17/01/2018
Décrire la filière bois grâce aux tableaux d'entrées-sorties de la comptabilité nationale, en croisant les flux d'achat et de vente
Les économistes industriels, notamment en France, se sont beaucoup intéressés à la notion de « filière technico-économique » et à son objectivation. Récemment, une méthode d'analyse des tableaux d'entrées-sorties de la comptabilité nationale (Insee) a été proposée et appliquée dans le cas de la filière bois française. Les résultats ont été publiés dans le dernier numéro de la Revue d'économie industrielle.
Les auteurs s'intéressent tout d'abord à la pertinence des modèles d'interdépendance sectorielle, vers l'amont (Leontief) ou vers l'aval (Ghosh), pour révéler des liaisons entre branches d'activité économique. Ils pointent l'impossibilité de les combiner pour calculer des coefficients uniques d'échange en valeur entre les branches, et préconisent de les utiliser simultanément pour déterminer des binômes de coefficients d'achats et de ventes, et pour mieux quantifier les effets, en amont et en aval, d'une branche sur les autres. Ils proposent enfin, pour décrire une filière de manière lisible, d'isoler les branches ayant les interactions les plus importantes et de retenir les principaux flux d'échanges entre elles.
La méthode est appliquée à la filière bois, sur la base du tableau d'entrées-sorties de 2007, décomposé selon la nomenclature agrégée en 118 branches, et rendu symétrique. Partant du bois, produit de la sylviculture, les auteurs déterminent les différentes branches présentant des interactions importantes : six autres branches sont ainsi retenues (travail du bois, construction, etc.), au seuil de 89 %. La relation avec le premier maillon (branche « Sylviculture », la plus en amont de la filière) peut être de premier niveau (exemple du « Travail du bois ») ou de deuxième niveau (exemple de l'« Ameublement »), traduisant les différents stades de transformation de la ressource. Les interactions révélées sont ensuite analysées en détail.
Ainsi, certaines branches sont à la fois fortement dépendantes de la ressource en bois et constituent un débouché essentiel pour la sylviculture : par exemple la branche « Travail du bois ». D'autres constituent un débouché important pour la sylviculture, mais dépendent plus faiblement de leur approvisionnement en bois : par exemple la construction. Enfin, pour certaines, a priori fortes consommatrices de bois, celui-ci n'est pas le seul intrant : c'est en particulier le cas de la branche « Pâtes à papier » qui a également des liens forts avec la branche « Énergie ». Cette dernière, qui n'appartient pas à la filière bois, est définie comme branche associée. Enfin, des branches, plus éloignées mais en relation avec la filière, sont également identifiées. L'ensemble de ces éléments permet de dresser un schéma de la filière et de son insertion dans l'économie.
Schéma de la filière bois française à partir de l'analyse des tableaux entrées-sorties 2007 de l'Insee
Source : Revue d'économie industrielle
Dans un contexte où de nouveaux débouchés apparaissent pour les produits ligneux, l'application de cette méthode à des données récentes permettrait d'affiner les contours de la filière bois et d'objectiver ses relations avec d'autres filières, telles que la chimie ou l'énergie.
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : Revue d'économie industrielle
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