28/09/2012
Comparaison des modèles alimentaires français et américains
Un Cahier de recherche du Crédoc présente une comparaison entre l’enquête américaine NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) de 2007-2008 et celle du Crédoc Comportements et consommation alimentaire en France, 2006-2007 (CCAF). Il en ressort qu'il n'y a pas de différence quantitative significative entre les deux pays (même quantité d’énergie ingérée), mais surtout des différences qualitatives.
Le modèle français se distingue en effet par des prises alimentaires moins fréquentes (3,9 par jour contre 5,5 aux États-Unis) et composées d’une plus grande variété d’aliments. La part de l’énergie apportée par les liquides est de 17 % aux États-Unis contre 10 % en France : les Américains consomment ainsi 4,5 fois plus de sodas et 3 fois plus de jus de fruits que les Français.
L’apport en glucides simples (présents également dans les confitures, les gâteaux, etc.) est nettement plus élevé aux États-Unis, tandis que la consommation de lipides est la même dans les deux pays (mais avec un apport plus important en acides gras saturés et en cholestérol en France). L’apport en fibres est plus important en France, en raison d’une plus forte consommation de fruits et légumes. Cependant, selon l'enquête Crédoc, la diversité alimentaire diminuerait en France chez les enfants, peut-être en lien avec la crise et des réductions de budgets alimentaires. À noter qu'il s'agit de moyennes masquant les écarts existant entre les groupes sociaux.
Céline Laisney, Centre d'études et de prospective
Source : Cahier de recherche du Crédoc
17:45 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Imprimer | |
26/09/2012
Innovations en agroalimentaire : quelles attentes des consommateurs ?
Le SIAL 2012 propose, en partenariat avec TNS Sofres et XTC World Innovation, un regard croisé sur la demande et l'offre en matière d'innovation alimentaire, synthèse des études menées par TNS Sofres dans 7 pays (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Russie, États-Unis et Chine). Les consommateurs expriment des niveaux d’intérêt élevés pour des nouveaux produits en lien avec la « sophistication » (petits plaisirs, authenticité, terroir) notamment en France, Allemagne, Russie et Chine. En revanche, ils ont plus de mal à se projeter positivement sur des nouveaux produits apportant de nouvelles sensations (diversité de goûts, arômes, textures, couleurs) ou leur permettant de la créativité en cuisine.
Les tendances en lien avec la naturalité, le médical et le végétal constituent le second pôle de l’offre d’innovations alimentaires. De nouveaux produits déclinés sur des promesses de naturalité, simplicité ou mettant en valeur les origines, sont nettement attendus, quels que soient les pays. Les innovations relatives à la praticité (facilité à manipuler, gain de temps, consommation nomade) suscitent en revanche des niveaux d’intérêt moyens ou inférieurs auprès des consommateurs.
De même, les innovations sur le thème de la forme (énergie, bien-être, beauté) suscitent des niveaux d’intérêt moyens ou en retrait. Les innovations en lien avec l’éthique (solidarité) sont actuellement minoritaires, mais génèrent de l’intérêt pour les consommateurs. Enfin l’écologie (moins d'emballage, réduction du gaspillage), de même que l'achat local, sont des attentes marquées en Europe mais aussi en Chine.
Céline Laisney, Centre d'études et de prospective
Source : SIAL
17:43 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Imprimer | |
25/09/2012
Alimentation : des différences culturelles encore bien ancrées
Selon un sondage réalisé par Monster auprès de 17 300 salariés européens (dont 2420 français), la culture du déjeuner varie très sensiblement d’un pays à l’autre du continent. Les salariés d’Europe de l’Est sont les plus nombreux à prendre un vrai repas à table, une habitude notamment observée chez plus de 60 % des salariés tchèques. En France, 48% des salariés prennent quotidiennement un vrai déjeuner à table, contre 34% des Européens en moyenne, et seulement 8% des Suédois et 6 % des Danois. 24% des salariés français en profitent pour « faire une balade et manger un petit en-cas » et la même proportion se contente d'un sandwich au bureau (4% seulement sautent le déjeuner).
Cette enquête indique qu'à l’heure où la mondialisation semble entraîner une certaine uniformisation des modes de vie, la conception de l'alimentation demeure différente selon les pays, comme le montre également une étude TNS Sofres : plaisir essentiel en France et en Allemagne, elle s’impose avant tout comme une nécessité aux États-Unis ou encore en Russie. En France, Allemagne, Espagne et Russie, bien manger est associé à la recherche de diversité pour 6 consommateurs sur 10, ce qui est moins le cas en Grande-Bretagne (42 %), aux États-Unis (28 %) et en Chine (33 %). La convivialité est prisée en France et en Allemagne, beaucoup moins dans les pays anglo-saxons. Quant à la vision altruiste de l’alimentation (“faire plaisir aux autres”), elle inspire uniquement les consommateurs français et allemands et n’émerge dans aucun autre pays.
Céline Laisney, Centre d'études et de prospective
Sources : Monster, TNS-Sofres
17:02 Publié dans Alimentation et consommation, Mondialisation et international | Lien permanent | Imprimer | |
24/09/2012
Changement climatique et prix des produits alimentaires
L'ONG Oxfam a publié une étude sur les conséquences du changement climatique, et notamment des « événements extrêmes » (sécheresses, inondations et vagues de chaleur), sur les prix de l'alimentation à l'horizon 2030. En effet, les recherches se sont focalisées jusqu'ici sur l'impact d'un changement climatique graduel, or, comme l'a montré la sécheresse dans l'Ouest américain cette année, un seul événement climatique extrême peut entraîner une envolée des cours très forte et très rapide.
L'étude, réalisée par l'Institute of Development Studies, se base sur le modèle d'équilibre général GLOBE. L'impact sur les rendements a été modélisé à partir des événements climatiques passés sur la période 1979-2009. Les projections centrales montrent que le prix moyen des produits de base pourrait doubler entre 2010 et 2030, et que les prix à l'export de plusieurs céréales connaîtraient de fortes hausses : + 177% pour le maïs, + 120% pour le blé, + 107% pour le riz raffiné.
Un scénario plus pessimiste est également envisagé, en cumulant d'autres facteurs de volatilité comme des politiques "inadaptées" (restrictions à l'exportation).
Selon cette étude, le monde deviendrait encore plus dépendant des exportations américaines de blé et de maïs, et certaines régions, comme l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, risquent d'être encore plus vulnérables aux hausses de prix.
Pour accroître la résistance du système alimentaire mondial, l'ONG préconise une augmentation de l'investissement public dans l'agriculture, la capitalisation par les pays développés du Fonds vert pour le climat, et plus généralement des efforts d'adaptation mais également d'atténuation du changement climatique.
Céline Laisney, Centre d'études et de prospective
Source : Oxfam
17:00 Publié dans Climat, Mondialisation et international, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Imprimer | |
21/09/2012
Aux États-Unis, une actualité chargée en matière de limites de position
Le 25 septembre 2012, la CFTC, le régulateur américain des marchés dérivés de matières premières, a rendu public le paiement par la société Sheenson Investments Ltd., basée en Chine, d’un montant de 1,5 million de dollars (amendes et dommages) au titre des positions excessives prises par cet opérateur sur les marchés de l’huile de soja (février-mars 2009) et surtout du coton (janvier-juillet 2011). Il s’agit d’une des plus importantes sommes jamais versées à ce titre.
Sur le contrat coton n°2 (ICE), à plusieurs occasions, la société Sheenson et son fondateur M.Ge ont violé les limites établies par la CFTC, tant les limites all month (dépassement de près de 8%) que les limites single month (dépassement de plus de 17%). Reuters estime que l’ensemble des positions détenues sur le coton par cette seule société à cette période à une valeur notionnelle de 510 millions de dollars. La société Sheenson a ainsi détenu à elle seule près d’un huitième des positions ouvertes sur contrats et options sur coton.
Ces faits jettent une lumière nouvelle sur la flambée constatée sur ce marché début 2011 (graphique ci-dessous). Une flambée que les analystes avaient peine à expliciter par les seuls fondamentaux de marché :
Deux jours plus tard, le 27 septembre, la CFTC indiquait cette fois que la banque JP Morgan Chase était contrainte de verser 600 000 dollars également pour cause de dépassement des limites fédérales sur le coton (à l’automne 2010). Dans ce second cas, l’enquête a mis en cause une défaillance du système de surveillance automatique des limites. Ce même jour, la banque Australia and New Zealand Banking Group Ltd était elle aussi contrainte de verser 350 000 de dollars d’amendes pour des positions excessives sur blé et coton.
Pierre Claquin, Centre d'études et de prospective
Source : CFTC
15:25 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Imprimer | |
20/09/2012
Remise en cause des avantages économiques de l'agrandissement des exploitations laitières
Une équipe de chercheurs de l'université de Wageningen (Pays-Bas) vient de publier un rapport relatif à l'impact de l'agrandissement des exploitations laitières sur leurs performances économiques, portant non seulement sur les Pays-Bas mais aussi sur des bassins européens concurrents (dont Allemagne, Danemark, France, Royaume-Uni). Les exploitations laitières analysés ont été séparées en deux groupes sur la base d'indicateurs économiques de revenus et de trésorerie : comparaison des 25% d'exploitations dont l'agrandissement a été le plus économiquement réussi (successful growers) et des 25% d'exploitations dont l'agrandissement a été le moins réussi.
Ces comparaisons montrent que les successful growers sont des exploitations qui se sont agrandies moins vite que les autre et qui ont relativement moins investi (montant des investissements ramenés au kg de lait produit), sachant qu'aux Pays-Bas, sur 2001-2009, en moyenne, les investissements étaient de 8 €/100 kg pour les exploitations considérées comme « petites » (mois de 350 000 kg de lait) mais de 18 €/100 kg pour les « grandes » (plus de 750 000 kg de lait). Elles sont moins endettées que les autres exploitations (toujours en ramenant l'indicateur en volume produit) et ont donc des charges financières inférieures.
Les comparaisons européennes conduisent à souligner le haut niveau d'investissement des exploitations danoises et néerlandaises, lié au prix élevé des quotas que les producteurs ont dû acquérir, mais aussi aux niveaux élevés d'investissement dans le foncier et les bâtiments. Le niveau d'endettement aux Pays-Bas et au Danemark est de plus de 1 €/kg de lait, soit le double des autres pays étudiés.
Le rapport souligne finalement la fragilité des exploitations qui se sont rapidement agrandies et ont un niveau d'endettement élevé face à tout retournement de conjoncture, avec des problèmes de liquidités en cas de baisse du prix du lait. Et cette fragilité est vraie pour les 25% d'exploitations laitières néerlandaises à l'agrandissement moins réussi, mais aussi pour les 25% de successful expanders, contrairement à leurs homologues en France, Allemagne et au Royaume Uni.
Marie-Sophie Dedieu, Centre d'études et de prospective
Source : Wageningen
15:23 Publié dans Filières agricoles, Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Imprimer | |
19/09/2012
Les nouvelles propositions de l’Autorité Européenne des Marchés Financiers (AEMF)
Après deux phases de consultation, l’AEMF a publié le 27 septembre 2012 ses propositions de « standards techniques » destinés à préciser certains articles du tout récent règlement sur les produits dérivés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux (règlement 648/2012 dit « EMIR »). Ce règlement impose notamment la transparence sur les transactions de gré à gré (over the counter en anglais ou OTC) et la compensation pour les dérivés OTC suffisamment liquides.
Pour les opérateurs des marchés dérivés de matières premières agricoles, les principales propositions de l’AEMF sont la définition de la notion de « couverture » (les opérations visant à se prémunir du risque prix de l’activité commerciale, ces opérations étant exemptées de l’obligation de compensation) et la définition du seuil au-delà duquel la compensation s’impose également aux entreprises commerciales.
Le seuil retenu est fixé pour les dérivés de matières premières à 3 milliards d’euros de valeur notionnelle. Pour qu’une entreprise non financière ou « commerciale » soit astreinte à l’obligation de compensation sur ses transactions de gré à gré, sa position, nette des opérations de couverture, doit donc dépasser le seuil ainsi fixé.
Les propositions de l’AEMF détaillent également les informations qui devront être transmises, pour chaque transaction, aux référentiels centraux (structures collectant ces données) qui devront eux mêmes communiquer publiquement et de manière hebdomadaire les positions ouvertes et les volumes échangés par grandes classes d’actifs.
Pierre Claquin, Centre d'études et de prospective
Source : AEMF
15:22 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Imprimer | |
18/09/2012
De nouvelles menaces pour la santé liées à l'usage d'antibiotiques chez le bétail
L'usage des antibiotiques en élevage fait face à des contrôles de plus en plus stricts liés aux risques de développement de résistances à des antibiotiques majeurs en médecine humaine. Mais une nouvelle étude, menée par des chercheurs des université de Copenhague (Danemark) et de Cork (Irlande), donne à penser que même en respectant les limites imposées par les règlements des États-Unis et de l'Union européenne, l'usage d'antibiotiques chez le bétail peut compromettre la salubrité de produits de charcuterie fermentée tels que salami et pepperonni.
La fabrication de ces charcuteries implique l'inoculation de la chair à saucisse avec des bactéries productrices d'acide lactique, afin de sécuriser la fermentation en neutralisant les bactéries pathogènes susceptibles d'être présentes dans la viande crue. En rajoutant à l'inoculat de bactéries lactiques des antibiotiques (oxytetracycline ou eryhtromycine) ainsi que des bactéries pathogènes (E.coli O157 H7 et Salmonella enterica), les chercheurs ont constaté que les germes lactiques ne se développaient pas, contrairement aux germes pathogènes.
Les équipes souhaitent pouvoir travailler avec les industriels afin de développer des cultures de bactéries productrices d'acide lactique capables de résister à de faibles concentration d'antibiotiques. Les antibiotiques sont interdits en tant qu'additifs dans l'alimentation animale sur le territoire communautaire mais sont autorisés en tant que médicaments vétérinaires. Aux États-Unis, leur usage en alimentation animale reste autorisé, mais la FDA a établi en 2012 des recommandations incitant les éleveurs à le limiter.
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
15:20 Publié dans Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Imprimer | |
17/09/2012
Des salades de proximité qui poussent sur le parking des restaurants
Une société japonaise a conçu un dispositif permettant de produire en ville des salades en grande quantité. L'« agri-cube » utilise des technologies de pointe en matière d'hydroponie, d'éclairage et de contrôle du milieu. Selon les concepteurs, l'appareil qui occupe une surface de 10 m², permettrait de produire 10 000 laitues par an, pour un coût de production de 0,35€ par pièce, principalement dû aux dépenses énergétiques (lumière, température) et d'engrais. Il n'intègre pas l'investissement initial qui est considérable : plus de 50 000€.
L'appareil est conçu pour la culture de divers légumes à feuilles, et de certains légumes à racine tels que les radis. Ces espèces sont en effet adaptées à la production en masse et de manière automatisée, l'objectif poursuivi étant qu'aucune qualification ne soit requise pour gérer la production. Les promoteurs de cette technologie considèrent qu'elle intéresse particulièrement les restaurants et les établissements tels que les hôpitaux.
Aux États-Unis plusieurs entreprises fonctionnent déjà sur un modèle similaire d'agriculture urbaine. La société Podponics, par exemple, a reçu cette année un prix de l'innovation de l'État de Géorgie. Cette start-up, qui produit des salades en ville et les distribue aux restaurants du quartier, a été récompensée pour le caractère innovant de son système, qui permet de produire tout au long de l'année, à une densité beaucoup plus élevée qu'en plein champ, et en supprimant les risques liés aux aléas climatiques et sanitaires.
Sur son site, la société met en avant l'intérêt environnemental de ce modèle. À une « agriculture traditionnelle », qu'elle décrit comme dépendante des pesticides, avec une grande distance entre producteur et consommateur, et source de gaspillages, elle oppose une « agriculture du futur » de proximité (la production se fait là où se trouve le consommateur), moins polluante (sans pesticides, maîtrise de la consommation d'eau et d'engrais), et qui n'utilise pas de surfaces arables. Principale ombre au tableau : la consommation énergétique que ce système exige.
Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective
Sources (et vidéo de démonstration) : Civilisations 2.0 , Podponics
15:19 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Production et marchés | Lien permanent | Imprimer | |
14/09/2012
Supermarchés virtuels, dans le métro ou à la maison
Après l'avoir testé dans le métro de Séoul, le distributeur Tesco a inauguré en août 2012 la première épicerie virtuelledu Royaume-Uni, à l'aéroport de Gatwick. Pendant deux semaines, 10 écrans ont été installés en salle d'embarquement, présentant les photos des produits que les clients pouvaient scanner afin de se faire livrer chez eux, à leur retour.
Peapod, distributeur en ligne en partenariat entre plusieurs entreprises de distribution américaines, met également à la disposition des habitants de Chicago et Philadelphie les moyens de passer leur commande en ligne dans les stations de métro et train. De la même façon, en Espagne, Sorli Discau a ouvert son magasin virtuel dans le métro de Barcelone. Enfin, tout récemment, Carrefour a testé un dispositif similaire en gare de Lyon-Part-Dieu et gare du Nord à Paris.
Parallèlement, Tesco a annoncé le lancement d’un magasin virtuel immersif en 3D qui s’appuie sur deux technologies : la TV connectée et la Kinect de Microsoft. Le consommateur pourra, de chez lui, se promener dans des rayons virtuels (et personnalisés) et sélectionner les produits pour qu’ils s’ajoutent automatiquement au panier d’achats.
Un avant projet a été dévoilé par Keytree en vidéo.
Céline Laisney, Centre d'études et de prospective
Sources : Guardian , PRNewswire, Challenges
15:16 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Alimentation et consommation | Lien permanent | Imprimer | |
12/09/2012
FAO/OCDE : Perspectives agricoles 2012-2021
Les Perspectives agricoles pour 2012-2021 ont été publiées par l'OCDE et la FAO le 11 juillet dernier. Les auteurs de ce rapport indiquent que :
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les prix agricoles devraient se maintenir à un niveau élevé en raison de la hausse de la demande alimentaire pour l'Homme et le bétail, mais aussi de la demande en biocarburants. Ces derniers devraient absorber une part importante et croissante des productions de canne à sucre (34%), huiles végétales (16%) et céréales (14%) d'ici 2021 et la FAO prévoit un doublement de la production d'éthanol à l'horizon 2021 ;
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l'inflation des prix alimentaires restera un problème préoccupant, notamment pour les pays en développement. Il en sera de même de la volatilité des prix en raison de la variabilité importante des rendements, elle-même due aux incertitudes météorologiques ;
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un ralentissement de la croissance de la production est à prévoir : elle passera de plus de 2% par an dans les dernières décennies à 1,7% par an pour la décennie à venir. Ce seront d'ailleurs essentiellement les pays en développement qui contribueront à cette croissance de la production (1,9% par an contre 1,2% par an pour les pays développés) ;
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les économies émergentes (Brésil, Indonésie, Thaïlande, Russie, Ukraine, etc.) s'arrogeront une part croissante du commerce mondial de produits agricoles, lui-même en augmentation ;
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la croissance de la consommation alimentaire sera la plus forte pour les produits transformés, les matières grasses et les protéines (la consommation de viande augmentant fortement notamment en Asie, Amérique du Sud et Moyen-Orient) ;
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les hypothèses sous-jacentes concernant la volatilité des prix et le niveau des prix de l'énergie conditionnent toutefois fortement ces perspectives.
