15/10/2020
Google Trends, outil de détection des préoccupations sanitaires et environnementales
À partir des requêtes tapées dans le moteur de recherche Google accessibles via Google Trends, des chercheurs ont tenté de caractériser le rapport des internautes suisses aux produits phytosanitaires. Le volume de recherches associées aux termes « pesticides » et « produits phytosanitaires » a doublé sur la période 2011-2019. Cette variation provient de l'augmentation des requêtes sur le mot-clé « pesticides » depuis 2017, alors que celles relatives à « produits phytosanitaires » demeurent relativement stables sur l'ensemble de la période étudiée. La connotation négative du terme « pesticide », aux yeux du grand public, par rapport à « produit phytosanitaire », conduit les auteurs à expliquer cet intérêt accru des internautes par leur préoccupation croissante quant aux effets de ces produits sur la santé et sur l'environnement.
Évolution des recherches des internautes suisses dans le moteur Google
Source : Environmental Research Letters
Lecture : évolution entre 2011 et 2019 du volume de recherche relatif allant de 0 à 100, 100 étant le volume mensuel maximal observé sur la période. Le premier graphique compare l'évolution de ces volumes pour le groupe constitué des termes « pesticides » et « produits phytosanitaires » avec le terme « initiatives » (en référence aux initiatives populaires citoyennes). En abscisse, les dates de publication de 2 rapports des Nations unies sur le glyphosate (IR1, IR2), de rapports nationaux d'évaluation sur l'impact environnemental des pesticides (NR1, NR2, NR3), ainsi que les dates clés des 2 initiatives populaires (PI1, PI2) et de leurs différentes étapes. Le deuxième graphique compare les volumes relatifs des recherches incluant le terme « pesticides » à ceux des requêtes incluant « produits phytosanitaires ».
L'évolution de ces tendances sur la période 2011-2019 et leurs discontinuités sont ensuite mises en regard des dates de parution de rapports internationaux particulièrement médiatisés, ou de lancement d'actions politiques d'initiative populaire, relatifs aux produits phytosanitaires. Un premier point de rupture, en 2014, inaugure pour trois ans une hausse des requêtes, particulièrement visible aux dates de parution de deux rapports des Nations unies sur le glyphosate (2015 et 2016). Le deuxième point de rupture, en 2017, montre un intérêt renouvelé des internautes. Il intervient à la suite du lancement d'une première initiative populaire citoyenne demandant une réduction de l'utilisation des pesticides au moyen d'une révision constitutionnelle. Les pics de recherches de cette période coïncident avec les phases de mise en œuvre des deux initiatives populaires : collecte des signatures, dépôt de l'initiative, publication du rapport par le Conseil fédéral suisse. Les chercheurs voient ainsi en Google Trends un outil d'analyse et de détection des préoccupations des citoyens, pouvant conduire à des actions collectives, particulièrement sur les sujets agricoles porteurs d'enjeux importants.
Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective
Source : Environmental Research Letters
15:03 Publié dans Environnement, Protection des végétaux et des animaux, Société | Lien permanent | Tags : pesticides, santé, google | Imprimer | |
14/12/2018
Machine Learning au service de l'épidémiologie : ciblage des restaurants à inspecter par les services sanitaires aux États-Unis
En novembre 2018 ont été diffusés les résultats de travaux menés, aux États-Unis, par Google, l'université Harvard et les départements de santé et d'innovation de Las Vegas et Chicago, visant à améliorer le ciblage des restaurants à contrôler par les services sanitaires.
L'équipe de recherche a tout d'abord mis en place un algorithme de détection des requêtes, lancées sur le navigateur web Google, concernant des problèmes de santé consécutifs à la consommation d'aliments dans des conditions sanitaires médiocres. L'algorithme permet de distinguer les personnes effectivement malades de celles faisant des recherches dans un autre cadre : par exemple, les médecins et les étudiants peuvent se renseigner sur certains symptômes sans être eux-mêmes atteints. Il vérifie également si les personnes, dont les requêtes ont été identifiées comme pertinentes, sont bien allées au restaurant les jours précédents, ce grâce au service de localisation de Google (sous réserve qu'il n'ait pas été désactivé). Les restaurants sont ensuite classés comme « à risque » lorsqu'ils sont à l'origine d'une proportion importante de requêtes. L'application ainsi construite (FINDER) a été déployée dans les services sanitaires de Chicago (de novembre 2016 à mars 2017) et de Las Vegas (de mai à août 2016).
52,3 % des restaurants, identifiés par FINDER et contrôlés par les services sanitaires, se sont avérés non conformes lors des inspections, contre 24,7 % en temps normal. Comparativement, 39,4 % des restaurants contrôlés à Chicago suite au dépôt d'une plainte se sont révélés non conformes (résultats de Las Vegas non disponibles), soit une efficacité de détection moindre par rapport à FINDER. Ceci s'explique notamment par le fait qu'une personne peut avoir des difficultés à identifier quel restaurant l'a rendue malade, parmi ceux visités.
Ainsi, pour les auteurs, FINDER est un outil prometteur d'aide à la mise en œuvre de politiques sanitaires dans le secteur de la restauration, en améliorant le ciblage des inspections. Cette application présente l'avantage de ne pas nécessiter d'action de la part des consommateurs (par ex. porter plainte). Cependant, elle suppose un accès à leurs données personnelles de localisation et de recherches Google. Concernant le coût de mise en place de l'outil, les services testeurs rapportent qu'un certain effort a été nécessaire au début, mais qu'une fois pris en main, sa maintenance nécessite peu de ressources et de temps, tout en leur fournissant des indications précieuses pour mener leurs enquêtes terrain.
Nombre moyen d'infractions à la réglementation par catégorie (« critique » ou « majeure ») rencontrées dans les restaurants identifiés par FINDER ou non (Baseline)
Source : npj Digital Medicine
Aurore Payen, Centre d'études et prospective
Source : npj Digital Medicine
09:46 Publié dans 4. Politiques publiques, 5. Fait porteur d'avenir, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : machine learning, inspections sanitaires, restaurants, google | Imprimer | |