17/03/2022
La « théorie des ressources » pour analyser les stratégies de diversification des coopératives
De nombreuses coopératives agricoles françaises se sont développées en diversifiant leurs activités, dans des domaines parfois éloignés de leurs métiers d'origine. Dans un article récent publié dans la revue RECMA, des chercheurs analysent les stratégies mises en œuvre en faisant appel à la « théorie des ressources ».
Initialement développée pour étudier les avantages concurrentiels des firmes, elle postule que les stratégies des entreprises pour asseoir leur position dépendent surtout des compétences qu'elles peuvent mobiliser pour leur développement. Deux axes sont identifiés : la valorisation externe et le partage interne des ressources. Les excédents en ressources (financières, matérielles ou humaines) peuvent ainsi être investis dans de nouvelles activités. Dans d'autres situations, c'est la coexistence de différents métiers au sein de l'entreprise qui permet une allocation optimale des ressources, grâce aux synergies trouvées.
Les auteurs définissent ainsi quatre configurations de diversification des coopératives agricoles (figure ci-dessous), en croisant ces deux axes stratégiques de développement. Chaque idéal-type est ensuite illustré par un exemple, tiré d'études sur les coopératives menées dans le cadre d'un projet de recherche, de 2012 à 2019.
Configurations de diversification des coopératives agricoles
Source : RECMA
Le « conglomérat coopératif », tel le groupe international sucrier Tereos, s'appuie sur une réallocation des capitaux dégagés par certaines activités pour renforcer et développer les autres. La coopérative « mère » pilote et arbitre entre ses filiales pour renforcer son avantage concurrentiel. La « coopérative fédérée », à l'inverse, développe des alliances avec d'autres structures coopératives pour mutualiser les investissements, stratégie mise en œuvre notamment par InVivo. Sodiaal, pour sa part, est un exemple de « coopérative industrielle », cherchant à faire des économies d'échelle et à peser sur le marché par agrégation de structures. Dans ce cas, les synergies internes passent par une stratégie de marques. Enfin, la « coopérative plate-forme », représentée par Limagrain, se développe par transfert des savoirs-faire acquis dans le métier d'origine vers des activités de plus en plus éloignées.
En conclusion, les auteurs reviennent sur la nécessité pour les dirigeants élus des coopératives de maîtriser intellectuellement les ressorts des stratégies de diversification, afin de réduire les risques de destruction de valeur pour les agriculteurs.
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : RECMA
10:55 Publié dans Exploitations agricoles, Production et marchés, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : coopératives, métiers, diversification | Imprimer | |
13/10/2014
Le sommet international des coopératives s'est tenu à Québec
Du 6 au 9 octobre, le grand rendez-vous des coopératives et des mutuelles a rassemblé à Québec des centaines d'intervenants et exposants. Différentes conférences ont réuni des experts, chercheurs et professionnels du monde entier autour de cinq thèmes : « coopératives », « économie », « emploi », « agriculture » et « santé ».
Parmi les articles présentés, on retiendra les travaux des professeurs Filippi et Cook, des universités de Bordeaux et du Missouri, qui interrogent l'organisation des coopératives face à leur contexte institutionnel. En comparant les situations américaine et française dans lesquelles évoluent les coopératives agricoles, les auteurs analysent les choix de gouvernance et la spécificité des problématiques rencontrées par ces dernières face aux politiques publiques. Par ailleurs, Cécile de Corroller, de l'université de Caen, s'est basée (entre autres) sur des entretiens effectués auprès de grandes coopératives agricoles françaises pour analyser leur compétitivité et les intérêts de la coopération pour réduire les coûts de transaction. Enfin, citons les travaux de Francis Declerck, de l'ESSEC, sur les modes de financement des coopératives agricoles en France. Il pointe notamment des risques de conflits d'intérêt lors de la sollicitation par les coopératives de financeurs extérieurs, et propose des solutions.
Alexis Grandjean, Centre d’études et de prospective
11:18 Publié dans Organisations agricoles | Lien permanent | Tags : coopératives | Imprimer | |
23/11/2012
Cartographie du monde coopératif
2012 a été déclarée « année des coopératives agricoles » par l'ONU. Parmi les publications qui ont vu le jour dans ce contexte, on peut noter l'étude du cabinet PriceWaterhouseCoopers (PWC) : Cartographie et grands enjeux du monde coopératif agricole à l’échelle mondiale. Selon cette étude, en Europe, le chiffre d'affaires des 40 premières coopératives du secteur représente 60% des 40 premières industries agroalimentaires non coopératives. Mais selon PWC, les performances économiques des coopératives sont moindres et des enjeux d'amélioration de leurs capacités d'autofinancement demeurent face aux pressions concurrentielles s'exerçant au sein du secteur agroalimentaire à l'échelle internationale.
Côté recherche, le département Sciences pour l'Action et le Développement de l'INRA poursuit ses travaux sur le sujet, avec notamment la publication récente d'un document de synthèse : Affirmer le modèle coopératif agricole français entre ancrage territorial et développement international, posant la question du maintien des spécificités coopératives face aux nécessités d'adaptation et abordant différents enjeux autour de la complexification de l'organisation des coopératives, leur liens au territoire et leur gouvernance.
Marie-Sophie Dedieu, Centre d'études et de prospective
17:14 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : coopératives | Imprimer | |
11/10/2012
Union Bio Semences, la première coopérative de grandes cultures bio en Ile-de-France
Union Bio Semences a été inaugurée début octobre en région parisienne : il s'agit de la première coopérative dédiée aux grandes cultures bio pouvant fonctionner à grande échelle et stocker d'importantes quantités de grain. Cette usine collecte, trie et emballe diverses cultures (blé, maïs, lin, soja,etc.) cultivées en Ile-de-France, Bourgogne, Picardie et Normandie : de 2800 tonnes en 2011, la production devrait à terme passer à 26 000 tonnes.
Il s'agit d'une avancée importante pour la filière grandes cultures bio car cette usine améliorera les débouchés des agriculteurs. Sa construction a été soutenue par les régions Ile-de-France et Bourgogne, la régie municipale de l'eau de Paris et l'agence de l'eau Seine-Normandie, qui souhaitent en particulier promouvoir l'agriculture biologique dans les zones de captage d'eau potable.
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source : Eau de Paris
14:32 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Filières agricoles | Lien permanent | Tags : bio, coopératives | Imprimer | |
07/09/2012
Renforcer les structures coopératives dans un contexte de crise économique
C'est ce qui ressort du rapport parlementaire de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (PS, Paris) publié le 25 juillet dernier, traitant des spécificités coopératives selon les secteurs concernés, dont le secteur agricole. En termes d'état des lieux, on trouvera notamment dans ce rapport un tableau comparatif des principales caractéristiques des coopératives selon leur appartenance sectorielle (et leur encadrement juridique).
Quant aux recommandations, au nombre de six, outre favoriser la reprise d'une entreprise par ses salariés même sous formes de Sociétés Coopératives de Production (SCOP), différents enjeux, non sans liens avec certaines des problématiques phares des coopératives agricoles, sont abordés, tels que ceux de gouvernance (ou comment faire face au «risque dépossession du pouvoir des sociétaires »), de financement et de concurrence avec les acteurs de statut non coopératif.
Marie-Sophie Dedieu, Centre d'études et de prospective
Source : Sénat
16:14 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : coopératives | Imprimer | |