la FAO. Considérés comme partie intégrante des systèmes alimentaires, les pertes et gaspillages alimentaires ont été analysés sous trois perspectives : systémique, durable, et de sécurité alimentaire et nutrition.
Le HLPE pose différentes définitions, dont celles des pertes alimentaires (qui interviennent avant le stade de la consommation finale) et des gaspillages alimentaires (qui interviennent au niveau de la consommation finale). Les pertes et gaspillages alimentaires (dénommés « gaspillage alimentaire » dans la suite de ce billet) correspondent donc à toute perte, en poids et à tous les stades de la chaîne alimentaire, de nourriture destinée à la consommation humaine, sans tenir compte des causes ; les food quality loss or waste se rapportent à la baisse des caractéristiques qualitatives des denrées alimentaires. De nombreuses études existent sur le gaspillage alimentaire mais l'absence de protocole commun en empêche la comparaison.
Trois types d'impacts du gaspillage alimentaire sur la sécurité alimentaire et la durabilité des systèmes sont identifiés par le HLPE : une réduction de la disponibilité, locale et globale, de nourriture ; un impact négatif sur l'accès aux produits alimentaires, à tous les stades de la chaîne ; un effet à long terme en lien avec l'usage non durable de ressources naturelles, dont dépend la future production de denrées alimentaires. L'impact sur la nutrition (pertes de qualités nutritives des aliments), ainsi que les caractéristiques nécessaires à un système alimentaire pour faire face à des variations parfois très importantes de production et de consommation, dans le temps et l'espace, sont moins explorés dans la littérature scientifique. Enfin, pertes et gaspillage jouent sur les trois dimensions de la durabilité des systèmes alimentaires : pertes économiques et baisse du retour sur investissement, ralentissement du développement et des progrès sociaux, impact environnemental (consommation superflue de ressources naturelles, traitement des déchets alimentaires).
Les pertes et gaspillage alimentaires découlent de nombreux facteurs potentiels (microbiologiques, technologiques, comportementaux, etc.), dont l'importance varie selon le produit, le contexte et le stade de la chaîne alimentaire. L'identification des causes et de leurs interrelations nécessite de développer une approche intégrée tout au long de cette chaîne. Le HLPE décrit ces causes selon trois niveaux : micro (pour une étape de la chaîne), méso (causes secondaires ou systémiques) et macro (enjeux systémiques). Des solutions pour chaque niveau sont identifiées, solutions à adapter aux spécificités locales et aux produits concernés.
Le HLPE émet enfin des recommandations à destination de l'ensemble des acteurs. Il s'agit ainsi d'améliorer la collecte des données et le partage de connaissances, de développer des stratégies déclinées en actions concrètes pour réduire le gaspillage alimentaire et de mieux coordonner les politiques afférentes.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : FAO
17:44 Publié dans Enseignement et recherche, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : gaspillage, fao | Imprimer | |
04/07/2014
GOODCoins, une nouvelle monnaie virtuelle et sociale
À l'occasion du Forum MIHealth, qui s'est tenu à Barcelone les 21 et 22 mai derniers, le fondateur de l'entreprise Zerofootprint, Ron Dembo, a présenté le dispositif GOODCoins. Développé au Canada, ce système repose sur une monnaie virtuelle, les GOODCoins, qui récompense des pratiques bonnes pour la santé ou l'environnement. Ainsi, dans les villes canadiennes de London et de Newmarket, une demi-heure de marche pendant un mois rapporte 100 GOODCoins ; à Toronto, l'achat d'un abonnement pour quatre mois aux transports en commun équivaut à 800 GOODCoins. Les GOODCoins s'échangent ensuite contre des aliments biologiques ou d'autres produits, issus du commerce équitable par exemple.
Répondant à un objectif général d'évolution des comportements, ce dispositif vise à mettre en place un cercle vertueux afin d'améliorer la santé et stimuler l'économie locale ou économiser les ressources naturelles. Le coût faible de ce programme de prévention est mis en avant. L'utilisation d'une monnaie virtuelle permet un contrôle de la dépense finale, en fonction des objectifs locaux (promotion de l'activité physique, économie d'électricité, etc.). Ce dispositif est toutefois confronté à un enjeu de confidentialité puisqu'il utilise, par exemple, des données personnelles pour mesurer l'activité physique, notamment via des objets connectés.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : El Pais
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Quel rôle peuvent avoir les taxes alimentaires dans la lutte contre l'obésité ?
Le 7 avril 2014, la British Nutrition Foundation organisait à Londres une conférence intitulée Food taxes – what role might they have in the battle against obesity? (cf. document de synthèse des échanges). Un consensus se forme sur la nécessité de répondre au problème de l'obésité et sur l'existence d'un important gradient socio-économique. Au Royaume-Uni, environ un quart des adultes est obèse et près du tiers des enfants est en surpoids ou obèse. 24,3% des enfants vivant dans les foyers les plus défavorisés sont obèses, alors que ce taux n'est « que » de 11,7% pour les 10% de foyers les plus aisés.
L'impact des taxes a été discuté sur la base de travaux en conditions réelles et de modélisations. Au Danemark, la mise en place d'une taxe pour réduire les consommations de graisses saturées s'est traduite par un échec (retrait du texte législatif au bout de quinze mois), n'ayant pas permis de changements dans les comportements alimentaires. En effet, ont été constatés un stockage des produits concernés avant l'entrée en vigueur de la taxe, un déplacement des achats de ces produits vers les enseignes de hard discount ou encore des achats effectués dans les pays voisins. Par ailleurs, d'après les travaux de modélisation présentés, une taxe sur les produits contenant des graisses saturées au Royaume-Uni ne permettrait qu'une faible baisse du taux d'obésité, et une taxe de 20% sur les sodas ne réduirait que de 1,3% l'obésité et de 1,9% le surpoids chez les adultes. De même, dans le Nord-Ouest de l'Angleterre, une augmentation de 20% du prix des sodas ne serait pas suffisante pour inciter les personnes à modifier leur consommation.
Les connaissances actuelles sur les effets indirects, et potentiellement contradictoires, des taxes sont limitées : substitutions entre produits alimentaires consommés, réactions de l'industrie alimentaire (reformulation des produits, transmission de l'entièreté, ou non, des taxes au consommateur). De manière générale, les enjeux liés à l'obésité et au surpoids nécessitent une action publique sur la base d'un ensemble d'outils ayant fait l'objet d'une évaluation solide. La taxation en est un, pouvant prendre différentes formes : taxe sur les aliments contenant des sucres ou graisses ajoutés, subvention à l'achat de fruits et légumes. Enfin, des politiques sociales larges sont nécessaires, différenciées en fonction des populations et basées sur une compréhension plus fine des choix individuels.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : British Nutrition Foundation
17:41 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : taxes alimentaires | Imprimer | |
Biomasse, consommation énergétique et utilisation des sols
L'étude intitulée A calculation of the EU Bioenergy land footprint discute l'impact des objectifs de l'Union européenne en termes de bioénergie aux horizons 2020 et 2030, tant sur les surfaces cultivées que sur les forêts. Ces travaux ont été réalisés par des chercheurs de l'université de Vienne pour l'association Les Amis de la Terre. Ils estiment le nombre d'hectares nécessaires à l'atteinte de ces objectifs (surface domestique mais aussi liée aux importations) : 44,5 Mha en 2010 (taille de la Suède) et 70,2 Mha en 2030 (taille de la Pologne et de la Suède). À noter qu'en 2010, la biomasse représente 8% de l'énergie finale consommée à l'échelle de l'UE.
Afin d'estimer la demande en biomasse à destination énergétique, les auteurs s'appuient sur les plans d'actions nationaux en termes d'énergies renouvelables en 2020, et les avancées rapportées par les États membres. Pour l'horizon 2030, ils recourent aux résultats d'une étude (Biomass Futures Project) mobilisant le modèle PRIMES, modèle d'équilibre partiel du secteur de l'énergie. À chaque technologie de transformation en chaleur, énergie ou pour les transports, est associée la quantité de biomasse nécessaire. La surface mobilisée en est déduite à partir du rendement moyen par hectare. L'approche pour la forêt est plus théorique et sujette à prudence selon les auteurs. Le calcul est fait à partir de l'activité maximale pour laquelle la productivité du stock n'est pas dégradée.
