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16/11/2020

Performances économique et environnementale d'exploitations laitières en AOP

Une équipe de chercheurs a publié, dans Agricultural Systems, une analyse croisée de l'empreinte carbone et des performances économiques d'exploitations laitières sous signe officiel de qualité. Ils ont travaillé sur une centaine d'exploitations, en établissant leur bilan carbone via des enquêtes de terrain dans les zones d'appellation d'origine protégée (AOP) de Franche-Comté et de Savoie. La richesse des données recueillies a permis d'analyser de façon conjointe les déterminants des émissions de gaz à effets de serre et des résultats économiques.

L'objectif de ce travail est de faire ressortir les synergies ou les antagonismes dans la recherche de double performance. Les auteurs se sont focalisés sur un échantillon d'exploitations homogène, reposant sur des systèmes fourragers à dominante herbagère, dans des environnements biophysique et socio-économique comparables, et inscrites dans des filières plutôt rémunératrices. Ainsi, ils cherchent à mettre en évidence les déterminants les plus fins de ces deux performances.

Corrélations entre performances économique et environnementale au sein d'un groupe d'exploitations sous AOP

performance eco.jpg

Source : Agricultural Systems

Lecture : une case bleue indique une corrélation négative entre les deux variables, une case rouge indique une corrélation positive ; la p value de chaque corrélation est indiquée dans la case.

Le choix d'un échantillon homogène empêche de comparer les performances des exploitations sous AOP aux autres, néanmoins il fait ressortir les écarts au sein de ce sous-système. La comparaison directe des performances « bas carbone » et économiques de ces exploitations montre que les deux performances sont généralement antagonistes, mais l'analyse de leurs déterminants révèle aussi des synergies. En particulier, les charges en carburant et en électricité sont des leviers d'amélioration sur les deux points. Un des moyens pour y parvenir est notamment l'augmentation du pâturage par rapport à la fenaison (et au séchage du foin). Le savoir-faire des éleveurs dans la production et la gestion de l'herbe semble être le facteur clé pour concilier performances économique et environnementale, et ce sont les exploitations utilisant le plus le pâturage qui tirent le mieux parti de ces synergies. Méthodologiquement, cette étude montre l'intérêt qu'il y a à mobiliser différents indicateurs environnementaux (par litre et par hectare, potentiellement divergents), pour que les résultats soient les plus riches possibles.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Agricultural Systems

10/04/2020

Impact des appellations d’origine contrôlée sur la qualité des vins français : une approche historique

Publié en mars 2020 par l'Unité mixte de recherche SMART-LERECO (INRAE-Agrocampus Ouest), un document de travail analyse l'impact des appellations d’origine contrôlée (AOC) sur le prix en France et la qualité des vins français, sur la période 1907-1969. Les données proviennent des statistiques agricoles annuelles pour les prix des vins par département et des archives municipales pour les surfaces éligibles à l’AOC. Cette publication revêt un intérêt particulier dans un contexte où les signes officiels de la qualité sont questionnés : la multiplication des labels diminue leur lisibilité tandis que l’association entre qualité et origine géographique s’avère mal adaptée à l’exportation (cf. sur ce sujet, une note du CAE).

Les auteurs retracent l’évolution du système d’appellation des vins français sur la période étudiée. Traditionnellement, la qualité était identifiée par des appellations simples non soumises à des contrôles officiels. Malgré différentes réformes, ce système a conduit, au début des années 1930, à ce que certains auteurs ont qualifié de « scandale des appellations », à savoir la prolifération de mentions non garanties et l’érosion concomitante de la réputation de certaines appellations historiques. En 1935, la loi relative à la défense du marché des vins crée donc les AOC, dont l’objectif est de garantir la qualité des produits à travers une codification des pratiques culturales et un contrôle officiel.

L'étude analyse aussi l’impact des AOC sur le prix et la qualité des vins français. Pour cela, les auteurs distinguent les départements « AOC » et « non AOC » selon l’importance de leurs surfaces éligibles. À partir d’une analyse économétrique, ils montrent que dans les départements comptant une production importante sous appellation, le prix de vente des vins est supérieur de 42 % à celui dans les départements « non AOC » (voir graphique). Pour autant, cela ne signifie pas que la loi ait eu un impact sur la qualité. Le développement de ces appellations peut induire une baisse des quantités produites et donc une hausse du prix, à qualité inchangée, du fait des surfaces maximum autorisées ou du déclassement de certains vins dans des gammes inférieures. Cependant, après avoir testé ces hypothèses, les auteurs concluent que l’augmentation du prix constatée reflète bien celle de la volonté à payer des consommateurs, permise par l'amélioration de la qualité.