À plus long terme, les deux organisations estiment que la production agricole devra augmenter de 60% pour satisfaire la demande alimentaire mondiale, ce qui représente d'après elles un milliard de tonnes de céréales et 200 millions de tonnes de viande en plus par an à l'horizon 2050. Compte tenu du fait que l'augmentation des terres disponibles restera limitée, une amélioration durable de la productivité agricole sera donc indispensable pour répondre à l'accroissement de la demande. Les gains de productivité pourraient provenir en premier lieu d'une réduction du retard des pays en développement, mais les auteurs soulignent un risque d'utilisation de cette production supplémentaire pour la production de biocarburants.
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source :OCDE / FAO, Perspectives agricoles pour 2012-2021
16:36 Publié dans 3. Prévision, Alimentation et consommation, Filières agricoles, Mondialisation et international | Lien permanent | Imprimer | |
Rendre flexibles les mandats d'incorporation de biocarburants pour atténuer les flambées des prix ?
Alors que les prix des céréales et des oléoprotéagineux connaissent leur troisième flambée en 6 ans, l'idée d'utiliser les politiques de biocarburants comme outils de régulation des marchés en cas de crise a fait l'objet de plusieurs études publiées cet été.
Une étude du DEFRA considère que, bien que les biocarburants ne soient probablement pas la cause des hausses de prix, des politiques plus flexibles de biocarburants permettraient lors d'une flambée de prix d'augmenter les disponibilités en céréales et oléoprotéagineux et donc de calmer les cours. À l'aide d'un modèle, les auteurs simulent les effets sur les prix d'une suspension des mandats d'incorporation. Il en résulte qu'en présence de prix élevés, la suppression temporaire des mandats dans l'UE, sans remise en cause de la fiscalité ou des droits de douane, pourrait réduire les prix des céréales entre 10% et 35%. Les effets aux États-Unis seraient plus importants encore selon ce rapport.
Aux États-Unis, la politique de biocarburants intègre déjà des outils de flexibilité : un système de droits permet aux entreprises de reporter d'une année sur l'autre les volumes de biocarburant qu'elles doivent incorporer, et par ailleurs l'Agence de l'environnement a la capacité de réviser les mandats annuels si nécessaire.
Néanmoins, et malgré les incertitudes notamment techniques, une étude publiée en août par l'université de Purdue aux États-Unis montre que si plusieurs conditions sont réunies, un allègement du mandat d'incorporation américain pourrait engendrer une baisse du prix du maïs allant jusqu'à 1,30 $/bu, soit environ 15% du prix actuel.
Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective
Sources : DEFRA, « Can biofuels policy work for food security?»
Purdue University, « Potential Impacts of a Partial Waiver of the Ethanol Blending Rules »
16:33 Publié dans 4. Politiques publiques, Biomasse/Biocarburants, Filières agricoles, Mondialisation et international | Lien permanent | Imprimer | |
10/09/2012
Changement climatique et prairies : le projet VALIDATE
Le 22 juin 2012 a eu lieu le colloque de restitution des résultats du projet VALIDATE à Clermont-Ferrand : Vulnérabilité des prairies et des élevages au changement climatique et aux événements extrêmes. Ce projet financé de 2008 à 2012 par l'Agence Nationale de la Recherche était coordonné par l'INRA et associait onze laboratoires (INRA, CEA et CNRS). Il avait pour but d'étudier les impacts de la variabilité future du climat sur la production fourragère et les élevages herbagers, en combinant différentes approches : expérimentation, modélisation biotechnique et modélisation socio-économique.
Les chercheurs ont utilisé des scénarios climatiques régionalisés, comportant une augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur et des épisodes de sécheresse, ainsi qu'une augmentation de la concentration atmosphérique en CO2. Les résultats indiquent une baisse de productivité de 20% à 30% pour les prairies permanentes de moyenne montagne sous climat 2070. En revanche, l'augmentation de la concentration atmosphérique en CO2 pourrait limiter les impacts négatifs des vagues de chaleur et sécheresse sur les prairies. En plaine, les variétés de prairies d'origine méditerranéenne apparaissent plus résilientes que les variétés d'origine tempérée.