Cette méthode donne les résultats suivants (cf. tableau ci-dessous) :
- les surfaces dédiées à la bioénergie augmenteraient de 27% à l'horizon 2030 et de 57% à l'horizon 2050 par rapport à l'année 2010 (surface estimée par les auteurs à 44,5 Mha en 2010) ;
- l'augmentation résultant de l'usage de biocarburants serait concentrée sur la période 2010-2020 ;
- les parts des surfaces cultivées et des forêts consacrées au débouché énergie passeraient respectivement, à l'horizon 2030, de 4,6% à 12,4% et de 29,2% à 39%.
En conclusion, les auteurs de l'Institute of the Environment and Regional Development (Vienna University of Economics and Business) critiquent la disponibilité des données, tant sur la ressource elle-même qu'au niveau de l'impact environnemental, pour faire de telles estimations à l'échelle de l'UE, au regard de l'importance des surfaces en jeu.
Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective
Source : Friends of the Earth
17:34 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Energie, Enseignement et recherche, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : bioénergie | Imprimer | |
Un outil pour le suivi et l'évaluation des politiques en faveur de la biodiversité dans les territoires
Bien que les initiatives nationales et internationales pour développer des outils d'aide à la décision et de suivi-évaluation des politiques en faveur de la biodiversité se soient multipliées, depuis les années 2000, le Comité français de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) constate que peu de jeux d'indicateurs à destination des collectivités territoriales existent à ce jour, alors qu'elles sont reconnues comme des acteurs de premier plan dans ce domaine.
Pour pallier ce manque, l'UICN a lancé un projet visant à co-construire, avec les acteurs concernés, un jeu commun d'indicateurs de biodiversité adaptés aux échelons infra-nationaux, et en premier lieu régional. Le renseignement périodique de ces indicateurs permettra à toutes les régions qui le souhaitent de suivre l'évolution de la biodiversité sur leur territoire.
Le rapport récemment publié par l'UICN constitue la première étape de ce projet, consistant à formaliser un cadre de réflexion et d'analyse pour les territoires. Le travail réalisé se compose :
- d'un panorama synthétique des principaux jeux d'indicateurs de biodiversité définis et utilisés aux niveaux international et infra-national ;
- d’un questionnement stratégique applicable à tous les territoires, issu de la synthèse et de l’analyse des principales questions identifiées dans les jeux d’indicateurs ;
- d’une sélection de thématiques pour identifier un jeu synthétique d’indicateurs permettant d’obtenir une vision globale des principales caractéristiques d’un territoire donné en termes de biodiversité (pressions, état, impacts, réponses).
La deuxième étape de ce projet consistera ensuite à établir le jeu d'indicateur commun.
Alors que la gestion des fonds structurels européens, dont le deuxième pilier de la PAC fait partie (Fonds européen agricole pour le développement rural – FEADER), est confiée aux Conseils régionaux pour 2014-2020, cette initiative de l'UICN pourrait être mise au service de l'évaluation (obligatoire) de ces programmes européens.
Clément Villien, Centre d'études et de prospective
Source : UICN
17:33 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité | Imprimer | |
Mise au point du contrôle génétique de l'un des principaux insectes parasites chez le mouton
Lucilia caprina, surnommée la « mouche à viande du mouton australien », est l'un des insectes ravageurs les plus redoutés en Australie et en Nouvelle-Zélande. L'insecte se nourrit des chairs de l'animal vivant et peut ainsi entraîner sa mort.
L'équipe de Max Scott, professeur d'entomologie à l'université d'État de Caroline du Nord, travaille sur la modification génétique d'une lignée de Lucilia caprina femelles pour les rendre dépendantes à des antibiotiques de type tétracyclines. Le gène de dépendance antibiotique est en effet lié au sexe et ne concerne que les femelles : celles-ci meurent au stade de larve ou de pupe, avant d'atteindre l'âge adulte et donc sans avoir eu le temps de pondre.
Le caractère vital de la présence d'antibiotique a été démontré par des expériences au cours desquelles 100% des mouches femelles mouraient en cas de carence en tétracycline. Par ailleurs, l'un des effets secondaires inattendus mais positifs de la protéine de marquage du gène modifié est la couleur écarlate qu'elle donne aux larves femelles, permettant de les distinguer des mâles.
Des applications de cette méthode sont également à l'étude chez d'autres insectes ravageurs, comme la drosophile ou la lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax), insecte prédateur redoutable. Cette technique peut compléter la technique du « mâle stérile » fréquemment utilisée depuis presque 40 ans dans la lutte contre les parasites, mais d'un coût économique très important.
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Source : Science Daily
17:31 Publié dans Enseignement et recherche, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : ovins | Imprimer | |
03/07/2014
Une équipe de recherche britannique découvre une faille chez certaines bactéries antibiorésistantes
C'est un pas en avant dans la lutte contre l'antibiorésistance que vient de révéler, dans un article publié le 18 juin 2014 dans la revue Nature, l'équipe scientifique pilotée par le professeur Changjiang Dong, de la Norwich Medical School (University of East Anglia), qui s'est associée pour la circonstance à Neil Paterson de l'université d'Oxford.
Les travaux de recherche ont été réalisés grâce au synchrotron britannique, le Diamond ligth source basé à l'université d'Oxford. Ce microscope géant, qui fournit une lumière 10 milliards de fois plus intense que le soleil, a permis de visualiser la protéine constitutive de la paroi bactérienne et d'en identifier le mécanisme de synthèse et la structure
Vue de la paroi extérieure de la cellule bactérienne avec les différentes enveloppes protéiques.
Source : d'après Neil Paterson
La connaissance de la structure de cette protéine donnera la possibilité de rechercher des molécules médicamenteuses capables de la détruire. Cela pourrait être une ouverture vers une nouvelle vague de médicaments, puisque l'équipe de recherche a établi que la bactérie ne pouvait pas survivre si la protéine de paroi était attaquée.
Les travaux ont été menés sur des bactéries dites « à Gram négatif ». Ces bactéries sont pourvues d'une paroi épaisse qui agit comme une barrière défensive, à la fois contre les attaques du système immunitaire de l'hôte ou contre les médicaments bactériens. C'est donc un des principaux facteurs de résistance. Dans cette catégorie figurent certains des germes particulièrement préoccupants sur le plan des résistances bactériennes, tels les salmonelles, les E. coli et les Pseudomonas.
Cette découverte apporte un élément nouveau dans un contexte préoccupant : le risque mondial pour la santé publique lié aux antibiorésistances vient d'être souligné par l'Organisation mondiale de la santé en avril 2014 (voir billet sur ce blog de mai 2014).
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Source : Science Daily
17:26 Publié dans Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : antibiorésistance | Imprimer | |
Tea 2030 : un exercice de prospective sur le secteur du thé
L'industrie du thé fait aujourd'hui face à de nombreux défis, parmi lesquels le changement climatique, une évolution des demandes des consommateurs et une mécanisation croissante des exploitations. Afin d'explorer les futurs possibles et de construire une vision partagée de ce que pourrait être un avenir durable pour le secteur du thé, Forum for the future a conduit un exercice de prospective sur le sujet, et rendu public un rapport intitulé The future of tea, a hero crop for 2030 - Steps towards a sustainable future for the tea industry.
Rassemblant les grands acteurs de la filière du thé, Tea 2030 s'est déroulé sur douze mois au cours desquels des ateliers de travail ont permis d'identifier les dix principaux défis pour le secteur. Les partenaires ont ensuite construit quatre scénarios exploratoires. Le premier, Chai time, est marqué par une croissance importante des ventes grâce à une attractivité accrue du thé auprès des jeunes consommateurs. Le deuxième, Storm in a teacup, est un scénario de crise dans lequel les manques d'investissement pour de nouvelles variétés résistantes aux changements climatiques pénalisent la filière. Le troisième, Green leaf, est caractérisé par des demandes croissantes en matière de durabilité de la part des consommateurs. Le dernier, Rebrewed, décrit une situation où les tensions sur les ressources obligent le secteur à trouver de nouvelles zones de production (ex : Congo).
