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15/06/2016

Agriculture des métropoles en Amérique latine : voie d'avenir ou cache-misère ?

Le dernier volume de la revue Problèmes d'Amérique latine, mis en ligne récemment, propose un dossier intitulé : « Agriculture des métropoles : voie d'avenir ou cache-misère ». Il regroupe cinq articles, dont quatre traitent d'exemples de métropoles (Buenos Aires, Lima, Mexico, Santiago du Chili). Le dossier apporte ainsi une présentation synthétique de l'agriculture urbaine et péri-urbaine, pour chacune de ces grandes villes (principaux chiffres, historique et caractérisation des différentes catégories d'agriculture existantes), et, pour certains articles, une analyse des politiques d'appui à ces agricultures.

Il ressort de ce regard croisé la nécessité de bien définir et dissocier, dans l'analyse et dans les éventuelles politiques d'appui, les types d'agricultures très différents existants : agriculture urbaine à proprement parler, agriculture périurbaine essentiellement commerciale (soit insérée dans des circuits classiques, soit positionnée sur des « niches », comme par exemple le bio), et agriculture située dans des zones rurales de municipalités urbaines. Cette distinction est semble-t-il rarement faite. De manière générale, l'agriculture réellement urbaine semble limitée à quelques initiatives, individuelles ou collectives (pour certaines connues à l'international), appuyées ou non par les autorités, dont il est difficile de dire si elles sont plutôt anecdotiques ou indicatrices d'évolutions sociales dans les capitales latino-américaines. L'agriculture périurbaine semble en revanche plus dynamique, même si elle fait face à certaines difficultés et en particulier à la pression foncière due à l'extension urbaine.

L'article sur Buenos Aires propose un angle différent : il analyse la relation entre migration et activité économique agricole, en montrant en quoi les migrants boliviens, désormais majoritaires dans les productions maraîchères périurbaines et la commercialisation, sont acteurs des transformations récentes de cette agriculture (introduction de nouvelles techniques de production et de commercialisation, de nouvelles variétés). L'auteur montre que ces migrants n'ont pas été initiateurs des innovations, mais ont joué un rôle clé dans leurs diffusion et amélioration en se les réappropriant. L'analyse des origines boliviennes de ces producteurs (région de départ, statut d'agriculteurs familiaux, etc.) et de leurs pratiques agricoles, avant la migration, permet de mieux comprendre ces évolutions.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : Géographie Économie Société

15:39 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : amérique latine, agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/03/2016

Agriculture urbaine : deux publications sur les plant factories en Asie

Annoncée d’assez longue date, la mise en service d’« usines à légumes » (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) en Asie donne corps à une forme d’agriculture urbaine « verticale », intensive en technologie (milieu confiné, hydroponie, éclairages spéciaux). Deux publications récentes font le point sur ces plant factories. La première, intitulée The rise of Asia’s indoor agriculture industry, est destinée au grand public et aux investisseurs. La deuxième, destinée aux scientifiques, entre dans le détail de la conception et de la gestion des PFAL (plant factories with artificial light).

Si l'on peut se poser la question de savoir dans quelle mesure ces nouveaux concepts marquent une vraie rupture avec l’horticulture de serre, ces deux documents rendent visibles une constellation d’acteurs que l’on n’imaginait peut-être pas si avancés dans leurs projets.

Sources : AgFunderNews, Elsevier

09:47 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : plant factories, agriculture urbaine, asie |  Imprimer | | | | |  Facebook

25/06/2015

L’agriculture urbaine en panorama dans la revue Pour

La revue Pour consacre un important volume aux agricultures urbaines (40 articles sur 400 pages, pour la moitié écrits par des chercheurs, pour l’autre par des acteurs de terrain). Les textes s’intéressent à cinq « fonctions » principales de ces productions dans les villes et leurs périphéries : alimentaires, marchandes, sociales, écologiques, urbanistiques.

Les contributions sont traversées par des questions récurrentes. S’agissant des performances économiques, sociales et environnementales, Christine Aubry rappelle que les effets vertueux et la « multifonctionnalité » de ces agricultures en circuit court sont, en fait, rarement quantifiés. Les dynamiques de localisation sont mises en perspectives par une synthèse de Monique Poulot sur les relations entre ville et agriculture, depuis l’état de complémentarité fonctionnelle décrit par la théorie de la rente foncière de von Thünen, jusqu’au périurbain généralisé actuel. Les bouclages écologiques, eux, sont introduits par Philippe Clergeau (biodiversité, les trames vertes et bleues et autres services écosystémiques). Enfin, les dimensions politiques, autour du rapport des urbains à leur alimentation, l’empowerment des minorités, etc., constituent une autre dimension bien mise en valeur par les articles.

Pour privilégie ainsi l’agriculture urbaine telle qu’elle se fait, sur le terrain, en lien avec des besoins alimentaires ou des « demandes sociales ». Les projets à orientation plus technologique (fermes verticales, plant factories) ou architecturales (building integrated agriculture), qui nourrissent en partie l’engouement actuel des médias autour de l’agriculture urbaine, sont peu discutés dans le numéro. Mais les ingénieurs ne sont pas complètement absents, avec notamment des entretiens avec Frédéric Madre (Topager), à qui l’on doit le jardin expérimental sur les toits d’AgroParisTech, et avec Cédric Péchard, porteur du projet UpCycle de production de pleurotes en containers.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Pour

09:33 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/02/2015

L'agriculture urbaine en Afrique subsaharienne : rendements, impacts environnementaux et risques pour la santé humaine

La revue Agronomy for Sustainable Development vient de publier les résultats d'une étude du CIRAD sur les rendements de l'agriculture urbaine au Bénin et ses impacts environnementaux. Le cas étudié est celui de la tomate conduite en jardin urbain, production de plus en plus intensive à mesure qu'augmentent la demande et la pression foncière (plusieurs récoltes sur une année, pas de rotation, recours aux intrants chimiques).

En appliquant la méthode de l'analyse du cycle de vie sur différentes parcelles, ont été rassemblées des données sur les intrants du système (eau, énergie, traitements phytosanitaires, engrais) et ses sorties (effluents, rendements). Les rendements sont variables, mais globalement faibles, pour un bilan en nutriments élevé, et un usage des pesticides lui aussi « très variable, mais surtout excessif » (« un indice de fréquence des traitements pesticides de 8,9 en moyenne et une variation comprise entre 2,7 et 25 », contre une valeur de 1 pour les bonnes pratiques).

Il est sans doute difficile d'extrapoler à partir de ces résultats très localisés, qui dépendent du niveau de formation agronomique d'agriculteurs donnés, et qui portent sur un seul produit.Cette étude est d'ailleurs présentée comme « un premier pas vers une évaluation environnementale complète des systèmes maraîchers africains selon la méthode du cycle de vie ». Cependant, les résultats obtenus renvoient à une préoccupation récurrente dans les pays en voie de développement. L'agriculture urbaine, qu'elle soit commerciale ou de subsistance, est porteuse de différents bénéfices, souvent analysés à travers le prisme de la « multi-fonctionnalité » (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) : raccourcissement des circuits d'approvisionnement, accès à une diversité de fruits et légumes, autonomie alimentaire des ménages et maintien des traditions paysannes, etc. Mais elle pose aussi des questions de santé publique, de plus en plusprésentes dans les pays du Nord, avec le développement des jardins partagés par exemple. Les études portant sur l'impact des pollutions (du sol, atmosphériques – voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), sur la diffusion des maladies (malaria notamment) se sont ainsi multipliées. D'autres stratégies d'intensification sont également explorées (bouclage des cycles dans le cadre d'une ingénierie agro-écologique, confinement dans des serres voire des « fermes verticales » sans interaction avec l'environnement urbain).

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : CIRAD, Agronomy for Sustainable Development

10:41 Publié dans Développement, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/07/2014

Vues d'ensemble sur l'agriculture urbaine

Faute de données, d'enquêtes et de définitions communes, les enjeux et le potentiel de l'agriculture urbaine restent difficiles à cerner. Plusieurs contributions ont récemment essayé de fournir cette vue d'ensemble, suivant des voies différentes.

La revue Environmental Research Letters présente, dans son numéro de mai, une étude qui prétend mesurer, au-delà de la diversité des cas de figure, la capacité de l'agriculture urbaine et péri-urbaine à répondre aux besoins des citadins en matière de consommation de légumes. 27 cultures et 165 pays sont retenus pour le calcul d'un ratio entre besoins des populations et potentiel de production (déterminé en croisant surface de l'aire urbaine et rendements). Les besoins des populations sont quant à eux déterminés à partir de la consommation constatée en 2001 pour les zones urbaines concernées et des recommandations de la FAO sur l'apport nutritionnel quotidien.

À en croire les auteurs, les perspectives de l'agriculture urbaine semblent bien limitées : l'étude « suggère que dans de nombreux pays, l'agriculture urbaine ne peut pas assurer l'autosuffisance en légumes des citadins, et encore moins résoudre le problème général de la sécurité alimentaire » faute d'espace urbain disponible. « La contrainte spatiale » est encore plus forte dans les pays les plus vulnérables en matière de sécurité alimentaire, « en raison de densités plus élevées ». À vrai dire, ces résultats sont assez peu surprenants.

