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15/10/2020

Quand l'alimentation se fait politique(s), Ève Fouilleux, Laura Michel (dir.)

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La question alimentaire bénéficie d'un intérêt croissant et d’une multiplication des émissions, publications, recherches et colloques produits sur le sujet. Le plus souvent, le regard porte sur l'agroalimentaire, les circuits d'approvisionnement, les conseils nutritionnels ou les comportements des mangeurs. Le grand intérêt de ce livre est d’emprunter une voie différente, plutôt nouvelle en France, proposant une analyse sociologique des processus de politisation des enjeux d’alimentation. En seize chapitres denses, très documentés, issus de recherches empiriques, les auteurs décrivent l’émergence des nouveaux problèmes publics alimentaires, leur mise sur l’agenda institutionnel, les jeux d’acteurs et mécanismes de prise de décision, les modalités de gouvernance et d’application des mesures, mais aussi les stratégies d’influence, les sources d’innovations et d’alternatives, les jeux partisans, les rapports de pouvoir et les phénomènes d’action collective.

Des textes analysent l’émergence historique et la construction politique de réalités aussi différentes que la défiance des consommateurs, la gastronomie, le gaspillage ou les dispositifs participatifs de sécurité alimentaire au Brésil. D’autres s’intéressent aux controverses entre acteurs et aux résistances d’une partie de certains groupes professionnels (agriculteurs, vétérinaires, etc.) face aux nouveaux défis : transition écologique, réduction des pesticides, antibiorésistance, etc. D’autres encore se focalisent sur la tendance à la territorialisation des politiques alimentaires, qu’il s’agisse d’ausculter les tenants et aboutissants du « manger local », d’initiatives récentes de régions et de métropoles en matière de soutien à l’agriculture biologique ou de distribution. On n’oubliera pas non plus les textes consacrés à l’étude des liens entre institutions et marchés, entre producteurs et acheteurs, ou à l’écologisation du secteur de la pêche.

De ce vaste panorama, l’introduction et la conclusion de l’ouvrage (toutes deux excellentes) tirent quelques enseignements généraux. Le premier est que les lectures politiques de l’alimentation s’accordent sur quelques priorités consensuelles : relocalisation des productions, agriculture urbaine, lutte contre le gaspillage, contrôle de l’agroalimentaire industriel, etc. Inversement, la politisation de l’alimentation fait apparaître des conflits de valeurs et des oppositions irréductibles, par exemple sur l’étiquetage nutritionnel, l’interdiction du glyphosate, le retour au « naturel », les dispositifs participatifs et la place à accorder aux citoyens, etc. Au total, voici une lecture prioritaire et enrichissante qui complète bien les productions plus habituelles sur la nutrition ou les conduites alimentaires.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses universitaires de Rennes

17/11/2015

Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan

Le 15 octobre, 100 villes des cinq continents ont signé le Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan. Dans le cadre de l’exposition universelle, Milan a en effet voulu mettre en œuvre un protocole international engageant les grandes villes dans le développement de systèmes alimentaires durables et équitables. Pour ce faire la ville a, dès septembre 2014, mis en place et animé un réseau international de partage d’expériences, entre une quarantaine de grandes villes, dans l’objectif d’élaborer le contenu du pacte. L’initiative a également bénéficié du soutien de différentes organisations internationales telles que la FAO et les Nations unies.

Le texte est un engagement des villes à travailler au développement de systèmes alimentaires durables, inclusifs, résilients, sûrs et diversifiés. Il propose également un cadre d’action pour une politique alimentaire urbaine organisé en cinq thématiques techniques : assurer un environnement propice à une action efficace, assurer l’équité sociale et économique, appuyer la production alimentaire, l’approvisionnement et la distribution alimentaire, et prévenir le gaspillage. Chaque thématique regroupe des propositions d’actions stratégiques laissées au volontariat des villes participantes. Insistant sur la nécessité d’avoir une approche systémique globale et de favoriser le travail entre les différentes administrations de la ville, le texte ouvre de nombreux champs à investir : agriculture urbaine et péri-urbaine, agroécologie, circuits courts, politique des marchés publics, contribution du secteur informel, récupération et redistribution d’aliments, etc.

Cette initiative est un signal de plus de la volonté croissante des villes de se poser en tant qu’acteurs incontournables des systèmes alimentaires. À un niveau « local », cela se traduit par la multiplication des politiques et programmes alimentaires dans différents pôles urbains. Mais ces derniers se positionnent également de plus en plus sur la scène internationale, développant une « politique étrangère » et revendiquant leur place et des marges de manœuvre dans les débats et actions internationales.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : Food Policy Milano

11:05 Publié dans 4. Politiques publiques, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : milan, pacte, politique alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook