03/04/2018
Un nouveau MOOC s'intéresse à la durabilité des systèmes alimentaires dans une perspective méditerranéenne
Développé dans le cadre d'un partenariat entre le Barilla Center for food and nutrition (BCFN), le Sustainable Development Solutions Network, la SDG Academy et l'université de Sienne, ce cours en ligne, ouvert mi-mars, a pour objectif de donner un aperçu des défis et opportunités du secteur agricole dans le bassin méditerranéen, en lien avec les enjeux environnementaux et climatiques. Il est organisé en dix modules, traitant par exemple de l'histoire de l'agriculture et du régime alimentaire de cette région, de pêche et d'aquaculture, des moyens d'atteindre différents Objectifs du développement durable (ODD), ou encore des nouveaux types de métiers dans le contexte méditerranéen.
Sources : BCFN, SDG Academy
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13/11/2017
Nutrition et systèmes alimentaires : le nouveau rapport du HLPE propose un état des lieux et des pistes pour l'avenir
Le nouveau rapport du HLPE (High Level Panel of Experts, voir un portrait sur ce blog), publié en septembre 2017, propose une analyse fouillée des systèmes alimentaires mondiaux, dégage les principaux défis pour l'avenir, et propose une série de recommandations à l'attention des décideurs publics et privés. Ce travail s'inscrit dans le contexte de la Décennie d’action des Nations unies pour la nutrition 2016-2025.
Le rapport décompose les systèmes alimentaires en trois éléments constitutifs : i) les comportements des consommateurs (choix d'aliments, préparation, conservation, répartition au sein des ménages, etc.) ; ii) les chaînes d'approvisionnement (production, stockage, distribution, etc.) ; iii) l'environnement alimentaire, défini comme « le contexte physique, économique, politique et socio-culturel dans lequel les consommateurs acquièrent, préparent et consomment les aliments ». Cette place centrale du « mangeur » et cette considération élargie aux aspects politiques, sociaux et culturels des systèmes alimentaires, ne sont pas sans rappeler le panorama prospectif MOND'Alim 2030.
Après avoir caractérisé trois grands types de systèmes alimentaires (« modernes », « traditionnels » et « mixtes »), ainsi que leurs enjeux spécifiques, le rapport fait un état des lieux du problème de la malnutrition dans le monde, dans ses différentes dimensions (insécurité alimentaire quantitative et qualitative, sur-consommation). Il dépeint ensuite les transitions alimentaires en cours et leurs dynamiques. Si la sous-nutrition est en diminution, le surpoids et l'obésité augmentent, et ce dans de nombreuses régions du monde, si bien que, dans certains pays, les deux problèmes coexistent (thème bien connu du « double fardeau » illustré par la figure ci-dessous). En outre, des États connaissent des crises susceptibles de dégrader la situation nutritionnelle, notamment en Afrique. Ainsi, le rapport insiste sur les coûts très élevés de la malnutrition, qui équivaudraient à 5 % du PIB mondial, allant au-delà de 10 % dans certains pays à bas revenus.
Nombre (millions) d'enfants de moins de 5 ans, malnutris et obèses, dans différentes régions
Source : HLPE
Face à de tels constats, le rapport presse les décideurs et les parties prenantes d'agir rapidement, par des actions diversifiées sur les trois composantes des systèmes alimentaires (consommateurs, chaînes d'approvisionnement et environnements alimentaires). Il propose une série de recommandations combinant une large palette d'instruments et de leviers d'action.
Représentation schématique des leviers d'action proposés et exemples
Source : HLPE
Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective
Source : HLPE
08:59 Publié dans Alimentation et consommation, Mondialisation et international, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : hlpe, nutrition, systèmes alimentaires, consommation, chaîne d'approvisionnement, environnement alimentaire | Imprimer | |
11/10/2017
Transitions des systèmes alimentaires à l'horizon 2030 : un document d'orientation stratégique de l'université de Wageningen
Dans un document d'orientation stratégique présenté récemment, l'université de Wageningen expose sa vision des systèmes alimentaires à l'horizon 2030, et propose une approche structurée et intégrée pour assurer les transitions nécessaires pour y parvenir.
Le document d'orientation reprend à son compte les quatre grands objectifs à surmonter pour aboutir à des systèmes alimentaires durables et de haute qualité, identifiés en 2016 à l'occasion de la conférence européenne de haut niveau sur l'alimentation 2030 : nutrition assurant des régimes alimentaires durables et sains, systèmes alimentaires « intelligents » et respectueux de l'environnement, circularité et efficacité de l'utilisation des ressources, innovation et autonomisation des communautés. Les auteurs excluent d'emblée deux réponses, considérées comme illusoires : d'une part le retour aux modèles du passé, d'autre part le recours à une solution « miracle » et uniforme, qui nierait les spécificités des conditions agricoles et alimentaires locales.
