Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/02/2018

Origine et évolution de deux conceptions de l'agriculture

Le journaliste Charles C. Mann publie, dans The Atlantic, un article sur son dernier ouvrage The Wizard and the Prophet sorti en janvier 2018. Tenant compte de la croissance démographique d'ici 2050, il rend compte de deux grandes visions du rôle de l'agriculture, celle des « environnementalistes apocalyptiques » (les « Prophets »), annonceurs des impacts négatifs de l'augmentation de la population et de la consommation, et celle des « techno-optimistes » (les « Wizards »), qui proposent des solutions technologiques pour les surmonter. Ces visions ne datent pas d'hier et l'auteur revient sur leur histoire et leurs déclinaisons concrètes en matière d'agronomie et d'innovation. William Vogt (auteur de Road to Survival, 1948) a posé les bases du mouvement environnementaliste moderne, tandis que Norman Borlaug (1914-2009) est considéré comme le père de la « Révolution verte ». L'agriculture intensive, avec des perspectives à court et moyen termes, vise la croissance de la productivité par unité de surface par l'utilisation d'intrants chimiques ; l'agriculture écologique, privilégiant le long terme, respecte les « capacités de charge », limites écologiques des écosystèmes.

Le contexte ayant évolué (terres à cultiver limitées, pollution de l'eau par les engrais azotés, etc.), le courant « productiviste », dans les années 1990, investit la génétique en développant les OGM, par exemple avec le soja Roundup Ready de Monsanto, ou en refaçonnant la photosynthèse, par exemple avec le riz C4 porté par le C4 Rice Consortium. De son côté, le courant « écologiste » propose, à travers des institutions telles que le Rodale Institute et le Land Institute, d'orienter la recherche vers des variétés pérennes moins érosives pour les sols, vers les tubercules et les arbres qui, en Afrique et en Amérique latine, ont une productivité comparable à celle des céréales (le manioc, par exemple, produit plus de calories par unité de surface que le blé).

Enfin, l'auteur souligne le rôle de la main-d’œuvre : la mécanisation et la quasi-monoculture de la deuxième moitié du XXe siècle ont coïncidé avec la demande de bras par l'industrie, ce qui n'est plus le cas actuellement, la population des bidonvilles augmentant dans certaines régions. Une vision alternative passerait par la réduction de la taille des parcelles, la diversification productive, le retour à la campagne d'une partie de la population, ce qui ne pourra se faire sans une redéfinition des choix de société par les populations concernées.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : The Atlantic

10:46 Publié dans Agronomie, Développement, OGM, Société | Lien permanent | Tags : mann, wizard and prophet |  Imprimer | | | | |  Facebook