13/11/2017
Faut-il informer le consommateur sur la réduction du gaspillage alimentaire ou sur le recyclage de ses restes ?
Deux chercheurs de l'université de l'Ohio, aux États-Unis, ont publié en octobre, dans l'American Journal of Agricultural Economics, les résultats d'une expérience sur la réduction du gaspillage alimentaire en fonction du niveau de connaissance des consommateurs sur le devenir des restes de leurs assiettes et sur leur impact environnemental.
Dans cette expérience, 237 sujets ont été conviés à des déjeuners gratuits au cours desquels différentes informations étaient communiquées : l'impact environnemental du gaspillage et son atténuation par le recyclage et le compostage leur ont (ou non) été exposés ; à certains, il a également été dit que les restes de leur repas seraient compostés et recyclés ; et à d'autres, qu'ils finiraient au contraire à la décharge. Selon la méthodologie de l'économie expérimentale, les paramètres susceptibles d'influencer les choix des personnes ont été contrôlés, notamment grâce aux questionnaires remplis par les participants à la fin du déjeuner. Un modèle théorique a été développé pour comprendre les mécanismes sous-jacents aux effets observés, et, pour tester ces mécanismes, les observations ont fait l'objet d'analyses économétriques poussées.
Information utilisée dans l'expérience sur l'impact environnemental du gaspillage alimentaire et son atténuation par le recyclage
Source : American Journal of Agricultural Economics
Les résultats montrent sans ambiguïté que, si la quantité de nourriture commandée reste la même dans tous les cas, les consommateurs gaspillent moins (de 77 à 85 %) lorsqu'ils ont connaissance de l'impact environnemental de leurs gestes. L'élément le plus frappant est que cet effet significatif disparaît s'ils savent que leurs restes seront compostés ou recyclés.
Pour les auteurs, ces résultats impliquent que la promotion de politiques de réduction de l'impact environnemental du gaspillage alimentaire au niveau global (ex. compostage) peut saper l'efficacité de celles visant à diminuer la quantité de déchets au niveau individuel. Cette analyse est importante dans un contexte où les pouvoirs publics américains tendent à juxtaposer aujourd'hui différentes actions de ce type sans considérer leurs possibles interactions. Elle peut également s'avérer utile pour les entreprises de restauration hors foyer cherchant à améliorer leur empreinte environnementale : selon ces travaux, elles gagneraient à communiquer sur les bénéfices de la réduction du gaspillage plutôt que sur leurs propres efforts de recyclage.
Vanina Forget, Centre d'études et de prospective
09:10 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : gaspillage, économie expérimentale, information | Imprimer | |
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