L'approche proposée repose sur une matrice croisant chacun de ces quatre objectifs avec huit champs de recherches scientifiques, considérés comme particulièrement pertinents : productions animales et végétales « intelligentes », techniques agronomiques de demain, croissance bleue (meilleure utilisation des ressources en eau douce et marine), production durable de protéines, innovations dans la production et la transformation des aliments post-récolte, utilisation du numérique, pratiques sociales en matière d'alimentation, santé et sécurité alimentaire. Sur la base de cette matrice, le document d'orientation développe, pour chacun des quatre grands objectifs, les principales pistes de recherche.
Systèmes alimentaires 2030 : croisement des défis et des champs de recherche apportant des solutions
Source : université de Wageningen
Pour les auteurs, l'Europe a un rôle particulier à jouer pour surmonter ces défis, de par la sensibilité de ses citoyens aux questions alimentaires, ses capacités scientifiques et techniques, et sa gouvernance en matière d'environnement et de ressources naturelles. Au-delà de l'importance d'une approche multidisciplinaire, le document souligne également la nécessité d'une bonne coordination des acteurs des systèmes alimentaires pour gérer et réussir les transitions désirées.
Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective
Source : université de Wageningen
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06/09/2017
Sociologie des systèmes alimentaires alternatifs. Une promesse de différence, Ronan Le Velly
Depuis quinze ans, Ronan Le Velly (Montpellier SupAgro) s’est imposé comme l’un des spécialistes français des « systèmes alimentaires alternatifs », nourrissant sa réflexion de nombreuses enquêtes sur le commerce équitable et les circuits courts de proximité. Il s’interroge dans ce livre sur la « promesse de différence » portée par ces tentatives de réorganisation des filières agroalimentaires. L’analyse est menée à trois niveaux. Comment la promesse de différence s’exprime-t-elle dans les projets des acteurs ? Comment est-elle mise en action ? Enfin, les réalisations sont-elles à la hauteur, et comment faire mieux ?
Des choix et des compromis sont nécessaires pour faire entrer les projets dans la réalité. Ainsi, les finalités du commerce équitable ne peuvent pas toutes être atteintes simultanément. L’établissement des prix minimums est une étape délicate, en tension entre l’opposition au commerce conventionnel (les prix doivent être rémunérateurs) et le refus de la charité.
Ces « activités de régulation » peuvent déboucher sur des « agencements marchands » très variés. L’auteur compare notamment trois expériences de relocalisation des approvisionnements pour la restauration collective. Pour lui, l’hybridation des régulations conventionnelles et des régulations visant à « produire de la différence » est porteuse d’« enjeux opérationnels et politiques ». Il en vient ainsi à discuter la question du changement d’échelle et de la diffusion de ces formes innovantes.
Pour toucher un plus grand nombre de consommateurs, doit-t-on nécessairement se normaliser et donc s'éloigner de l'idéal d'« alternativité » ? Trois exemples sont détaillés : la professionnalisation du réseau Artisans du Monde, l’AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) Poisson de l’Île d’Yeu et la certification Fairtrade. Le diagnostic est nuancé et l’auteur appelle à rejeter tout fatalisme. Il souligne en particulier que « la recherche peut aider les acteurs à saisir les mécanismes sources de satisfaction ou non de la promesse de différence ». La reconception des systèmes alimentaires apparaît ainsi, à le lire, comme un véritable enjeu d’ingénierie.
Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective
Lien : Presses des Mines
10:50 Publié dans Enseignement et recherche, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : systèmes alimentaires, systèmes alimentaires alternatifs, le velly | Imprimer | |
06/07/2017
Construire des politiques alimentaires urbaines. Concepts et démarches, Caroline Brand, Nicolas Bricas, Damien Conaré, Benoît Daviron, Julie Debru, Laura Michel, Christophe-Toussaint Soulard (coords.)
Valorisant les résultats du projet Surfood, cet ouvrage s'intéresse aux politiques alimentaires urbaines. Depuis une vingtaine d'années, en lien avec la montée (ou remontée) en puissance des villes, ces dernières développent de nombreuses stratégies, sachant que ce champ d'action se caractérise par une diversité d'interventions, d'acteurs, d'enjeux, etc. Associant notamment état des lieux des connaissances scientifiques, perspectives historiques et exemples à l'échelle internationale, cet ouvrage apporte des clés très intéressantes pour comprendre les dynamiques en jeu, pour analyser, évaluer, élaborer des systèmes alimentaires urbains durables.
