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17/06/2019

Et si la lutte contre le changement climatique devenait la priorité de la PAC ? Une simulation avec le modèle CAPRI

Une équipe du Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne a publié fin mai 2019, dans le Journal of Agricultural Economics, un article présentant un exercice de modélisation d'une Politique agricole commune (PAC) prioritairement tournée vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur agricole. La simulation a été réalisée avec CAPRI, un modèle global d'équilibre partiel agricole, régionalisé à l'échelle NUTS-2, et régulièrement utilisé par le CCR pour évaluer ex ante les changements de politiques agricoles, environnementales et commerciales (fin des quotas laitiers, accords commerciaux, etc.).

Dans le scénario simulé par les chercheurs, les aides découplées du premier pilier de la PAC sont entièrement supprimées, le budget ainsi libéré servant en totalité à financer une subvention à la réduction des GES, en euros par tonne équivalent CO2 d'émissions évitées par rapport à la situation de référence sans réforme. Ce changement de politique est effectué à budget constant au niveau de chaque région, puis, dans une variante de la simulation, au niveau de l'Union européenne (UE), ce qui autorise des transferts d'aides entre régions. Les autres aides de la PAC sont, en revanche, conservées : aides couplées pour les secteurs en difficulté économique, pour les zones défavorisées, etc. Les GES considérés sont le méthane (CH4) et le protoxyde d'azote (N2O), et le modèle simule trois voies de réduction : baisse de la production agricole, changement du mix productif (réduction de l'élevage bovin, augmentation des prairies extensives, etc.) et adoption de technologies d'atténuation (utilisation d'inhibiteurs de nitrification, méthanisation, etc.).

Changement relatif des émissions de GES (hors CO2) agricoles par rapport à la situation de référence (en %)

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Source : Journal of Agricultural Economics

Dans un tel scénario, les GES d'origine agricole de l'UE (hors CO2) baissent de 21 %, avec des contrastes régionaux importants (carte ci-dessus) et des subventions unitaires allant de 51 à 746 €/tCO2éq selon les zones (197 € en valeur médiane). Cette baisse d'émissions est due, aux deux tiers, à une réduction de la production et une évolution du mix productif, le tiers restant étant imputable à l'adoption de technologies d'atténuation. La hausse des prix liée à la contraction de l'offre conduit à une augmentation du revenu des agriculteurs (+ 5,8 % au niveau de l'UE) et à une dégradation de la balance commerciale (tableau ci-dessous), mais aussi à des co-bénéfices environnementaux (ex. : réduction des surplus d'azote). Le taux de fuites de carbone reste limité (20 %), en raison notamment de la protection aux frontières de l'UE pour les produits importés.

Variations de l'offre agricole, des prix aux producteurs, de la consommation et des flux commerciaux pour l'UE-28 (en relatif ou en absolu par rapport à la situation de référence)

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Source : Journal of Agricultural Economics

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Agricultural Economics

10:03 Publié dans 4. Politiques publiques, Climat, PAC | Lien permanent | Tags : pac, changement climatique, capri, modélisation, jrc |  Imprimer | | | | |  Facebook

04/04/2019

Les alternatives aux tests sur animaux dans l'Union européenne

Le site EU Science Hub de la Commission européenne a publié en février une interview de V. Zuang, auteure principale du rapport du groupe de travail sur le développement, la validation et l'acceptation réglementaire de méthodes et d'approches alternatives aux tests animaux (2018), et de M. Whelan, chef du laboratoire de référence du Centre commun de recherche dans ce domaine (EURL ECVAM). En la matière, les évolutions ont été notables ces dernières années : vision de la réglementation (directive 2010/63), méthodes in vitro ou in silico, « référence croisée » à des études sur un composé proche, etc. Le recours aux alternatives est maintenant habituel pour les substances relevant du règlement REACH. Pour l'Union européenne, un objectif d'abandon de l'expérimentation animale devait être poursuivi progressivement, car les alternatives manquent sur certaines pathologies. Des travaux internationaux sont menés dans cette optique (ex. : projet H2020 Tox Risk), notamment sur les cellules souches pluripotentes induites et les modèles de tissus artificiels.

