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16/03/2016

Innovation en agriculture : le rapport AKIS recommande plus de régulation face à la privatisation du conseil

Les systèmes de connaissance et d'innovation agricoles (AKIS) sont mal adaptés aux défis du futur. C'est le constat fait par un groupe d'experts européens à l'issue d'un travail prospectif mandaté par le Comité permanent pour la recherche agricole (SCAR), et qui a donné lieu au rapport Agriculture knowledge and innovation systems towards the future.

Le SCAR avait déjà posé en 2009 un diagnostic sévère : « le système de connaissances et d’innovations agricoles européen, financé par des fonds publics, semble verrouillé dans d’anciens paradigmes fondés sur des approches linéaires et des présupposés conventionnels ». Dans un rapport de 2012, il incitait à renforcer les partenariats entre la recherche, le transfert et les agriculteurs (voir sur ce sujet une note du CEP). Dans ce troisième rapport, le groupe fait l'état des lieux des connaissances sur les AKIS en Europe, analyse les impacts potentiels de la révolution numérique sur ceux-ci, élabore trois scénarios prospectifs et dresse enfin plusieurs recommandations à destination des pouvoirs publics.

Ces recommandations portent en particulier sur le conseil aux agriculteurs. Si les dispositifs institutionnels sont hétérogènes entre pays, une tendance générale se dégage depuis plusieurs années : la privatisation du conseil. Ce phénomène a plusieurs conséquences potentielles : un moindre partage de l'information entre organisations et entre agriculteurs, l'exclusion de l'accès au conseil pour les producteurs les moins solvables, le biais commercial dans l'information technique apportée, etc.

Face à la montée des acteurs privés du conseil, plusieurs stratégies et rôles des pouvoirs publics sont possibles : l'appui aux agriculteurs exclus du conseil privé, la coordination des multiples acteurs du conseil, le rôle d'arbitre sur l'objectivité de l'information, la garantie de qualité du service de conseil public comme privé, la régulation du secteur. Le rapport recommande en particulier de rendre plus transparente la qualité du conseil, notamment via un système de certification à l'échelle européenne. D'autres recommandations concernent le ciblage du financement public du conseil sur les biens publics, les mécanismes garantissant un flux d'informations et de connaissances entre les divers acteurs, et le renforcement du suivi et de l'évaluation des systèmes de conseil.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : Standing committee on agricultural research

10:34 Publié dans 4. Politiques publiques, Agriculteurs, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : scar, akis, conseil |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/11/2015

La bioéconomie en Europe au cœur du 4e exercice de prospective du SCAR

Le 8 octobre, le Standing Committee on Agricultural Research (SCAR) a présenté les résultats de son 4e exercice de prospective, dont le rapport et les présentations sont disponibles ici. Ce travail a comme objectif d’explorer, à l’horizon 2050, les conséquences du développement de la bioéconomie telle que définie par la Commission européenne, en se donnant comme contrainte la durabilité du système.

Dans un premier temps, les auteurs rappellent les principes qui sous-tendent ce développement de la bioéconomie et ses divers enjeux : sécurité alimentaire, ressources limitées, dépendance aux énergies fossiles, changement climatique, compétitivité. Ils insistent sur les priorités données à l’alimentation humaine, aux rendements soutenables, à « l’approche en cascade » et à la circularité (en particulier s’agissant de l’utilisation des déchets), et à la diversité des systèmes de production, de leurs échelles ainsi que de leurs produits.

Le rapport propose également un état des lieux distinguant différents secteurs : l’alimentation (humaine et animale), les matériaux et molécules à destination de la chimie, la forêt, le secteur énergétique (bioénergie et biocarburants). Les principales tendances en termes de technologies, de politiques publiques et de marchés y sont présentées.

À l’horizon 2050, 3 scénarios sont élaborés à partir d’hypothèses sur les moteurs contextuels que sont le changement climatique (vitesse d’évolution et capacité d’adaptation), la croissance économique et la situation géopolitique. Les autres variables clés sont la demande en biomasse (part des produits biosourcés), mais aussi la capacité à produire ces ressources. Les scénarios sont intitulés (cf. tableau ci-dessous) :

– « bio-modesty », où la demande en biomasse pour les matériaux et l’énergie est relativement faible, les autres technologies (sources solaire et éolienne) s’étant développées rapidement ;

– « bio-boom », avec une demande élevée pour la biomasse, soutenue par les secteurs non alimentaires et une production également importante ;

– « bio-scarcity », où la demande est forte, alors que l’offre en biomasse reste limitée, suite à des réticences face aux nouvelles technologies et des conséquences négatives du changement climatique, par exemple.

Le rapport se conclut sur un ensemble de recommandations pour la recherche, comme la prise en compte de la résilience ou des dimensions socio-culturelles.

Résultats du croisement entre scénarios de contexte et hypothèses sur l’offre et la demande en biomasse

scar,bioéconomie,prospective

Source : SCAR

Elise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : SCAR

 

10:54 Publié dans 1. Prospective, Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : scar, bioéconomie, prospective |  Imprimer | | | | |  Facebook