14/09/2021
Pesticides à ARN interférent : une perspective d'avenir pour la protection des cultures ?
En 2019 a eu lieu à l'OCDE (Paris) une conférence sur les pesticides à ARN interférent, dans le cadre du Programme de recherche en collaboration : systèmes agricoles et alimentaires durables. Elle a donné lieu à 14 articles (revues de littérature, textes originaux) publiés en 2019 et 2020 dans Frontiers in Plant Science, se concluant par la parution d'un éditorial en juillet 2021. Ce recueil est l'occasion de se pencher sur les opportunités et risques de ces innovations, alors que les technologies à ARN ont été mises en évidence à l'occasion de leur utilisation dans les vaccins contre la Covid-19. Les sujets traités sont divers : mécanismes biologiques de l'interférence à ARN, exemples d'applications pour certaines cultures (ex. : Fusarium de l'orge), évaluation des risques environnementaux et sanitaires (persistance dans l'environnement, action sur des ARN d'autres organismes non ciblés initialement, etc.).
Source : Frontiers in Plant Science
12:16 Publié dans Agronomie, Environnement, Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : pesticides, arn, risque, innovation | Imprimer | |
11/02/2019
La Commission européenne n'est pas assez offensive sur le risque de désertification en Europe
Alors que le changement climatique fait peser un risque croissant de désertification sur certaines régions de l'Union, la Cour des comptes européenne produit un rapport sévère sur la prise en compte de ce sujet par la Commission.
Pour les auditeurs qui se sont penchés sur ce sujet, en particulier dans le cadre de l'évaluation de la trajectoire vers une neutralité en matière de dégradation des sols, d'ici 2030, le constat est sans appel : en dépit d'une collecte de données efficace, le suivi est insuffisant, notamment en raison de l'absence de méthodologie commune. Par ailleurs, si plusieurs politiques peuvent contribuer à la lutte contre la désertification, aucune n'a pour l'instant cet objectif. L'absence de stratégie européenne est un handicap important pour s'assurer de l'efficacité et de la cohérence entre les différentes politiques européennes, et de leur articulation avec les politiques nationales.
Enfin, les auditeurs pointent l'absence d'évaluation prenant en compte la désertification, notamment dans la mise en œuvre des politiques européennes. Ils soulignent en particulier le manque d'analyses coûts-avantages des projets d'irrigation financés par le budget européen.
Prévisions concernant l'évolution du risque de désertification et de l'indice d'aridité pour la période 2071-2100 par rapport à la période 1981-2010, dans les scénarios +2,4 ° (gauche) et +4,3 ° (droite)
Source : Cour des comptes européenne
Source : Cour des comptes européenne
13:07 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : cour des comptes européenne, désertification, risque | Imprimer | |
13/09/2018
La valeur d'avenir de la forêt dépend de l'aversion au risque de son propriétaire
C'est la conclusion de travaux récents de recherche sur l'impact de la sensibilité au risque des propriétaires forestiers, dans un contexte de volatilité des prix de vente des bois.
Les principes de la gestion forestière prennent appui sur les travaux de Faustmann (cf. article de la Revue forestière française). Il a, le premier, déterminé la valeur d'une forêt (sa valeur d'avenir puisque les gains ne se réaliseront que de manière très différée et à plusieurs reprises sur le long terme) et l'âge optimal d'exploitabilité des bois (par conséquent le rythme de rotation des coupes au sein de l'aménagement forestier). La limite de l'approche proposée par Faustmann réside en particulier dans la non prise en compte des incertitudes, notamment de prix.
Si différents travaux ont porté sur l'adaptation des choix de gestion des peuplements à la volatilité des prix des produits forestiers, aucun n'a jusqu'alors intégré la sensibilité du propriétaire au risque. En effet, ce dernier peut retarder une coupe en espérant notamment un redressement des cours : il arbitre alors entre l'immobilisation financière prolongée et l'espérance d'un gain accru, celui-ci étant tiré d'un accroissement du volume (poursuite de la croissance des arbres non coupés) et d'une augmentation hypothétique des prix.
Afin de mieux représenter le comportement du propriétaire, les auteurs ont construit un modèle basé sur une approche heuristique de la décision de réaliser ou non une coupe de bois, dans un contexte de volatilité des prix. Cette décision dépend en particulier du degré d'aversion au risque du gestionnaire, du niveau des prix, du taux d'intérêt, etc. Ils comparent alors les performances obtenues par le modèle en matière de valeur d'avenir de la forêt, et l'impact sur la durée des rotations, avec les résultats tirés de l'approche de Faustmann ou d'une stratégie de prix de réserve.
Les auteurs démontrent ainsi que, quel que soit le degré de volatilité des prix ou le niveau des taux d'intérêt, une telle approche de la décision de récolte permet de mieux optimiser la valeur d'avenir pour une certaine catégorie d'aversion au risque. Pour s'approcher encore plus de la réalité, il serait toutefois intéressant d'introduire une tolérance au risque variable dans le temps (le propriétaire devenant de plus en plus averse au risque quand le peuplement vieillit et acquiert de la valeur) ou d'autres hypothèses de distribution des prix.
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : Land Economics
10:22 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : forêt, valeur d'avenir, risque, aversion | Imprimer | |
12/09/2018
Étude du Conseil d’État sur la prise en compte du risque dans la décision publique
Répondant à une demande du Premier ministre, le Conseil d’État a publié, en juin 2018, une étude sur la prise en compte du risque dans la décision publique. Insistant sur le rôle de l’État, elle traite notamment des risques sanitaires, environnementaux, alimentaires, etc.
Historiquement, le risque a toujours été un élément fondamental de justification de l'intervention publique, leurs relations évoluant avec les modalités d'exercice de l'action publique et le rôle assigné au savoir et à la science. Les acteurs publics recherchent un « double équilibre », entre protection des citoyens et des entreprises, et principe de responsabilité individuelle.
Les auteurs s'intéressent à la définition du « risque » et distinguent en particulier les risques exogènes des risques endogènes à l'action publique. On peut notamment retenir que si « la définition du risque acceptable est toujours contestable », les contestations ont crû à partir des années 1960-1970 (produits chimiques utilisés en agriculture, OGM, nanotechnologies, etc.). Traditionnellement, la réponse publique aux risques repose sur la prévention, la gestion de crise et la réparation (dispositifs de socialisation). L'indépendance de l'expertise et l'analyse des « données massives » combinées avec l'expertise de terrain font partie des problématiques soulignées ici.
La prise en compte du risque est aujourd'hui devenue « plus difficile et plus nécessaire » : changement d'échelle d'espace et de temps ; « défi de la connaissance » ; renouvellement des attentes du public, en lien avec des peurs anciennes (alimentaires par exemple) et des évolutions sociétales profondes (« société du risque », « insécurité sociale », etc.) ; principe de précaution. Dans ce contexte, la prise de risque par les décideurs publics peut souvent être limitée, au détriment de l'intérêt général : crainte d'une mise en cause personnelle, valorisation insuffisante de cette prise de risque dans l'action publique, marges de manœuvre insuffisamment utilisées.
À partir de cette analyse, les auteurs formulent 32 propositions, pour concevoir une stratégie de prise en compte du risque dans l'action publique (ex : renforcement de la prospective publique), améliorer la gestion des risques exogènes (ex : valorisation de l'expertise interne, renforcement des capacités d'alerte et organisation de retours d'expérience, partage avec le public de l'information sur les risques), encourager les décideurs publics à « agir de façon audacieuse » et améliorer le traitement du contentieux de la responsabilité des acteurs publics.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : Conseil d’État
10:07 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : conseil d'etat, risque, décision publique | Imprimer | |