Évolution comparée du prix moyen des vins entre les départements « AOC » et « non AOC » (1907-1969)

Vins.jpg

Source : AgEcon Search

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : AgEcon Search

18:14 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : vin, aoc, qualité |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/05/2018

Le développement territorial dans un contexte de systèmes alimentaires globalisés

La revue espagnole Ager, dans son premier numéro de 2018, publie un dossier intitulé « Chaînes globales alimentaires : débats théoriques et recherches empiriques ». Le premier article, conceptuel, traite de la construction « du politique » dans les processus de restructuration territoriale et de son insertion dans les réseaux économiques globaux, dimension insuffisamment approfondie dans la littérature. Passant en revue les définitions de différentes notions (« chaînes globales de valeur » par exemple), l'auteur s'interroge sur la nature de la frontière entre « politique » et « économique » et propose d'élargir la conception du premier.

Les trois autres articles appliquent cette grille de lecture à la filière vitivinicole, dans différents territoires à vocation exportatrice. Ils s'intéressent aux effets, sur la production locale, de l'insertion dans des marchés mondialisés. Les travaux empiriques présentés concernent des zones de production de raisin de table (Murcia et Alicante en Espagne, Sonora au Mexique), et des terroirs ayant connu des processus de restructuration vitivinicole (Valencia en Espagne et Mendoza en Argentine). Les auteurs abordent les nouvelles géographies résultant de l'insertion dans des filières d'exportation, ainsi que les externalités contraignant certains acteurs à adapter leurs stratégies de production et de reproduction dans le temps, avec pour certains des processus de précarisation. Dans ces trois analyses, la qualité du produit est discriminante, pour pouvoir répondre à des marchés de consommation de plus en plus exigeants en la matière. Ainsi, des investissements et l'accès à une main-d’œuvre qualifiée, disponible et bon marché, sont nécessaires à une amélioration de la qualité de la production et de la compétitivité à l'exportation. Enfin, l'orientation de l'intervention des pouvoirs publics, dans l'accompagnement de ces évolutions, diffère selon les contextes : à Murcia, création de l'Instituto Tecnológico de Uva de Mesa ; à Sonora, territoire accueillant un grand nombre de travailleurs migrants, inspections par la Secretaría de Trabajo y Previsión Social ; à Mendoza, création dans les années 1980 de coopératives et d'institutions mixtes (ex : Fondo Vitivinícola), et plus récemment mise en place du Plan Estratégico Vitivinícola 2020 ; à Valencia, mobilisation des aides de la PAC destinées à la filière vitivinicole, dont celle pour la restructuration du vignoble européen.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Ager

13:32 Publié dans Mondialisation et international, Territoires | Lien permanent | Tags : cgv, vitinicole, vin, espagne, mexique, argentine, qualité |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/01/2018

Les déterminants des exportations de produits de qualité : le cas du Cognac

Une étude du CEPII, publiée en octobre dernier, estime l'impact des coûts commerciaux, entre pays (transport, droits de douane) et au sein des pays (conteneurisation), sur les exportations françaises de produits de haute qualité. Les autres facteurs, notamment les spécificités culturelles, qui influencent la demande étrangère pour les produits haute de gamme, ne sont pas traités dans le cadre de cette étude. L'analyse se fonde sur une définition de la « qualité » comme facteur objectif et constant dans le temps, en utilisant le cas du Cognac, dont la qualité est fonction de la durée minimale de vieillissement en fût de chêne. Les données d'exports utilisées couvrent la période 1967-2013 et ont été fournies par le Bureau national interprofessionnel du Cognac.

Confirmant une hypothèse théorique (dite « effet Alchian et Allen ») peu testée jusqu'ici faute de données appropriées, les auteurs montrent d'abord que les coûts commerciaux augmentent la part des exportations et de demande étrangère de Cognac de haute qualité (« XO ») relativement au standard (« VS »). À partir d'une analyse économétrique, ils trouvent en effet que les droits de douane forfaitaires (non ad valorem) et l'éloignement (proxy pour les coûts de transport) du pays de destination impactent positivement la proportion de Cognac XO exportée. Des pays éloignés, tels que la Chine et Hong Kong, importent ainsi une part importante de Cognac de haute qualité, alors que les zones américaines et européennes plus proches le font relativement moins (voir carte ci-dessous). Ceci résulte du fait que, lorsque les coûts commerciaux par unité exportée forment une part importante du prix, l'écart de prix entre les produits haut et bas de gamme se réduit, accroissant la demande relative pour les premiers.

En s'intéressant plus spécifiquement aux coûts de transport, l'analyse économétrique révèle que la tendance à la conteneurisation, marquée dans de nombreux pays sur la période étudiée, a réduit la part des exportations de Cognac XO. Entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980, la plupart des pays importateurs de Cognac ont en effet doté leurs ports d'équipements de déchargement des conteneurs, réduisant significativement les charges d'acheminement internes et, par conséquent, cet « effet Alchian et Allen ».

Cette étude amène à considérer que la pénétration de marchés éloignés ou protégés peut être favorable aux exportations françaises de produits de qualité et que l'ouverture au commerce favorise davantage les importations de produits de bas de gamme.

Part des importations de Cognac de haute qualité (XO) par pays en 2013

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Source : CEPII

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : CEPII

10:51 Publié dans IAA, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : cognac, qualité, exportation |  Imprimer | | | | |  Facebook