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12/10/2020

Stock de capital dans l'agriculture : nouvelle base de données et analyse de tendances au niveau mondial

Un article de la revue Food Policy présente les travaux menés par une équipe de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de la Banque d'Italie sur la constitution d'une base de données sur le stock de capital dans l'agriculture, la forêt et la pêche au niveau mondial. Comme le soulignent les auteurs, en dépit de l'intérêt majeur de telles données pour analyser la croissance et la productivité, il n'existait pas jusqu'à ce jour d’outil de ce type regroupant des informations comparables pour un large périmètre géographique. La base de données couvre 189 pays sur la période 1995-2017. Elle est construite selon la méthode de l'inventaire perpétuel, qui consiste à estimer le stock de capital comme la somme des investissements des années antérieures, en incluant un facteur de dépréciation. Elle contraste avec les données antérieurement produites par la FAO fondées sur l'estimation des stocks physiques. Une première analyse de tendances fournit des résultats intéressants : le stock de capital a augmenté de 97 % au niveau mondial entre 1995 et 2017, passant de 3 100 à 6 200 milliards de dollars - un taux similaire à celui de la croissance du PIB agricole mondial sur la même période. Cette augmentation a été particulièrement rapide en Asie ; le taux des investissements rapportés au PIB agricole reste cependant plus élevé en Europe et en Amérique du Nord.

Stock net de capital agricole selon les régions du monde, en dollars américains constants 2010, 1995-2017

capitalisme agricole,tendances

Source : Food Policy

Source : Food Policy

 

 

10:40 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : capitalisme agricole, tendances |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/02/2018

Le nouveau capitalisme agricole. De la ferme à la firme, François Purseigle, Geneviève Nguyen, Pierre Blanc (dir.)

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En France, les politiques publiques, la recherche scientifique et les représentations sociales privilégient, de longue date, le modèle de l'agriculture familiale, celui d'une organisation productive de dimension humaine où les propriétaires des moyens de production gèrent l'entreprise et y travaillent. Il s'agirait là d'une constante à protéger, d'un invariant agricole à prolonger. Dans le même temps, partout dans le monde s'imposent des formes non familiales de rapport au foncier, de capitalisation des exploitations, de financiarisation, de management du travail, de spécialisation technique, de commercialisation des produits, etc. Les fermes intègrent de plus en plus des caractéristiques de la firme industrielle et commerciale, et ce nouvel esprit productiviste symbolise l'étape actuelle du capitalisme agricole.

En s'appuyant principalement sur les résultats du programme de recherche ANR Agrifirme (2010-2013), le pari – tout à fait réussi – du livre, est de cerner les contours de cette recomposition agraire, d'en comprendre les grandes tendances et d'en souligner la diversité géographique et sectorielle. La dizaine de chapitres, tous très documentés, répond à la fois à une forte ambition théorique (construire un cadre d'analyse interdisciplinaire capable de saisir les mutations en cours) et à un réel souci empirique (décrire des situations concrètes variées). Quatre figures typiques sont privilégiées : les firmes financières et spéculatives, les firmes de groupe, les firmes commerciales de production, et enfin les formes nouvelles d'intégration vers l'amont agricole.

La richesse du livre est telle qu'on se contentera ici d'en donner un aperçu général. Une première série de textes est consacrée aux approches économique et sociologique de la firme agraire : racines historiques, zones de développement, caractéristiques, finalités, spécialisations, statuts juridiques, acteurs concernés, modes de fonctionnement, etc. Un deuxième ensemble de chapitres s'intéresse aux dimensions géographique et géopolitique de ces firmes : stratégies de localisation, relations avec les populations locales ou les autorités politiques, enjeux de puissance commerciale, inscription dans les relations internationales et la mondialisation, etc. Très intéressantes sont, entre autres, les pages dédiées à la description de situations nationales : Afrique du Sud, Indonésie, Argentine, Brésil, Arabie saoudite, etc. Au total, l'ouvrage offre un large tour d'horizon du processus de modernisation des activités agricoles et montre comment s'affirment, à l'échelle de la planète, des agricultures sans agriculteurs.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Presses de Sciences Po