Source : Joint Research Center

15/03/2019

Une analyse de la diversité des espaces ruraux européens et de leurs perspectives d'évolution à l'horizon 2030

Les territoires ruraux européens présentent une hétérogénéité marquée, source d'enjeux majeurs pour les politiques publiques. Dans ce contexte, le Joint Research Centre a voulu caractériser la diversité de ces espaces et leurs perspectives d'évolution d'ici 2030.

L'analyse s'est focalisée sur cinq variables : la population rurale, l'emploi et la valeur ajoutée agricoles, les surfaces agricoles et les surfaces en friche. Pour apprécier l'état actuel et futur (à 2030) de ces variables, les auteurs ont mobilisé le modèle LUISA, habituellement utilisé pour l'évaluation ex ante des politiques européennes impactant les territoires ruraux. Ils ont ensuite eu recours à des techniques de partitionnement, afin de constituer différentes catégories de territoires. Ce partitionnement a été réalisé à la fois à une échelle nationale, pour voir comment se différencient les pays les uns par rapport aux autres, mais également à une échelle plus fine (NUTS 3, qui correspond au département français), pour caractériser la diversité infra-nationale. Il s’est appuyé sur les données de 2015.

Au niveau national, cinq catégories ont été constituées. La première rassemble les pays où la population rurale est faible et où l'agriculture, bien qu'efficace en termes d’utilisation de l’espace (faible proportion de surfaces en friche) et de valeur ajoutée générée par actif, n'a pas une place importante dans l'économie (Royaume-Uni, Allemagne, etc.). La deuxième regroupe des pays à l'agriculture moins efficace et où la déprise est parfois importante (Europe du Sud et de l'Est). La troisième couvre des pays où l'agriculture, performante, contribue de façon non négligeable à l'économie nationale, et dont la part de la population rurale est légèrement supérieure à la moyenne européenne (France, Irlande, Danemark, etc.). La quatrième rassemble des pays aux espaces ruraux très peuplés mais peu tournés vers l'activité agricole, dont le potentiel est limité par des contraintes naturelles fortes (Autriche, Suède, etc.). Enfin, la cinquième catégorie se compose de la Roumanie et de la Bulgarie, pays aux espaces ruraux peuplés et où l'activité agricole est centrale. Le partitionnement réalisé à l'échelle locale, qui s’appuie sur des catégories comparables à celles utilisées pour le niveau national, révèle quant à lui une image encore plus diversifiée et dispersée, sans qu'il en ressorte de schéma géographique clair (cf. figure ci-dessous).

Typologie des territoires ruraux européens

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Source : Joint Research Centre (extrait CEP)

Lecture : les couleurs des cinq catégories pour les deux niveaux géographiques (national et infra-national) ne correspondent pas à des caractéristiques strictement similaires, même si le nuancier est le même.

En montrant la grande diversité des espaces ruraux, cette étude ouvre la voie à la conception de politiques européennes prenant davantage en compte cette hétérogénéité.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Centre

13:26 Publié dans 1. Prospective, Territoires | Lien permanent | Tags : jrc, rural, espace rural |  Imprimer | | | | |  Facebook

18/09/2018

Publication de l'Atlas mondial de la désertification, ouvrage de référence sur la dégradation des sols et l'empreinte écologique des systèmes alimentaires

Le Centre commun de recherche (Joint Research Centre), service scientifique interne de la Commission européenne, vient de publier la troisième édition de l'Atlas mondial de la désertification, 20 ans après la deuxième. Proposant des cartes originales basées sur une vaste revue de la littérature académique et des données satellitaires, l'ouvrage offre un large panorama de l'empreinte humaine sur la planète et ses sols. Il accorde une place centrale aux productions agricoles et forestières, tout en intégrant les déterminants sociaux, économiques et écologiques de la désertification.

