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20/01/2020

Évaluation de l'efficacité du système de surveillance de la tuberculose bovine en Espagne

La revue Preventive Veterinary Medicine a publié un article présentant les travaux menés par le Centre de recherche de la santé animale et le département vétérinaire de l'université de Barcelone, avec le ministère espagnol chargé de l'agriculture, sur l'efficacité du système de surveillance de la tuberculose bovine en Espagne. Cette maladie infectieuse chronique est causée par l'un des trois germes du complexe Mycobacterium tuberculosis (M. bovis, M. caprae et M. tuberculosis). Le protocole de surveillance comprend trois étapes : tests cutanés de routine, contrôles avant les déplacements des animaux vivants (ex. : entre élevages, transhumances, vers les marchés à bestiaux, etc.) et dans les abattoirs. Cette étude évalue la contribution de chacun de ces éléments à l'efficacité du système.

La longue incubation asymptomatique de la maladie entravant son observabilité, les auteurs ont utilisé un modèle mathématique permettant de simuler la propagation de l'infection au sein des troupeaux. Ce modèle SOEI considère quatre grands types d'animaux, selon qu'ils sont réceptifs à la maladie (« Sensibles »), infectés mais non encore détectables et non infectieux (« Occultes »), infectés et détectables mais non encore infectieux (« Exposés »), infectés, détectables et infectieux (« Infectieux »). À partir d'un seul animal infecté à T0, la propagation a été simulée pendant cinq ans, les animaux changeant de catégorie en fonction de l'évolution de la maladie.

Les résultats montrent que les tests cutanés de routine sont l'élément le plus efficace du système, devant la surveillance en abattoirs et les contrôles avant déplacements. L'étude démontre que 96 % des troupeaux infectés sont, en principe, détectés dans l'année suivant leur contamination, avec un délai moyen de 178 jours. La période d'évaluation (intervalle entre deux contrôles) est un facteur déterminant de l'efficacité de la surveillance. Dans les faits, la fréquence des tests de routine est le plus souvent annuelle mais peut varier selon la situation épidémiologique : tous les deux ans dans les îles (Canaries, Baléares), ou deux fois par an en Andalousie ou Estrémadure. Par ailleurs, les contrôles à l'abattoir permettent de détecter 9,5 % des troupeaux contaminés, mais aussi d'identifier d'autres maladies passées inaperçues. En revanche, les auteurs recommandent aux pouvoirs publics de réévaluer le rapport coût/efficacité des tests préalables aux déplacements.

Cartes des temps de détection (en jours) pour les différents composants du système de surveillance de la tuberculose

Tuberculose.jpg

Source : Preventive Veterinary Medicine

Lecture : A : détection en abattoir ; B : détection avant mouvement ; C : détection lors de tests de routine ; D : système complet de surveillance de la tuberculose.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Preventive Veterinary Medicine

16/01/2018

Tuberculose bovine en Espagne : positions des populations concernées face au programme d'éradication

La revue Frontiers in Veterinary Science a publié, en novembre 2017, les conclusions d'une étude menée par des universitaires (vétérinaires, sociologues et anthropologues) de l'université autonome de Barcelone et de l'association andalouse d'anthropologie. Il s'agissait de procéder à une évaluation du programme d'éradication de la tuberculose bovine (bTB) dans deux communautés autonomes d'Espagne, la Catalogne et l'Andalousie, zones représentatives d'une faible et d'une forte prévalences de la bTB. Le tableau ci-dessous présente des données clés sur ces deux régions.

Données clés sur l'Andalousie et la Catalogne

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Source : Frontiers in Veterinary Science, mise en forme CEP

Les travaux ont été menés en deux phases : une phase exploratoire, avec interviews de 13 acteurs clés du plan (éleveurs, vétérinaires ; 8 en Andalousie, 5 en Catalogne), suivie d'une phase d'approfondissement, avec entretiens en face à face avec un échantillon de 14 vétérinaires et 25 éleveurs (22 en Andalousie et 17 en Catalogne). L'analyse des réponses a mis en avant la bonne technicité du plan, étayée par une forte implication des services et la mise en place de procédures réglementaires obligatoires. Cependant, plusieurs points faibles ont été identifiés : fiabilité parfois insuffisante du test cutané, charge de travail trop importante des vétérinaires et des laboratoires, indemnisations insuffisantes et délais d'attente trop longs, sous-estimation des risques liés à la faune sauvage et manque de communication entre éleveurs et vétérinaires. Certains de ces points pourraient expliquer, selon les auteurs, l’échec de l'éradication, plus accentué en Andalousie.

Cette étude a aussi révélé l'importance des facteurs sociologiques et anthropologiques chez les éleveurs, traduits notamment par un sentiment de méfiance : crainte des contaminations entre éleveurs voisins ; perception du vétérinaire comme propagateur de la maladie. On note également une tendance à l'acceptation de la maladie endémique, plutôt qu'à l'application des mesures considérées comme trop restrictives. Ainsi, certains éleveurs seraient favorables au développement d'un vaccin et au rétablissement d'une politique vaccinale. Pour mémoire, la tuberculose bovine fait l’objet de mesures d'éradication dans les États membres depuis 1964, mais demeure endémique dans certains pays, dont l'Espagne.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Frontiers in Veterinary Science