16/01/2015
Les conduites alimentaires au prisme de la comparaison transnationale
La revue Anthropology of food consacre un numéro spécial à l’analyse comparée des conduites alimentaires. Sont à la fois visées les pratiques alimentaires elles-mêmes et les catégories qui permettent d’ordonner ces pratiques.
De façon générale, les sources disponibles pour mener des analyses comparatives sont à manier avec précaution. Dans l'article consacré à ces sources d’information, Mette Renta souligne « la rareté des investigations nutritionnelles et de l'information sociologiquement pertinente : il n'y a pas, actuellement, de données harmonisées sur la consommation alimentaire au niveau de l'UE ». De façon convergente, Anne Lhuissier s’intéresse aux enquêtes publiques sur l’alimentation hors domicile (eating out) en France et au Royaume-Uni, sur la période 1940-2010. Elle montre que les conventions statistiques sont dans les deux pays, et de longue date, bien différentes. Alors que les enquêtes statistiques de l’Insee s’intéressent principalement aux problématiques de prix et de budget des ménages, d’une part, et aux lieux où l’on prend ses repas d’autre part, les enquêtes britanniques, elles, sont plutôt soucieuses de décrire le détail des types d’alimentation et la nature des apports nutritionnels, en associant dès le début des spécialistes de la santé (hygiene).
Plus loin dans le numéro, Isabelle Darmon et Alan Warde s’intéressent aux « arrangements culinaires » et à l’alignement des régimes alimentaires dans les couples bi-nationaux français-anglais. Ils mettent en évidence le rôle des stéréotypes nationaux dans ces arrangements autour de la bonne diététique. « Le désordre et les ruptures font partie intégrante » des pratiques culinaires et alimentaires françaises – ce qui renvoie à un certain stéréotype hédoniste. À l’opposé, les Britanniques déploient beaucoup d’efforts pour « calculer et équilibrer les différentes fonctions assignées à l’alimentation ».
Ce type d’approche, plus « qualitatif », est également mis en œuvre dans un intéressant article sur le déclin de la préparation des repas à la maison. À partir d’une comparaison entre le Royaume-Uni et Taïwan, Miriam A. Glucksmann met en évidence, au-delà des thèses binaires sur la convergence ou la divergence des conduites alimentaire sous la pression de la mondialisation, qu’il n’y a sans doute pas « de trajectoire ou de temporalité de changement unique ».
Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective
Source : Anthropology of food
16:15 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : conduites alimentaires | Imprimer | |
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