L'atlas détaille, en première partie, les schémas d'occupation humaine de la Terre (villes, surfaces agricoles, migrations, etc.), avec un focus sur les impacts écologiques des échanges internationaux (ex. déplacements d'eaux et de terres virtuelles). Sa deuxième partie est consacrée à l'enjeu de sécurité alimentaire, dans le contexte de l'augmentation de la demande mondiale, et couvre à la fois les productions végétales (surfaces cultivées, consommations de fertilisants, de produits phytosanitaires, rendements, etc.) et animales (distribution et impacts de l'élevage), mais également les enjeux liés à l'agriculture familiale. Une troisième partie illustre les limites de la durabilité de nos systèmes de production en matière, notamment, de gestion quantitative et qualitative de l'eau, de dégradation des sols, de couverts végétaux et de biodiversité. L'ouvrage croise ensuite diverses sources de données et des études de cas pour consolider ses conclusions et en tirer des propositions de pistes d'action.

Utilisation des terres nationales et internationales nécessaires à la consommation des pays

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Lecture : la taille des camemberts représente la surface de terres nécessaire (en millions d'hectares) pour répondre à la consommation nationale. La part rouge des camemberts figure la proportion de terres nationales utilisée, et la part jaune celle des terres d'autres pays. Les couleurs de la carte indiquent si les pays sont importateurs (rouge) ou exportateurs (bleu) nets de terres.

Source : Centre de recherche commun de la Commission européenne

L'une des évolutions majeures des systèmes alimentaires mises en évidence par l'atlas est ce qu'il dénomme le « télécouplage » (telecoupling), soit le fait que nous consommons des biens alimentaires produits de plus en plus loin de nous (figure ci-dessus). La délocalisation des impacts écologiques et des changements d'usage des terres liés à cette consommation est croissante. Les auteurs soulignent que l'une des conséquences de ce déplacement de la production est que les consommateurs ont de moins en moins conscience de son coût environnemental réel, ce qui accroît l'« apathie collective » en matière de développement durable.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Centre

14/02/2018

Le JRC modélise les effets, à 2030, de trois scénarios de la future PAC

Le Joint Research Center (JRC) de la Commission européenne a publié, fin décembre 2017, une prospective à 2030 modélisant les effets de trois scénarios contrastés de la future politique agricole commune post-2020.

Les trois scénarios choisis sont comparés à un scénario de référence correspondant à la politique actuelle. Le premier, « Revenus et environnement » (Inc & Env) correspond à un renforcement de la conditionnalité agri-environnementale, avec un maintien du budget de la PAC. Le deuxième, axé sur la libéralisation et la productivité (Lib & Prod), inclut une grande ouverture des échanges, la suppression des paiements directs du premier pilier et une réorientation du second pilier vers des mesures d'accroissement de la productivité. Enfin, le troisième scénario (NoCAP) consiste en une suppression de tous les soutiens publics à l'agriculture.

Scénarios modélisés

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Source : JRC

Ces trois scénarios, ainsi que la trajectoire de référence, ont été modélisés au niveau national avec le modèle MAGNET (Modular Applied GeNeral Equilibrium Tool), à l'échelle régionale à l'aide de CAPRI (Common Agricultural Policy Regionalised Impact), et au niveau des exploitations avec IFM-CAP (Individual Farm Model for Common Agricultural Policy Analysis). Leurs effets à 2030 sont ainsi comparés pour la production agricole, le revenu des agriculteurs, l'emploi dans le secteur agricole, les surfaces cultivées, les excédents d'azote et les émissions de gaz à effets de serre (GES).

Impacts à 2030 des différents scénarios

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Source : JRC

Les deux derniers scénarios entraînent un important recul de la production agricole, de l'emploi et des revenus, de surcroît plus inégalement répartis. La baisse des émissions de GES qui en résulte serait, par ailleurs, contrebalancée dans les autres régions du monde auprès desquelles l'Europe devrait s'approvisionner, devenant importatrice nette de produits agricoles. Le premier scénario permet un accroissement des revenus agricoles et une légère réduction des excédents d'azote, mais reste insuffisant pour avoir des effets sur les zones où ce surplus est le plus fort.

Plus largement, ce travail fait ressortir les effets directs et indirects de la PAC actuelle, et rappelle, par la comparaison de différents objectifs stratégiques, l'importance de les prioriser et de les cibler.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

11:14 Publié dans 1. Prospective, 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : jrc, pac post-2020, scénarios |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/12/2017

30 ans de collaboration scientifique entre l'Afrique et l'Europe

Un rapport du Centre commun de recherche (Joint Research Center) de l'Union européenne, publié en novembre, présente un bilan de trois décennies de travail en commun du JRC avec les organisations et institutions de l'Union africaine. Structuré par grands thèmes (population et migrations, changement climatique, recherche et innovation, etc.), le rapport résume les grands résultats (données, travaux scientifiques) issus de cette collaboration, identifie des tendances, et dégage des leçons pour l'avenir. On y retrouve des chapitres dédiés à l'usage des terres, à l'agriculture, au changement climatique et aux pêcheries, entre autres. À ce rapport s'ajoute la base cartographique Africa StoryMaps, qui présente les principaux résultats sous forme de cartes interactives. Le rapport été présenté à l'occasion du 5e Sommet UA-UE à Abidjan les 29-30 novembre. Il s'inscrit dans le contexte du partenariat renouvelé UA-UE.

Source : Joint Research Center

05/09/2017

Le JRC a publié le premier état des lieux de la bioéconomie dans l'Union européenne

Un rapport publié récemment par le Joint Research Center (JRC) analyse la place de la bioéconomie au sein des 28 États membres. Elle représentait en 2014 de l'ordre de 9 % des emplois tous secteurs confondus, les 3/4 relevant des secteurs « agriculture », ainsi qu'« alimentation, boissons et tabac ». Le rapport souligne l'absence de législation spécifique à la bioéconomie et rappelle que les financements européens passent notamment par le programme cadre Horizon 2020, les Fonds structurels et d'investissement européens et le Fonds européen pour les investissements stratégiques.

Cet état des lieux souligne également que les études des impacts environnementaux des produits biosourcés, à l'exception de la bioénergie, sont encore peu nombreuses. Les premiers résultats montrent un impact plus faible, par rapport à leur référence issue d'énergies fossiles, sur le changement climatique. Les impacts seraient cependant plus importants sur l'eutrophisation, l'acidification ou l'usage des terres, conséquences des modes de production de la biomasse et d'une plus faible efficience des processus de transformation.

Source : Joint Research Center

10:39 Publié dans Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : bioéconomie, jrc |  Imprimer | | | | |  Facebook

19/01/2017

Sécurité sanitaire et nutrition : enjeux politiques pour l'Union européenne à 2050

Le Joint Research Centre a publié, en décembre 2016, les résultats d'un exercice de prospective portant sur les enjeux sanitaires et nutritionnels pour l'Union européenne à 2050. Cet exercice a pour objectifs de nourrir un processus de réflexion autour de l'évolution des outils politiques européens, et de contribuer à l'identification des enjeux à venir dans ces deux domaines. En s'appuyant sur un ensemble varié de moteurs (cf. tableau ci-dessous), quatre scénarios sont proposés :

- « global food », projection de la situation actuelle de l'UE à 2050, avec notamment une chaîne alimentaire mondiale plus interconnectée ;

- « regional food », qui repose sur la recherche de l'auto-suffisance, d'un modèle d'économie circulaire, avec abandon des principaux accords commerciaux ;

- « partnership food », dans lequel l'UE est faible sur le plan économique, perd de l'influence au niveau mondial, en particulier en matières agricole et alimentaire, et entretient des relations privilégiées avec un acteur mondial majeur (ex : États-Unis, Canada) ;

- « pharma food », associant notamment commerce globalisé, économie européenne forte et une population se tournant vers des aliments fonctionnels.

Pour chaque scénario, des options politiques, des besoins de recherche et des indicateurs sont identifiés au regard des enjeux mis en exergue.

Moteurs retenus pour chaque scénario

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Source : JRC

En conclusion, les auteurs dégagent des éléments communs aux quatre scénarios. De manière générale, le cadre réglementaire européen apparaît robuste et adapté aux enjeux à venir. Des pistes d'évolution sont également identifiées : amélioration de l'effectivité des politiques nutritionnelles européennes ; harmonisation des approches d'évaluation des risques et inclusion d'autres « facteurs légitimes » (ex : bénéfices pour la santé, conséquences socio-économiques) ; développement d'indicateurs adaptés et harmonisés pour mesurer et surveiller la performance européenne en matière de sécurité sanitaire ; mise en place d'un système d'alerte sur les dangers émergents ; adaptation des services officiels de contrôle aux besoins futurs ; investissement dans l'éducation du public en matière de sécurité sanitaire et de nutrition.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Centre

14/10/2016

Seconde étude d’impacts sur les émissions agricoles européennes et l’adoption de leviers d’atténuation

Dans la continuité de sa publication EcAMPA de février 2015 (voir un précédent billet sur ce blog), le Joint Research Center a actualisé, cet été, son évaluation économique de la mise en œuvre d'actions d'atténuation par l'agriculture européenne. Cette étude repose, de manière générale, sur les mêmes outils de modélisation.

Deux différences sont néanmoins à relever par rapport à la version précédente. Tout d'abord les auteurs ont construit de nouveaux scénarios, sept sans compter le scénario de référence. Les quatre principaux intègrent une réduction obligatoire des émissions de gaz à effet de serre (GES) par l'agriculture européenne, à hauteur de 20 % par rapport à 2005 (objectif décliné pour chaque État avec un prix carbone de 50 €/tCO2éq). Ces quatre scénarios se différencient par leurs modalités pour atteindre cet objectif : introduction éventuelle de subvention (à hauteur de 80 %), caractère volontaire ou obligatoire des leviers d'atténuation, vitesse de déploiement des technologies.

De plus, de nouvelles actions d'atténuation s'ajoutent aux cinq préalablement étudiées : vaccination visant à réduire la production de méthane par les ruminants, augmentation de la part des légumineuses dans les prairies temporaires, sélection génétique des ruminants (amélioration de la production laitière), etc.

Les principaux résultats d'EcAMPA 2 à l'échelle de l'UE-28 sont :

- une baisse de 2,3 % des émissions en 2030 par rapport à 2005 dans le scénario de référence ; ce pourcentage atteint 14 % avec un taux de subvention de 80 % mais sans objectif de réduction défini ;

- une réduction des émissions (de -20%) qui passe essentiellement par un ajustement de la production (diminution de la taille des cheptels bovins de -16 % et de -9 % de la production de viande par rapport à la référence). Si les subventions atténuent ces impacts, les auteurs évaluent leur coût entre 188 et 278 € la tonne de CO2éq (prix 2030).

Enfin, cette étude explore les conséquences des fuites de carbone, qui réduisent les efforts d'atténuation de l'ordre de 30 %, un effet qui est moindre dans les scénarios avec subventions (14 % à 20%).

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Center

11:33 Publié dans Climat | Lien permanent | Tags : ecampa, jrc, émissions agricoles, atténuation |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/10/2016

Le Joint Research Center (Centre commun de recherche)

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Le Centre commun de recherche (JRC) est une direction générale de la Commission européenne, placée sous la responsabilité du commissaire européen à la Culture, l'Éducation, la Jeunesse et la Citoyenneté. Il a été créé dans le cadre du traité Euratom de 1957, dont l'objectif était de promouvoir la sûreté et la sécurité nucléaire. Le JRC est défini comme « une organisation de soutien aux politiques publiques orientées vers le client et fondée sur la recherche ». Plus de 3000 personnes travaillent au JRC, 77 % sur des projets scientifiques (dont des chercheurs), 21 % au sein de services supports ou administratifs, et les 2 % restants sur le démantèlement nucléaire et la gestion des déchets. Il est composé de sept instituts répartis dans cinq États membres : Institut de prospective technologique à Séville (Institute for Prospective Technological Studies, IPTS), Institut de l'environnement et du développement durable (Institute for Environment and Sustainability, IES) à Ispra, etc.

Le financement du JRC est assuré principalement par le Programme-cadre de recherche et d'innovation, Horizon 2020, pour l'ensemble des thématiques traitées. Son budget annuel est de l'ordre de 330 millions d'euros. Des fonds additionnels viennent de travaux supplémentaires réalisés pour les services de la Commission ou de contrats passés avec des tiers (ex : industries).

Depuis sa création, le JRC, se positionnant en tant que centre de référence, a développé des compétences et outils pour étudier les politiques publiques européennes. 10 champs thématiques sont actuellement identifiés, en particulier « agriculture et sécurité alimentaire » et « santé et protection des consommateurs », ses productions faisant fréquemment l'objet de billets sur ce blog. Prospective et évaluation font partie des travaux conduits par le Centre : par exemple, des publications récentes ont traité des priorités de recherche pour l'alimentation en 2050, de l'évaluation de l'impact de la mesure « diversité d'assolement », etc. Enfin, parmi les outils produits ou utilisés, peuvent être cités les bases de données (ex : AFOLU data portal), les sites d'information comme l'observatoire sur la bioéconomie, les travaux de modélisation par exemple via le modèle Capri dans EcAMPA (voir un autre billet sur ce blog), les cartes sur l'érosion des sols ou la pollinisation, etc.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Sources : Joint Research Center, Joint Research Center

11:04 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : portrait, jrc |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/12/2015

Utilisation de l’économie expérimentale dans le cadre de la PAC

Dans une publication récente, des chercheurs du Joint Research Center, des universités de Kiel, de Western Australia, d’Angers, de SupAgro et de l’INRA discutent de l’utilisation de l’économie expérimentale dans le cadre de la Politique agricole commune et de son évaluation (ex post ou ex ante). Ils font ainsi remarquer que ces approches sont très peu mobilisées dans le domaine agricole par rapport à d’autres secteurs.

Dans un premier temps, la publication répertorie les différentes méthodes existantes : expériences de choix discrets, expériences en laboratoire et de terrain, « randomised control trials » (RCT). Les auteurs soulignent l’intérêt de telles approches, comme celui d’éclairer les différents moteurs qui influencent les décisions des agriculteurs. Des caractéristiques sont présentées comme utiles pour répondre aux évolutions des objectifs de l’évaluation de la PAC (ex : prise en compte de l’hétérogénéité des agriculteurs, évaluation de mesures réglementaires). Les complémentarités entre les approches expérimentales et non expérimentales (ex : données du RICA, modélisation) sont également citées. Ainsi sont discutées pour chacune des approches la « cohérence interne », autrement dit la capacité à identifier la relation de causalité entre deux variables (la politique et son impact visé), et la « cohérence externe », soit la capacité à transposer les résultats (cf. tableau en page 50 du rapport).

Souhaitant informer les futurs évaluateurs ou les décideurs publics, la publication répertorie les difficultés inhérentes à l’économie expérimentale, comme le recrutement des participants, qui est commune aussi aux méthodes « traditionnelles » (représentativité), ses coûts ou ses biais stratégiques (anticipation par les participants des impacts de leur réponse, qu’ils adaptent en conséquence). La dernière partie liste six recommandations, notamment s’assurer que les expériences sont mises en œuvre de façon non-discriminatoire ou informer sur les avantages et limites de ces approches expérimentales, en particulier pour souligner leurs intérêts dans les prochains contrats d’évaluation.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Center

11:36 Publié dans 4. Politiques publiques, Enseignement et recherche, PAC | Lien permanent | Tags : pac, économie expérimentale, jrc |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/10/2015

Érosion des sols par l’eau en Europe : une nouvelle évaluation

Une récente publication, dans Environmental Science & Policy, décrit les améliorations apportées au modèle RUSLE, utilisé pour estimer l’érosion des sols par l’eau en Europe avec une résolution de 100 m, l’année 2010 étant prise comme référence. Ces travaux, réalisés par des chercheurs du Joint Research Centre (JRC) et des universités de Bâle et de Louvain, concluent sur une perte des sols agricoles, forestiers et semi-naturels de l’ordre de 2,46 t/ha/an en moyenne, soit au total 970 Mt/an.

Le calcul repose sur un ensemble de 5 facteurs : l’érosion liée aux précipitations ; la mesure de la vulnérabilité des particules d’un sol donné (facteur d'érodabilité) ; un facteur topographique (longueur et degré des pentes) ; un facteur croisant le type de couvert végétal et les pratiques associées (réduction du labour et non-labour, couverture du sol, résidus de culture) ou la densité dans le cas de la forêt ; ainsi qu’un facteur lié aux pratiques de culture perpendiculaires au ruissellement, à la présence de terrasses et de bandes enherbées. Si cette approche n’est pas nouvelle, l’apport de la récente version de RUSLE repose sur une amélioration des jeux de données mobilisés, et sur des méthodes de calcul des différents facteurs plus transparentes, selon les auteurs.

