14/04/2020
Élevage et urbanité dans le monde, des enjeux différenciés
L'agriculture urbaine est souvent rapportée à sa seule dimension végétale, la question de l'élevage restant peu traitée dans le débat scientifique actuel. Pourtant, l'élevage urbain est très présent dans de nombreux pays et tend parfois à revenir là où il avait disparu, porté par de nouveaux besoins. Publié dans la revue Territoire en mouvement, cet article dresse un panorama des enjeux de cet élevage à travers le monde. En effet, 10 % des différents cheptels seraient élevés en ville, avec des concentrations différentes en fonction des régions.
Dans les économies développées, la réémergence de l'élevage urbain est portée par la réflexion des villes sur leur autonomie alimentaire et par une revalorisation de ses fonctions éducatives, sociales (ex. : mini-fermes urbaines, réappropriation citoyenne de l'espace urbain) et paysagères (ex. : éco-paturage dans 500 communes en France). Dans une logique d'économie circulaire, on assiste à une technologisation des flux et des processus, permettant en particulier le retraitement des déchets alimentaires, à des échelles industrielles, pour l'alimentation animale : c'est le cas pour des élevages de porcs ou de poissons (aquaponie) à Hong-Kong ou Jakarta. Dans les économies les moins avancées, l'élevage urbain génère un complément de revenus ou assure un accès à des protéines animales à moindre coût. À l'échelle des filières, il permet une proximité avec les lieux de consommation (abattoirs, marchés) lorsque la chaîne du froid est déficiente. Dans ces contextes, les enjeux socio-économiques et sanitaires sont forts. Dans les économies émergentes, on observe aussi l'apparition d'installations intensives de valorisation des déchets alimentaires en zones péri-urbaines, où la question du maintien des surfaces d'élevage sous pression urbaine se pose également (ex. : ceinture verte d'Hanoï).
En conclusion, les auteurs proposent un agenda de recherche interdisciplinaire sur l'élevage urbain en identifiant cinq enjeux : i) de santé publique (zoonoses), ii) d'accès à l'alimentation, iii) socio-économiques, iv) culturels et cultuels associés à l'animal en ville, v) de l'intégration agriculture-élevage dans l'aménagement urbain (relocalisation de l'alimentation, économie circulaire).
Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective
Source : Territoire en mouvement. Revue de géographie et aménagement
18:58 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : élevage, villes, élevage urbain | Imprimer | |