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16/03/2021

Productivité agricole, qualité et âge des agroéquipements

Dans le numéro de février de The Quarterly Journal of Economics, deux économistes des universités Cornell et d'Exeter ont publié leurs travaux sur un sujet très peu exploré dans le secteur agricole : la prise en compte de la qualité et de l'obsolescence du capital productif, notamment des équipements, pour expliquer les écarts de productivité entre pays. En effet, ceux-ci sont le plus souvent reliés à des différences d'intensification des pratiques, de travail (temps et compétences), d'allocation du capital humain entre les secteurs économiques, ou à des économies d'échelle permises par les variations de taille des exploitations. Or, selon eux, les disparités d'utilisation des agroéquipements, et surtout de types de matériel utilisé (qualité et âge), expliquent une part non négligeable des écarts constatés au plan international.

Pour le démontrer, les chercheuses se sont focalisées sur les tracteurs. Elles ont, dans un premier temps, dû résoudre le problème d'absence de bases de données sur leurs âge et qualité (puissance, fonctions, technologies embarquées, etc.). Elles se sont appuyées sur les informations de la FAO (stocks, durée d'utilisation des tracteurs, prix neufs ou d'occasion, etc.), pour approcher les différences entre les matériels utilisés. Cette reconstitution de jeux de données a été menée pour 16 pays à différents stades de développement économique, parmi lesquels la France.

En différenciant les capitaux employés en agriculture selon la qualité de l'équipement, elles arrivent à des résultats qui revalorisent son poids dans l'explication des écarts de productivité. Les qualités variables du capital productif, qu'elles soient d'origine (lors de l'achat) ou liées au vieillissement des matériels, expliquent environ 16 points des variations de productivité du travail. Ainsi, quand on ne prend pas en compte son hétérogénéité, le matériel contribue pour 21 % aux écarts de productivité entre pays. À l'inverse, quand l'hétérogénéité est intégrée dans les calculs, ce sont 37 % des différences internationales de productivité du travail qui sont expliqués. Et l'amélioration de la qualité des équipements, qui est évaluée à 4,2 % par an, expliquerait entre un cinquième et un tiers des gains de productivité observés entre 1990 et 2014, augmentant avec le degré de développement du pays. Ce dernier constat ouvre la voie à des analyses plus poussées sur les freins à l'accès aux technologies matérielles et sur le fonctionnement du marché international des agroéquipements.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : The Quarterly Journal of Economics

13/10/2020

Les dernières innovations agricoles du secteur de l'élevage récompensées au concours Innov'Space 2020

L'édition 2020 du Salon international des productions animales (Space) s'est tenue, en ligne, du 15 au 18 septembre derniers. À cette occasion, le concours Innov'Space fêtait son 25e anniversaire, en reconnaissant les meilleures innovations en matière de produits, d'équipements ou de services de la filière. Parmi les 70 candidats, 26 ont été récompensés par un jury de professionnels.

La mention spéciale du jury a été attribuée à la machine SOC (« Sexage dans l’œuf de canard »), qui permet de distinguer la couleur de l’œil de l'embryon à travers la coquille. Utilisée sur une souche génétique de canards Mulards autosexables (différences de caractéristiques morphologiques chez les mâles et les femelles dès l'éclosion), elle donne la possibilité d'identifier leur sexe à partir de la couleur de leurs yeux dès la première phase embryonnaire. Cette innovation s'inscrit dans une meilleure prise en compte du bien-être animal par la filière foie gras en évitant l’éclosion de femelles Mulard non destinées à la commercialisation.

Les lauréats du concours Innov'Space 2020

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Source : Salon international des productions animales

Source : Innov'Space

 

 

09/11/2018

Évolution agrotechnique contemporaine II. Transformations de l'agro-machinisme : fonction, puissance, information, invention, Delphine Caroux, Michel J. F. Dubois, Loïc Sauvée (dir.)

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Cet ouvrage est issu de la deuxième édition du séminaire « Évolution agrotechnique contemporaine », organisé par l'unité de recherche Interact. Les agro-équipements sont un domaine privilégié pour observer le renouvellement des interactions homme-technique-vivant, autour des enjeux de l'information. D. Caroux, M. Dubois et L. Sauvée (UniLaSalle) soulignent, en introduction, que les techniques mobilisées par les agriculteurs « portent en elles-mêmes » des « capacités d'intensification » des processus naturels, par la logique propre de leur « concrétisation ». Ce terme, emprunté au philosophe G. Simondon, se réfère au processus de coordination entre les fonctions de la machine et le milieu où celle-ci opère.

Cette approche, attentive à « la technique en train de se faire », est déclinée dans une série de courtes présentations sur les firmes du secteur, l'agriculture urbaine, l'énergie, etc. Par exemple, C. Chéron (co-fondateur d'AirInov, leader français des drones agricoles) met en perspective l'avènement des machines agricoles autonomes. D. Caroux réfléchit sur la place des agriculteurs dans la production des innovations, « entre sujétion, association, autonomie ».

Mais l'originalité de l'ouvrage est de laisser une large place à quatre récits professionnels, complétés pour trois d'entre eux par un film réalisé sur le terrain (vidéos accessibles en ligne). Ph. Colin, pionnier des techniques culturales simplifiées, analyse la conversion de son exploitation à la production de miscanthus en 2007, et les défis posés par l'émergence d'un « milieu associé » à cette production (matériels de récolte, de stockage, débouchés, etc.). P. Hervé-Gruyer décrit l'application des principes de la permaculture sur la ferme biologique du Bec Hellouin, et notamment la mise au point d'outils manuels adaptés au travail en planches plates. X. David-Beaulieu et A. de la Fouchardière reviennent sur l'invention d'un robot viticole travaillant en essaim, le Vitirover. Enfin, M. Glamel, entrepreneur de travaux agricoles et agriculteur sur une petite ferme à la limite du Vexin, explique comment il a cherché à la rendre viable économiquement en diversifiant la production, en introduisant l'agriculture de conservation et en travaillant sur l'autonomie énergétique.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Université de technologie de Belfort-Montbéliard, Le comptoir des presses d'universités

09:07 Publié dans Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : agro-équipements, machinisme, innovation, information |  Imprimer | | | | |  Facebook