02/09/2014
Une expertise scientifique collective sur les « Mafor », matières fertilisantes d'origine résiduaire, et leur valorisation sur les sols agricoles
Le 3 juillet 2014 a eu lieu le colloque de restitution de l'expertise scientifique collective « Mafor », commanditée par les ministères de l'agriculture et de l'écologie et réalisée par l'Inra, le CNRS et l'Irstea. Ce travail portait sur la valorisation des matières fertilisantes d'origine résiduaire (Mafor) : il visait à faire le bilan des connaissances sur « les bénéfices agronomiques des Mafor et les impacts de leur épandage en termes de contaminations potentielles des écosystèmes, en tenant compte des intérêts, contraintes et conséquences économiques et sociales de cette pratique ». L'évaluation des risques sanitaires fait quant à elle l'objet d'une saisine de l'Anses.
L'étude a permis de dresser un état des lieux de l'utilisation des Mafor en France. Les effluents d'élevage en représentent la très grande majorité avec 274 Mt brutes en 2012, dont 50% émis directement dans les pâtures. À côté de cela, il existe des Mafor d'origines urbaine et industrielle : environ 0,7 Mt sèches de boues d'épuration urbaines, 2,2 Mt brutes de composts et digestats issus de déchets urbains et 1,8 Mt sèches d'effluents industriels (ex : vinasses de betterave). En 2011, 25% des surfaces de grandes cultures et 30% des prairies ont reçu des Mafor, mais avec de fortes disparités régionales.
Les auteurs de l'étude ont ensuite qualifié la valeur agronomique des Mafor : ces dernières comportent une valeur fertilisante en éléments minéraux (N, P, K) et une valeur amendante (enrichissement en matière organique), qui peuvent chacune varier en fonction des éventuels traitements appliqués (méthanisation, séchage, compostage). Si elles ont des valeurs fertilisantes en phosphore et potassium équivalentes à celles des engrais minéraux, la situation est différente pour l'azote en raison de sa présence sous forme organique dans les Mafor. Les Mafor sont la seule source renouvelable de phosphore et, à l'échelle de la France, « les quantités de phosphore présentes dans les Mafor pourraient couvrir l'ensemble des prélèvements annuels de phosphore par la production agricole ».
Outre les pertes possibles de carbone vers l'environnement (sous forme de méthane ou de composés organiques volatils), les scientifiques ont analysé les risques de transfert d'agents biologiques pathogènes et d'apport de contaminants chimiques. Bien que le lien de cause à effet entre épandage de Mafor et transmission de maladies soit difficilement établi, des agents pathogènes (bactéries, virus, parasites) sont fréquemment détectés dans les effluents d'élevage bruts. Certains traitements (compostage...) permettent d'en abattre la charge potentielle. Par ailleurs, l'épandage de Mafor est susceptible de favoriser la dissémination de l'antibiorésistance dans l'environnement. S'agissant des contaminants chimiques, deux types ont été distingués : les ETM, éléments traces métalliques (principalement cuivre et zinc mais aussi plomb, mercure, cadmium...), qui peuvent s'accumuler dans les sols, même si les apports sont de faible quantité ; et les CTO, composés traces organiques, plutôt d'origine anthropique (molécules pharmaceutiques, résidus de pesticides, PCB, HAP, bisphénol, etc). À l'inverse des ETM, les CTO sont dégradables et peuvent se transformer en divers métabolites. Ils sont plus ou moins persistants dans les sols, et sont susceptibles d'être transférés dans les matières premières alimentaires (accumulation possible dans les tissus graisseux, le lait ou les œufs par exemple).
