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13/12/2017

Micro-fermes maraîchères et conditions de travail : des principes aux compromis

Les micro-fermes maraîchères, qui suscitent aujourd'hui un certain engouement, constituent-elles un fantasme urbain ou une alternative viable à l'agriculture conventionnelle (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) ? Des travaux récents se sont à nouveau penchés sur la question.

A. Dumont et P. Baret (université catholique de Louvain) se sont intéressés aux conditions de travail en production légumière en Wallonie. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Rural Studies. Ils ont mené une enquête auprès de 41 producteurs dans des systèmes techniques variés, « conventionnels » ou bio, de façon à positionner chaque classe d'exploitations (petite, moyenne ou grande) au regard d'une série de critères. Parmi les producteurs bio, ils ont aussi distingué des exploitations qualifiées d'« agro-écologiques » en fonction du respect ou non d'au moins neuf des onze « principes » de l'agro-écologie retenus dans une précédente publication.

Leur étude confirme des faits souvent évoqués, en particulier la difficile conciliation entre les trois dimensions économique, sociale et environnementale de la performance. Pour les plus petites exploitations, « les conditions de travail dans les systèmes agro-écologiques se révèlent plus mauvaises qu'on ne pouvait s'y attendre », en ce qui concerne l'autonomie et l'insatisfaction au travail. La forte compétition sur le créneau des « paniers » pousse à compléter l'offre en recourant à des grossistes, parfois à l'insu des consommateurs, tandis que ceux-ci refusent de s'engager à long terme. Les très petites surfaces sont alors insuffisantes pour vivre de sa production.

La thèse d'agronomie de K. Morel (AgroParisTech) va plus loin, en mettant au point un modèle de simulation du revenu, avec des données d'entrée sur les rendements, le temps de travail, etc., issues notamment d'observations sur une vingtaine de fermes dans le nord de la France et une dizaine à Londres. Les « chances de viabilité » apparaissent variables selon les scénarios et les combinaisons productives, mais dans certains cas bien réelles, ce qui semble converger avec les constats plus positifs des chercheurs belges sur les bonnes performances des exploitations agro-écologiques de taille moyenne.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Journal of Rural Studies, Archive ouverte HAL