Perte de sols en Europe liée à l’érosion par l’eau

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Source : Environmental Science & Policy

Le résultat global masque des disparités régionales, comme le montre la carte ci-dessus. Les zones les plus touchées sont les régions méditerranéennes (4,61 t/ha/an) et montagneuses (Alpes, Pyrénées, sud des Carpates, avec 5,27 t/ha/an). Parallèlement, l’approche choisie permet de réaliser un focus sur les sols agricoles et forestiers. Alors que la forêt représente près de 34 % de l’usage des sols, sa contribution à l’érosion est de moins d’1 % par an (taux de 0,07t/ha/an). Les terres agricoles représentent, quant à elles, 46,7 % de la surface et 68,3 % des pertes de sols. Le taux moyen d’érosion (3,24 t/ha/an) varie de 2,02 t/ha/an pour les prairies à 9,47 pour les cultures permanentes, voire 40,16 pour la « végétation clairsemée ».

Enfin, les auteurs ont également cherché à estimer l’impact des pratiques agricoles (conditionnalité de la PAC), du climat (scénario à 2050) et du changement d’usage des sols sur l’érosion, ainsi que de l’érosion sur le carbone des sols.

Elise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Environmental Science & Policy

09:41 Publié dans 2. Evaluation, Environnement | Lien permanent | Tags : érosion, eau, jrc |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/09/2015

Une étude confirme le faible impact attendu de la mesure « diversité d’assolement » de la nouvelle PAC

Des chercheurs du Joint Research Center, ont publié un rapport dans lequel ils présentent leur nouveau modèle microéconomique conçu pour analyser les impacts économiques et environnementaux de la PAC sur les exploitations européennes. Ce modèle est utilisé pour évaluer les conséquences de la mesure « diversification d’assolement », une de celles mises en place dans le cadre du verdissement de la PAC.

Ce modèle d’analyse microéconomique utilise les données technico-économiques individuelles collectées dans le cadre du Réseau Informatique Comptable Agricole (RICA) dans plus de 60 000 exploitations et prend en compte l’hétérogénéité des exploitations européennes.

Sur les 5 millions d’exploitations représentées dans ce modèle, seuls 38 % seraient soumis à la mesure « diversité d’assolement » (celle-ci ne s’appliquant pas pour les exploitations de moins de 10 hectares, ayant un pourcentage élevé de surfaces en herbe ou moins de 15 hectares de cultures arables) et 15 % d’entre elles ne respecteraient pas les critères de diversité d’assolement. Parmi ces dernières, 80 % décideraient de modifier leur assolement afin de percevoir le paiement vert et de ne pas payer les pénalités, selon les hypothèses retenues dans le modèle. L’introduction de cette mesure entraînerait cependant une réallocation de moins de 0,5 %des surfaces agricoles et le nombre d’exploitations ne respectant pas les critères de diversité d’assolement ne diminuerait que de 5 %. L’impact économique reste lui aussi limité, la baisse de revenu moyen par État membre étant inférieure à 1 %. À l’échelle de l’exploitation, cette baisse de revenu peut atteindre 10 %.

Ces résultats sont comparables à ceux qui figuraient dans l’analyse d’impact de la Commission qui accompagnait la proposition législative d’octobre 2011 : elle concluait que 92 % des exploitations représentées dans le RICA ne seraient pas affectés par cette mesure.

Anne-Sophie Wepierre, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Center

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12/03/2015

Une étude d’impact sur les émissions agricoles européennes et l’adoption de mesures d’atténuation

Le Joint Research Center a publié début février un travail évaluant économiquement l’impact de la mise en œuvre de mesures d’atténuation pour l’agriculture européenne. Dans cette étude surnommée EcAMPA, les chercheurs ont utilisé le modèle Capri, qui permet de représenter les exploitations agricoles à l’échelle des États membres, ainsi qu’à une échelle plus régionale. Une modification substantielle a été apportée au modèle : le choix de mise en œuvre des actions d’atténuation est endogène à la simulation (non fixé en entrée du modèle), l’agent économique arbitrant. Les données utilisées sur ces actions proviennent du modèle GAINS, utilisé dans l’étude d’impact de la Commission européenne pour le Cadre Énergie Climat 2030.

