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10/01/2022

Les CFPPA, un service public confronté à la mise en marché de la formation

Un article récemment publié dans la revue Sociologie du travail revient sur la contribution essentielle des Centres de formation pour la promotion agricole (CFPPA) à la formation des adultes en agriculture. Composantes d'établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles (EPLEFPA), ces centres occupent une place singulière dans le système de formation continue. Créés en 1968, sur la base d'un modèle original de conventionnement avec l'État, ils ont été chargés, à partir des années 1970, d'assurer le niveau minimum de formation des candidats à l'installation. Leur champ d'activité s'est progressivement élargi de la préparation au brevet professionnel agricole à la reconversion professionnelle de chômeurs dans les secteurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire, du paysage et des espaces verts. Par ailleurs, bénéficiant d'un monopole pour délivrer certains diplômes, et d'une organisation souple (du point de vue managérial et des ressources humaines), les centres ont été en mesure de s'adapter à la libéralisation du marché de la formation continue, mise en œuvre à partir de 2004 : individualisation des prestations, mise en concurrence entre prestataires publics et privés et, depuis 2014, instauration de critères de qualité.

Source : Sociologie du travail

08:31 Publié dans Agriculteurs, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : formation continue, reconversion, marchandisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/04/2021

Sébastien Dalgalarrondo, Tristan Fournier, L’utopie sauvage. Enquête sur notre irrépressible besoin de nature, Éditions Les Arènes, septembre 2020, 180 pages

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Ce livre rend compte d’un « besoin d’ensauvagement », présent dans les sociétés occidentales, de façon cyclique, depuis plus de deux siècles. La multiplication des robinsonnades après la publication de l'ouvrage de Defoe (1719), l’épisode de vie dans les bois de Thoreau à Walden (1845), et le mouvement de retour à la terre après mai 1968, constituent des jalons importants. Mais les auteurs (sociologues, CNRS) s'intéressent principalement à la période actuelle. Ils mobilisent des matériaux variés : enquêtes sur site (foires et salons, stages de développement personnel en milieu rural, formations à la cueillette de plantes sauvages en région parisienne), aperçus parfois rapides (livres à succès et analyse de contenu d’émissions de télé-réalité), et réflexions sur leurs propres pratiques (aménagement d’une grange en Ariège).

L'ouvrage saisit particulièrement bien trois aspects importants de ce « besoin d'ensauvagement ». Tout d’abord, la « promesse » du retour à la nature a un caractère fédérateur. Dans une « atmosphère d'apocalypse diffuse », le mythe du chasseur-cueilleur fascine, à droite comme à gauche de l'échiquier politique, des fractions de la population inquiètes pour leur autonomie en cas d'effondrement. Inquiètes aussi, plus généralement, pour leur position dans les rapports sociaux et leur crainte de dépendre de l’État et du « système ». Ensuite, cette promesse fait l’objet d’une « marchandisation » croissante, ce que les auteurs illustrent de façon convaincante à partir des expériences, sous forme de stages payants, de jeûnes dits « de bien-être ». Enfin, ces pratiques, dont l’étendue mériterait d'être mieux établie statistiquement (l'ouvrage livrant peu de chiffres), ont des effets « transformateurs » sur les personnes et les groupes sociaux, voire sur les politiques publiques. Les auteurs donnent en exemple la politique éducative danoise, avec des écoles primaires installées en pleine forêt. Pour les individus, les régimes clés en main sont souvent une première étape amenant à prendre ses distances avec « la modernité alimentaire », « faire une pause » dans le quotidien et, en s'inscrivant dans un plus long terme, à « renouer avec sa nature ».

Signalons par ailleurs, sur le crudivorisme, une thèse récente de S. Thircuir (EHESS) et, sur les risques de dérives sectaires liés à ce souhait de réensauvagement, plusieurs articles de presse (Libération, Society).

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Les Arènes

14:11 Publié dans Alimentation et consommation, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : nature, marchandisation, régime alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook