30/06/2014
Les think tanks : des acteurs utiles à la décision publique
Les think tanks sont indispensables au renouvellement des idées dans la vie politique, et pour cela ils doivent penser contre les politiques et non pas comme eux : c'est l'idée qu'a exprimée Bruno Le Maire, à l'occasion d'une conférence organisée le 12 juin 2014 par SAF Agr'idées, et intitulée « Les think tanks, nouveaux acteurs d'un monde en profonde mutation ? ».
Mais ces nouveaux acteurs ne sont pas uniquement des laboratoires d'idées, selon Olivier Urrutia, vice-président de l'Observatoire des think tanks. Au-delà de la notion de réservoir, le terme « tank » renvoie également à l'instrument de guerre. Car les think tanks ont vocation à influer la politique publique, à s'engager dans la guerre des idées.
Pour être considérée comme think tank, une organisation doit donc avoir pour objectif de peser sur le débat public, et être en capacité de réunir divers acteurs autour de ses idées. En effet, pour être crédibles, affirme Vincent Charlet, directeur de la Fabrique de l'Industrie, les idées doivent être discutées. Un think tank doit aussi jouir d'une certaine indépendance et être une structure pérenne, avec une équipe propre et un réseau d'experts capables de produire des analyses.
En France, divers types de think tanks ont émergé depuis une vingtaine d'années, sous forme de fondations politiques, de cercles, d'instituts ou de clubs. Mais leur influence reste, pour la plupart, bien moindre que dans les pays anglo-saxons. L'une des raisons tient, d'après M. Urrutia, à la mobilité des carrières des fonctionnaires qui, en France, serait très limitée. Le financement de ces structures reste également très inférieur à ce qui s'observe dans d'autres pays.
Au final, se dégage de ces contributions l'idée que les think tanks restent en France une forme d'expertise encore mal connue et sous-exploitée. Selon plusieurs intervenants, dans un pays où l'État compte dans ses rangs de nombreux experts, une certaine méfiance existe vis-à-vis de ces structures productrices d'idées nouvelles.
Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective
Lien : SAF Agr'idées
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Colloque sur la perte de biodiversité et la vulnérabilité sanitaire des systèmes de production – Chaire de développement durable de Sciences Po & Anses
Le 25 juin 2014 s'est tenu un colloque placé sous le double timbre de l'Anses et de la chaire de « développement durable » de Sciences Po. Cette manifestation était axée sur la perte de biodiversité et la vulnérabilité sanitaire des systèmes de production, problématique mondiale qui découle, au moins pour partie, d'interventions humaines. En effet, la recherche d'amélioration de la productivité alimentaire a conduit à la sélection d'espèces de production, animales ou végétales, plus performantes. Le développement des espèces sélectionnées a, en revanche, mené à une raréfaction d'espèces peut-être moins productives mais probablement plus robustes.
Deux exposés ont plus particulièrement retenu notre attention. Muriel Tichit (Inra), a décrit le dispositif d'adaptation du potentiel génétique des espèces animales et végétales, pour accroître leur production, mis en place dans le cadre de la modernisation de l'agriculture. L'homogénéisation qui en a résulté a conduit à une limitation de la diversité des espèces utilisées, ainsi qu'à un mode de production fortement consommateur d'intrants. Le rôle positif de la diversité biologique dans l'adaptabilité au milieu a ainsi été mis en avant, en citant notamment les mécanismes de complémentarité et d'interconnexion entre pôle animal et pôle végétal.
Jean-François Guéguan (IRD) a, quant à lui, montré comment une augmentation de la biodiversité animale, qu'il s'agisse d'animaux sauvages ou domestiques, peut être un facteur limitant de diffusion de maladies. Il a ainsi été constaté, dans le cas de deux zoonoses cycliques vectorielles (maladie de Lyme et fièvre de West Nile), une diminution de l'incidence dès lors qu'il y avait une multiplicité d'espèces animales susceptibles de jouer le rôle d'hôte intermédiaire. Ce fait donne à penser qu'une plus grande biodiversité accroît la probabilité que, parmi les hôtes intermédiaires, figurent des espèces qui ont une fonction de « cul-de-sac épidémiologique », ce qui conduirait alors à une baisse de la virulence.
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Lien : Anses
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27/06/2014
Conférence « L'innovation au secours de la Biodiversité ? » - IDDRI & Fondation Hermès
Le 13 juin dernier, l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI, Sciences-Po) et la Fondation d'entreprise Hermès organisaient une conférence sur le rôle que pourrait avoir l'innovation dans la préservation de la biodiversité. L'une des trois sessions était consacrée aux questions agricoles, avec des débats centrés sur l'innovation variétale.
L'innovation en agriculture est souvent associée au progrès technique et à l'augmentation de la productivité à l'hectare alors qu'elle comporte bien d'autres dimensions (organisationnelle, socio-économique, etc.), rappelle en introduction Sébastien Treyer (IDDRI). Dans le premier cas, la biodiversité est considérée comme préservée par la moindre conversion d'espaces « vierges » en terres cultivées. Dans le deuxième cas, il s'agit de l'intégrer aux pratiques et aux fonctionnements des systèmes agricoles.
Au regard des enjeux liés à l'augmentation de production nécessaire pour nourrir 9 milliards d'êtres humains en 2050, l'innovation variétale pourrait apporter des réponses de façon durable, d'après Macy Merriman (Dupont-Pionneer). Le développement de variétés capables de mieux valoriser la fertilisation azotée dans les pays africains en est une illustration.
Toutefois, les questions posées par la propriété du vivant interviennent ici. Pour François Meienberg (association « Déclaration de Berne »), le régime actuel a un impact négatif sur la biodiversité et sur certaines agricultures, puisque, en permettant l'appropriation de gènes présents dans des variétés autochtones, il en restreint l'accès. Cela se fait en particulier au détriment d'un système informel de création variétale, basé sur l'expérimentation et les échanges entre agriculteurs. La mise en péril de ce système en Afrique, où il est à l'origine de la majorité des semences utilisées, pourrait mettre à mal la sécurité alimentaire de ce continent.
Par ailleurs, selon Frédéric Thomas (IRD et IFRIS), la sélection variétale est en soi réductrice de biodiversité puisqu'elle se focalise sur un nombre restreint de caractéristiques de la plante. Les « variétés populations » (à forte variabilité génétique) sont par exemple exclues du catalogue officiel français. Introduit dès les années 1930 pour orienter la sélection variétale, celui-ci visait à favoriser l'innovation en en protégeant les résultats. Or, les brevets sur le matériel génétique lui-même, apparus plus récemment, pourraient constituer un frein à l'innovation puisqu'ils restreignent l'accès à la connaissance même qui permet la création variétale.
In fine, si l'innovation variétale pourrait représenter une partie de la solution au problème de l'érosion de la biodiversité, pour Émile Frison (ancien directeur de Biodiversity International), il est nécessaire de repenser ce défi de manière plus large. Le système alimentaire dans son ensemble doit ainsi viser une plus grande durabilité.
Clément Villien, Centre d'études et de prospective
Lien : IDDRI
17:07 Publié dans Enseignement et recherche, Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité | Imprimer | |
26/06/2014
Retour sur 40 ans d'agronomie et perspectives pour une agriculture durable
À l'occasion du départ en retraite de Jean Boiffin (directeur de recherche à l'Inra, premier président de l'Afa), l'Inra et l'Association française d'agronomie ont organisé un colloque intitulé « L’Agronomie, de la question du retournement des prairies à celle de la réduction d’usage des pesticides : itinéraires de recherche et développement ». L'objectif était, à partir de quelques travaux marquants, de retracer les évolutions de l'agronomie sur les 40 dernières années et d'en dessiner les perspectives actuelles.
Les cinq thématiques abordées étaient les suivantes :
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La dégradation physique des sols et sa maîtrise. Les travaux ont permis de comprendre les processus érosifs, ainsi que l'organisation spatio-temporelle des états de surface créés par l'agriculture au niveau des bassins versants. Les solutions élaborées en partenariat avec les acteurs de terrain ont consisté à améliorer les pratiques agricoles, à réaliser des aménagements d'hydraulique douce et à organiser une nouvelle gouvernance (syndicats de bassins versants), pour assurer la cohérence spatiale des actions. Aujourd'hui, les priorités sont la conception d'infrastructures agroécologiques (IAE) multifonctionnelles (érosion, biodiversité, etc.), et la limitation par des pratiques et aménagements adaptés des transferts de pesticides liés au ruissellement.
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L'implantation des cultures. Les recherches ont abouti à l'élaboration de modèles de prévision de la germination, de la levée et du début de croissance des cultures. Aujourd'hui, le principal défi consiste à réduire les traitements de semences. Les perspectives de recherche concernent l'amélioration génétique des semences, une meilleure connaissance du fonctionnement de l'écosystème « lit de semence-semence-plantule-pathogènes », et le développement de la métagénomique des bactéries et champignons du sol.
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La gestion des adventices. Différentes méthodes ont été utilisées en vue de concevoir des systèmes de culture innovants (observation de la flore, analyse des effets des techniques, modélisation, expérimentation système, etc.). Un changement de paradigme s'est opéré entre une situation où l'objectif était de minimiser les adventices dans les parcelles et la situation actuelle où l'objectif est de se situer entre un seuil minimal (assurant un certain niveau de ressources trophiques pour la biodiversité) et un seuil maximal (au-delà duquel on aurait des pertes de rendement). Les principaux défis sont le développement d'outils d'aide à la décision (OAD) pour piloter la flore adventice, et la facilitation de la prise en main de ces OAD par les acteurs de terrain.
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Le passage du local au territoire pour traiter les problèmes agri-environnementaux. À partir de l'exemple des pollutions nitriques, il a été montré que les agronomes s'attachent à proposer et évaluer des scénarios alternatifs à différentes échelles, et à construire de nouvelles organisations de territoires avec les acteurs. Le défi actuel serait, au niveau des territoires, de reconnecter l’agriculture et l’élevage dans des paysages plus diversifiés, où l’arbre trouve aussi sa place.
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La réduction des intrants et le plan Écophyto. L'exposé a retracé la trajectoire de la protection intégrée des cultures (PIC) : née dans les années 1960 puis marginalisée, la PIC est revenue dans les années 2000, via la réintégration des enjeux de la santé des plantes dans le champ de l’agronomie, et a abouti au plan Écophyto. Ce dernier a permis une mobilisation des agronomes au services des politiques publiques.
Pour finir, les organisateurs du colloque ont souligné la nécessité de poursuivre l'élargissement des échelles de travail (temporelle et spatiale) et des domaines d'étude (filières, changements globaux), et d'investir dans de nouvelles thématiques, tout en capitalisant sur les importants acquis méthodologiques des dernières décennies. Ils ont conclu que la nouvelle frontière pour l'agronomie était désormais la contribution à la conception de politiques publiques à la fois plus précises, plus adaptées et opérationnelles face à la diversité des situations et des milieux.
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source : Association Française d'Agronomie
17:02 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche | Lien permanent | Imprimer | |
Une meilleure compréhension de la relation entre âge et croissance des forêts
La croissance des forêts diminue avec l'âge de ces dernières. Ce phénomène était traditionnellement expliqué par une augmentation de la respiration des arbres vieillissants. Une équipe de chercheurs vient au contraire de démontrer le rôle de la diminution à la fois de la production d'énergie (photosynthèse) et de la consommation d'énergie (respiration). Ce serait cette double diminution qui expliquerait la réduction de la croissance des forêts boréales et tempérées avec l'âge. D'après les auteurs, certains modèles de dynamiques forestières devront donc être repensés.
Source : Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA
17:01 Publié dans Enseignement et recherche, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : forêt | Imprimer | |
25/06/2014
Vers la commercialisation d'un dispositif de fractionnement des nutriments des effluents d'élevage aux États-Unis ?
L'université de l'État du Michigan a développé un dispositif de fractionnement des nutriments des fèces de vaches. La technologie, nommée McLanahan Nutrient Separation System, est un digesteur anaérobie couplé à un système d'ultrafiltration, d'extracteur à air et d'osmose inverse. Ce procédé permet d'obtenir en sortie de l'eau suffisamment « propre » pour être consommée par les troupeaux, ainsi que des nutriments qui peuvent être réutilisés comme fertilisants. Il permet également de piéger l'ammoniac et d'éviter les émissions de ce polluant atmosphérique. Après dix années de travail, les chercheurs espèrent maintenant pouvoir commercialiser leur dispositif auprès des agriculteurs.
Source : Michigan State University
16:59 Publié dans Agronomie, Exploitations agricoles | Lien permanent | Imprimer | |
L'impact des OGM sur les exploitations agricoles
Le Haut Conseil des Biotechnologies a réalisé une étude de la bibliographie en matière d'impacts des OGM sur les dimensions économiques et agronomiques des exploitations agricoles (marge brute par exemple). L'analyse porte sur diverses cultures (colza, blé, maïs, soja, pomme de terre, betterave, etc.), tolérantes à des herbicides totaux ou résistantes à des insectes. Les résultats sont essentiellement tirés de travaux menés à l'étranger et leur transposition potentielle en France est discutée. L'ouvrage est édité à la Documentation Française.
Source : La Documentation française
16:51 Publié dans Exploitations agricoles, OGM | Lien permanent | Tags : ogm, hcb | Imprimer | |
24/06/2014
Changing what we eat
Dans son rapport Changing what we eat, le Food Climate Research Network (FCRN) de l'université d'Oxford souligne la nécessité de transformer les modes de consommation alimentaire pour répondre à la fois aux enjeux de santé publique et aux enjeux environnementaux. Les efforts de recherche doivent pour cela se concentrer sur trois questions : quelles seraient les conditions d'une consommation à la fois bonne pour la santé et l'environnement ? Quelles sont les implications sur la santé et l'environnement des modes de consommation actuels ? Par quels moyens les modes de consommation peuvent-ils être transformés ?
Source : FCRN
16:49 Publié dans Alimentation et consommation, Mondialisation et international | Lien permanent | Imprimer | |
Programme canadien « Agriculture en classe »
Dans un communiqué du 10 juin 2014, le ministre fédéral canadien de l'agriculture et son homologue de la province de la Saskatchewan ont annoncé la signature d'un nouvel accord sur cinq ans pour le financement du programme Agriculture en classe, à hauteur d'un million de dollars (soit une augmentation de 550 000 $ par rapport aux cinq années précédentes). L'augmentation de cette aide répond aux demandes croissantes des enseignants vis-à-vis d'Agriculture en classe, dont l'objectif est de sensibiliser les élèves à l'importance de l'agriculture dans l'économie et la culture de la Saskatchewan.
Le programme Agriculture en classe fait partie du réseau Agriculture in the classroom Canada. Mis en place en 2011, ce réseau informel fédère les organismes de neuf provinces œuvrant à la promotion de l'agriculture à l'école.
Source : Gouvernement du Canada
16:47 Publié dans 4. Politiques publiques, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : canada | Imprimer | |
L’Anses publie son évaluation des risques d’émergence d’antibiorésistances en santé animale
L'Anses, qui s'était auto-saisie en mars 2011 de la question des risques d’émergence d’antibiorésistances liés aux modes d’utilisation des antibiotiques en santé animale, a récemment publié son rapport.
L'Agence recommande un usage plus économe des antibiotiques en santé animale, notamment un abandon progressif de l'usage préventif, et des utilisations strictes pour les antibiotiques de dernière génération, qui devraient être réservés à des situations particulières et, à tout le moins, à des traitements de deuxième intention. Le recours à des outils de diagnostic est cité comme une piste pour cibler un antibiotique précis et optimiser les traitements. Enfin, l'importance de la bonne organisation de l'élevage et de la biosécurité est mise en avant, notamment pour l'alimentation des animaux et l'hygiène des locaux, sans oublier les critères génétiques de robustesse.
Source : Anses
16:45 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : anses, antibiorésistance | Imprimer | |
23/06/2014
Évolutions de la population vétérinaire aux États-Unis, de 1990 à 2010
Au cours des vingt dernières années, les modes d'exercice de la profession vétérinaire aux États-Unis ont connu des changements notables. Une étude publiée par le Center for Agricultural and Rural Development (université de l'Iowa) montre que la population des vétérinaires a augmenté proportionnellement plus que la population générale et s'est fortement féminisée. Il est constaté une préférence marquée pour l'exercice urbain, centré sur les animaux de compagnie ou de sport, et un désintérêt (voire une aversion) pour l'exercice rural, et ce principalement pour la filière porcine. Cette tendance est surtout notable chez les vétérinaires femmes.
Source : Center for Agricultural and Rural Development – Iowa State University
16:43 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Société | Lien permanent | Tags : etats-unis, vétérinaires | Imprimer | |
Une aide au secteur canadien porcin pour s'adapter aux demandes du consommateur
Le gouvernement canadien a annoncé, fin mai, des mesures pour aider l'industrie du porc à répondre aux attentes des consommateurs, et contribuer à améliorer sa compétitivité économique. Via la grappe porcine canadienne de recherche et développement Swine Innovation Porc,13 millions de dollars sont ainsi destinés à des équipes de recherche qui travailleront sur la résistance aux maladies, le bien-être animal et la valeur nutritionnelle des produits.
Il convient de rappeler que le Canada est touché depuis plusieurs mois par l'épizootie de diarrhée épidémique porcine, maladie dont les conséquences sanitaires et économiques sont très importantes (voir précédent billet sur ce blog d'avril 2014).
Source : Gouvernement du Canada
16:41 Publié dans 4. Politiques publiques, Production et marchés, Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : canada, porc | Imprimer | |
02/06/2014
Circuits courts aux États-Unis : l'essor des regional food hubs
La commercialisation locale des produits agricoles aux États-Unis ne représentait que 0,4% des ventes et 5,5% des exploitations en 2007, mais elle connaît une croissance exponentielle, notamment due à des politiques publiques favorables, d'après une récente présentation mise en ligne sur le site de l'USDA (United States Department of Agriculture).
Cette croissance est fortement tirée par la demande. De plus en plus de consommateurs cherchent à s'approvisionner localement, avec comme principales motivations la volonté de se procurer des produits meilleurs et plus sûrs, et le souhait de soutenir l'économie locale.
Le secteur de la restauration est fortement engagé : la National Restauration Association estime qu'en 2014, la principale tendance dans les restaurants américains est de proposer des plats faits à partir de matières premières locales. Les entreprises de la distribution sont également concernées, 87% des consommateurs considérant comme très important de pouvoir trouver des produits locaux sur les étals.
Parmi les producteurs engagés dans des circuits de distribution locale, seuls 18% commercialisent la totalité de leur production directement aux consommateurs. La moitié en revanche le font à travers des intermédiaires (restaurants, commerces, etc).
Source : USDA
Cette évolution est accompagnée par l'USDA à travers une politique de mise en place de regional food hubs. Il s'agit de plateformes logistiques locales, fournissant un service en amont aux producteurs souhaitant intégrer des circuits locaux, et en aval aux commerces, restaurants et institutions cherchant à s'approvisionner localement. En parallèle, la politique de l'État consiste également en la promotion de la demande en produits locaux à travers les écoles, les hôpitaux et les bases militaires.
Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective
Source : USDA
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Essor du crowdfunding : de nouvelles voies de financement de l'agriculture ?
La finance participative pourrait être appelée à changer en profondeur l'accès au financement des projets, qu'ils relèvent du domaine de la culture, de l'innovation, de la solidarité internationale ou… de l'agriculture. Nouveau et en pleine expansion, le crowdfunding est passé en France de 8 millions d'euros en 2011 à 78 millions d'euros en 2013, finançant ainsi 24 000 projets. Au niveau mondial, il représente environ 5 milliards de dollars. C'est cet essor qui a été célébré lors de la « Fête du crowdfunding » organisée récemment par l'École supérieure de commerce de Paris (ESCP) et le ministère de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique.
Le crowdfunding est un mécanisme qui permet de récolter des fonds auprès d’un large public, le plus souvent via Internet, en vue de financer un projet créatif ou entrepreneurial. Il peut prendre la forme de prêts à titre gratuit ou rémunérés (peer to peer lending), de souscription de titres (crowdinvesting) ou de dons pouvant donner lieu à des contreparties en nature ou en numéraire.
De nombreuses plateformes en ligne ont émergé ces dernières années, permettant de mettre en relation porteurs de projets et investisseurs particuliers. Certaines sont généralistes (ex : Ulule, Kiss kiss bank bank, Wiseed), d'autres spécialisées dans les projets de recherche (ex : Davincicrowd), le mécénat artistique (ex : CultureTime), les projets locaux (ex : Bulbintown) ou le microcrédit pour les TPE (ex : Babyloan).
Dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentaire, les porteurs de projets sont de plus en plus nombreux à mobiliser du crowdfunding. Que ce soit pour financer un rang de vigne, un nouvel atelier de volailles, un prototype de robot destiné à désherber mécaniquement en maraîchage, ou un service de restauration à domicile, le crowdfunding représente un mode de financement complémentaire aux systèmes bancaires traditionnels.
Pour encourager le développement de cette finance participative, diverses mesures ont été prises aux niveaux français et européen. En France notamment, une brèche a été introduite dans le monopole bancaire en autorisant les prêts avec intérêt de la part de particuliers à hauteur de 1000 € par personne et par projet. L'enjeu est notamment de diriger une partie de l'épargne des Français (particulièrement élevée) vers le financement de projets qu'ils choisissent et pour lesquels ils sont prêts à donner, investir ou prêter. Il s'agit également de faciliter l'émergence de projets innovants, et de contribuer à la création d'emplois.
La Commission européenne a de son côté adopté en mars une communication destinée à proposer différentes voies pour « libérer le potentiel du financement participatif dans l’UE », en particulier en faveur des PME-TPE.
Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective
Sources : AMF et Commission européenne
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