Cinq options d’atténuation sont considérées dans Capri : (i) la méthanisation à l’échelle de l'exploitation ou de la collectivité, fonction de la taille des cheptels, (ii) le recours aux inhibiteurs de nitrification en lien avec la fertilisation azotée, (iii) une meilleure application de la fertilisation dans le temps, (iv) l’agriculture de précision et (v) le changement de régime alimentaire des ruminants.

Plusieurs scénarios ont été construits pour cette étude, en plus du scénario de référence. Deux scénarios ont un objectif fixé de réduction de gaz à effet de serre (19 ou 28 % par rapport à 2005), constituant la base de quatre autres scénarios : deux avec une répartition non homogène de ces objectifs entre les pays (dans le prolongement du partage de l’effort du Paquet énergie climat 2020), et deux avec en plus un marché d’échange de quotas. Dans trois autres scénarios, des subventions pour la mise en place de mesures d’atténuation ont été introduites (avec un taux de 30, 60 ou 90 %). Le rapport développe aussi un volet sur les fuites carbone.

Les principaux résultats d'EcAMPA à l’échelle de l’UE-27 sont :

- une baisse de seulement 0,2 % des émissions en cas d’adoption volontaire des mesures d'atténuation (référence) ; la mise en place d’un marché d’échange de quotas montre que la majorité des États membres sont des acheteurs nets de quotas ; quant aux subventions, pour un taux de 90 %, elles permettent une réduction additionnelle de 4,5 % ;

- la réduction des émissions selon les objectifs fixés passe essentiellement par un ajustement de la production agricole, en particulier par la réduction des cheptels de bovins viande entre 31 et 54 % selon les scénarios.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Center

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09/01/2015

La Commission européenne publie un rapport sur les priorités de recherche en alimentation à 2050

Fin 2014, la Commission européenne a publié le résultat d’un travail prospectif intitulé Tomorrow’s Healthy Society – Research Priorities for Foods and Diets. Conduit par le Joint Research Center (JRC) à la demande de la Direction générale de la recherche et de l’innovation, ce travail a pour objectif d’appuyer la mise en œuvre d’Horizon 2020. Centrée sur le consommateur européen et s’appuyant sur les facteurs influençant les habitudes alimentaires, cette démarche participative a conduit à l’élaboration de quatre scénarios décrivant la situation de l’Union européenne en 2050. En a découlé l’identification de priorités de recherche.

Pour appuyer la construction des scénarios, une carte de la consommation alimentaire a été établie sur la base notamment d’une revue de la littérature. Quatre facteurs majeurs influençant directement cette consommation, et de fait la santé du consommateur, sont mis en évidence : la régulation physiologique de l’appétit, les choix alimentaires, l’offre alimentaire et l’accessibilité aux produits. Gouvernance et innovation sont identifiées comme des facteurs transversaux.

Centrés sur l’Union européenne et le consommateur, les quatre scénarios exploratoires ont été construits à partir de deux axes principaux, le prix des produits agricoles (faible ou élevé) et les valeurs sociétales (société individualiste ou esprit communautaire fort) :

  1. « Healthy new world » (caractérisé notamment par des efforts importants de prévention des maladies),

  2. « Heal the world » (une chaîne alimentaire européenne plus durable sur le plan environnemental),

  3. « Eat to live » (des inégalités significativement accrues),

  4. « Me, myself and I » (des progrès technologiques).

Ces scénarios ont été ensuite utilisés pour identifier des priorités de recherche pour des régimes alimentaires sains à l’horizon 2015, avec quatre enjeux déclinés en dix thématiques :

Les quatre enjeux et les dix priorités de recherche identifiés

priorites-JRC.jpg

Source : JRC

Le JRC souligne enfin la nécessité d’une approche holistique et interdisciplinaire, reflétant une vision systémique des enjeux sociétaux et des opportunités.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Center

 

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