14/12/2018
Étude sur la durabilité de la filière du café
En octobre ont été publiés les résultats d'une étude du Basic, consacrée à la filière du café. S'appuyant sur des sources diverses (travaux de recherche, données, entretiens), les auteurs s'intéressent aux « conditions qui permettraient l'avènement d'une filière réellement durable du café », alors que se multiplient les initiatives en la matière, portées historiquement par les acteurs du commerce équitable, et plus récemment par des entreprises (notamment les leaders du secteur). Trois études de chaînes de valeur nationales complètent l'analyse : Colombie, Éthiopie et Pérou.
En croissance régulière depuis 50 ans et estimée en 2017 à 9 millions de tonnes, pour une valeur de 200 milliards de dollars, la consommation mondiale de café connaît deux tendances, pour un produit auparavant peu différencié : le développement des ventes de café instantané (en majorité du robusta) ; l'émergence de cafés « premium » (essentiellement de l'arabica), positionnés sur l'« expérience de dégustation » et valorisant les origines. Les Français sont les premiers consommateurs de cafés en dosettes à domicile.
Croissance annuelle moyenne de la consommation de café en volume et en valeur, entre 2007 et 2012, par segments au niveau mondial
Source : Basic
Les auteurs dressent ensuite un panorama détaillé des problématiques actuelles de la filière, économiques, sociales et environnementales : concentration des maillons clés de l'aval ; spécialisation des pays producteurs, entre café de qualité et matière première standardisée et bon marché ; volatilité plus marquée des cours ; précarité accrue des producteurs ; pollutions et déforestation, en particulier pour la production en monoculture ; conséquences du changement climatique (hausse des températures, altération du régime des pluies, propagation de nouveaux ravageurs et maladies). À 2050, les rendements pourraient être réduits de moitié, la qualité du café altérée et la moitié des zones actuelles de production ne seraient plus adaptées. Par ailleurs, de l'analyse des « alternatives », dans les trois cas d'étude, il ressort notamment que la combinaison des labellisations équitable et biologique réduit le plus les coûts sociétaux identifiés.
Comparaison des coûts sociétaux dans les filières Éthiopie-France
Source : Basic
À l'issue de ce travail, les auteurs identifient trois leviers clés pour limiter les impacts négatifs engendrés dans les pays producteurs : régulation du secteur et capacité de valorisation du café sur le marché ; organisation et autonomisation des producteurs ; modèle agroforestier à faible utilisation d'intrants. Ils en tirent des recommandations à l'adresse des États, consommateurs et producteurs, et des acteurs du secteur et des institutionnels.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : Basic
09:37 Publié dans Agriculteurs, Alimentation et consommation, Développement, Environnement, Production et marchés, Société | Lien permanent | Tags : basic, café, commerce équitable, arabica, robusta, ethiopie, perou, colombie | Imprimer | |
13/12/2018
La concentration de la terre en Colombie, source de marginalité socio-économique et de conflits armés
Un récent article des Anales de Geografía (Universidad Complutense de Madrid) d'octobre 2018 aborde la question de la distribution des terres en Colombie. Dans une perspective historique, s'appuyant sur des données statistiques issues des recensements agricoles, son auteur analyse les relations socio-économiques et politiques à l'origine de la structure agraire du pays.
Selon l'article, l'inéquitable répartition des terres ainsi que la défaillance de l’État ont joué un rôle dans la guerre civile qu'a subie le pays pendant une cinquantaine d'années, et dont la fin a été actée par la signature d'un accord de paix en 2016. Tout au long de cette période, des populations rurales ont été déplacées et la propriété de la terre s'est concentrée. En 1992, les exploitations de plus de 1 000 ha possédaient 27 % de la superficie agricole du pays, contre 9 % pour celles de moins de 10 ha. À la fin de la décennie 1990, celles de plus de 2 000 ha (0,06 % des propriétaires, soit 2 000 personnes) en possédaient 51 %, celles de moins de 5 ha (67 % des propriétaires, soit 2,3 millions de personnes), 3 %.
L'article indique cependant que de nombreuses réformes agraires ont été effectuées : la première date de 1936, la dernière figure dans l'accord de paix de 2016 et devrait s'attaquer à la prédominance des productions destinées à des exportations traditionnelles (fruits et légumes, cacao, café, huile de palme, sucre de canne, banane, caoutchouc, bois) et non traditionnelles (fleurs notamment). L'auteur souligne que ces réformes n'ont pas eu les effets escomptés sur l'amélioration des conditions de vie en milieu rural.
Actuellement, selon l'auteur, l'inégale distribution des aides publiques est due à l'entente entre l’État et les propriétaires fonciers. Ces derniers, anciennement positionnés sur de l'élevage extensif, produisent dorénavant du palme et de la canne à sucre pour des biocarburants et sont les seuls, avec les agro-industries, à percevoir à ce titre des subventions, justifiées par la protection de l'environnement et la redynamisation de l'espace rural.
Hugo Berman, Centre d'études et de prospective
Source : Anales de Geografía
09:32 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : colombie, foncier | Imprimer | |
07/12/2015
Publication d’un rapport d’Amnesty International sur la restitution des terres en Colombie
Amnesty International vient de publier un rapport faisant un rapide état des lieux sur la restitution de terres en Colombie. Le rapport parle de six millions de personnes déplacées et de huit millions d’hectares de terres (14 % du territoire national) ayant fait l’objet d’abandon forcé ou ayant été acquis illégalement par les principaux acteurs de la guerre (paramilitaires, narcotrafiquants et guérillas). La loi 1448 des victimes et de restitution de terres (juin 2011) prévoit une réparation par la restitution des terres et la mise en place de mesures d’accompagnement. Bien que cette loi soit une étape importante et historique dans la reconnaissance des droits des victimes, le rapport en souligne, à partir de deux études de cas, les faiblesses et les antagonismes avec d’autres politiques menaçant de légitimer les spoliations de terres en faisant primer leur exploitation économique. Le rapport conclut avec quelques recommandations privilégiant les droits des indigènes, des paysans et des communautés d’origine africaine.
Source : Amnesty International
10:13 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : colombie, foncier, terres | Imprimer | |