En conclusion, les Mafor représentent un potentiel non négligeable pour se substituer au moins en partie aux engrais minéraux de synthèse. À ce titre, elles peuvent utilement contribuer au bouclage des cycles (P, K...), au recyclage des déchets et à l'économie circulaire. En revanche, pour optimiser leur utilisation (maximiser l'efficacité agronomique et minimiser les risques environnementaux), il sera nécessaire d'intégrer l'ensemble des caractéristiques des filières de production et de traitement des déchets, d'optimiser les pratiques d'épandage et les périodes d'apport, d'évaluer l'acceptabilité des pratiques et leur balance coût/bénéfice, et enfin de poursuivre les recherches sur les contaminants des Mafor (ex : nanoparticules).
Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective
Source : INRA
09:29 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : mafor, inra, irstea, cnrs, sols | Imprimer | |
29/08/2014
La diversité des habitats non cultivés : un facteur clé pour préserver la biodiversité dans les exploitations agricoles
En collaboration avec l'Agroscope de Zürich, des chercheurs de l'Inra de Toulouse Midi-Pyrénées viennent de démontrer que la diversité des habitats semi-naturels (haies, bandes herbeuses, friches, prairies permanentes, etc.) est le principal facteur influençant la biodiversité dans les exploitations agricoles, conventionnelles comme biologiques. Il s'agit de l'un des résultats du projet de recherche européen « BioBio ». Portant sur 12 régions européennes, 205 exploitations et 1 470 parcelles et habitats semi-naturels et cultivés issus de systèmes agricoles variés (grandes cultures, élevage, polyculture-élevage, maraîchage, oliveraie, vignes), ce projet a permis de mettre au point une batterie d'indicateurs directs et indirects de la biodiversité dans les exploitations agricoles biologiques et conventionnelles.
Source : Inra
09:17 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité, inra | Imprimer | |
08/09/2009
Mesure des politiques publiques les plus efficaces contre l'obésité
Des chercheurs de l'INRA ont eu recours à l'économie expérimentale pour tenter de déterminer les politiques publiques les plus efficaces face à l'obésité. L'expérience a consisté à étudier les préférences de deux populations de femmes - des femmes parmi les plus pauvres d'une part (revenu mensuel inférieur à 700 €) et des femmes ayant des revenus supérieurs à la moyenne d'autre part (40% supérieurs à la moyenne des revenus) - vis-à-vis de deux politiques publiques. La première consiste à subventionner le secteur des fruits et légumes pour diminuer leur prix de 30%. La seconde consiste à réduire de 30% les prix des produits considérés comme bons pour la santé et en parallèle à augmenter de 30% les prix des produits dont la consommation devrait être limitée.
Cette étude est justifiée par le fait que les femmes à faibles revenus sont particulièrement touchées par les problèmes d'obésité, car elles consomment moins de fruits et de légumes et sans doute plus de sucres et de matières grasses.
L'expérience a été réalisée avec 107 femmes, les chercheurs allant les interroger là où elles vivent, au lieu de leur demander de venir au laboratoire comme cela se fait habituellement.
Les résultats montrent que les politiques de prix fonctionnent c'est-à-dire que les deux populations consomment davantage de fruits et légumes, de produits sains et moins de produits non désirables ("junk food").
Toutefois, l'effet n'est pas pour autant le même pour les deux catégories de femmes. La population à bas revenus profite moins de la baisse des prix sur les « bons » produits et est plus réticente à changer ses habitudes alimentaires.
Le 4 pages INRA Sciences sociales
16:16 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : inra | Imprimer | |
24/03/2009
INRA : Colloque sur l'agriculture péri-urbaine
Colloque organisé par l'Inra dans le cadre des Carrefours de l'innovation agronomique (Ciag).
L'activité agricole peut s'intégrer durablement aux régions urbaines, avec des formes originales de commercialisation et le développement de circuits courts, un espace d’utilisation de déchets urbains, ou la préservation de la biodiversité avec création d’espaces écologiquement riches.
Ce colloque se tiendra à l'Inra, centre de Versailles, le 5 mai 2009. Il s'adresse à tous les professionnels agricoles et les responsables et élus des collectivités territoriales.
10:52 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : inra | Imprimer | |