À partir des menaces et opportunités mises en évidence dans chacun de ces scénarios, les partenaires du projet ont défini cinq principes autour desquels ils devront collaborer pour construire un avenir durable pour le secteur du thé. L'ambition serait ainsi de faire du thé « a hero crop », c'est-à-dire une culture capable de fournir non seulement une denrée, mais aussi différents services. Les cinq principes sont les suivants : renforcer l'autonomie des producteurs ; favoriser des modes de production durables et à même de restaurer l'environnement ; concevoir des systèmes bas carbone et plus résilients ; accroître la transparence dans les chaînes de valeur et développer des mécanismes de marché plus durables ; engager et connecter les consommateurs. Ces recommandations seront mises en œuvre dans le cadre d'un travail collaboratif et ouvert aux contributions extérieures, organisé autour de trois plateformes : « paysages durables », « mécanismes de marché durables » et « consommateurs ».
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source : Forum for the future
17:24 Publié dans 1. Prospective, Filières agricoles, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : thé | Imprimer | |
L'ADEME publie le troisième volet de son exercice de prospective 2030-2050
L'ADEME a publié en juin 2014 le troisième volet de son exercice de prospective « Visions énergie climat 2030-2050 ». Aux horizons 2030 et 2050, ce volet décrit les modes de vie des ménages français qui seraient compatibles avec les scénarios énergétiques que l'Agence a présentés dans le cadre du Débat national sur la transition énergétique (voir billet sur ce blog de novembre 2012). En transcrivant ces scénarios en modes de vie concrets, l'un des objectifs de l'ADEME est de donner à voir ce que pourraient être les trajectoires de vie possibles, dans l'optique d'atteindre le Facteur 4 en 2050.
Deux ensembles de huit familles types ont été identifiés, en prenant en compte la diversité des modes de vie (composition de la famille, niveau de revenu, localisation géographique, etc.). Aux horizons 2030 et 2050, les possibilités de choix et d'adaptation de familles placées dans des conditions sociales et territoriales différentes ont été travaillées, ainsi que leur appropriation d'instruments de politiques publiques. Des catégories de consommation ont été définies, permettant de ramener toutes les consommations d'énergie au niveau des ménages (consommateurs finaux) et d'utiliser une démarche d'empreinte énergie et carbone.
L'alimentation, « de la fourche à la fourchette », est l'une des consommations étudiées, sachant que, en 2010, 20% de la consommation d'énergie étaient dédiés à la production, la transformation et la cuisson des aliments. Les pratiques alimentaires des ménages sont détaillées, en abordant les thèmes du gaspillage alimentaire, du régime alimentaire plus ou moins carné, du rôle de l'étiquetage (« étiquettes carbone », provenance des aliments) et de l'utilisation de cette information. Une famille d'agriculteurs est présentée dans l'exercice, permettant d'aborder également certains choix des scénarios généraux en matière de pratiques agricoles, de production de biomatériaux et de bioénergie. Imaginer la diversité des modes et de l'approvisionnement alimentaires apparaît difficile à l'horizon 2050, sachant que les scénarios de l'ADEME envisagent une généralisation de pratiques actuellement minoritaires (agriculture intégrée, produits biologiques, alimentation moins riche en viande). C'est donc une diversité des pratiques qui est décrite, plutôt qu'un « alignement sur un comportement alimentaire unique ».
En définitive, une relation étroite entre choix techniques et conditions d'intégration dans les comportements des ménages est mise en évidence, le Facteur 4 n'étant atteignable que sous réserve de progrès dans les comportements individuels. Cet exercice montre également qu'une diversité d'orientations des modes de vie permet de réaliser la transition énergétique, et identifie les principales avancées nécessaires (dont la limitation de l'allongement des chaînes logistiques d'approvisionnement) et les mécanismes d'action publique à mobiliser.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : ADEME
17:22 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation, Climat, Energie | Lien permanent | Tags : ademe | Imprimer | |
02/07/2014
Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier. Jérôme Michalon
La sociologie des relations homme-animal est aujourd'hui un champ éditorial en plein essor, borné d'un côté par des travaux sur les « animaux de rente » et les pratiques d'élevage (par exemple, ceux de Jocelyne Porcher, Sébastien Mouret ou Catherine Rémy), et de l'autre par des études sur l'animal de compagnie et de loisir. Jérôme Michalon, en prenant pour objet les pratiques émergentes de soin par le contact avec les animaux, se situe clairement du second côté. De plus en plus, en effet, certains animaux (chiens, chevaux, etc.) sont impliqués dans des thérapies, que ce soit dans des environnements semi-ouverts (fermes pédagogiques) ou dans des hôpitaux.