Tout d'abord (chapitre 1), sont abordés les défis de l'urbanisation pour la durabilité des systèmes alimentaires, et les leviers d'action à disposition des villes sont identifiés (gestion du foncier, des déchets, de la restauration collective, etc.). S'ensuit un regard historique sur les politiques alimentaires et agricoles urbaines en Europe, de l'Antiquité à la Seconde Guerre mondiale (chapitre 2) : il met en évidence une grande diversité d'interventions, ainsi que l'amoindrissement progressif, depuis la fin du Moyen Âge, du rôle des villes par rapport aux États sur les questions alimentaires. Une analyse des politiques actuelles est ensuite fournie (chapitre 3) : diversité des objectifs, leviers et instruments utilisés, typologie des modèles de gouvernance, modalités d'évaluation sont ainsi détaillés.
Une présentation des cadres d'analyse existants (chapitre 4) met en particulier en avant trois approches théoriques : l'une par le « système alimentaire », la deuxième par la « ville durable », et la dernière par le « développement durable ». Puis, reconnaissant la « pluralité des chemins de mise en politique des questions alimentaires », les auteurs dégagent notamment (chapitre 5) trois principes méthodologiques pour la conception et la mise en œuvre de ces politiques : la combinaison d'entrées par les leviers, les problèmes spécifiques à résoudre et les projets politiques ; la réalisation de diagnostics pour connaître, comprendre, piloter, se situer, évaluer ; l'accompagnement indispensable de la gouvernance. Le cas de Montpellier Métropole Méditerranée, terrain d'application pour les auteurs, est enfin présenté (chapitre 6).
Présentes tout au long de l'ouvrage, des pistes de nouvelles recherche sont identifiées en conclusion : place des mangeurs, effet du paysage ou de l'environnement alimentaire urbain sur les comportements et représentations, rôle des villes dans la gestion des systèmes alimentaires à des échelles plus vastes et effets de ces systèmes sur les politiques urbaines, etc.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Lien : Éditions Quae
15:13 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : systèmes alimentaires, villes, politiques alimentaires ubaines, montpellier | Imprimer | |
Une métropole à ma table. L’Île-de-France face aux défis alimentaires, IAU Île-de-France
L'Institut d'aménagement et d'urbanisme d’Île-de-France consacre le n°173 de ses Cahiers aux défis alimentaires de la région-capitale. Terre de paradoxes, elle dédie près de la moitié de sa superficie aux productions agricoles, mais doit importer une bonne partie des denrées alimentaires destinées à nourrir ses douze millions d'habitants. Par nature multidimensionnelle, l'alimentation contemporaine est reliée à de nombreuses problématiques dont ce Cahier donne une image d'ensemble riche et actuelle. Il s'appuie sur des textes courts d'auteurs avertis (chercheurs, décideurs publics et privés, société civile, etc.), agrémentés d'interviews et d'illustrations de qualité. Il permet ainsi de saisir les enjeux alimentaires de la région parisienne, en lien avec des échelles plus larges, une recette ponctuant chaque partie.
Dans la « mise en bouche », N. Bricas revient sur les enjeux de l'alimentation des villes : problèmes liés à l'urbanisation, à l'industrialisation et aux distanciations ; défis de la sécurisation de l'alimentation, des nouvelles pathologies nutritionnelles, de la création d'emplois résilients, du métabolisme urbain ; pistes pour de nouveaux modèles. Il s'agit ici d'« inventer des relations à distance qui garantissent une durabilité du système alimentaire », pour une gouvernance « locale et globale » ; la pression des métropoles, notamment, va ainsi amener les acteurs traditionnels à repenser leurs stratégies.
L'« entrée » est consacrée aux espaces, aux flux et à la sécurité alimentaire. Elle aborde en particulier les questions de logistique, de gaspillage ou encore d'insécurité et d'aide alimentaires. Le « plat » traite ensuite des défis sociétaux, économiques et environnementaux. C'est l'occasion, après un détour historique, de se pencher notamment sur la santé nutritionnelle, l'influence de la qualité des sols sur les aliments, les flux d'azote, la biodiversité, etc.
Le « fromage » s'intéresse aux réponses des acteurs, du champ à l'assiette : articles, portraits et interviews illustrent diverses innovations techniques au niveau de la production, de la distribution, de la logistique et en cuisine. Enfin, le « dessert » porte sur les territoires et gouvernances alimentaires, avec en particulier des éclairages à l'international (Amérique du Nord, Brésil, Éthiopie).
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Lien : IAU Île-de-France
15:09 Publié dans Alimentation et consommation, Production et marchés, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : ile de france, systèmes alimentaires, métropole, paris, iau | Imprimer | |