18/03/2009
Livre : Demain la faim
Aurons-nous encore de quoi manger en 2030 ?
Début 2008, les émeutes de la faim se sont multipliées dans plus d’une quarantaine de pays, qui ne sont pas les plus pauvres, du Maroc à l’Italie. Aux Etats-Unis, en 2009, 28 millions de personnes devraient avoir besoin de tickets alimentaires pour se nourrir. Les pays ont été de plus en plus nombreux à limiter leurs exportations de céréales pour préserver le marché intérieur.
En cause, une augmentation brutale des matières premières agricoles : plus de 50 % en quelques mois. Une flambée amenée à se renouveler qui s’explique par la stagnation de l’offre face à une demande croissante, par la crise pétrolière qui renchérit le coût du transport maritime et rend les biocarburants plus attractifs – on estime que ces derniers sont responsables de 30 % de l’augmentation des prix constatée en 2007-2008 –, par la spéculation boursière, par les aléas climatiques.
Or, d’ici 2050, les besoins en produits alimentaires doubleront, conséquence notamment de l’évolution de la consommation, de plus en plus riche, et de plus en plus carnée : la consommation de viande a quadruplé en Asie de l’est depuis les années 60, et l’Inde suit le même chemin. Mais s’il faut 1500 litres d’eau pour produire un kilo de blé, il en faut 15 000 pour un kilo de bœuf….
Sans parler des biocarburants : la quantité de céréales requises pour remplir d’éthanol le réservoir d’un 4 x 4 pourrait nourrir une personne pendant une année ! Il va donc falloir produire bien davantage. Comment ? Les dégâts de l’industrie (terres polluées, sols épuisés, eau gaspillée), l’hypocrisie des politiques (en 25 ans, la Banque mondiale dont l’objectif est d’ « œuvrer pour un monde sans pauvreté » n’a consacré aucun rapport à l’agriculture !), la menace qui pèse sur les agriculteurs étranglés entre les multinationales de semence et celles de la grande distribution le permettront-ils ? Le réchauffement climatique et l’urbanisation réduisent l’espace agricole disponible. L’agriculture intensive est gourmande en eau, dont nous manquerons de plus en plus. Et nul ne sait évaluer les problèmes de biosécurité et de dépendance économique que posent les OGM. Ni le libéralisme, ni le protectionnisme, ni le productivisme, ni la décroissance, ni la génétique, ni l’écologie ne constituent LA solution.
(4e de couverture)
05:30 Publié dans Alimentation et consommation, Développement | Lien permanent | Tags : crise alimentaire | Imprimer | |
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