Des pistes d'adaptation à l'échelle de la parcelle et de l'exploitation agricole ont pu être proposées. Ainsi, l'augmentation du potentiel de production herbagère au printemps et à l'automne pourrait être valorisée à l'avenir et permettre de pallier des risques accrus de déficits estivaux.
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source : INRA
16:25 Publié dans Climat, Environnement, Filières agricoles | Lien permanent | Tags : élevage | Imprimer | |
Le réchauffement climatique associé à un rétrécissement des feuilles d'arbres ?
Jusqu'à présent, les chercheurs ont surtout étudié l'impact du changement climatique sur la durée des cycles phénologiques (ex : avancée des dates de floraison), mais peu sur les changements morphologiques des végétaux. Une étude australienne, publiée dans Biology Letters, montre pour la première fois que le réchauffement climatique pourrait être associé à un rétrécissement des feuilles d'arbres.
Les auteurs de l'étude ont réalisé deux types de comparaison. Premièrement, ils ont mesuré la taille des feuilles du bois de reinette (arbuste de la famille des érables, Dodonaea viscosa) sur un gradient de 600 km de latitude et 1000 m d'altitude, associé à un climat plus ou moins chaud (274 mesures). Les résultats montrent que plus les climats sont chauds et secs, plus les feuilles sont réduites. Ensuite, ils ont comparé ces mesures actuelles avec la taille de 255 feuilles conservées dans des herbiers des années 1880. Les résultats indiquent un rétrécissement de 2 mm, soit une largeur réduite de 40 % en un peu plus d'un siècle.
Etant donné que dans le sud de l'Australie, la température a augmenté de 1,2°C entre 1950 et 2005, ces résultats suggèrent une bonne capacité adaptative de l'arbuste, sur une période relativement courte (de l'ordre du siècle). Il était connu que les plantes vivant en milieu aride avaient des feuilles réduites limitant l'évapotransipiration, mais une telle adaptation n'avait jamais été mesurée. Les chercheurs s'interrogent maintenant sur les facteurs explicatifs de cette adaptation (génétiques ou autres ?). Ils soulignent qu'il conviendrait de compléter ces travaux en étudiant d'autres caractéristiques anatomiques des feuilles et d'autres espèces d'arbres.
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source : Biology Letters
16:21 Publié dans Agronomie, Climat, Environnement | Lien permanent | Imprimer | |
09/09/2012
Biodiversité alimentaire pour une alimentation durable
La FAO et Biodiversity International ont récemment publié un ouvrage qui préconise d'agir pour promouvoir à la fois une alimentation soutenable et la biodiversité alimentaire. Aujourd'hui, en plus des 900 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, un milliard et demi souffrent de surpoids ou d'obésité et environ deux milliards ont des carences en micronutriments. Alors que les besoins alimentaires d'une population mondiale croissante ont été jusqu'à présent abordés en termes de quantités suffisantes, la question de la qualité doit maintenant être traitée.
Selon les auteurs, le développement de l'agriculture industrielle et du transport à grande échelle a conduit à une simplification des régimes alimentaires et à une dépendance vis-à-vis d'un nombre limité d'aliments. Actuellement, trois cultures vivrières (maïs, blé et riz) couvrent 60% de l'énergie alimentaire d'origine végétale au niveau mondial. Et les méthodes de production modernes de ces denrées jouent un rôle important dans la régression de la diversité génétique végétale et animale.
Il existe pourtant des exemples de réintroductions réussies dans les régimes alimentaires, de plantes traditionnelles un temps délaissées, ayant bénéficié à la fois aux consommateurs et aux petits exploitants agricoles.
Les auteurs de ce rapport incitent donc à favoriser des régimes alimentaires soutenables, « qui font que la consommation d'aliments s'effectue avec moins d'eau et moins d'empreinte carbone et qui promeuvent l'utilisation de la biodiversité alimentaire, notamment les aliments traditionnels et locaux, avec leurs nombreuses espèces et variétés riches en nutriments ».
Clément Villien, Centre d'études et de prospective
Source : FAO
16:19 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Imprimer | |