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05/07/2018

Analyse des consommations alimentaires des Millennials américains

La revue Applied Economic Perspectives and Policy a publié, en mai 2018, un article sur les consommations alimentaires des Millennials américains, expression fréquemment utilisée pour désigner les personnes âgées de 18 à 35 ans. Ce groupe est devenu, selon le Bureau de recensement des États-Unis, le plus nombreux au plan démographique et, pour les industries alimentaires, une cible déterminante. De nombreuses publications lui sont consacrées, comme par exemple sur les goûts alimentaires (exemples d'un ouvrage et d'un article scientifique).

Les auteurs estiment l'effet propre Millennial sur la part des revenus dépensée pour 17 catégories de produits alimentaires, en utilisant la méthode statistique des doubles différences et les données d'achat collectées par les enquêtes sur les dépenses de consommation (Bureau des statistiques du travail). Afin de ne pas confondre les effets « âge » et « époque », ils comparent, pour deux années (1980 et 2015), deux groupes d'âge : les 18-35 ans et les plus de 36 ans.

L'étude met en évidence des dépenses plus élevées des Millennials pour certains aliments : viande (bœuf, porc et volaille), œufs, céréales et fruits frais. Les jeunes de 2015 achètent plus de produits de ces catégories que ceux de 1980, ou que les plus de 36 ans de 2015. Selon les auteurs, ce tropisme pour la viande peut surprendre, vu la hausse du nombre de végétariens chez les jeunes. De plus, entre les deux années, on constate, pour les deux catégories, une augmentation du budget de l’alimentation hors domicile. Plus généralement, par rapport aux jeunes de 1980, ceux de 2015 consomment plus de protéines et de fruits frais, et moins de préparations industrielles et surgelées et de matières grasses, se rapprochant ainsi des recommandations nutritionnelles. Cet « effet Millennials » pourrait avoir des implications pour l'action publique à plus long terme, en particulier en matière de santé : les auteurs rappellent ici les résultats d'une autre étude, montrant que les maladies nutritionnelles chroniques affectent 50 % des Américains, avec un coût de l'obésité estimé à 150 milliards de dollars.

Enfin, parmi les limites de leur travail, les auteurs précisent que l'échantillon n'est pas parfaitement représentatif de la population des 18-35 ans, ce qui invite à d'autres recherches notamment sur les individus à faible revenu, en écho à un récent article sur l'insécurité alimentaire aux États-Unis.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Applied Economic Perspectives and Policy

13/09/2017

L'Anses publie les résultats d'INCA 3

En juin dernier, l'Anses a publié les résultats de la troisième Étude individuelle nationale des consommations alimentaires (INCA 3), qui vient actualiser les estimations de ces consommations et des apports nutritionnels. Nécessaires pour les évaluations des risques et bénéfices (sanitaires et nutritionnels) liés à l'alimentation, ces données ont été collectées en 2014-2015, en recourant notamment à une méthodologie harmonisée au niveau européen. Deux échantillons indépendants ont été constitués (2 698 enfants de 0 à 17 ans, et 3 157 adultes de 18 à 79 ans), l'ensemble étant représentatif de la population française métropolitaine.

INCA 3 livre des éléments riches sur l'alimentation des Français. Dans son avis, l'Agence relève plusieurs points saillants : des disparités importantes de comportements en fonction du sexe, de l'âge et du niveau socio-économique ; une alimentation de plus en plus transformée ; une augmentation importante du nombre de consommateurs de compléments alimentaires ; une part des approvisionnements via de l'auto-production ou des prélèvements dans la nature, sans mise sur le marché, pouvant concerner jusqu'à 75 % de la population ; des pratiques potentiellement à risque, d'un point de vue microbiologique, de plus en plus fréquentes (consommation de denrées animales crues, dépassement des dates limites de consommation, etc.). Chacun de ces points pose des questions en termes d'évaluation des risques et d'action publique. Ainsi, le caractère de plus en plus transformé de l'alimentation peut rendre difficile, pour les mangeurs, la compréhension et l'applicabilité des messages de prévention basés sur des groupes d'aliments bruts et peu transformés.

L'avis identifie des points de vigilance : le statut pondéral et le niveau d'activité physique et de sédentarité inappropriés, l'adaptation des actions de communication à la diversité des situations existantes, les difficultés pour comparer les consommations ou les apports nutritionnels aux recommandations nationales en vigueur, du fait de la variabilité des comportements entre individus ou pour un même individu au cours du temps, etc. Enfin, de nombreuses pistes d'analyse sont ouvertes, sachant que des données complémentaires seraient nécessaires pour des populations insuffisamment couvertes, voire pas du tout, par INCA 3 (femmes enceintes ou allaitantes, végétariens et végétaliens, personnes âgées de 80 ans et plus, etc.).

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Anses