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30/05/2014

Des Farmers Field Schools aux Field Labs : innovation sociale et recherche participative en débat

L'International Initiative for Impact Evaluation s'est attelée à une méta-analyse des projets de développement rattachés aux Farmers Field Schools (FFS), à partir d'un corpus de 500 études et rapports sur des expériences menées en Afrique noire, en Amérique du Sud et en Asie, où l'approche FFS s'est institutionnalisée, dépassant dans certains cas (Cambodge, Indonésie) le stade des projets pilotes pour donner lieu à un plan national en faveur de la protection intégrée des cultures.

Par opposition au transfert des connaissances top-down privilégié par le conseil agricole et les appareils de R&D, les FFS souhaitent privilégier l'apprentissage par l'expérience, les démarches participatives et la montée en autonomie (empowerment) des acteurs, pour promouvoir des pratiques en rupture avec l'agriculture conventionnelle, plus économes en intrants (engrais, pesticides) et plus respectueuses de l'environnement. La méta-analyse publiée en mai dernier dégage les éléments essentiels de la conduite des projets de type FFS : élaboration des programmes d'action (importance du recrutement des formateurs) ; phase d'apprentissage (expérimentations au champ, comparaisons de conduites des cultures) ; et « diffusion » ou « dissémination » au-delà des producteurs impliqués dans les sessions de formation. 

Les biais et barrières à l'adoption des pratiques sont repérés à chacune de ces étapes. In fine, l'efficacité de cette approche (mesurée par le changement des pratiques, la diminution des traitements, l'augmentation des rendements, etc.) semble prouvée pour les projets de petite taille (expériences pilotes). Mais le changement d'échelle (scaling up) et la pérennisation des dispositifs d'apprentissage paraissent plus problématiques. En effet, les grands programmes nationaux, en cherchant à toucher un large public, peuvent perdre de vue la philosophie participative des FFS, très exigeante en termes d'animation et de mobilisation de ressources humaines. Les FFS sont également les mieux appropriées à la diffusion de pratiques agroécologiques reposant sur des connaissances fines des agroécosystèmes et sur l'observation des milieux.

Cet enjeu se retrouve dans les pays développés, où de nombreux chercheurs plaident aujourd'hui pour un renouvellement du système de R&D agricole par une meilleure implication des agriculteurs dans la production et l'adaptation des connaissances. Un article publié dans la revue Nature fournit un point intéressant sur ces discussions, les field schools faisant place, dans des dispositifs comme le Partenariat Européen pour l'Innovation (PEI), à de véritables field labs.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : International Initiative for Impact Evaluation

16:03 Publié dans Agriculteurs, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : field labs |  Imprimer | | | | |  Facebook

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