Dans les première et deuxième parties de l'ouvrage, l'auteur explore l'histoire de ces pratiques, qu'il fait remonter au début des années 1960. Les fondements scientifiques et les bénéfices pour les patients demeurent aujourd'hui encore contestés, mais cela n'a pas empêché la mise en place, au fil des années, d'une « communauté Human-Animal Interactions » - HAI, regroupant les acteurs à l'interface entre le monde des animaux et le monde du soin. Des réseaux professionnels ont été constitués, au sein desquels les vétérinaires jouent un rôle important. Dans la troisième partie de l'ouvrage, l'observation ethnographique permet d'analyser la manière dont ces praticiens créent une relation entre les patients et les animaux. La thérapie apparaît comme une occasion de « montée en personnalité » des animaux, construction fugace qui résiste mal au compte rendu et aux protocoles d'expérimentation. Plus généralement, les recherches de l'auteur l'amènent à formuler une hypothèse qui ne manquera pas d'intéresser les prospectivistes et les décideurs publics : le développement de ces pratiques préfigurerait l'avènement d’un nouveau régime de compagnonnage anthropo-zoologique, dans lequel la bienveillance vis-à-vis de l’animal et sa personnalité sont catalysées par le partage d’une activité commune, mise au service de la santé humaine.
Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective
Lien : Presses des Mines
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01/07/2014
Alternatives Économiques, hors-série n°101, « Mondialisation & Démondialisation »
Pour son 101e hors-série intitulé « Mondialisation & Démondialisation », le magazine Alternatives Économiques donne la parole à une vingtaine de chercheurs, experts, journalistes et personnalités du monde économique et politique pour réaliser un état des lieux de la mondialisation et envisager ses évolutions futures.
Selon les auteurs, bien que ce processus soit largement discuté depuis plusieurs décennies, évoquer la mondialisation est une tâche qui reste délicate du fait du manque d'informations. La mondialisation serait donc avant tout opaque, aucune institution n'étant réellement en mesure d'en comptabiliser l'ampleur au niveau des échanges économiques et marchands. Le débat, par articles interposés, entre Pascal Lamy (ancien directeur général de l'OMC) et Henri de Bodinat montre que les échanges de biens peuvent être surestimés et les interdépendances entre pays sous-estimées par les différentes sources statistiques. Aucune modalité de mesure de la mondialisation des échanges ne semble satisfaisante et chiffrer ce processus devient un enjeu.
Ce numéro dresse en outre le portrait d'un monde très inégalement mondialisé. Si les transactions annuelles sur les marchés des changes représentent 18,5 fois le PIB mondial, seuls 3% de la population mondiale résident en dehors de leurs pays d'origine. Même si Philippe Norel rappelle qu'il s'agit d'une lame de fond historique, il existe des degrés de mondialisation variables pour les différentes composantes du monde, « l'hypermondialisation » d'un domaine n'entraînant pas mécaniquement la mondialisation d'un autre (article de Dani Rodrik). Plus généralement, le processus de mondialisation tendrait à accentuer les écarts de compétences, de qualifications, d'accès à l'information et même de temporalités entre les différents acteurs de la planète. L'accentuation des inégalités entraînerait l'accroissement de la dépendance des acteurs les moins dotés vis-à-vis de ceux qui possèdent les capitaux qui leur font défaut.
La pertinence du terme même de « mondialisation » est questionnée (article de Jean-François Bayart). Ce processus étant « hétérogène » et « disjoint », la diffusion de produits ou de marques n'entraîne pas nécessairement une homogénéisation des pratiques. En effet, le temps des changements culturels et des évolutions des pratiques est bien plus lent que celui de la diffusion des informations, et il ne serait que faiblement accéléré par la mondialisation actuelle. L'homogénéisation culturelle, souvent imputée à la mondialisation, est donc questionnée et l'importance des hybridations soulignée.
Josselin Crozier, Centre d'études et de prospective
Lien : Alternatives économiques
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