Le raisonnement démographique utilisé ici n'est pas sans analogie avec de nombreux débats autour des stratégies de développement agricole et il pourra être perçu comme participant d'un effort de relégitimation des systèmes conventionnels d'agriculture intensive. Deux des co-auteurs avaient d'ailleurs participé à l'article « Comparing the yields of organic and conventional agriculture » paru dans Nature en 2012, publication ayant contribué à relancer le débat sur « le bio peut-il nourrir le monde ? ».

De son côté, la revue Agronomy for Sustainable Development livre deux analyses bibliographiques intéressantes. L'une porte sur les pays développés (Amérique du Nord, Grande-Bretagne, Australie et Japon), l'autre sur les pays en voie de développement (y compris la Russie post-soviétique). Quatre dimensions sont particulièrement mises en lumière : les impacts de l'étalement urbain et la possibilité de maintenir ou développer les surfaces cultivées en ville ou en périphérie ; les perspectives en matière de souveraineté alimentaire ; les pollutions et risques sanitaires ; et enfin les mesures d'accompagnement public (notamment les règles d'urbanisme).

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Agronomy for Sustainable Development

Agronomy for Sustainable Development

Environmental Research Letters

17:46 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/12/2013

Plantation de 40 000 arbres fruitiers par la mairie de Jakarta

La mairie de Jakarta a décidé de lancer un grand programme de plantation d'arbres fruitiers dans la capitale d'Indonésie, le long des routes et sur les terrains vacants. Les habitants pourront cueillir librement les fruits de ces 40 000 arbres. Le maire de Jakarta souhaite que la ville soit « esthétique, verte et nutritive ».

Source : Courrier International

25/04/2013

Appel à projets "Végétalisations Innovantes" à Paris

La Ville de Paris lance un appel à projets dédié à la végétalisation innovante. Elle invite les entreprises et associations à venir expérimenter grandeur nature leurs solutions expérimentales dans les domaines de la biodiversité, de l’agriculture urbaine et de l’adaptation de la ville au changement climatique. En leur proposant de tester leurs prototypes dans l’espace public et sur les bâtiments, pendant une durée pouvant atteindre trois ans, Paris entend devenir un laboratoire à ciel ouvert pour imaginer, tester et développer les innovations qui transformeront la ville.

Source : Mairie de Paris


14:32 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Agronomie | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/09/2012

Qualité sanitaire des produits de l'agriculture urbaine

Plébiscitée pour ses bénéfices sociaux et en termes d'approvisionnement local en produits frais, l'agriculture urbaine connaît actuellement un véritable essor. Elle pose toutefois la question de la qualité sanitaire des produits puisque ces derniers sont davantage exposés à la pollution atmosphérique (trafic routier dense, activités industrielles) que ceux de l'agriculture en milieu rural.

Pour la première fois, une équipe de chercheurs allemands a étudié les liens entre niveau de trafic routier et contamination en métaux des légumes produits en ville. Ils ont mesuré la concentration en cadmium, chrome, plomb, zinc, nickel et cuivre des parties comestibles de différents fruits (tomate), tubercules (pomme de terre), légumes-feuilles (bette) et herbes (persil) produits dans Berlin, et les ont comparés aux concentrations de légumes de supermarchés. Ils ont également pris en compte la distance des sites de production à la route la plus proche, le nombre de véhicules et la présence de bâtiments entre la route et le site de production (effet barrière).

L'étude révèle que :

- les légumes produits en ville ont des concentrations en métaux plusieurs fois plus élevées que ceux des supermarchés, ce qui peut engendrer des risques importants pour la santé humaine, surtout en cas de consommation quotidienne ;

- contrairement à l'idée répandue selon laquelle les légumes-feuilles et les herbes accumulent plus de métaux que d'autres types de légumes, la contamination n'est pas significativement différente d'un type de légume à l'autre ;

- la présence d'un trafic routier très important entraîne une augmentation de la teneur en plomb de tous les types de légumes.

Les chercheurs soulignent l'importance de l'effet barrière des bâtiments entre les routes et les zones de production légumière en ville (réduction des flux de polluants dans l'atmosphère). Ils concluent que d'autres travaux seront toutefois nécessaires pour produire des recommandations fiables en termes d'aménagement urbain et pour concilier bénéfices sociaux et sécurité sanitaire de l'agriculture urbaine.

 

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : Revue Environmental Pollution, juin 2012


 

16:19 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook