13/04/2020
Pertes économiques liées aux mammites en élevage bovin laitier
Publié récemment dans Frontiers in Veterinary Science, un article évalue l'impact économique des mammites pour les élevages de vaches laitières. Premières pathologies en fréquence dans ces élevages, elles sont responsables de coûts et de pertes d'exploitation, du fait des analyses bactériologiques (identification de la ou des bactéries responsables, antibiogramme) et cytologiques (comptage cellulaire dans le lait) à réaliser pour poser le diagnostic, des traitements, du surplus d'activité de l'éleveur, de la destruction du lait pendant la durée de la maladie et après le traitement, de l'abattage éventuel de l'animal, etc.
Les auteurs ont réalisé une méta-analyse d'articles en langue anglaise décrivant les pertes économiques liées à des mammites bovines, publiés jusqu'en juin 2019 dans trois bases (PubMed, ISI Web of Science, Google Scholar). À partir d'un corpus initial de 1 566 articles, plusieurs phases de sélection ont permis d'en sélectionner 9, représentant 82 cas. Les critères d'inclusion de ces publications étaient la présence d'une mammite clinique (exclusion des formes subcliniques), la mention des pertes financières par cas de mammite ou par année et par vache, la limitation à des pays de la zone climatique tempérée, et des données postérieures à 1990.
Les résultats montrent une forte corrélation avec l'étiologie : si l’impact financier moyen est de 224 € par cas, il est de 101 € pour des mammites dues à des bactéries Gram + et de 457 € pour celles provoquées par une bactérie Gram -. Plus précisément, il est en moyenne de 74 € si la bactérie responsable est Staphylococcus aureus, de 79 € pour St. coagulase -, de 121 € pour Streptococcus sp. et de 428 € pour Escherichia coli.
Les auteurs relèvent toutefois plusieurs problèmes liés aux articles retenus, et donc à la méta-analyse qui en est issue. Tout d'abord, l'interaction avec d'autres maladies dans ces pertes est rarement mentionnée. D'autre part, se limiter aux coûts et pertes engendrés à court terme par une maladie pourrait être trompeur : si les mammites dues à des bactéries Gram - ont un coût très supérieur à celles à Gram +, les conséquences à moyen et long termes de ces dernières ne sont pas prises en compte. De même, le coût de l'abattage est sous-valorisé car il ne devrait pas se limiter au seul coût de l'animal. Enfin, des paramètres comme le prix du lait ou le coût du travail sont peu inclus. Pour les auteurs, une méthode normée permettrait de réduire ces limites à l'avenir.
Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective
Source : Frontiers in Veterinary Science
18:56 Publié dans Exploitations agricoles, Production et marchés, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : mammites, pertes économiques, élevage, bovin lait | Imprimer | |